Dirk Verbeuren - SOILWORK par VSGREG - 3297 lectures
Le nouvel album du groupe suédois SOILWORK intitulé "The Panic Broadcast" vient de sortir chez Nuclear Blast, il s'agit du premier album avec la paire de guitaristes Sylvain Coudret / Peter Wichers et toujours le sympathique Dirk Verbeuren derrière les fûts.

VS-webzine prend des nouvelles de NapalmDirk qui nous en dit plus sur Soilwork, ses projets, Scarve etc.
Photos (c) 2010 Hannah Verbeuren



Pour débuter, comment vas-tu, peux-tu me dire ce que tu fais au moment où tu réponds à cette interview ?
Je vais très bien, merci Greg ! En ce moment, je m'éclate comme un petit salopard à Stockholm où j'enregistre des batteries pour le deuxième album solo de Fredrik Thordendal. Sa façon de bosser est vraiment inspirante pour moi, on base tout sur l'improvisation à partir d'un concept plus ou moins défini. C'est trippant, j'apprends plein de trucs... Passer une semaine entière à être créatif et à discuter musique avec Fredrik est génial !


Soilwork s'apprête à sortir son nouvel album, "The Panic Broadcast", qui sort 3 ans après "Sworn To A Great Divide". Quel est ton niveau d'excitation avant cette nouvelle sortie: confiant, stressé ou impatient ?
Impatient car je suis super satisfait de cet album et j'ai hâte de jouer les nouveaux morceaux sur scène. Confiant aussi, bien que je sois en même temps curieux de voir les réactions des gens... Mais l'essentiel pour moi, c'est qu'on ait choisi avec "The Panic Broadcast" d'élargir les horizons musicaux de Soilwork afin de proposer quelque chose de plus aventureux, ce qui correspond à ma vision personnelle du groupe.


Le line-up de Soilwork a subi de profonds changements entre les 2 derniers disques... au point que tu fais aujourd'hui presque partie des meubles dans le groupe. On te voit souvent répondre aux interviews par exemple.
Ton statut a-t-il évolué au sein de la formation ? Comment fonctionne le groupe en termes de décision, orientation etc. ?
Mon intérêt dans la gestion du groupe a naturellement grandi au fil des années. En 2008, en même temps que le retour de Peter, on a décidé de se séparer de notre manager sans le remplacer. C'est alors que j'ai commencé à prendre plus de choses en main. J'avais déjà un peu d'expérience en la matière grâce à Scarve donc ça c'est fait tout seul, mais ça reste un apprentissage journalier. Chaque aspect de ce qu'on fait, que ce soit le design d'un T-shirt, le choix des billets d'avion ou encore tout ce qui touche à la musique est décidé de façon démocratique. Ca fonctionne pour nous car tout le monde s'y retrouve. Un groupe c'est comme toute relation, il faut savoir faire des compromis et être à l'écoute des autres. Et parfois les compromis ne suffisent pas, ce qui explique les changements de line-up.


Soilwork possède aujourd'hui un duo de guitariste avec lesquels tu as travaillé en dehors de Soilwork (Sylvain avec Scarve et Peter avec l'album de Warrel Dane ou encore le Out of the Dark de Nuclear Blast).
Quel bénéfice tire Soilwork de cette relation privilégiée que tu as avec eux ?
Je suis aux anges de jouer avec deux guitaristes extrêmement talentueux qui sont en plus mes potes. Le fait qu'on ait bossé ensemble dans d'autres groupes nous permet de penser en dehors du cadre de Soilwork et de mieux entrevoir tout ce qu'on peut réaliser ensemble. L'entente dans le groupe n'a jamais été aussi bonne et c'est pourquoi "The Panic Broadcast" est un album complet. On savait que ce line-up ferait mal, l'enthousiasme et la motivation étaient au rendez-vous, et de plus, Sylvain et Peter s'inspirent mutuellement. Tout ça se retrouve dans la qualité des compos.


Peter est revenu après un break de plusieurs années. Comment avez-vous accueilli son retour ?
Les bras ouverts, parce que c'est un ami qu'on a eu grand plaisir de retrouver ; et aussi un guitariste, compositeur et producteur hors pair. Soilwork doit une importante part de son identité musicale à Peter. On a tous respecté sa décision en 2005 de se consacrer à sa famille et à sa carrière de producteur, et on est resté en bons termes avec lui. Quand il s'est senti prêt à revenir, c'était presque une évidence, surtout que sa motivation était clairement là. Peter a livré un boulot exceptionnel sur "The Panic Broadcast" et je dirais que son retour marque un grand pas en avant pour Soilwork !


De son côté, Sylvain est venu dépanner en tant que guitariste session live avant de rejoindre le line-up. Quel a été ton rôle dans ce recrutement ? Comment s'est déroulée son intégration au sein du groupe ?
J'avais déjà proposé d'auditionner Sylvain juste après le départ de Peter, mais le reste du groupe préférait à l'époque chercher en Suède pour d'évidentes raisons pratiques, d'où l'arrivée de Daniel Antonsson. Fin 2007, on s'est séparé d'Ola Frenning suite à des différences irréconciliables. Sur les tournées en Russie, Asie, Europe de l'Est, Australie et aux Etats-Unis, David Andersson est venu à la rescousse, mais on ne trouvait personne pour les festivals d'été. C'est ma femme qui a alors eu l'idée de recontacter Sylvain. C'était super pour moi de le retrouver et les Suédois sont immédiatement tombés sous le charme de ses solos hallucinants, sa bonne humeur contagieuse et son accent. Difficile de ne pas s'entendre avec Sylvain ! Son intégration s'est faite très aisément et il suffit d'écouter ses compos sur "The Panic Broadcast" pour s'en rendre compte !


Comment s'est déroulé le travail de composition de ce nouvel album, spécialement avec ce nouveau duo de guitaristes ?
Pour commencer, chacun a bossé de son côté. Peter et Sylvain ont amené des compos plus ou moins complètes et se sont échangés des riffs avec pour résultat des titres comme "King Of The Threshold" et "Enter Dog Of Pavlov". Speed a apporté de multiples riffs et idées, notamment sur "Two Lives Worth Of Reckoning". Pour ma part j'ai contribué à des rythmes dont celui à la base de "Deliverance Is Mine" et j'ai aidé Peter a construire le bonus "Sweet Demise". On s'est échangé des fichiers par email pendant environ 4 mois et le boulot à la maison et en studio ont fait le reste. Aucune répète pour cet album donc. Au final je dirais que ce sont Peter et Sylvain qui ont apporte la majorité de la musique, mais chacun a sculpté ses propres parties. Soilwork ne serait pas Soilwork sans les vocaux de Speed, les claviers de Sven ou le jeu de basse d'Ola.


Parlons de ce nouvel album. Comment définirais-tu "The Panic Broadcast" vis-à-vis du reste de la discographie du groupe ?
A mes yeux, c'est l'album le plus varié et aventureux que Soilwork ait créé. Son esprit créatif renvoie à "Natural Born Chaos" ou même "A Predator's Portrait" mais musicalement, "The Panic Broadcast" est une entité à part. Il n'y a pas deux morceaux qui se ressemblent et pourtant tout est cohérent. La production est énorme et sonne "acoustique", ce que j'adore. Chaque membre du groupe a pu s'exprimer et contribuer ses idées. J'ai voulu faire un album comme celui-ci depuis longtemps, j'en suis très fier !


Peter Wichers avait annoncé qu'il souhaitait mieux exploiter tes qualités sur "The Panic Broadcast". Les titres rapides "Late For The Kill, Early For The Slaughter" ou encore "King Of The Threshold" correspondent-ils à une meilleure exploitation selon toi
Peut-être, mais je fais bien plus que jouer vite sur cet album ! Les titres groovy présentent autant de défis que les morceaux qui bourrent. Je me suis donné à fond pour créer des parties de batterie dynamiques et qui contribuent réellement à l'ensemble; des titres comme "Let This River Flow" ou "Night Comes Clean" en sont de bons exemples. On souhaitait écrire un album aventureux qui permette à chacun de s'éclater sur son instrument et à mon sens, on a réussi. "The Panic Broadcast" exploite toutes les qualités de Soilwork de façon plus approfondie que les deux disques précédents.


En dehors de ces titres très rapides; "The Panic Broadcast" propose des compositions plus habituelles bien 'catchy' pour Soilwork. Ca reste une marque de fabrique qu’il fallait conserver ?
On ne pense pas vraiment en ces termes. Chacun est libre d'écrire à sa guise. Qu'une compo soit rapide ou lente, simple ou complexe, si on aime tous, elle finira probablement sur album. Peter et Sylvain possèdent chacun leur propre façon d'écrire, on reconnaît d'ailleurs aisément les titres de Sylvain grâce aux harmonisations épiques et autres rythmes syncopés. Quant à Peter, le 'catchy' fait partie de son langage et c'est au fil du temps devenu sa vision de notre musique. Ajoute la voix de Speed, les claviers de Sven et le basse/batterie, et le résultat sonnera invariablement comme du Soilwork. Même les titres rapides restent 'catchy'. Je pense que s'éloigner de cette facette de notre musique serait un acte forcé pour nous.


La prestation de Speed est encore une fois complètement bluffante, il propose une palette encore plus étendue notamment sur "Epitome". Quel est ton sentiment sur sa prestation ?
Je partage ton avis Greg ! Speed se surpasse à chaque fois, il continue de nous épater avec son registre apparemment sans limites ! Il est une sorte de visionnaire musical qui trouve toujours la mélodie qui tue. J'étais vraiment curieux de ce qu'il allait concocter après son travail monumental sur "Sworn To A Great Divide"... C'était un peu le mystère total car la seule démo comportant des voix était celle de "The Thrill". Eh ben j'ai pris la grosse baffe en recevant le premier mix de l'album ! Son travail mélodique est incroyable encore une fois, les émotions sont carrément palpables. J'adore aussi son approche vocale atypique, pour Soilwork du moins, sur les refrains de "Late For The Kill...", "King Of The Threshold" et "Deliverance Is Mine".


Speed a arrêté de participer à des projets en dehors de Soilwork depuis quelques années. S’agit-il d’une décision personnelle ou commune avec le reste du groupe ?
En fait, Speed s'investit toujours dans d'autres projets mais plus trop dans le monde du métal. Il a par exemple enregistré et joué live avec Highball Shooters, un excellent groupe axé heavy rock seventies, ce qui l'a motivé à bosser son chant aigu comme un damné. Soilwork est notre priorité mais ça n'empêche qu'on est tous libres de faire ce qu'on veut. A mon avis, c'est une très bonne chose car sortir de son terrain de jeu habituel stimule la créativité et empêche la lassitude.


On reprochait ainsi à certains de ses projets parallèles de trop sonner comme du Soilwork. Quel est ton sentiment quand tu écoutes « Mind Tricks » de Disarmonia Mundi ?
Je le trouve cool cet album, il est vraiment bien foutu même si la musique n'est pas originale. Mais Disarmonia Mundi a toujours clamé haut et fort ses influences, c'est presque un hommage avoué à Soilwork et In Flames. Et il faut savoir que Speed n'est pas et n'a jamais été un membre officiel de ce groupe. Il a enregistré avec eux en tant qu'invité et ce n'est donc pas son projet parallèle.


Vous embarquez sur une tournée américaine dès la sortie du disque. Avez-vous déjà des choses de prévues pour l’Europe ?
Après les Etats-Unis, on doit retourner en Australie et au Japon. L'Europe est au programme aussi, initialement on comptait faire les festivals cet été mais l'album n'était pas prêt à temps. C'est pourquoi on commence finalement aux USA. Parfois il faut savoir attendre de trouver un package qui tue. Et puis on ne veut pas faire trop de concerts à la fois. Tourner sans relâche finit par être épuisant et peut affecter les prestations, on le sait pour l'avoir vécu plus d'une fois. Cela dit, si tout va bien, on devrait confirmer une tournée européenne dans les semaines à venir.


Parlons rapidement de ta participation au dernier EP de Aborted. S’agissait-il d’un petit plaisir personnel que de contribuer à cet EP de death/grind ou vois-tu cela comme un engagement à plus long terme ?
J'ai voulu participer à cet EP parce que je suis fan d'Aborted et parce que je garde d'excellents souvenirs du temps passé avec eux il y a huit ans. Je considère Sven comme un ami, on est toujours resté en contact. Il m'a proposé de faire partie du groupe tout en sachant que ce sera difficile voire impossible pour moi de faire des concerts avec eux. On partage une passion pour le death/grind et on aime travailler ensemble, notre entente est naturelle. Je jouerai donc sur le prochain album et d'après les premiers jets que j'ai pu écouter, ça va blaster sévère !


Maintenant que Sylvain fait partie de Soilwork, avez-vous pu vous consacrer à travailler sur quelques titres de Scarve ?
Malheureusement non, on a tous les deux été très occupés... Mais Patrick et Loic ont déjà entamé la composition de nouveaux titres. Lawrence est super motivé pour faire partie du processus d'écriture afin d'intégrer le chant à la musique de façon approfondie. Bref je sais qu'un nouvel album de Scarve se fera. On doit juste attendre le bon moment, on ne sortira rien qui ne soit à la hauteur de nos ambitions.


Pour conclure, les ventes de disques continuent encore à chuter. Arrives-tu néanmoins à vivre de la musique grâce à ta position de membre de Soilwork ou dois-tu encore faire des choses en dehors ?
Soilwork n'a jamais payé mes factures. On fait tous des boulots à côté pour survivre, d'ailleurs ceux qui pensent qu'on fait du métal "commercial" pour s'enrichir seraient bien déçus de voir nos comptes en banque ! C'est difficile de dire à quel point le déclin des ventes de disques nous affecte, on en saura plus d'ici un an ou deux. Ce qui est certain, c'est qu'on ne compte pas sur Soilwork financièrement, surtout dans le climat actuel. On fait de notre mieux pour gérer les choses intelligemment mais ça reste avant tout une passion comme pour la majorité des groupes. Cela dit, j'ai confiance car je pense que les fans continueront à soutenir leurs groupes préférés. Par ailleurs, les grands labels et autres distributeurs ont intérêt à se montrer inventifs car les artistes disposent aujourd'hui de plus en plus de moyens pour s'autoproduire à grande échelle et à moindre coût. Certains ont déjà su se passer d'intermédiaires avec succès, donc on est très attentifs au développement des nouveaux moyens de distribution et aux changements du marché.


Un dernier mot pour les Vseurs !
Merci de soutenir le métal ! J'espère que vous aurez le temps de jeter une oreille sur "The Panic Broadcast" et de venir nous voir lors de notre prochaine tournée !


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