Felipe Plaza - PROCESSION par SKAY - 2350 lectures
Quand on aime un groupe sur VS, on essaie d'en savoir plus. C'est pourquoi, après ma sélection du premier album de Procession, j'ai décidé d'en savoir plus sur le trio Chilien. Felipe Plaza (guitare/chant) s'est plié à l'exercice, de manière franche et spontanée. Doom on, fuckers !
Salut Felipe ! Une petite présentation du groupe s’impose.
Salut mec ! Alors, il y a Claudio Botarro à la basse, Francisco Aguirre à la batterie et moi, Felipe Plaza au guitare/chant. Nous venons juste de sortir notre premier album, ''Destroyers of the Faith'', et sommes en ce moment en tournée en Europe !
Comment décris-tu votre musique ? Quels groupes vous ont influencés, votre background musical ?
On joue du HEAVY DOOM METAL dans la lignée des anciens groupes cultes tels que Black Sabbath, Candlemass, Count Raven, Trouble, Solstice, etc. Avec en plus une touche personnelle plus mélodique/brutale venant de notre côté heavy/thrash/doom/death… Ce n'est pas évident de faire une liste, on est des collectionneurs de vynils, des buveurs de bière et on écoute tout le temps Iron Maiden, Judas Priest, AC/DC ou Motörhead.
C'est pourquoi je pense que tout montre que notre musique est un claque dans la gueule, un coup dans les couilles même si on est que trois à jouer lentement. Pour le background, on a tous joué dans d'autres groupes, mais pas besoin d'en parler, Procession est de loin le meilleur et c'est un vrai bonheur de jouer dedans.
Quels sujets abordez-vous dans vos morceaux ?
Nos paroles sont principalement des histoires et des analogies qui traitent des aspects sombres de l'être humain, et toujours avec un lien à des sujets anti-dogmatiques. Maintenant plus précisément, notre nouvel album est une compilation de différents sujets religieux avec lesquels nous avons créé des histoires courtes, traitant de concepts tels que le salut, le baptême, les meneurs, etc., qui peuvent être valables pour n'importe quelle puissante institution qui veut jouer avec les peurs et les besoins des hommes. On emmerde l'Eglise, on emmerde les faux leaders et ceux qui profitent du pouvoir, c'est le moment de se relever, de prendre sa hache et d'aller les massacrer (NDR : en anglais, ça envoie plus : « Fuck the church, fuck power in the wrong hands, fuck false leaders, is time to wake up, take your axe and slay them all ! »).
Procession existe depuis 2006, et vous venez juste de sortir votre premier album. Vous y êtes allés par étapes avant cet album. Quels sont les retours sur l’EP, "The Cult of Disease" ?
Bien sûr, on ne voulait pas y aller trop vite, mais d'abord voir les réactions avec un EP… et putain, ça a marché. On a réussi à diffuser « The Cult… » dans la bonne scène doom metal, et d'un coup des orga de festivals, de concerts ont été intéressées pour nous faire jouer… Donc on peut dire que les retours ont été meilleurs que prévus ! Et aussi, ça nous a motivés pour « Destroyers of the Faith ».
Comment est-ce que vous composez ? Est-ce qu’il y a un rituel, ou des situations particulières pour écrire votre musique ?
Un rituel ? On emmerde les rituels, on n'est pas de ces connards occultes et prétentieux, notre « rituel » c'est d'écouter des disques, boire de la bière et s'enfermer dans notre local de répèt quand on en a besoin. Quant à la composition, c'est en fait moi qui crée les idées principales, j'apporte les riffs, les lignes de chant, les solos, etc. et ça arrive souvent quand je suis déchiré, haha !
Vous sortez votre album en CD (sur Doomentia) et en vinyle (sur High Roller). Pourquoi le vynil est important pour vous ? Sur la version CD, le premier pressage vient avec un DVD. Qu’est-ce qu’on pourra y trouver ?
Le vynil est meilleur grâce à sa qualité de son (si on a une platine correcte), grâce à ses avantages au pressage (où on peut améliorer et réchauffer le son différemment)… en fait, est-ce que tu as entendu la différence avec Sabbath en vynil et en CD ? C'est plus chaud, plus organique, tu as le « ton », etc., l'artwork et l'insert sont également plus grands, putain, tu en as pour ton argent !
Quant au DVD, on l'a ajouté parce qu'on avait cet enregistrement de notre dernier concert au Chili en mai 2010, qui était pas mal et où on a joué des vieux et des nouveaux morceaux. Je pense qu'il est assez bon pour un bonus.
Pourquoi est-ce que vous avez sorti la version vinyle sur High Roller, alors que Doomentia est spécialisé en vinyles. Au final, le vynil est sorti plus tôt que le CD, qui n’est pas encore dispo (NDLR : au moment de la rédaction de l’interview).
Le CD/DVD est actuellement disponible sur Doomentia Records, mais bientôt sold-out, donc on est en train de travailler sur une réédition en boîtier cristal (sans le DVD). La raison est simple, on a contacté Steffen de High Roller en premier, il a pris le parti de sortir le vynil, proposé un bon deal et c'est en fait lui qui a proposé Doomentia pour la version CD. Et ça marche bien pour le moment pour nous…
Francisco (batterie) a rejoint le groupe en 2010. Quel était son passé musical, et qu’est-ce qu’il a apporté au groupe ?
Francisco nous a rejoint en décembre 2009, juste avant qu'on commence à arranger les morceaux pour l'album. Il a joué dans plusieurs groupes chiliens, avait un groupe appelé Motosierra et a même travaillé comme batteur de session/tournée pour un chanteur qui composait des chansons pour des séries d'animation haha, ce qui a certainement amélioré son jeu et lui a donné de l'expérience, je pense… Sa valeur ajoutée au groupe, ça va sembler bizarre, c'est qu'il n'a jamais joué de doom metal avant. Ca veut dire qu'il est parti de zéro avec nous, il a appris à notre manière et nos sections rythmiques, a adapté ses connaissances à notre musique, et globalement a appris le genre avec nous.
Claudio (basse) et toi jouez dans d’autres groupes qui sont assez différents de Procession (les deux dans Capilla Ardiente, Claudio dans Poema Arcanus et toi dans Mourners Lament). Qu’est-ce que ça vous apporte ?
Tout d'abord, Mourners Lament est fini depuis 2008, et Claudio a quitté Poema Arcanus en, hmm, 2006 je crois (NDR : et pan ! ça m'apprendra à mieux préparer mes interviews...). Le seul qui est encore doucement actif est Capilla Ardiente, où Claudio compose les morceaux et je ne fais que chanter et jouer la guitare rythmique. Nous sommes des amis de longue date et des metalleux, on se comprend musicalement, et parfois on s'entraide même. Il se passe la même chose avec Procession. Même si je compose la musique, je suis toujours ouvert à une bonne idée.
Vous jouez du doom trad. Ce genre est un peu “trendy” en ce moment, qu’est-ce que tu en penses ?
Tous les types de metal sont trendy aujourd'hui mec, tu le vois avec le ridicule de festivals, et le fait qu'apparemment, tout le monde essaie de se tailler une part du gâteau. Qu'est-ce qui est bien ? Les groupes underground, vieux ou jeunes, reçoivent enfin des retours et un soutien convenable des labels, si on sait choisir le bon… Et aussi, comme je suis un vrai fan de metal et un collectionneur, j'ai la chance de trouver plein de trucs. Maintenant, je vois ce que tu veux dire par trendy. Mais bon, le temps le dire, comme le morceau : « Only the strong… »
Vous venez du Chili. Comment ça se passe pour les groupes de metal dans votre pays ? Est-ce qu’il y a une fan-base ? Est-ce que c’est difficile d’organiser des concerts ou d’avoir un groupe ?
En fait, il n'y a pas de fan-base, mais plutôt une bande de mecs qui téléchargent. Bien sûr, il y a des fans sérieux, mais c'est surtout des amis qui étaient là dès le début. Au Chili, par exemple, ça ne sert à rien d'apporter du merch à un concert, puisque le public préfère acheter des bières plutôt que de supporter ceux qu'ils viennent juste de voir sur scène. Il n'y a que des concierges, des mecs à l'esprit étroit (parfois constructifs, mais parfois destructeurs) etc. Les salles vous traitent comme de la merde en essayant de t'en donner le moins possible. On a toujours beaucoup à apprendre des promoteurs et des salles en Europe, où même les plus petits clubs ont des conditions de base pour les groupes qui jouent. Maintenant, on ne cherche plus, si des gens veulent nous faire jouer, ils viendront nous trouver.
Si j’ai bien compris, tu vis maintenant en Suède. De plus, vous jouez beaucoup en Europe. Comment est-ce que tu compares la scène metal européenne à la scène sud-américaine ?
Oui, je vis en Suède maintenant. En fait, la plus grosse différence est que l'Europe a une vraie industrie metal, et que l'Amérique du sud (sauf le Brésil) tuerait pour avoir quelque chose similaire. Je connais des personnes qui meurent d'envie d'aller au Wacken ou au Party San, et je sais aussi que quelque part, ces personnes ne font pas partie de notre « scène », puisque nous ne jouerons peut-être jamais dans ces festivals. Maintenant, au niveau de l'underground, c'est assez similaire entre l'Europe et l'Amérique du Sud : on a quelques petits labels, il y a des petits concerts tout le temps, des distros, etc. Mais il y a aussi beaucoup de jalousie, et les metalleux européens semblent plus respectueux. En fait, la vraie différence tient dans le soutien.
La scène chilienne doom est plutôt en bonne santé. Des groupes comme Mar de Grises ou vous font plein de concerts en Europe. Quels autres groupes de doom chiliens tu recommandes à nos lecteurs ?
J'ai un pote qui vient de monter un nouveau groupe, Skull of Heretic, dont la première demo EP devrait sortir mi 2011. Il faut aussi jeter une oreille sur l'album de Condenados, sorti sur Shadow Kingdom en 2010.
Et quels autres groupes de metal chilien (autre que doom) tu recommandes ? Contrairement au doom, et quelques groupes de black metal obscures, les groupes chiliens ont l’air d’avoir du mal à s’exporter et à être connus en Europe.
Tu devrais aller écouter Force of Darkness Hades Archer, Attacker Bloody Axe, Axe Battler et tous les groupes qui sont dans le livret du dernier album. Cette difficulté à l'export vient surtout du fait qu'ils ne croient pas aveuglément dans ce qu'ils font. L'ambition est nécessaire, tu dois apprendre à te jeter à l'eau.
Parlons d’internet. Tu as récemment publié une note sur Myspace à propos de la version numérique du nouvel album (NDR : dans cette note, le groupe se plaint de la version piratée déjà disponible alors que seul le vynil était sorti, et invite les fans du groupe à ne pas télécharger). Quelle est ton opinion à propos du téléchargement illégal ? Tu ne penses pas qu’il peut aider certains à découvrir ta musique et venir aux concerts ?
Bah, cette merde échappe à tout contrôle. Mais je ne peux pas m'empêcher d'être hors de moi, quand tu sais combien de temps/d'argent/d'énergie on a mis dans notre album, pour que des opportunistes arrivent et récupèrent l'album en 2 clics. Si j'ai écrit quelque chose concernant cette situation, c'est parce que je ne la cautionne pas, parce que je suis chanceux d'être arrivé avant cette manie du téléchargement, et que je conçois la musique comme physique et spirituelle. De plus, la bonne chose dans cette « mode » (NDR : du doom) dont tu parlais plus tôt, c'est qu'avec les labels underground, l'esprit underground est en quelque sorte de retour, et les metalleux, vieux et jeunes, ont réussi à reconsidérer l'importance d'avoir le disque.
Vous avez une page Myspace, une page Facebook, mais pas de site officiel. Pourquoi vous n’utilisez que les réseaux sociaux et pas de site traditionnel ?
Parce que je n'ai pas de temps/d'argent/d'énergie à dépenser dans un vrai site internet, et qu'on ne voit que la face pratique de cette merde virtuelle, qui est la diffusion auprès des intéressés : groupes/fans/promoteurs. Et pour ça, Myspace et Facebook sont suffisants.
Avant de te laisser le mot de la fin, peut-être la question la plus importante de l’interview : est-ce que tu as un vin chilien à conseiller aux Français (attention, on est très exigeants) ?
J'ai appris que les alcools les plus chers sont souvent les meilleurs… donc si tu arrives à trouver n'importe quoi de chez Miguel Torres, Santa Ema ou Misiones de Rengo, ça devrait te plaire !
Maintenant, en Europe, vous arrivez à trouver facilement nos marques qui ont un bon rapport qualité/prix, ce qu'est le Casillero del Diablo (le Shiraz est délicieux !)… A votre santé ! (en français dans le texte)