Gagner de l'argent en faisant du metal est presque considéré comme anormal par beaucoup de fans. Comprends-tu ce point de vue ?
Dans un sens, oui. Les zicos riches ne courent pas les rues hein… Mais à partir d'un certain niveau d'investissement de temps et d'énergie, que ce soit dans du métal, du ski alpin ou n'importe quoi d'autre, être rémunéré devient logique, non ?

Quel type de contrat avez-vous signé avec votre label ?
C'est un contrat de licence phonographique pour trois albums avec option pour un quatrième. L'option est dans le camp du label ; s'il décide de continuer de travailler avec Soilwork, le groupe est contractuellement obligé de leur livrer ce quatrième disque.

Avez-vous pris en charge les frais d'enregistrements en studio de votre dernier album ou cela est pris en charge par le label dans le cadre d'un contrat de production ?
Notre label nous paie une avance sur royalties, dont le but est de nous permettre d'aller en studio et de leur livrer un album, graphismes et clip vidéo compris. A nous de gérer cet argent au mieux.

Avez-vous pris en charge des frais de pressage ou de promotion de vos disques ?
Tout ça est pris en charge par Nuclear Blast (Listenable pour les deux premiers albums). Au niveau de la promotion, on discute un "plan d'attaque" pour chaque album, et on garde un œil attentif sur le travail de chaque division du label. Il y a aussi des contrats de licence pour des territoires comme le Japon, l'Australie ou la Russie, où nous travaillons donc par le biais de Nuclear Blast ou Listenable avec d'autres labels.

Touchez-vous de l'argent sur la vente d'un CD ? Si oui, sais-tu quel montant vous touchez sur la vente d'un disque ?
Oui. Les royalties fluctuent en fonction de nombreux facteurs. Le groupe touche généralement entre 13 et 25% du prix auquel le CD est vendu au distributeur, selon les formats, territoires, sous-licences, etc. Si on considère un prix d'environ 7 € par CD, le groupe devrait toucher entre 0.91 et 1.75 € par CD vendu. En réalité, il faut vendre un bon paquet d'albums pour rembourser l'avance sur royalties.

Récupérez-vous de l'argent grâce aux droits d'auteurs ?
Soilwork fonctionne de façon démocratique. Chacun est libre d'écrire de la musique et de contribuer des idées. Les droits d'auteur sont donc accessibles a tous, à condition que les idées ou morceaux soient approuvés par le reste du groupe.

Au niveau des tournées et autres concerts que vous réalisez, comment êtes-vous rémunérés ? Faites-vous des profits ?
En tête d'affiche, il arrive qu'il y ait du profit à la fin. C'est le but, mais parfois on tombe à zéro ou même dans le rouge. En ouverture d'autres groupes, c'est rare de se faire de l'argent. On apprend à gérer tout ça au fil des années. Par exemple, louer un bus coûte cher, c'est pourquoi nous partageons le plus souvent possible notre bus avec un autre groupe afin d'en réduire les frais.

Avez-vous déjà dû payer (ou participer au paiement) des "droits d'accès" pour participer à certaines tournées ? Avez-vous pu rentrer dans vos frais ?
Oui. C'est de coutume en ouvrant pour une grosse tête d'affiche, ou lors des festivals itinérants. Dans notre cas, le tour support est systématiquement une avance sur royalties - ce qui veut dire que nous finançons ça nous-mêmes, au final. Si on prend en compte le facteur promotionnel, qui pousse à son tour les ventes de disques, une tournée comme la Ozzfest (que Soilwork a fait en 2005) peut valoir le coup à long terme même s'il y a perte financière au départ.

Dans le même ordre d'idées, les groupes qui vous ont accompagnés ont-ils déjà dû payer des "droits d'accès" pour tourner avec vous ?
Je ne sais pas comment ça se passait il y a quelques années. Depuis que nous gérons Soilwork, il y a seulement une partie des frais de bus à payer pour les groupes avec qui on partage notre maison sur roues. Pas de droit d'accès donc.

On dit que le merchandising est la meilleure façon de gagner de l'argent pour des groupes. Qu'en est-il pour vous ? Quelle somme gagnez-vous sur la vente d’un t-shirt ?
La difficulté est de prédire combien on va vendre. Parfois on est agréablement surpris, d'autres fois les ventes déçoivent. Il faut gérer au mieux les quantités afin d'éviter de se retrouver avec des tas d'invendus sur les bras. En règle générale, un groupe comme le nôtre peut se faire entre 5 et 7 € par t-shirt vendu, mais encore une fois, ça dépend du territoire, du pourcentage pris par les salles, des taxes… Au final c'est souvent bien moins.

Avez-vous des autres revenus pour le groupe (sponsoring, partenariats, subventions, etc) ?
Il y a eu du sponsoring ici et la. Certaines tournées comme la Eastpak Antidote servent de biais promotionnel pour une marque majeure. Mais la plupart du temps, on ne compte que sur nous-mêmes et sur notre label.

Si on devait faire la balance sur l’argent investi dans le groupe et celui gagné par le groupe, de quel côté pencherait la balance ?
Du côté du groupe, notamment pour les auteurs principaux.

Ton activité au sein du groupe te permet-elle de vivre dans la musique ? Si non quel est ton activité en dehors de la musique qui te permet de vivre ?
Les revenus du groupe varient et sont loin de suffire. Je fais un maximum d'activités dans mon domaine spécifique (sessions d'enregistrements, masterclass de batterie, cours, etc.) afin de gagner ma vie.