Quant on parle des chanteurs de métal les plus influents on emploie le terme de métal god, à l’instar d’un Rob Halford ou d’un Bruce Dickinson, qui mieux que ce cher Ozzy peut revendiquer le titre suprême ? Il ne s’agit pas d’un simple bonhomme mais d’une légende vivante (pour combien de temps) qui a su créer notre style de prédilection avec son groupe précédent Black Sabbath. Chose rare, le madman à eu une vie artistique après son éviction du sab, et quelle vie (même les deux chanteurs précédemment cités n’ont pas eu la chance de briller autant en solo)! Tout à commencé avec cet album : « Blizzard of Ozz » qui est non seulement un incontournable de la longue carrière du monsieur mais aussi un incontournable du métal en général. Un peu d’histoire est cependant nécessaire pour comprendre la genèse d’un tel chef d’œuvre.

On est à la fin des 70’s, Black Sabbath a eu un succès planétaire et les jeunes fils d’ouvriers qui composaient le groupe ont largement su profiter des plaisirs qui s’offraient à eux. Malheureusement, Ozzy n’a pas su s’arrêter à temps et s’est laissé submerger par l’alcool et par à peu prés toutes les drogues existantes. Il se fait donc virer de Black Sabbath et se laisse aller pendant plusieurs mois. C’est la fille de son manager (et future femme/manager) qui le retrouve dans un état de déchéance ultime, elle le force à se sortir les doigts du cul et à se remettre au boulot. Le déclic se produit, Ozzy s’entoure de musiciens talentueux (il prouvera par la suite que c’est une habitude chez lui): Bob Daisley, Lee Kerslake et le fameux Randy Rhoads, et se met au travail en mars 1980 en allant s’enfermer aux Ridge Farm Studios. Le résultat sort à la fin de l'année en Angleterre et début 1981 aux USA, prouvant au monde entier qu’il y a une vie après Black Sabbath.

Venons en à l’album maintenant, tous les ingrédients sont réunis pour qu’il fasse date. Une pochette « très black métal » si on peut dire, il ne faut pas oublier que le père Ozzy a été le démon préféré des américains bien avant marilyn manson. Une voix inimitable, légèrement nasillarde mais reconnaissable entre mille. Des musiciens aguerris, avec surtout le jeune Randy Rhoads transfuge de Quiet Riot qui n’hésite pas à suivre Ozzy lorsque celui ci lui demande (les deux hommes tisseront des liens d’amitié très étroits jusqu'à ce que randy décède dans un stupide accident d’avion). Le jeune prodige de la guitare est grandement responsable de la réussite de cet album (et du suivant), il a su insérer des influences classiques dans la musique d’Ozzy. Les deux compères qui formaient un sacré duo de compositeurs ont su pondre à eux deux des morceaux d’anthologie. Randy Rhoads était l’archétype du guitar heroe, chacun de ses soli illuminait les morceaux et faisait se dresser les poils de tous les apprentis guitaristes, du grand art !

Voyons voir le track listing de l’album. Tout commence part un boulet de canon : « I don’t know ». Ce morceau suffit à lui seul à mettre tout le monde d’accord et lance la grande tradition Ozzyienne de débuter un album par un morceau grandiose (prenez tous ses albums et vous verrez). Viens ensuite « Crazy Train », classique parmi les classiques, impensable d’assister à un concert sans entendre ce morceau. « Goodbye to romance » prend la relève et prouve que côté ballade, le père Ozzy se débrouille plus que bien. En quatrième position se trouve « Dee » un court instrumental ou Randy étonne son monde à la guitare sèche en moins d’une minute. Place à « Suicide Solution », morceau qui a fait couler beaucoup d’encre mais qu’Ozzy continue de jouer encore sur scène. Ce morceau est loin d’être une apologie du suicide, Ozzy l’a écrit en mémoire de son ami Bon Scott, décédé dans les conditions que l’on connaît. Place maintenant à un autre chef d’œuvre : « Mr Crowley ». L’intro au synthé fait penser à la musique d’un de nos films français les plus cultes qui soit : « la soupe aux choux » mais après cette petite parenthèse qui fait sourire toute la musicalité dont le groupe fait preuve est étalée ici sous nos yeux ou plutôt dans nos oreilles. Un des meilleurs morceaux qu’il m’ait été donné d’entendre tous styles confondus, ni plus ni moins. En plus, en éternel précurseur, Ozzy a trouvé un bon sujet de chanson repris maintes fois par la suite, c’est diabolique non ! « No bone Movie » a la rude tache de succéder à ce titre et du coup semble être le morceau le moins bon de l’album mais son petit côté rock n roll est assez plaisant. S’en suit « Revelation Mother Earth », sorte de ballade remplie de feeling avec un passage au piano suivit d’un solo de guitare purement fantastique, dommage que ce morceau soit passé aux oubliettes, il est à mon sens nettement meilleur que « goodbye to romance » que le groupe joue toujours. On finit l’album par « Steal Away », sympathique et entraînant. Voilà, 40 minutes de bonheur qui ont relancé la légende et qui à ce jour n’ont pas pris une seule ride.

Si vous ne connaissez pas cet album vous devez l’écouter absolument par contre n’achetez surtout pas la dernière édition. Pour d’obscures raisons de royalties, les parties de basses et de batteries ont été réenregistrées. Procurez vous le vinyl, la cassette, les cds normaux ou remasterisés sortis en 95, voire même téléchargez les mp3 (et pourtant je suis contre) mais surtout n’achetez pas ses versions sans âmes (certains albums suivants sont aussi concernés) ou l’on efface le travail d’un musicien pour le remplacer par celui d’un autre histoire de ne pas lui filer un rond.





Rédigé par : dark tranquilou | 1980 | Nb de lectures : 3216