Simlev (Guitares, chant, montage vidéo) - KROKMITËN par DUNGORPAT - 2325 lectures
En pleine ère du multimédia, et alors que la technologie est de plus en plus accessible au tout-venant, peu de groupes tentent le mélange entre musique et vidéo et encore moins dans l'extrême. les Canadiens KROKMITËN ont tenté le coup, et après la kronik de leur premier album disponible dans ces pages, c'est une discussion avec son leader, Simlev, que nous vous proposons.


Salut à vous! J'ai découvert KROKMITËN avec votre album « Alpha-Beta », sorti cet été, mais vous n'êtes pas nouveaux sur la scène. Revenons donc sur votre histoire : vous existez depuis 1991 mais avez splitté quatre ans plus tard pour revenir en 2005.
Dans quel style évoluiez-vous à l'époque, pourquoi cette séparation et comment vous êtes-vous retrouvés ?
Salut Dungorpat!
À l'époque nous faisions du Thrash Métal sur le bord du Death. Nous progressions vers le Death mais le groupe s'est séparé à ce moment-là. À mon avis quand tu fais du Métal, il n'y a qu'une évolution logique, plus heavy. Sinon il faut changer le nom du groupe ou faire un side-project. Je déteste quand mes groupes favoris ramollissent. J'ai toujours toujours composé la base du matériel moi-même et fait les arrangements en groupe. À un certain point, il devenait de plus en plus difficile pour moi de faire passer du matériel plus brutal à certains membres du groupe.
 
Nous étions très jeune à l'époque, à peine sortis de l'école. Chacun a commencé à se concentrer sur sa propre carrière extra-musicale et il devenait de plus en plus difficile de se voir pour les répétitions. Le groupe n'a jamais vraiment splitté ; je l'ai plutôt mis sur les tablettes pour me concentrer sur ma carrière de designer multimédia, qui me prenait de plus en plus de temps. Mais j'ai toujours eu derrière la tête l'envie de m'y remettre. Les années ont passé mais je continuais à gratter. Avec le temps j'ai accumulé beaucoup de riffs et le concept a commencé à prendre forme et à me hanter au point où j'ai dû m'y mettre sérieusement pour ma propre santé mentale.
 
Entre-temps j'ai toujours gardé contact avec Mathz, le batteur. Nous sommes de très bons amis. Il est maintenant ingénieur et n'avait pas vraiment le temps non plus pour le Krokmitën. Les deux autres je ne les ai pas revus depuis au moins 10 ans. Mathz a toujours su que j'avais l'intention un jour de repartir Krokmitën, il savait qu'un jour je débarquerais avec du matériel, il n'attendait que moi. Quand je lui ai dit que j'étais prêt pour relancer le groupe, il était très heureux.
 
Mathz m'a présenté Dubg et on jammait pour le fun. On avait discuté d'une éventuelle participation avec lui au début du projet mais il était déjà pris ailleurs. Il nous a donné un coup de main au niveau du son à mi-chemin du projet. Finalement l'an passé on a décidé de finir ça ensemble et on s'est installés dans son studio. Au fur et à mesure que cela avançait il a aussi ajouté des guitares et est devenu membre du groupe.


Votre bio semble indiquer que vous aviez déjà en tête un projet d'album multimédia quand vous avez réactivé le groupe, est-ce le cas?
Plus ou moins. Le concept a commencé à prendre forme en 2005. Je ne savais pas vraiment ce que ça donnerait. En fait, le but de l'opération était en premier lieu de sortir de ma tête les riffs qui me hantaient. Le concept multimédia est venu progressivement par la suite.


« Alpha-Beta » est un album à part puisqu'à la fois concept album audio mais également court-métrage, et disponible dans ces deux formats.
Aviez-vous dès le début une idée précise de la façon dont vous vouliez procéder, ou le projet s'est-il monté petit à petit, une séquence animée inspirant un passage musical et inversement ?
En fait, "Alpha-Beta" est parti à la base de la musique. Le but du projet était avant tout une grosse expérimentation auditive. Initialement je voulais faire un album en surround 5.1 sur DVD. Un DVD offre l'avantage de l'image. Au début j'ai conçu une série d'images fixes qui déroulaient comme un slideshow. Juste pour avoir quelque chose en background. J'ai ajouté des textes à l'écran pour m'aider à visualiser le concept et bâtir l'histoire. Une fois les textes à l'écran, j'ai rapidement constaté que ce n'était pas suffisant à mon goût. J'ai par la suite commencé à animer quelques séquences pour le plaisir de faire un peu de montage vidéo et apprendre des logiciels, qui commençaient à m'être de plus en plus utiles pour mes contrats de multimédia. Avec le temps, plein d'idées me sont venues, j'ai commencé à animer de plus en plus de séquences à mesure que le concept total s'étendait.


Vous jouez un Death Metal Expérimental à la fois très brutal par moments mais également riche en ambiances. Réfléchissez-vous beaucoup à la balance entre brutalité et ambiances ou vous laissez-vous guider par la musique, comme certains écrivains se laissent guider par leur histoire ?
J'y suis vraiment allé par instinct. Quand j'écoute de la musique une des choses qui m'intéresse le plus est la structure d'une pièce et d'un album. La balance entre les passages rapides, lents et les coupures entre les passages et les pièces. Je suis vraiment pas un amateur de ''singles''. J'aime un album quand il est complet. À mon goût de A à Z. J'ai toujours aimé les albums concept. Quand j'ai composé « Alpha-Beta », c'était primordial pour moi qu'il y ait une balance qui me plaise.


Comme sur beaucoup de concepts albums, on retrouve souvent les mêmes riffs ou thèmes mélodiques, à tel point qu'on a au début l'impression de toujours entendre la même chose, interprétée différemment selon l'ambiance que vous voulez instaurer. Pourquoi ce choix ?
« Alpha-Beta » est basé sur un seul riff et ses variations. Et en fait ce riff m'est venu à partir du solo du chapitre « Maculate Conception ». J'ai toujours vu l'album comme une seule pièce. Pour mieux comprendre l'album il faut l'analyser comme si c'était une seule chanson. La structure est montée ainsi. Je voulais avant tout créer une expérience auditive. Lorsqu'il y a de la répétition c'est totalement délibéré. Personnellement j'ai toujours voulu créer de la musique et non des chansons.



Vous présentez le projet comme une autoproduction ; avez-vous tout fait seuls, de l’enregistrement à la fabrication de la vidéo ?
Oui. J'ai écrit l'album seul et au fur et mesure que j'écrivais, je jammais mon matériel avec Mathz qui lui y mettait sa touche à la batterie. Par la suite j'ai trouvé des variations à partir de ce qu'il faisait. Mathz est un élément d'inspiration très important à ma composition. Mis à part quelques démos sommaires que j'ai enregistrées pour mettre mes riffs sur la table, nous avons enregistré au fur et à mesure que je composais. Notre ami Éric Thibeault, qui est aussi ingénieur, nous a donné un coup de main monstre au niveau de la prise de son. Ça été pas mal back and forth comme ça du début à la fin. C'est l'avantage de s'autoproduire. Une fois équipé, nous n'avons aucune limite de temps ou budget en studio. On peut enregistrer quand bon nous semble. Pour ce qui est de la vidéo, c'est uniquement moi.


Pouvez-vous nous en dire plus sur le concept développé dans l'album ?
Le concept peut être compris à plusieurs niveaux. En surface c'est une histoire de la création d'un être surhumain par des scientifiques. Relativement simple et sûrement cliché. Mais en profondeur, c'est surtout basé sur ma propre frustration sur certains sujets ; comportements humain, santé mentale, phénomènes de société et même politique. Selon les commentaires que j'ai reçus, chacun y voit quelque chose d'un peu différent. Après plusieurs écoutes, l'auditeur y verra quelque chose de plus profond selon ses propres préoccupations. Mais plus brutalement, c'est la création de l'antéchrist.


Pourquoi avoir opté pour un concept multimédia? Il aurait été beaucoup plus simple de vous concentrer sur l'aspect purement musical ?
ahaha oui sûrement! Je suis une personne visuelle. Je visualise la musique que j'écoute constamment. La plupart des groupes composent leur musique avec la scène en tête. Pas moi. J'ai une approche plus conceptuelle pour emprisonner l'auditeur dans mon monde. Que cela fonctionne ou non est discutable, mais mon but est de donner une ultime expérience qui touche plus qu'un sens à la fois. De plus, il y a tellement de groupes sur la planète, la vidéo permet à un certain point de nous distinguer des autres.


La version vidéo de l'album n'est pas une vidéo à proprement parler mais plus une expérimentation visuelle constituée d'un montage entre des images fixes filmées auxquelles vous donnez une impression de mouvement en bougeant la caméra qui les filme,
et des incrustations infograhiques/effets numériques qui contribuent à donner l'illusion d'une séquence animée. Comment vous est venue l'idée et pourquoi ce choix ?
À la base mon gagne-pain est le traitement d'images. Il était tout naturel pour moi de débuter avec des images et de les animer ainsi par la suite. Le choix s'est fait surtout par défaut. Je vois l'animation d'« Alpha-Beta »  surtout comme un genre de visulalisateur intelligent.


On trouve également des parties de textes incrustées façon karaoké, synchronisées avec la musique. Cela donne à mon sens un côté kitch à votre travail, qui sans cela serait encore plus hypnotisant. Ces paroles ont-elles une importance particulière à vos yeux ?
Les paroles sont très importantes à l'histoire, évidemment. Comme j'ai expliqué avant, l'animation est venue en premier lieu avec les textes à l'écran. Sans les textes à l'écran il n'y aurait pas d'histoire, donc pas de concept. J'avoue que ça donne un côté kitch mais malgré tout c'est un élément qui semble très apprécié des fans. Avoir les paroles à l'écran a permis à plusieurs personnes qui n'écouteraient jamais du Death Metal d'apprécier l'album. Le commun des mortels ne comprend pas les paroles quand la voix est gutturale ; cela vient avec l'habitude. Avec les textes à l'écran, ça permet au cerveau de concentrer sur le reste de la musique. De plus, j'adore l'effet propagande intensive que ça donne. Si c'était à recommencer, je n'hésiterais pas deux secondes à mettre les textes à l'écran.


L'atmosphère de l'album devient de plus en plus sombre et inquiétante à mesure qu'il se déroule, avec une fin particulièrement angoissante quand on se prend au jeu, et encore plus dans la version vidéo. Était-ce le but recherché ?
Oui totalement.



Avez-vous été inspirés par d'autres concepts albums, des lectures, des films éventuellement ?
La structure auditive et visuelle est vaguement basée sur un film. Avec introduction, confrontation, dénouement et conclusion. Sommairement, il fallait une crisse de claque au début et finir brutalement. Sinon côté visuel je suis inspiré par beaucoup de choses, films, jeux vidéo, lecture, les nouvelles, etc.  Au niveau des textes, j'ai lu beaucoup sur les comportements humains, la science, la médecine et la religion.
Pour la musique, c'est difficile à dire. Quand j'ai composé « Alpha-Beta », je n'avais pratiquement rien écouté durant 2 ans. Je suis un amateur de métal depuis que j'ai 8 ans. C'est sûrement un regroupement de tout ce que j'ai assimilé depuis.


Vous offrez gratuitement l'album et la vidéo, alors qu'ils doivent représenter des heures de travail pour chacun de vous et certainement beaucoup de sacrifices, pourquoi ?
Je n'ai jamais eu l'ambition de faire carrière avec la musique. Je vis bien en tant que designer multimédia. La musique est pour moi une partie de plaisir. L'argent dilue l'art. Nous vendons l'album en version CD pour ceux qui aiment avoir un produit physique entre les mains et aussi pour officialiser la chose. Mais j'en ai rien à foutre si on l'achète ou non. Si quelqu'un l'achète, merci beaucoup on va mettre l'argent sur du meilleur équipement pour le prochain album mais je le vois surtout comme une donation. Mais on n'attend vraiment pas après ça pour vivre. Nous avons tous notre propre gagne-pain. Il faut aussi dire que la réalité en 2011 est que les ventes de disques sont en chute libre et l'industrie actuelle a besoin de s'adapter pour ne pas disparaître. Notre démarche s'inscrit dans les changements à venir, s'adapter au comportement des auditeurs plutôt qu'essayer de le combattre.


Vous avez pris la peine de découper le fichier MP3 en 19 plages, en donnant un titre à chacune, alors qu'à la base « Alpha-Beta » est un morceau unique, comme le « Crimson » d'EDGE OF SANITY.
Est-ce pour le rendre plus digeste pour vos auditeurs, qui auront peut-être moins l'impression de devoir gober un pavé de 45 minutes ?
Non pas vraiment. On a décidé de découper en chapitres à cause de la vidéo. Il y a plusieurs passages où il n'y pas de paroles et j'avais besoin de mettre un ''titre'' sur certains passages au profit de l'histoire. J'avoue que ç'a été très problématique de mettre des titres à certains endroits. Je vois l'album comme une seule pièce, décider où découper cela fut difficile. Nous le proposons dans ce format principalement pour le côté pratique de la chose, par exemple quand quelqu'un l'écoute en voiture et doit constamment interrompre l'album. Toutefois, c'est définitivement dans sa version intégrale qu'il est à son meilleur.


La vidéo est également téléchargeable, et ce en plusieurs formats plus ou moins compressés également. Quel est le format (audio ou vidéo) qui vous satisfait le plus avec le recul ?
Il est certain que la version HD de 6.7 giga est l'ultime expérience. Sinon la meilleure version c'est seulement nous qui l'avons, une version non-compressée en haute-résolution qui pèse 90 giga. Pas très facile à distribuer, du moins pour le moment ;)


« Alpha-Beta » est-il conforme à vos attentes? Quand vous avez commencé à l'élaborer, le voyiez-vous comme ça ?
Je n'avais pas vraiment d'attentes au début. Les attentes sont venues par la suite, plus la vidéo évoluait plus je voulais en faire. J'aurais pu faire beaucoup mieux côté visuel mais le projet aurait vu le jour en 2020 ahaha. À un certain point j'ai tracé une limite. La musique elle, c'est exactement ce que je voulais faire. On aurait aimé par contre faire une version surround sound 5.1, mais c'était vraiment problématique au niveaux technique. On n'a pas abandonné l'idée complètement, mais on veut surtout se concentrer sur le prochain album maintenant.


C'est à un projet très ambitieux que vous vous êtes attelés! Je ne connais aucun autre groupe qui ait tenté le coup sur un album entier, comptez-vous recommencer pour le prochain disque ?
Oui, rien de moins.


Avez-vous d'ailleurs une idée de la thématique qui sera abordée, ou composé quelques riffs ?
Oui on a déjà tout le concept musical d'établi. On a la majeure partie des riffs d'écrite. Nous avons commencé dernièrement à faire des démos. Il y a beaucoup de texte déjà pondu. Tout le concept est établi dans notre tête, il faut maintenant faire le ménage dans tout ça et y aller concrètement. Chose certaine, le prochain album sera plus brutal, plus rapide et encore plus angoissant. Par contre, nous n'avons pas encore déterminé de date de sortie. Pour le visuel nous aimerions certainement la collaboration d'autres artistes pour pousser le concept encore plus loin.



Traditionnellement, la dernière question n'en est pas une mais un espace de libre expression donné aux personnes interviewées.
Je vous laisse donc le clavier, si j'ai oublié de parler d'un aspect de l'album que vous aimeriez développer profitez-en ! Merci pour vos réponses et pour cet album qui est une belle et intrigante découverte !
Merci de votre temps et support, c'est grandement apprécié. Nous désirons inviter les fans à se manifester. Nous offrons plusieurs endroits pour nous faire part de vos impressions et commentaires. Suivez-nous sur les réseaux sociaux pour en savoir plus et télécharger notre notre album gratuitement!

www.krokmiten.com

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