Hank Von Helvete - DR MIDNIGHT & THE MERCY CULT par JEAN-CHARLES DESGROUX - 3152 lectures
Alors que toutes les nations de Turbojügends pleurent depuis plus d’un an la fin assurée de Turbonegro suite au départ inacceptable de leur fat gourou cooperien Hank Von Helvete, ce dernier vient de refaire son apparition au sein d’un inattendu nouveau super-groupe underground mystiquement enfanté dans les cercles obscurs des impénétrables nuits norvégiennes... Dr Midnight & The Mercy Cult est enfin votre réconfort : avec "I Declare : Treason", le chanteur revient plus déterminé que jamais au sein d’une formation sensiblement plus métallique, tranchante et percutante, tournant définitivement la page et amorçant une nouvelle ère avec remises en question et prises de risque.
Nous nous étions régalé, il y a quatre ans, d’un entretien aussi savoureux qu’exceptionnel entre Hank et son acolyte Happy Tom, soit une bonne heure d’interview hilarante où les deux trublions pince-sans-rire rebondissaient sans cesse sur les blagues de l’autre, affichant une incroyable complicité autant sur leur ligne de conduite et leur humour que sur une même vision de ce que représentait pour eux le rock’n’roll, ses codes et ses excès. Six mois plus tard, c’est dans les coulisses du Trabendo et en pleine tournée européenne de l’album "Retox" que nous les avions retrouvés, quelques minutes à peine avant qu’ils n’incendient les planches de cette petite salle intimiste, pour ce qui restera malheureusement leur tout dernier show parisien. C’était en décembre 2007, et depuis nous n’avions guère de nouvelles fraîches du sextette norvégien le plus incandescent et subversif de toute l’histoire. Au moins les savions-nous sur les routes, tournant sans relâche pour promouvoir ce dernier album, ultime testament d’une discographie sans faute -jusqu’à ce qu’un bref communiqué fasse s’effondrer notre petit monde confortable, l’été dernier : split de Turbonegro suite au départ de leur charismatique et rondouillard leader, Hank Von Helvete. Stupéfaction, colère et tristesse submergent les rangs internationaux des Turbojügends qui ne purent pas comprendre une telle défection, Turbonegro représentant pour beaucoup une forme quasi-définitive d’idéal rock. Ni plus ni moins.
Le chapitre semblait bien clos, sans équivoque. Même si Hank Von Helvete n’était pas le chanteur originel du quintette scandinave (il n’arrive qu’en 1993 sur le méconnu "Never Is Forever"), il incarnait à la perfection tout l’esprit du groupe et une icône de premier choix, catalysant toutes les perversions, subversions et provocations d’un groupe über-talentueux et de ses adeptes, allant toujours plus loin dans la surenchère. Un tel split est un drame, une désillusion, une perte abyssale. Cependant, life goes on. Et à mesure que les Turbojügends allaient devoir remiser leurs vestes denim patchées aux attributs de leurs idôles, un premier projet aussi soudain qu’inattendu allait voir le jour ce printemps : le tout premier groupe, supergroupe, formé par un Hans Erick, alias Hank Von Helvete, ayant enfin fait du vide dans sa vie, après avoir traversé une nouvelle fois son propre purgatoire à travers une série de projets que l’on qualifiera de loufoques et de décalés lorsqu’on les compare à son rôle de chubby dude clownesque et salace pendant la bonne douzaine d’années précédentes. C’est début avril que nous recevions le pré-CD promo de Dr Midnight & The Mercy Cult... et sans trop exagérer, il n’allait quitter notre platine et ipod qu’à de rares occasions, n’en déplaise aux forts nombreux détracteurs de ce nouveau projet ô combien controversé ! Peu importe, j’assume et mes choix et mes goûts -"I Declare : Treason", sans être une révolution en soi, est un excellent album de metal, gorgé de ses influences indus, black, heavy et rock’n’roll, n’ayant de commun avec Turbonegro que d’irrésistibles refrains fédérateurs. Il nous tardait de taper la causette avec le toujours très sympathique bonhomme, d’autant qu’il avait l’air aussi emballé à l’idée de donner sa première interview officielle à un média français que de de jouer sans pudeur ni retenue la carte de l’honnêteté.
Hank, comment vas-tu ?
Hank Von Helvete : Hé bien ça va plutôt bien ; c’est en fait la toute première interview que je fais avec la France pour le groupe, et c’est plutôt excitant, d’autant que nous avons signé sur un label français, Season Of Mist.
Commençons par le début si cela ne te gène pas : le deuil n’est pas encore dissipé parmi tous les fans de Turbonegro, alors pourrais-tu nous indiquer pourquoi tu as quitté le groupe ?
En fait j’étais empêtré dans une situation où il fallait impérativement que je me débarrasse de deux choses que je ne pouvais absolument plus contrôler - il fallait par conséquent que je reprenne le dessus ; et ça a été mon rôle dans Turbonegro, en tant qu’artiste... il a fallu que je règle enfin le problème de ma dépendance aux drogues, et que je résolve en même temps mes problèmes personnels. Ce qui veut dire qu’au même moment je devais affronter un paquet de choses qui n’allaient pas vraiment bien dans ma vie, il a donc fallu que je me pose la question : quel genre de personne je veux être, et quel genre d’artiste je veux incarner ? Ce que je veux communiquer au monde, tu vois ? Certains se disent que j’aurais pû tout simplement abandonner les drogues et continuer à jouer cette punk-rock star scandaleuse -mais ça n’aurait jamais pu fonctionner ainsi si je continuais à être ce personnage tout simplement sans les drogues... Ce n’était pas très satisfaisant pour moi d’avoir alors en tête un bon nombre de choses que je voulais faire mais qui n’étaient pas possibles au sein de Turbonegro. J’ai donc pris une décision en 2009, en janvier, d’assurer les shows qui étaient déjà programmés dans l’année, et de ne pas en booker d’autres par la suite. Puis je suis rentré dans une clinique en Suède pour me désintoxiquer ; et c’était ce qu’il y avait de plus important à faire ; j’avais une toute petite fille qui venait de naître, j’étais sous méthadone et subutex, et je ne savais plus vraiment très bien gérer ma vie. Et il a fallu que je prenne mes responsabilités, m’assurer que ma petite fille ait un père lorsqu’elle grandirait, et aussi que ma vie d’artiste soit quelque chose que j’aie pleinement décidé. Je n’écrivais ni musique ni paroles au sein de Turbonegro, je n’étais que ce personnage... et je suis très fier d’avoir fait partie de ce groupe, mais je ne pouvais absolument plus combiner ce rôle avec ma vie privée. Il a fallu que je passe à autre chose.
Ca a été très courageux de ta part de prendre ainsi ta vie en main et de ne plus te complaire dans ce rôle du clown grassouillet et extravagant : quitter tes nombreuses addictions et tes habitudes self-destructives. Un sacré acte de mâturité dirais-je même... Mais même si cela a dû par la suite représenter un tel soulagement de faire du ménage dans ta vie, n’as-tu pas ressenti un mélange de tristesse, de frustration, de colère mais aussi d’espoir ? Et comment les autres ont-ils réagi face à ta décision de tout quitter ?
Je pense qu’ils ont compris... mais lorsque je suis revenu désintoxiqué de cette clinique et que j’ai joué les trente, quarante derniers shows sans même boire une seule goutte d’alcool, j’avais l’impression de me donner au moins 70% plus en forme que je ne l’ai jamais été. Ces derniers shows ont été des concerts énormes, historiques. Et bien sûr ça a été douloureux pour eux de voir que je les laissais alors que nous étions encore plus forts que jamais sur scène ; et je le comprends, mais à ce moment-là j’avais déjà pris ma décision. Deux semaines après mon tout dernier show avec Turbonegro j’ai joué ma toute première dans une comédie musicale à Oslo : j’ai incarné Jesus dans Jesus-Christ Superstar. Ca a toujours été un succès intemporel, et là nous avons effectué 90 représentations sold-out pendant l’hiver 2009-2010. Ensuite je suis allé en Suède, où j’habite désormais, et j’ai joué le rôle d’un troubadour scandinave, une sorte de Jacques Brel du Grand Nord qui s’appelle Cornelius Vresswijk, né en Hollande... Et ce film a été un énorme succès ; j’en ai sorti la B.O ainsi qu’un tribute-album... Tu vois ces deux dernières années j’ai joué dans une comédie musicale et dans un film, tout comme j’ai fait beaucoup de télévision en Norvège ; là je suis l’un des juges de la version norvégienne d’American Idol... Pendant un moment j’ai donc pris un peu de distance avec le rock... mais pendant tout ce temps sans que personne ne le sâche j’étais en train de produire l’album "I Declare : Treason" avec Tim et Anders, répétant sans cesse et sans cesse pour nous préparer à ce moment, maintenant. Maintenant je reviens sur la scène rock, et avec un tout nouveau groupe. Bien sûr c’est une grande victoire sur le plan personnel, mais aussi pour le rock’n’roll, juste de constater qu’il est toujours ce qu’il a été : une grande conquête, une bataille, non seulement pour les acteurs les plus hardcore de la scène, mais aussi pour toute la société.
La petite biographie accompagnant le CD promo de l’album nous indique que Dr Midnight & The Mercy Cult est né au cours «d’une nuit neigeuse à Oslo, au tout début 2009». Etait-ce alors en vue de n’incarner qu’un side-project récréatif et temporaire comme Happy Tom avait pu le faire avec Scum il y a des années, ou bien y avait-il une volonté de créer un vrai nouveau groupe à long terme ?
Anders, David et Audun avaient déjà eu cette idée en 2007. J’ai rencontré Anders pendant l’hiver 2008... et j’ai écouté ses démos. A l’époque Turbonegro avait tourné avec Marilyn Manson en 2007, et j’étais devenu très pote avec Tim, jusqu’à ce moment où j’ai appris qu’il quittait le groupe de Manson. Je pensais donc avoir un bassiste. Anders est venu à L.A lui parler, et lorsque Tim s’est enfin décidé, il est venu à Oslo en janvier 2009, et on s’est donc réunis de façon complètement anonyme, incognito, dans un tout petit studio d’une école primaire du centre-ville d’Oslo ! Et immédiatement, dès que le groupe s’est réuni et que nous avons joué une première chanson, j’ai de suite réalisé que ça ne pourrait jamais être qu’un simple side-project : c’était trop important, trop gros, nous devions tous laisser tomber nos autres projets ; ce n’est même pas un projet, c’est un groupe ! Et pour la toute première fois de ma vie je me retrouvais à former un groupe ! On avait tous fait partie de la seule vision d’un autre artiste ou de projets où les musiciens allaient et venaient. Le rock’n’roll devenait alors très académique et même incestueux ! Un état très policier où les uns contrôlent les projets des autres, etc. Faire en sorte que les règles punk-rock soient bien appliquées dans le punk. Que les règles black-metal soient bien appliquées dans le black. Attends un peu : j’ai alors réalisé que cela n’était pas pourquoi j’aimais tant le rock’n’roll quand j’étais gamin. Moi j’aimais les groupes, l’importance du rock’n’roll... lorsque les Doors sortaient un disque il y avait presque une réunion de crise à la CIA ! «Donnons-leur plus de LSD et d’héroïne avant que leur rock’n’roll ne prenne encore plus d’ampleur ! Que pouvons-nous leur donner ? Des femmes ! De l’alcool ! N’importe-quoi pourvu que ces rockers la ferment et meurent tous rapidement !» Pour moi le rock’n’roll est important, il est dangereux ! Ce sont les gens qui jouent du rock, il ne faut pas l’oublier ! Pour moi Dr Midnight & The Mercy Cult incarne un manifeste de la puissance originelle du rock’n’roll, et de l’intensité qu’il a toujours eu dans le passé. Une bonne force, puissante et positive.
Est-ce que ce groupe est le fruit d’une seule force directrice derrière un seul leader -en l’occurence toi, peut-être- ou bien représente-t-il la somme de cinq points de vue artistiques en toute démocratie ?
Non c’est vraiment l’addition de 85 années d’expérience rock : on a tous des expériences positives et quelques-unes négatives, et on s’est tous retrouvés dans une pièce où l’on s’est dit «faisons ça ensemble. Parlons-en, prenons les bonnes décisions ensemble». Chacun a son propre mot à dire. Tout le monde est très talentueux, intelligent, et plutôt cool : on est tous impliqué à 100% là-dedans. C’est bien un groupe dont on parle, et ça fait une sacré différence.
Comme toute nouvelle relation, cela doit être sacrément excitant pour toi de démarrer un tel nouveau chapitre à ta carrière ; le parcours doit cependant être parfois émaillé de quelques doutes légitimes ; as-tu toujours eu 100% confiance en ce projet et en ce disque ?
Oui parce que c’est aussi quelque-chose que j’ai fait avec moi-même lorsque je me suis débarrassé des drogues : j’ai appris à avoir un peu plus confiance en moi, et à aussi vouloir saisir ma chance, ne pas avoir peur de l’échec. Je n’ai pas peur de ce qu’il va advenir de ce groupe, je suis très confiant, je sais que ça va marcher. Et si ce n’est pas le cas, c’est pas grave, j’irai pêcher ! Tout est question d’avoir les couilles de se lâcher et de faire quelque chose. Ma vie ne dépend pas de ça : je le fais parce que j’ai le sentiment que c’est la bonne chose à faire. Et je peux ainsi agir de manière beaucoup plus libre et confiante. Et tout le monde partage la même opinion à ce propos ; on sait tous qui on est et qu’on est bons.
Réalises-tu le niveau d’attente que peuvent ressentir tes fans, vu le statut incroyable qu’ont généré tous les fanatiques die-hards de Turbonegro ?
Oui, oui, et je sais aussi qu’il y a une frange non-négligeable parmi les Turbojügends qui est très conservatrice et qui ne me permettra pas de faire ça, qui n’acceptera pas ça et qui comparera toujours ça à ce qu’était Turbonegro. Mais c’est tellement différent ; et je suis sûr que beaucoup aimeront tout autant... et ils sont tous les bienvenus pour nous apprécier ! Je veux juste qu’il sachent que c’est moi, moi le plus honnête possible... Et la majorité des Turbojügends sera enthousiaste ; lorsque j’ai fait quelque chose d’aussi dingue que jouer Jesus dans une comédie musicale, il y a des Turbojügends d’Australie qui sont venus aux représentations ! Et ils étaient sur le cul !
Musicalement, Dr Midnight & The Mercy Cult est aussi complètement à l’opposé de ton groupe précédent : on parle ici de pur metal -froid comme peut l’être le metal norvégien, avec des ambiances glaciales, tranchantes et ténébreuses propres au black-metal, notamment Satyricon... Quelles ont été les plus grosses influences ?
Anders est considéré comme un parrain de la scène black-metal. Il a joué dans Satyricon, Cadaver ou encore Celtic Frost ; et il avait aussi vraiment besoin de briser ces règles black-metal ! A cela s’est donc associé mon background punk-rock, et une approche assez classic-rock dans ma façon de chanter. Et ça va être assez rafraîchissant pour toute la scène black-metal, je pense... J’en ai parlé à mes potes du groupe Immortal et ils étaient sidérés qu’on puisse agir de la sorte ! L’apport de Tim Skold et de toute cette scène indus-shock rock, EBM... ça apporte aussi une autre vision : on mixe un peu tous les éléments des scènes d’où nous venons tous individuellement, et cela casse bien des schémas ! On est bien entendu bien conscient que chacune de ces scènes possède son public extrêmement conservateur : on va devoir affronter bien des polices punk et des talibans du black-metal, parce que malheureusement, le rock’n’roll est bien devenu l’une des cultures les plus conservatrices qui soient... on en est bien conscient et on sait qu’on va générer bien des réactions et en foutre certains en rogne !
Si Turbonegro faisait ce que vous proclâmiez alors du death punk, peut-on parler ici de black’n’roll ?
Oui, du black’n’roll... ou...ou du death-funk ! (RIRES !)... Ou encore de l’industrial boogie !
On sait que la scène metal norvégienne est un tout petit univers et que tu étais personnellement pote avec toutes les petites légendes sulfureuses gravitant autour du noyau originel du black des années 90, tous ces acteurs ô combien controversés de l’underground. Mais es-tu toi-même réellement passionné par ce metal-là ? Turbonegro était tellement punk à la base, et tu en étais une sacré caution...
Oh oui, oui oui... J’avais seize ans lorsque j’ai vu sur scène Cadaver, le premier groupe d’Anders. Et tout au long des années 90 j’ai toujours adoré toute cette scène metal extrême ; que ce soit Slayer, Obituary... le black-metal et le metal industriel ont toujours fait partie de moi. J’ai aussi toujours adoré les classiques de l’indus très underground, comme Front 242, Nitzer Ebb... j’adore aussi Daft Punk ! J’ai toujours voulu être libre dans mes choix musicaux, que ce soit dans ce que j’écoute ou ce que je fais... Je viens de sortir un album avec des chansons folk suédoises, tu vois ! Je ne me sens pas du tout concerné par toutes les étiquettes ; je suis un rocker, un punk, je suis libre et je fais juste ce que je veux, ce que je choisis. Je sais que beaucoup de gens seront surpris, mais moi je peux vous assurer que je ne me surprends pas ! (RIRES !)
Quel est le concept derrière Dr Midnight & The Mercy Cult ? L’album démarre avec une intro très cinématographique... De quoi, de qui s’agit-il ?
Dr Midnight, personne ne sait qui c’est. On utilise des histoires métaphoriques que tu retrouves dans des textes bibliques, religieux ou d’aventure, que ce soit le Coran ou Star Wars. Le concept est qu’un grand esprit supérieur est venu sur Terre pour donner aux gens une mission, d’être plus ouverts spirituellement et d’agir selon quelques préceptes... il a quitté la planète et personne n’a fait ce qu’il était supposé faire. (RIRES). Et Dr Midnight revient, une minute avant minuit, et il n’est pas franchement satisfait des humains ; alors il ne nous reste que cette petite minute pour nous absoudre et faire en sorte de revenir dans un chemin moins sinueux, de faire ce que l’on avait à faire, et de ne plus représenter une trahison face à un agrément. Et c’est aussi ça le rock’n’roll, c’est la puissance, le rock’n’roll n’a pas de limites, le rock’n’roll peut agir sur n’importe qui dans le monde. On veut revenir aux origines, à ce que Dr Midnight nous a demandé de faire : être sûr que des gens de divers horizons religieux, politiques et sociaux puissent se rassembler à un concert de rock et faire fi de toutes leurs différences, et de s’unir contre tous les trous du cul, sous la bannière du rock’n’roll. Et ainsi nous réaliserons que tous les vrais oppresseurs de ce monde sont au final bien peu nombreux, et que les bons, les vrais gentils sont rockers sont eux en très grand nombre.
Tu es bien optimiste !!!
Je ne suis pas qu’optimiste, je suis aussi un combattant spirtituel assez confiant. Non seulement je sais que cela arrivera, mais je sais aussi que j’en suis un activiste pour que cela arrive. Je suis personnellement très engagé dans toute forme de secteurs artistiques pour militer et que les gens soient conscients de la façon dont les choses sont. Et des outils dont les gens peuvent se servir pour changer cette situation sur cette planète. Et cette situation est sacrément bordélique.
Ca m’a tout l’air d’un message plutôt messianique, prophétique... C’est marrant parce que sur les photos promo, tu m’as tout l’air de personnifier une espèce de prêtre très sérieux et froid. Vas-tu jouer ce nouveau personnage sur scène et ainsi délivrer ton message via cette nouvelle image ?
Je vais assumer mon rôle sur scène, bien sûr. Mais non, je ne suis pas le Dr Midnight... je ne vais pas me tenir là et commencer à prêcher lors des concerts, mais je vais communiquer avec tout le monde, et dire la vérité. C’est ce qui est si important avec Dr Midnight & The Mercy Cult, c’est de dire aux gens qu’il existe de la vérité dans ce monde, mais elle a été souvent supprimée... Auparavant tu étais sur scène extrêmement provocant : dans tes mots, dans tes tenues, dans ta nudité : vas-tu rester le même, est-ce qu’aujourd’hui Hank Von Helvete est le même, ou bien est-ce au tour d’Hans Erick de jouer sur scène ?
Le nom va me rester, ça je ne peux rien y faire ; mais je ne vais pas essayer de choquer pour choquer, gratuitement. Ce que je fais aujourd’hui, c’est avec un but, et je pense devenir bien plus dangereux que scandaleux, parce que la vérite heurte bien plus les menteurs qu’une simple blague, tu vois...
"I Declare : Treason" -quel est le fond de cette déclaration, titre de ce premier album ?
La trahison n’est qu’une condition. En fait c’est plutôt technique, et plutôt simple de s’en sortir : si tu es marié à une femme, alors tu es son mari. Si tu vas en baiser une autre, alors tu es dans un mode de trahison vis-à-vis de ton épouse. C’est très simple. En fait tout le monde, si tu réfléchis bien ainsi, tout le monde, à un moment donné de sa vie, vit en mode de trahison ; et en tant qu’être humain sur cette planète, la façon dont nous tuons, dont nous droguons les gens, dont nous commettons tous ces actes ignobles, nous sommes en mode de trahison. Toute la planète ! Alors c’est très simple de savoir que tu l’assumes, et par conséquent tu n’es plus en mode de trahison !
Y a-t-il encore de l’humour ou de la parodie dans ce nouveau groupe ? C’était une part tellement importante de ton image auparavant...
Oui, oui, je sais... ici l’humour sera dans l’esprit des gens, lorsqu’ils comprendront ce que je veux dire ; lorsque je chanterai, ils se moqueront peut-être d’eux-mêmes, au lieu de moi ! Je suis plutôt optimiste, parce que malgré tout il y a beaucoup d’amour là-dedans, de l’humour et de l’amour. Mais je n’utiliserai ni ironie ni sarcasme ni provoc uniquement pour faire marrer, comme avant... là c’est du rock’n’roll, il ne s’agit pas d’une blague... c’est un groupe de rock. Ce ne sera pas un groupe drôle, un groupe de stand up comedy...
Alors à quoi pouvons-nous nous attendre dans les mois qui vont suivre la sortie de l’album ? Une tournée intensive ?
On a l’ambition de vouloir aller dans des endroits où le rock n’est pas encore trop présent. Bien sûr que nous jouerons lors des gros festivals scandinaves cet été, nous y serons... comme nous viendrons en Europe cet automne. Mais à plus long terme, nous aimerions pouvoir nous imposer au Moyen Orient, en Extrême Orient... tout comme on aimerait bien être un groupe de rock pour les populations hindoues ou musulmanes dans différentes parties du monde, le tiers monde... On voudrait vraiment pouvoir toucher autant de gens que possible, partout tout autour du monde. Le retour que nous pouvons recevoir de quelques kids musulmans est incroyable : ils nous disent qu’ils adorent ce rock’n’roll, que c’est dur et agressif, et même sombre, mais aussi que leur Imam n’y trouvera rien à redire et qu’il ne pourra qu’approuver... (RIRES !) Faire table rase de ce malentendu géant comme quoi il devrait y avoir ce conflit entre le Christianisme et l’Islam, ça c’est un vrai malentendu ! Ce ne sont qu’une poignée de marchands d’arme et de dealers de drogue qui nous ont forcés à croire qu’il y avait ce fossé abyssal entre nos religions ; et finalement les gens sont plutôt confus de devoir se faire la guerre les uns contre les autres, alors qu’il partagent au fond bien plus qu’ils n’ont de réelles différences.
Le chapitre semblait bien clos, sans équivoque. Même si Hank Von Helvete n’était pas le chanteur originel du quintette scandinave (il n’arrive qu’en 1993 sur le méconnu "Never Is Forever"), il incarnait à la perfection tout l’esprit du groupe et une icône de premier choix, catalysant toutes les perversions, subversions et provocations d’un groupe über-talentueux et de ses adeptes, allant toujours plus loin dans la surenchère. Un tel split est un drame, une désillusion, une perte abyssale. Cependant, life goes on. Et à mesure que les Turbojügends allaient devoir remiser leurs vestes denim patchées aux attributs de leurs idôles, un premier projet aussi soudain qu’inattendu allait voir le jour ce printemps : le tout premier groupe, supergroupe, formé par un Hans Erick, alias Hank Von Helvete, ayant enfin fait du vide dans sa vie, après avoir traversé une nouvelle fois son propre purgatoire à travers une série de projets que l’on qualifiera de loufoques et de décalés lorsqu’on les compare à son rôle de chubby dude clownesque et salace pendant la bonne douzaine d’années précédentes. C’est début avril que nous recevions le pré-CD promo de Dr Midnight & The Mercy Cult... et sans trop exagérer, il n’allait quitter notre platine et ipod qu’à de rares occasions, n’en déplaise aux forts nombreux détracteurs de ce nouveau projet ô combien controversé ! Peu importe, j’assume et mes choix et mes goûts -"I Declare : Treason", sans être une révolution en soi, est un excellent album de metal, gorgé de ses influences indus, black, heavy et rock’n’roll, n’ayant de commun avec Turbonegro que d’irrésistibles refrains fédérateurs. Il nous tardait de taper la causette avec le toujours très sympathique bonhomme, d’autant qu’il avait l’air aussi emballé à l’idée de donner sa première interview officielle à un média français que de de jouer sans pudeur ni retenue la carte de l’honnêteté.
Hank, comment vas-tu ?
Hank Von Helvete : Hé bien ça va plutôt bien ; c’est en fait la toute première interview que je fais avec la France pour le groupe, et c’est plutôt excitant, d’autant que nous avons signé sur un label français, Season Of Mist.
Commençons par le début si cela ne te gène pas : le deuil n’est pas encore dissipé parmi tous les fans de Turbonegro, alors pourrais-tu nous indiquer pourquoi tu as quitté le groupe ?
En fait j’étais empêtré dans une situation où il fallait impérativement que je me débarrasse de deux choses que je ne pouvais absolument plus contrôler - il fallait par conséquent que je reprenne le dessus ; et ça a été mon rôle dans Turbonegro, en tant qu’artiste... il a fallu que je règle enfin le problème de ma dépendance aux drogues, et que je résolve en même temps mes problèmes personnels. Ce qui veut dire qu’au même moment je devais affronter un paquet de choses qui n’allaient pas vraiment bien dans ma vie, il a donc fallu que je me pose la question : quel genre de personne je veux être, et quel genre d’artiste je veux incarner ? Ce que je veux communiquer au monde, tu vois ? Certains se disent que j’aurais pû tout simplement abandonner les drogues et continuer à jouer cette punk-rock star scandaleuse -mais ça n’aurait jamais pu fonctionner ainsi si je continuais à être ce personnage tout simplement sans les drogues... Ce n’était pas très satisfaisant pour moi d’avoir alors en tête un bon nombre de choses que je voulais faire mais qui n’étaient pas possibles au sein de Turbonegro. J’ai donc pris une décision en 2009, en janvier, d’assurer les shows qui étaient déjà programmés dans l’année, et de ne pas en booker d’autres par la suite. Puis je suis rentré dans une clinique en Suède pour me désintoxiquer ; et c’était ce qu’il y avait de plus important à faire ; j’avais une toute petite fille qui venait de naître, j’étais sous méthadone et subutex, et je ne savais plus vraiment très bien gérer ma vie. Et il a fallu que je prenne mes responsabilités, m’assurer que ma petite fille ait un père lorsqu’elle grandirait, et aussi que ma vie d’artiste soit quelque chose que j’aie pleinement décidé. Je n’écrivais ni musique ni paroles au sein de Turbonegro, je n’étais que ce personnage... et je suis très fier d’avoir fait partie de ce groupe, mais je ne pouvais absolument plus combiner ce rôle avec ma vie privée. Il a fallu que je passe à autre chose.
Je pense qu’ils ont compris... mais lorsque je suis revenu désintoxiqué de cette clinique et que j’ai joué les trente, quarante derniers shows sans même boire une seule goutte d’alcool, j’avais l’impression de me donner au moins 70% plus en forme que je ne l’ai jamais été. Ces derniers shows ont été des concerts énormes, historiques. Et bien sûr ça a été douloureux pour eux de voir que je les laissais alors que nous étions encore plus forts que jamais sur scène ; et je le comprends, mais à ce moment-là j’avais déjà pris ma décision. Deux semaines après mon tout dernier show avec Turbonegro j’ai joué ma toute première dans une comédie musicale à Oslo : j’ai incarné Jesus dans Jesus-Christ Superstar. Ca a toujours été un succès intemporel, et là nous avons effectué 90 représentations sold-out pendant l’hiver 2009-2010. Ensuite je suis allé en Suède, où j’habite désormais, et j’ai joué le rôle d’un troubadour scandinave, une sorte de Jacques Brel du Grand Nord qui s’appelle Cornelius Vresswijk, né en Hollande... Et ce film a été un énorme succès ; j’en ai sorti la B.O ainsi qu’un tribute-album... Tu vois ces deux dernières années j’ai joué dans une comédie musicale et dans un film, tout comme j’ai fait beaucoup de télévision en Norvège ; là je suis l’un des juges de la version norvégienne d’American Idol... Pendant un moment j’ai donc pris un peu de distance avec le rock... mais pendant tout ce temps sans que personne ne le sâche j’étais en train de produire l’album "I Declare : Treason" avec Tim et Anders, répétant sans cesse et sans cesse pour nous préparer à ce moment, maintenant. Maintenant je reviens sur la scène rock, et avec un tout nouveau groupe. Bien sûr c’est une grande victoire sur le plan personnel, mais aussi pour le rock’n’roll, juste de constater qu’il est toujours ce qu’il a été : une grande conquête, une bataille, non seulement pour les acteurs les plus hardcore de la scène, mais aussi pour toute la société.
La petite biographie accompagnant le CD promo de l’album nous indique que Dr Midnight & The Mercy Cult est né au cours «d’une nuit neigeuse à Oslo, au tout début 2009». Etait-ce alors en vue de n’incarner qu’un side-project récréatif et temporaire comme Happy Tom avait pu le faire avec Scum il y a des années, ou bien y avait-il une volonté de créer un vrai nouveau groupe à long terme ?
Anders, David et Audun avaient déjà eu cette idée en 2007. J’ai rencontré Anders pendant l’hiver 2008... et j’ai écouté ses démos. A l’époque Turbonegro avait tourné avec Marilyn Manson en 2007, et j’étais devenu très pote avec Tim, jusqu’à ce moment où j’ai appris qu’il quittait le groupe de Manson. Je pensais donc avoir un bassiste. Anders est venu à L.A lui parler, et lorsque Tim s’est enfin décidé, il est venu à Oslo en janvier 2009, et on s’est donc réunis de façon complètement anonyme, incognito, dans un tout petit studio d’une école primaire du centre-ville d’Oslo ! Et immédiatement, dès que le groupe s’est réuni et que nous avons joué une première chanson, j’ai de suite réalisé que ça ne pourrait jamais être qu’un simple side-project : c’était trop important, trop gros, nous devions tous laisser tomber nos autres projets ; ce n’est même pas un projet, c’est un groupe ! Et pour la toute première fois de ma vie je me retrouvais à former un groupe ! On avait tous fait partie de la seule vision d’un autre artiste ou de projets où les musiciens allaient et venaient. Le rock’n’roll devenait alors très académique et même incestueux ! Un état très policier où les uns contrôlent les projets des autres, etc. Faire en sorte que les règles punk-rock soient bien appliquées dans le punk. Que les règles black-metal soient bien appliquées dans le black. Attends un peu : j’ai alors réalisé que cela n’était pas pourquoi j’aimais tant le rock’n’roll quand j’étais gamin. Moi j’aimais les groupes, l’importance du rock’n’roll... lorsque les Doors sortaient un disque il y avait presque une réunion de crise à la CIA ! «Donnons-leur plus de LSD et d’héroïne avant que leur rock’n’roll ne prenne encore plus d’ampleur ! Que pouvons-nous leur donner ? Des femmes ! De l’alcool ! N’importe-quoi pourvu que ces rockers la ferment et meurent tous rapidement !» Pour moi le rock’n’roll est important, il est dangereux ! Ce sont les gens qui jouent du rock, il ne faut pas l’oublier ! Pour moi Dr Midnight & The Mercy Cult incarne un manifeste de la puissance originelle du rock’n’roll, et de l’intensité qu’il a toujours eu dans le passé. Une bonne force, puissante et positive.
Est-ce que ce groupe est le fruit d’une seule force directrice derrière un seul leader -en l’occurence toi, peut-être- ou bien représente-t-il la somme de cinq points de vue artistiques en toute démocratie ?
Non c’est vraiment l’addition de 85 années d’expérience rock : on a tous des expériences positives et quelques-unes négatives, et on s’est tous retrouvés dans une pièce où l’on s’est dit «faisons ça ensemble. Parlons-en, prenons les bonnes décisions ensemble». Chacun a son propre mot à dire. Tout le monde est très talentueux, intelligent, et plutôt cool : on est tous impliqué à 100% là-dedans. C’est bien un groupe dont on parle, et ça fait une sacré différence.
Comme toute nouvelle relation, cela doit être sacrément excitant pour toi de démarrer un tel nouveau chapitre à ta carrière ; le parcours doit cependant être parfois émaillé de quelques doutes légitimes ; as-tu toujours eu 100% confiance en ce projet et en ce disque ?
Oui parce que c’est aussi quelque-chose que j’ai fait avec moi-même lorsque je me suis débarrassé des drogues : j’ai appris à avoir un peu plus confiance en moi, et à aussi vouloir saisir ma chance, ne pas avoir peur de l’échec. Je n’ai pas peur de ce qu’il va advenir de ce groupe, je suis très confiant, je sais que ça va marcher. Et si ce n’est pas le cas, c’est pas grave, j’irai pêcher ! Tout est question d’avoir les couilles de se lâcher et de faire quelque chose. Ma vie ne dépend pas de ça : je le fais parce que j’ai le sentiment que c’est la bonne chose à faire. Et je peux ainsi agir de manière beaucoup plus libre et confiante. Et tout le monde partage la même opinion à ce propos ; on sait tous qui on est et qu’on est bons.
Réalises-tu le niveau d’attente que peuvent ressentir tes fans, vu le statut incroyable qu’ont généré tous les fanatiques die-hards de Turbonegro ?
Oui, oui, et je sais aussi qu’il y a une frange non-négligeable parmi les Turbojügends qui est très conservatrice et qui ne me permettra pas de faire ça, qui n’acceptera pas ça et qui comparera toujours ça à ce qu’était Turbonegro. Mais c’est tellement différent ; et je suis sûr que beaucoup aimeront tout autant... et ils sont tous les bienvenus pour nous apprécier ! Je veux juste qu’il sachent que c’est moi, moi le plus honnête possible... Et la majorité des Turbojügends sera enthousiaste ; lorsque j’ai fait quelque chose d’aussi dingue que jouer Jesus dans une comédie musicale, il y a des Turbojügends d’Australie qui sont venus aux représentations ! Et ils étaient sur le cul !
Anders est considéré comme un parrain de la scène black-metal. Il a joué dans Satyricon, Cadaver ou encore Celtic Frost ; et il avait aussi vraiment besoin de briser ces règles black-metal ! A cela s’est donc associé mon background punk-rock, et une approche assez classic-rock dans ma façon de chanter. Et ça va être assez rafraîchissant pour toute la scène black-metal, je pense... J’en ai parlé à mes potes du groupe Immortal et ils étaient sidérés qu’on puisse agir de la sorte ! L’apport de Tim Skold et de toute cette scène indus-shock rock, EBM... ça apporte aussi une autre vision : on mixe un peu tous les éléments des scènes d’où nous venons tous individuellement, et cela casse bien des schémas ! On est bien entendu bien conscient que chacune de ces scènes possède son public extrêmement conservateur : on va devoir affronter bien des polices punk et des talibans du black-metal, parce que malheureusement, le rock’n’roll est bien devenu l’une des cultures les plus conservatrices qui soient... on en est bien conscient et on sait qu’on va générer bien des réactions et en foutre certains en rogne !
Si Turbonegro faisait ce que vous proclâmiez alors du death punk, peut-on parler ici de black’n’roll ?
Oui, du black’n’roll... ou...ou du death-funk ! (RIRES !)... Ou encore de l’industrial boogie !
On sait que la scène metal norvégienne est un tout petit univers et que tu étais personnellement pote avec toutes les petites légendes sulfureuses gravitant autour du noyau originel du black des années 90, tous ces acteurs ô combien controversés de l’underground. Mais es-tu toi-même réellement passionné par ce metal-là ? Turbonegro était tellement punk à la base, et tu en étais une sacré caution...
Oh oui, oui oui... J’avais seize ans lorsque j’ai vu sur scène Cadaver, le premier groupe d’Anders. Et tout au long des années 90 j’ai toujours adoré toute cette scène metal extrême ; que ce soit Slayer, Obituary... le black-metal et le metal industriel ont toujours fait partie de moi. J’ai aussi toujours adoré les classiques de l’indus très underground, comme Front 242, Nitzer Ebb... j’adore aussi Daft Punk ! J’ai toujours voulu être libre dans mes choix musicaux, que ce soit dans ce que j’écoute ou ce que je fais... Je viens de sortir un album avec des chansons folk suédoises, tu vois ! Je ne me sens pas du tout concerné par toutes les étiquettes ; je suis un rocker, un punk, je suis libre et je fais juste ce que je veux, ce que je choisis. Je sais que beaucoup de gens seront surpris, mais moi je peux vous assurer que je ne me surprends pas ! (RIRES !)
Quel est le concept derrière Dr Midnight & The Mercy Cult ? L’album démarre avec une intro très cinématographique... De quoi, de qui s’agit-il ?
Dr Midnight, personne ne sait qui c’est. On utilise des histoires métaphoriques que tu retrouves dans des textes bibliques, religieux ou d’aventure, que ce soit le Coran ou Star Wars. Le concept est qu’un grand esprit supérieur est venu sur Terre pour donner aux gens une mission, d’être plus ouverts spirituellement et d’agir selon quelques préceptes... il a quitté la planète et personne n’a fait ce qu’il était supposé faire. (RIRES). Et Dr Midnight revient, une minute avant minuit, et il n’est pas franchement satisfait des humains ; alors il ne nous reste que cette petite minute pour nous absoudre et faire en sorte de revenir dans un chemin moins sinueux, de faire ce que l’on avait à faire, et de ne plus représenter une trahison face à un agrément. Et c’est aussi ça le rock’n’roll, c’est la puissance, le rock’n’roll n’a pas de limites, le rock’n’roll peut agir sur n’importe qui dans le monde. On veut revenir aux origines, à ce que Dr Midnight nous a demandé de faire : être sûr que des gens de divers horizons religieux, politiques et sociaux puissent se rassembler à un concert de rock et faire fi de toutes leurs différences, et de s’unir contre tous les trous du cul, sous la bannière du rock’n’roll. Et ainsi nous réaliserons que tous les vrais oppresseurs de ce monde sont au final bien peu nombreux, et que les bons, les vrais gentils sont rockers sont eux en très grand nombre.
Tu es bien optimiste !!!
Je ne suis pas qu’optimiste, je suis aussi un combattant spirtituel assez confiant. Non seulement je sais que cela arrivera, mais je sais aussi que j’en suis un activiste pour que cela arrive. Je suis personnellement très engagé dans toute forme de secteurs artistiques pour militer et que les gens soient conscients de la façon dont les choses sont. Et des outils dont les gens peuvent se servir pour changer cette situation sur cette planète. Et cette situation est sacrément bordélique.
Ca m’a tout l’air d’un message plutôt messianique, prophétique... C’est marrant parce que sur les photos promo, tu m’as tout l’air de personnifier une espèce de prêtre très sérieux et froid. Vas-tu jouer ce nouveau personnage sur scène et ainsi délivrer ton message via cette nouvelle image ?
Je vais assumer mon rôle sur scène, bien sûr. Mais non, je ne suis pas le Dr Midnight... je ne vais pas me tenir là et commencer à prêcher lors des concerts, mais je vais communiquer avec tout le monde, et dire la vérité. C’est ce qui est si important avec Dr Midnight & The Mercy Cult, c’est de dire aux gens qu’il existe de la vérité dans ce monde, mais elle a été souvent supprimée...
Auparavant tu étais sur scène extrêmement provocant : dans tes mots, dans tes tenues, dans ta nudité : vas-tu rester le même, est-ce qu’aujourd’hui Hank Von Helvete est le même, ou bien est-ce au tour d’Hans Erick de jouer sur scène ?
Le nom va me rester, ça je ne peux rien y faire ; mais je ne vais pas essayer de choquer pour choquer, gratuitement. Ce que je fais aujourd’hui, c’est avec un but, et je pense devenir bien plus dangereux que scandaleux, parce que la vérite heurte bien plus les menteurs qu’une simple blague, tu vois...
"I Declare : Treason" -quel est le fond de cette déclaration, titre de ce premier album ?
La trahison n’est qu’une condition. En fait c’est plutôt technique, et plutôt simple de s’en sortir : si tu es marié à une femme, alors tu es son mari. Si tu vas en baiser une autre, alors tu es dans un mode de trahison vis-à-vis de ton épouse. C’est très simple. En fait tout le monde, si tu réfléchis bien ainsi, tout le monde, à un moment donné de sa vie, vit en mode de trahison ; et en tant qu’être humain sur cette planète, la façon dont nous tuons, dont nous droguons les gens, dont nous commettons tous ces actes ignobles, nous sommes en mode de trahison. Toute la planète ! Alors c’est très simple de savoir que tu l’assumes, et par conséquent tu n’es plus en mode de trahison !
Y a-t-il encore de l’humour ou de la parodie dans ce nouveau groupe ? C’était une part tellement importante de ton image auparavant...
Oui, oui, je sais... ici l’humour sera dans l’esprit des gens, lorsqu’ils comprendront ce que je veux dire ; lorsque je chanterai, ils se moqueront peut-être d’eux-mêmes, au lieu de moi ! Je suis plutôt optimiste, parce que malgré tout il y a beaucoup d’amour là-dedans, de l’humour et de l’amour. Mais je n’utiliserai ni ironie ni sarcasme ni provoc uniquement pour faire marrer, comme avant... là c’est du rock’n’roll, il ne s’agit pas d’une blague... c’est un groupe de rock. Ce ne sera pas un groupe drôle, un groupe de stand up comedy...
Alors à quoi pouvons-nous nous attendre dans les mois qui vont suivre la sortie de l’album ? Une tournée intensive ?
On a l’ambition de vouloir aller dans des endroits où le rock n’est pas encore trop présent. Bien sûr que nous jouerons lors des gros festivals scandinaves cet été, nous y serons... comme nous viendrons en Europe cet automne. Mais à plus long terme, nous aimerions pouvoir nous imposer au Moyen Orient, en Extrême Orient... tout comme on aimerait bien être un groupe de rock pour les populations hindoues ou musulmanes dans différentes parties du monde, le tiers monde... On voudrait vraiment pouvoir toucher autant de gens que possible, partout tout autour du monde. Le retour que nous pouvons recevoir de quelques kids musulmans est incroyable : ils nous disent qu’ils adorent ce rock’n’roll, que c’est dur et agressif, et même sombre, mais aussi que leur Imam n’y trouvera rien à redire et qu’il ne pourra qu’approuver... (RIRES !) Faire table rase de ce malentendu géant comme quoi il devrait y avoir ce conflit entre le Christianisme et l’Islam, ça c’est un vrai malentendu ! Ce ne sont qu’une poignée de marchands d’arme et de dealers de drogue qui nous ont forcés à croire qu’il y avait ce fossé abyssal entre nos religions ; et finalement les gens sont plutôt confus de devoir se faire la guerre les uns contre les autres, alors qu’il partagent au fond bien plus qu’ils n’ont de réelles différences.
Charlie