Orel - ILS OSENT ENCORE : PLAY LOUD PLAY FAST par VS TEAM - 3668 lectures
En 2011... Alors que certaines grosses structures déposent le bilan ou se font racheter... D'autres n'écoutent que leur passion et leurs envies, afin de continuer à faire vivre le Metal que nous aimons, celui qui a toujours existé et qui existera toujours, en dépit des modes et des difficultés.

VS a voulu suivre 3 personnes, qui se lancent en 2011 dans de nouveaux projets totalement Metal, et complètement passsionnés...



Salut, peux-tu déjà te présenter ? Quelles sont tes activités de prédilection au sein de la scène « Metal » ?
Eh bien, bonjour,
Je suis Orel de Play Loud Play Fast (PLPF), malgré ce surnom, je suis bien une fille (enfin je crois… à vérifier en fait), je vais sur mes 30ans mais ça on s'en fout.
En fait, je fais partie d'un collectif, PLPF, qui est basé à Paris, je m'occupe en partie de l'organisation et de la promotion de nos concerts et des co-productions avec d'autres assos.


Tu es plus ‘active’ que ‘spectatrice’ ; qu’est-ce qui t’a donné envie de t’impliquer de cette façon, dans la scène Metal extrême ?
J'ai découvert ce style de musique assez tard, à la Fac, et je n'ai jamais pu arrêter d'en écouter. Très vite j'ai eu envie de rencontrer des acteurs de cette scène et de fil en aiguille je me suis retrouvée au management d'un groupe et à l'organisation de concerts.
A l'époque, je suivais des études en alternance dans l'assistanat de gestion, donc ces activités rejoignaient mes études et mes aptitudes.
Il faut dire que l'organisation prend du temps mais voir un projet se réaliser, voir les gens apprécier un ou plusieurs groupes, découvrir des sons, c'est hyper enrichissant et devient vite comme une drogue.


Depuis combien de temps as-tu basculé du côté « acteur » de la force ? Est-ce une activité qui te permet de vivre, ou tout au moins de survivre financièrement ? Qu’est-ce que cela représente en terme de temps passé ?
J'ai commencé en 2002 par l'organisation d'un festival avec l'asso KDL et en parallèle le management d'un groupe de ma région de naissance (Kahora / ex-Loky). Depuis, j'ai continué l'organisation, le management, le booking avec KDL puis sur Paris avec Fletching Prod (2008/2010) et maintenant PLPF (depuis 2ans).
Pour organiser ce genre de concerts de proximité qui prône le DIY, il ne faut pas s'attendre à se remplir les fouilles mais plutôt à mettre la main à la poche. En effet, on tient à garantir des tarifs accessibles (5€ en moyenne, sauf cas exceptionnel 8/10€). Le prix est défini en partie par le défraiement des groupes de tête d'affiche, les autres charges (salle, sono, promo, frais alimentaires car nous faisons obligatoirement nous-mêmes les repas VEGAN pour tout le staff et groupes…) et souvent nous prenons des risques en garantissant un prix bas.
Si dans le cas où par chance nous avons des bénéfices (rare), nous redistribuons aux groupes et au collectif, à parts égales. Sachant que PLPF réinvestit cet argent dans les dates suivantes ou offre un after show aux groupes de la soirée.
En clair, organiser pour nous, relève plus de la passion que d'un job pour arrondir les fins de mois.
Au niveau du temps, tout dépend du nombre d'organisations en cours, car il y a le booking de la date avec la phase de négociation et de réservation de salle/sono qui peuvent prendre assez peu de temps si tout est bien rodé et pris bien à l'avance, mais parfois ça traîne… puis nous entamons la promotion via tous les medias possibles et le "street marketing", c'est le plus gros du travail. Enfin, le jour du concert nous devons préparer la soirée et rester sur le pont jusqu'à tard dans la nuit et parfois le lendemain car nous nous assurons que les groupes passent un bon moment à Paris. Ils sont pris totalement en charge jusqu'à leur départ et souvent nous nous transformons en guides touristiques, nounou...


As-tu l’impression qu’au fil du temps, il devient de plus en plus difficile ou compliqué de s’investir, d’organiser, de produire, au sein de la scène Metal ?
Il y a toujours eu des problèmes pour organiser des concerts de ce style que ce soit en province ou à Paris. La scène est toujours aussi active avec des pics d'intérêt selon les styles, effet de mode peut-être?!
Au niveau des salles, nous nous dirigeons vers les café-concert et les squats surtout la Miroiterie qui est pour nous une seconde maison et une famille de cœur. Ce lieu est sur la sellette depuis des années mais reste vivant et soutenu par bon nombre d'actifs (organisateurs, musiciens, danseurs, artistes) et "non actifs".
Les bars demandent parfois des pourcentages sur les entrées, ou demandent des cautions remboursables si affluence du public ou si consommation au bar, c'est un risque que nous prenons en cas de dernier recours. A part ça, le problème du bruit est toujours de mise et au final beaucoup d'endroits ferment ou arrêtent les concerts metal, ce qui réduit le choix.
Sur un plan plus personnel, le temps est de plus en plus difficile à trouver, entre le travail (Haute Finance), la vie personnelle et les activités autres (la photographie de concerts et le Roller Derby avec les Paris RollerGirls). Il faut savoir jongler et faire preuve d'organisation mais un jour il faudra sûrement faire un choix ou ralentir la cadence.


"Ils osent encore", tel est le nom de notre dossier ; car tu partages ce goût pour l’audace, d’une certaine façon, en montant ton nouveau projet, et en proposant/bâtissant quelque chose de nouveau. Peux-tu nous décrire en quoi consiste cette aventure ? Et les raisons qui t’ont poussée à monter ce projet ?
Après la mise en suspens des activités de Fletching Prod, une ancienne de cette asso (Gra) et moi-même avons eu envie de continuer l'organisation à notre sauce. Comme nous sommes deux vieilles morues, très complémentaires de surcroît, on n'a pas perdu de temps et les contacts que nous avions récoltés tout au long de nos 20ans d'organisations cumulés, nous ont suivies dans l'aventure. De là est né PLPF, un collectif vegan militant sous le concept du DIY (Do It Yourself) et quand même un peu beaucoup féministe.


Dans quelle dynamique s'inscrit majoritairement ta démarche : Innover ? Combler un manque dans la scène locale ? Apporter ta 'pierre' à l'édifice de l'Underground ? Te faire plaisir avant tout ? Te faire des couilles en or ?
Mes bavettes sont en caoutchouc mais pour le reste, je dirai un peu de tout.
La scène grind crust est en très grande partie composée de vegans (végétaliens) à l'image de l'Obscene Extreme Festival organisé par Curby et ses comparses en République Tchèque.
Nous avions envie de montrer que la cuisine vegan n'est pas que sucer des cailloux dans une grotte, et de plus nous souhaitions aussi accueillir les groupes pour la plupart vegans dans de bonnes conditions.
Après, nous n'avons fait, musicalement parlant, que continuer ce qui était mis en place par Fletching Prod en région parisienne.
Avant tout, comme tu dis, nous nous faisons plaisir, nous ne souhaitons pas organiser une date qui va nous saouler ou pour des groupes à problèmes (violents, extrémistes, homophobes, xénophobes, etc…), ce qui donne lieu à quelques refus de booking mais nous tenons à respecter, et nos idées et le public.


Quelles sont les démarches préalables ("étude de marché", sondages auprès d'acteurs de la scène Metal, prêt financier, etc...) que tu as effectuées avant de te lancer dans ton projet ? As-tu mesuré les "risques" ou les difficultés que tu risques de rencontrer ? Ou préfères-tu te lancer dans l'aventure en improvisant au fur et à mesure...?
A force d'organisation, nous savons combien nous pouvons dégager d'une date selon les périodes, la popularité des groupes, etc. mais nous ne sommes pas à l'abri d'une plantade.
Il y a un peu d'improvisation mais au final, il nous arrive quand même parfois de poser les escalopes sur la table, et pour le moment ça "paie".


Quels outils de communication/de promotion utilises-tu pour faire connaître ta structure ou ton projet ? Internet, presse, bouche à oreille, autre ?
Nous utilisons beaucoup internet, les réseaux sociaux tels que FB ou les forums de discussion sur la musique, l'art en général ou le "veganisme". Le bouche à oreille fonctionne bien mais le street marketing est quand même un gros atout.


Travailles-tu seule, ou as-tu une équipe à tes côtés? Bénévoles? Professionnels? Sur quels critères les as-tu recrutés?
Aujourd'hui, nous sommes deux meufs (Orel et Gra), un troisième laron est en cours de "formation" (Zan) pour pouvoir prendre en charge une partie des organisations dans les mois à venir et aussi aider à la sonorisation.
Dans ce collectif, il y a aussi des membres actifs qui s'occupent du graphisme (Yoann, Jean "Blastart" …), des bénévoles qui nous aident énormément à la logistique (Krang, Julien T…) et un partenariat avec un label/distro (Humanicide Prod) et un collectif de sonorisateurs (Insane). Nous sommes aussi très proches de structures comme Kaotoxin, Doomstar et Bones Brigade, nos frères d'armes.
Le style de prédilection de PLPF est le Grind/Crust (Magrudergrind, Total Fucking Destruction en juin puis Agathocles, Wormrot à la rentrée).
Mais il nous arrive d'organiser du Post Rock ou assimilés (Impure Wilhelmina, General Lee…), du Stoner/Sludge/Doom (Sourvein, Coffins…) ou Hardcore (Elizabeth ou Nasty le 17juin)… On suit nos goûts et nos envies en espérant que ça plaise au public.


Es-tu en relation avec les structures "culturelles" de la ville/département/région dans laquelle tu exerces? Es-tu en bons termes avec eux ? Travaille-t-on facilement avec les services administratifs, par exemple, quand on fait la promotion du metal?
Non, absolument pas, jusqu'à aujourd'hui où nous devons faire appel à l'aide d'un attaché culturel d'une mairie de Paris pour l'autorisation d'un happening exceptionnel. Ce projet nous tient à cœur et nous nous sommes fait violence et avons contacté ces services car nous souhaitons rester autonomes le plus possible.


Envisages-tu d'élargir ton activité à d'autres styles moins ou totalement hors Metal afin de la développer et de pouvoir, éventuellement, encore mieux promouvoir le Metal par la suite?
Nous faisons déjà beaucoup à notre niveau et faire des choses plus importantes nous obligerait soit à nous reconvertir soit à recruter… et ce n'est pas d'actualité. Par contre, organiser des concerts dans d'autres styles, nous plairait beaucoup car chacune a des coups de cœur musicaux qui parfois n'ont rien à voir avec le metal (jazz, one man band, rap, electro, etc…) et ça ne serait pas forcément pour mieux promouvoir par la suite le metal en particulier.


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