Leonard "Lenzig" Leal & Nick Schendzielos - CEPHALIC CARNAGE par #GUILLAUME# - 1852 lectures
Réaliser une interview avec les mecs de CEPHALIC CARNAGE relève quasiment du bizutage. Ou de l'épreuve rituelle de passage pour devenir reporter Metal. Bref, si vous voulez connaître la recette du Paper-plate Panini, la vérité sur le water-grindcore ou recevoir un cours de géopolitique du Moyen-orient, ne ratez pas cet entretien décalé avec Leonard "Lenzig" Leal (vocals) & Nick Schendzielos (Bass).
Vous qualifiez souvent votre musique de Hydrogrind ; pouvez-vous apporter une définition de ce type particulier de grindcore?
Lenzig : Tu prends un sachet de beuh hydroponique, tu roules quelques joints, tu les fumes, et là tu commences à jouer avec ta gratte ou ta basse... moi je prends une douche, puis quand je suis stone j'aime bien chanter nu. C'est ça l'Hydrogrind.
Nick : Tu prends du café, mais tu peux prendre de l'herbe. Tu la broies (N.d.A : broyer = to grind) avec un moulin à café (coffee grinder), ça fait de l'Hydrogrind...
L : Boom! Ça te rentre dans la tête et après tu es complètement (il mime quelqu'un de défoncé)
N : Tu vois, le truc est juste venu comme ça, c'est comme le... watergrindcore.
L : C'est la vie. Sans eau il n'y a pas de vie possible.
(...) Sans rire, est-ce que l'utilisation de drogues douces est fondamentale dans votre manière de jouer?
L : Ce n'est pas tant le fait d'utiliser de la drogue, pour nous c'est un moyen de nous différencier des autres groupes. On préfère se définir avec nos propres termes plutôt que d'attendre que quelqu'un d'autre nous dise ce que nous sommes.
N : La drogue n'est pas vraiment indispensable, je pense que notre son serait le même avec ou sans herbe, c'est juste plus goûteux.
L : On pourrait aussi faire du Coke Metal. On prendrait d'énormes traits de coke sur une plaque de verre, les gens seraient dingues de nous. Mais je n'ai pas assez de coke.... Non, je plaisante bien sûr, on a simplement créé quelque chose qui nous donnait une identité.
J'ai lu que vous donniez des cours particuliers pendant vos tournées, c'est vrai?
N : Oui c'est assez marrant. Je donne déjà des cours chez moi, puis pendant les tournées il y a parfois des pauses, alors de temps en temps je rencontre des types qui aiment notre musique et nos chansons, ils veulent apprendre une technique spécifique qu'ils ont entendue dans un titre. C'est plutôt cool et ça nous permet de gagner un peu d'argent, je suis carrément fauché. Il y a eu quelques types qui étaient loin d'être des débutants, ils jouaient vraiment bien donc là c'est une sorte d'échange aussi.
Pour le moment quel est votre meilleur concert de cette tournée?
N : Celui de demain!
L: Pour moi, je dirais Aarschot, Belgium. Il y avait tous ces types qui étaient complètement dingues, des gars qui en empoignaient d'autres et les balançaient sur scène, c'était assez fou. J'ai rarement vu des shows comme ça. Et juste derrière je dirais Londres.
N : Oui il y avait une très bonne énergie, beaucoup de fun, toute la salle en train de mosher et cette ambiance très intime.
L : Et puis bien sûr il y avait ces meat pies qui étaient vraiment, vraiment délicieuses!
Est-ce que vous ressentez des différences spécifiques entre les scènes européennes et américaines?
L : L'Amérique défonce tout le monde! Désolé de dire ça au reste du Monde mais vous devez être aux USA pour assister à un vrai show! Je veux dire, ici c'est OK mais là-bas c'est sauvage! (N.d.A : en français)
N : Je crois qu'ici il y a beaucoup plus de gens qui viennent pour écouter de la musique. Les gens aux USA aiment bouger, mosher...
L :...faire du headbang, en avoir pour leur argent, et ne pas rester là debout genre « ouhla je ne peux pas faire n'importe quoi avec mes cheveux, tout le monde me regarde! ». Aux USA les types arrivent, ils payent leur ticket et explosent tout du premier au dernier groupe!
N : L'Europe est un peu plus... les gens vont se plaindre plus facilement. Ils ne vont pas aimer parce que « tu vois, c'était sympa, tu as bien joué mais le son était horrible, j'ai passé une très mauvaise soirée». Aux USA, ça n'a aucune importance. Je pense que les Européens sont plus critiques, tandis qu'aux États-Unis vous allez à un concert comme vous iriez faire la fête. Oui, c'est une bonne manière de le présenter.
Avec quelle scène vous sentez-vous le plus à l'aise? La vôtre je suppose?
N : Je les aime toutes les deux. J'aime les avoir toutes les deux, et aller de l'une à l'autre. Le contraste c'est important. Aux States ça peut être un peu ennuyeux parfois. C'est très, très grand et ça prend beaucoup de temps pour se déplacer d'une ville à une autre. Parfois il n'y a même rien à regarder sur la route. Ici, on est face à une nouvelle culture tous les jours, un nouveau langage, un nouveau pays. C'est si vieux...
L : On se sent vraiment en tournée parce qu'on est des touristes. (N.d.A : il joue sur les mots tour et tourist)
Parlons un peu du nouvel album. A quelles convictions fait référence le titre de l'album « Misled by certainties »?
L : La tristesse. La joie et la tristesse. Comme quand tu viens de toucher ton chèque mais que tu as perdu tes papiers, du coup tu ne peux pas l'encaisser. Tu as de l'argent mais aucun moyen d'y accéder. Enfin, c'est mon interprétation. Mais, c'est lui le type qui a eu l'idée donc tu devrais lui demander.
N : Je lisais ce bouquin d'un type qui parlait de l'Égypte et... d'Israël je dirais, dans les années 70 (N.d.A : Vraisemblablement la Guerre des six jours en 1967). Dans le fond ça parle de toutes les menaces que s'envoient les pays en guerre. C'est cette certitude qu'a un pays à un moment donné qu'un autre pays a vraiment l'intention de faire ce qu'ils disent, qu'il ne bluffe pas. Tu vois, malgré les renseignements des Services Secrets, ils n'imaginaient pas qu'ils puissent faire quoi que ce soit de ce qu'ils avaient dit. Ils continuaient de les prévenir, de les prévenir puis... le jour où ils avaient prévu d'attaquer, ils le font vraiment. Et beaucoup de gens sont morts. Ils avaient la certitude que l'autre camp n'allait pas attaquer, qu'ils ne le voulaient pas vraiment. Quand on est prêt à parier, il vaut mieux ne pas avoir de certitudes en quoi que ce soit. C'est comme au volant, vous avez la certitude que l'autre va rester de son côté de la route, et là il vous tue. Des gens meurent dans les accidents de la route juste comme ça.
L : Ouais... on a essayé d'avoir un album plus sombre qui reflète cela.
J'ai lu de bonnes chroniques sur l'album mais aussi des reproches sur le manque de rapidité, de violence. Que voudriez-vous répondre à ces critiques?
L : Je voudrais leur dire de l'écouter une nouvelle fois parce que l'intégralité de l'album est rapide, à part peut-être deux titres, alors...
N : Il y a quelques-uns des plans les plus rapides et les plus durs de tous les albums de CEPHALIC CARNAGE! Techniquement, et notre producteur Dave (Otero) pourrait en attester, c'est le meilleur CEPHALIC!
L : On l'a senti comme ça et à ce jour c'est la seule chose qui compte. Vous avez un million d'autres groupes que vous pouvez écouter si ça ne vous convient pas. Heureusement vous pouvez aussi nous donner une chance et écouter notre album, vous allez voir! Bien sûr ce n'est pas un album de pur blast! On vous propose avant tout de vous embarquer dans un voyage musical. Si on se contente de jouer vite vous allez dire que c'est ennuyeux!
On veut se poser des défis en tant que groupe. On ne veut pas être ce groupe parce que vous nous dites de l'être. Les gars, vous voulez des trucs plus rapides? Il y a d'autres groupes qui sont aussi rapides que vous le voudrez...
N : ...tu sais, on est dans cette dynamique, on joue avec une extrême variété de styles, de genres, on est vraiment content de ce qu'on fait. J'aime ce disque! Fuck yeah!
L : Je crois qu'on est toujours le même groupe que quand on a commencé. On fait toujours les mêmes choses que nous faisions alors. Il y a toujours ces gens qui aiment chier sur les groupes, c'est ce qu'ils font, bande de misérables! Vous avez eu une mauvaise journée alors vous vous soulagez sur une chronique d'album! Tous ces journalistes, ces musiciens, qui détestent ce que les autres font...
Peut-être la déception de certains fans est due à cet aspect moins chaotique et plus... achevé de vos compositions?
L : On ne peut pas faire ça tout au long de sa carrière, comme si chaque chanson devait défoncer l'esprit de quelqu'un. On veut juste faire de bonnes chansons, ce qu'on pense être le plus mémorable possible. On a fait ça avec chaque album. Maintenant c'est là, vous n'avez plus qu'à écouter.
N : La question c'est : qu'est-ce qui fait une chanson? Pour moi c'est quelque chose d'accrocheur, d'inoubliable, qui te reste dans la tête. Si c'est juste (il mime une branlette de manche), est-ce que tu vas te rappeler de ça plus tard? Putain mais non! Tu vas peut-être trouver ça cool mais... il y a quelque chose avec les riffs. Ces riffs heavy inoubliables (il fait du air guitar en fredonnant le début de « Praise the Lord » de DYING FETUS), tu dois réfléchir à ce que tu fais et pourquoi! Tout a un but sur notre album, rien n'est balancé genre « oh il faut un riff de plus ici ». Tout est méticuleusement construit et affiné. On a passé beaucoup de temps sur chaque petit détail. C'est peut-être pour ça que ça sonne plus achevé. Ce n'était pas juste : faisons un autre riff, et encore un, etc.
A propos du départ de Zak ; est-ce que la mise en place d'un nouveau line up a modifié votre manière de travailler?
L : On écrit toujours de la même manière. Zak a écrit un paquet de chansons et maintenant on écrit ce qu'on écrit...
N : Zak est vraiment quelqu'un de très créatif, il aime également produire et diriger. Aussi, pour pouvoir s'exprimer pleinement il requiert beaucoup de contrôle. Par exemple, sur « Xenosapien », tous les autres avaient des titres pour le disque mais l'album est composé de chansons de Zak à 90%. Les chansons des autres ont été écartées parce que les siennes devaient toutes figurer sur l'album. Cette fois c'est complètement équitable.
L : C'est un effort collectif sur celui-là. C'est pourquoi le chaos a diminué. C'était le musicien le plus chaotique, avec le style le plus chaotique. Sa route s'est séparée de celle de CC mais le train continue d'avancer.
N : On aime tous Zak et il ne s'agit pas de lui manquer de respect mais j'ai vraiment apprécié cette session d'enregistrement dix fois plus que la précédente. Tout le monde était très excité par cette forme d'énergie nouvelle.
L : Les idées de tout le monde ont été mises ensemble. Il n'y avait plus aucune tension. Maintenant, Zak vit ses propres trucs, c'est toujours un bon pote mais il n'est plus dans le groupe.
Il y a eu pas mal de guests-vocals sur le dernier album, quel est votre contribution préférée?
L : Je dirais la mienne!
N : Ross de IMMOLATION, et cette fille sur le titre « Repengae », elle chante si bas que vous pouvez à peine l'entendre, juste une note.
L : Cette fois, on a juste voulu des accentuations, c'était juste un cri, un chant, ou un growl, à l'exception de Ross et Alex de KRISIUN qui ont vraiment chanté des parties écrites...
N : On a Jonathan Davis de KORN qui est venu chanter une petite partie sur le titre "P.G.D.A." A la fin, il y a ce putain de bruit, une très petite partie...
G : Mais?? Il n'est pas dans les crédits, non?
N : Non, on ne pouvait pas. Il préfère ne pas en parler je suppose... mais il l'a fait!
L : Il aurait pu s'appeler Joe Nathan.
Ouais bon... pour finir est-ce que vous avez une petite anecdote au sujet de la tournée, de bons moments avec les autres groupes?
L : On a bien profité des « Paper-plates paninis » (N.d.A : Assiettes en cartons repliées sur les déchets du repas de la veille, sorte de running gag de l'interview...), la prochaine fois on fera des « Dead-cow pizzas » : tu prends une vache grillée entière, tu la fous sur une pizza, quatre potes arrivent et voilà ta Dead-cow pizza!
Sinon j'ai inventé une nouvelle manière de me masturber. Tout seul dans ma couche, sans personne pour m'entendre, j'enroule mon corps entier dans un sac en plastique. Je ferai une vidéo un de ces jours, c'est assez cool!