Après un EP très prometteur, la formation française Akentra remet le couvert cette fois avec son premier véritable album, méfait d’excellente facture ! Cela valait bien un petit interview et c’est la chanteuse Lucia qui s’est prêtée au jeu des questions et réponses.

En préambule, un grand bravo pour votre premier album, ‘Asleep’, que je trouve sincèrement du meilleur aloi ! Maintenant que tu possèdes un peu de recul, quel regard portes-tu sur cette réalisation et quelles sont les premières réactions du public ?
Merci pour le compliment ! A vrai dire, je suis assez fière de ce 1er album. C'est le genre de disque que j'aime écouter. On s'est fait plaisir à le composer et à l'enregistrer. On est sorti du studio en juin et depuis, on a dû l'entendre et le jouer des centaines de fois mais on ne s'en est toujours pas lassé. Le public est plutôt réceptif et le nombre de fans va grandissant de jour en jour. J'espère que cela va continuer sur cette voie.

N’est-ce pas un peu frustrant de sortir un disque d’une telle qualité sans l’aide d’un label et de distributeurs ?
Comme on dit, il n'est jamais trop tard pour bien faire ! Si on a l'opportunité de signer un contrat intéressant qui nous permet de faire la musique qui nous plaît sans trop de contraintes, pourquoi pas. Pour le moment, Akentra reste maître de son album et parfois, ça n'est pas si mal. A voir par la suite…

Vous avez pris un tournant manifeste en terme de production, optant pour un son résolument moderne. Le résultat est impressionnant mais paradoxalement le cachet du EP, à ce niveau, a disparu. Peux-tu nous expliquer ce choix ? Est-il clairement délibéré ?
On voulait un son plus moderne effectivement et c'est vrai que c'est plutôt réussi de ce côté-là. Le fait d'avoir intégré deux jeunes guitaristes avec une culture différente et d'avoir enregistré l'album au Dôme Studio avec David Potvin a été déterminant quant au son de « Asleep ».

J’ai été assez surpris, lors des premières écoutes, par le lifting opéré sur les morceaux du EP. Peux-tu m’expliquer votre démarche à ce niveau en sachant que ce dernier avait reçu un excellent accueil ?
On a voulu rendre les morceaux plus « rock », faire quelque chose de plus live, plus simple au niveau des arrangements. Remplacer un guitariste et un clavier par deux guitaristes, ça donne ça ! Ce qu'on voulait, c'est que chaque membre du groupe fasse partie intégrante et apporte sa propre touche à l'album, que ce soit sur les morceaux inédits ou sur les morceaux du EP.

Une des armes principales d’Akentra est la qualité de ses refrains qui à chaque fois font mouche. C’est quelque chose qui vous vient naturellement ou c’est plutôt un gros travail de recherche et de mise au point ?
A vrai dire, cela dépend des morceaux. Pour certains, le refrain coule de source et pour d'autres, il a fallu revenir dessus. Mais la plupart du temps, ça se fait naturellement.

Je trouve tes parties vocales très réussies, spécialement sur le plan des émotions que tu véhicules à la perfection, le tout se mariant avec beaucoup d’à propos sur la musique.
Peux-tu nous expliquer comment tu travailles de façon générale à ce niveau et quelle est ton implication dans le processus de composition ?
Chez Akentra, on fonctionne à peu près tout le temps de la même manière : les garçons apportent un riff, ou une mélodie, quelques fois même un morceau quasi complet. Je n'ai plus qu'à m'isoler dans un coin avec mon cahier et un crayon et écrire la mélodie et le texte. Si l'inspiration est au rendez-vous, ça peut aller très vite.

Je l’ai écrit dans ma chronique, autant votre album est franchement agréable à écouter, autant il manque parfois singulièrement d’identité, dans la mesure où beaucoup de plans et de mélodies ont un air de déjà vu.
Vous avez préféré une démarche sécuritaire pour ce premier album ? Avez-vous pour objectif d'évoluer à ce niveau pour la suite et de tenter peut-être davantage de choses ?
On n'y a pas vraiment réfléchi. On a simplement fait de la musique, composé le genre de morceaux que l'on aime écouter. On ne s'est jamais dit « attention, ça c'est dangereux, on ne fait pas ». Nous sommes avant tout des musiciens, pas des cascadeurs donc, prise de risque ou pas prise de risque, ça ne me dit rien du tout. On n'a pas calculé, juste joué et pris du plaisir à le faire. C'est une remarque que l'on a pu voir plusieurs fois dans des chroniques mais qu'on a un peu de mal à comprendre. Peut-être que d'autres groupes se plaisent à faire de la musique « mathématisée » ou « trop compliquée pour le commun des mortels » mais nous on se contente de faire des chansons. Peut-être qu'un jour on aura besoin de ça mais pour le moment, on veut juste s'éclater et partager ça avec un public qui ne se pose pas de question.

Je me suis laissé entendre dire que tu étais coachée, vocalement s’entend, par Sylvie Grare de Headline. Comment se passe cette collaboration et que t’apporte-t-elle au juste ?
C'est le cas. Sylvie est une chanteuse impressionnante. Elle m'a apporté énormément au niveau technique mais également au niveau de l'interprétation. C'est également plus que mon coach vocal puisqu'on se fréquente en dehors des cours, elle est devenue une amie au fil du temps.

Quels sont tes objectifs personnels sur le plan musical et que fais-tu dans la vie en dehors d’Akentra ?
Maintenant que le 1er album est sorti, le but est bien sûr d'en faire la promo mais c'est surtout de faire un maximum de concerts, d'aller à la rencontre du public et d'essayer de les toucher avec notre musique. Parallèlement, dès le début 2011, on se remet à la compo et on attaque le 2ème album. Le côté moins drôle, c'est que je vais devoir continuer à bosser dans la logistique pour financer tout ça et pour manger aussi ! Mais bon, le jeu en vaut la chandelle !

Depuis le EP, vous avez passablement remanié votre line-up, avec l’arrivée de deux nouveaux guitaristes et le départ de votre clavier. Que s’est-il passé et surtout avez-vous trouvé une certaine stabilité avec cette nouvelle formation ?
Ce n'est pas vraiment un remaniement mais plutôt un complément. Pour le EP, on était trois (Steve, Steph et moi) + deux ( Didier et Aymeric). Pour l'album, on a voulu un vrai groupe, former une unité à cinq. Avec l'arrivée de Thomas et Habib, c'est chose faite. Ils se sont incroyablement bien intégrés et en plus sont inséparables tous les deux. On a eu un mal fou à les trouver ces deux-là. On a testé bon nombre de guitaristes mais c'était vraiment eux qu'il nous fallait. Musicalement et humainement ça a collé tout de suite !

J’ai émis quelques réserves sur l’efficacité de votre visuel (pochette, photographies, clip) que je ne trouve pas vraiment en adéquation avec le style dans lequel vous évoluez. Simple volonté de sortir des sentiers battus ou démarche spécifique ?
On avait envie de quelque chose de différent. Le clip a des côtés drôles mais tout en restant bien dark, un peu étrange. C'est une ambiance que j'apprécie. Les photos sont plutôt ambiance goth nature et la pochette ambiance feutrée. C'est le mélange des genres qui nous plaît ! Il est fort probable que les prochains clips, photos et pochettes soient encore d'un autre style. On aime le changement chez Akentra. Tous les goûts sont dans la nature et il est normal que notre musique ou notre visuel ne plaisent pas à tout le monde, c'est ce qui fait que la vie est intéressante.

Quel message essaies-tu de transmettre avec tes paroles ? Les textes sont-ils aussi importants pour toi que l’aspect purement musical et mélodique ?
Je pense que les textes ont leur importance mais la musique passe avant pour moi. On n'a pas besoin de comprendre le texte pour aimer une chanson, pour être touché par une mélodie. Mais si on est aussi touché par le texte, c'est encore mieux ! Mes textes sont assez personnels. Je raconte des choses que j'ai vécues, que j'ai vues ou que j'ai ressenties. Cela ne m'étonne pas si certaines personnes se retrouvent dans mes chansons puisque j'y parle de la vie, du temps qui passe et de rapports humains. Rien d'original, juste du sentimental.

Peux-tu m’en dire un peu plus sur vos futurs objectifs en 2011 ? Avez-vous des plans de tournée ? De nouvelles chansons en perspective ?
Dès janvier, on attaque la composition du prochain album. J'ai vraiment hâte qu'on s'y mette. Parallèlement à ça, j'espère qu'on fera un maximum de concerts. Pas de plan de tournée mais déjà quelques dates prévues dans l'agenda d'Akentra. 2011 va être une année chargée je pense !

Le mot de la fin est pour toi !
Merci à toi Oli et à VS pour cette interview de qualité, avec des vraies questions pertinentes. On sent que le sujet a été travaillé, ça fait plaisir ;-)
Merci également à toutes ces personnes qui nous suivent et qui croient en Akentra. J'espère que le virus est contagieux et qu'il y en aura de plus en plus. Je vous donne rendez-vous en concert très bientôt, surveillez les news sur www.akentra.com.