Paris (Le Batofar) le 15 Février 2006

Courageux ou inconscient que d'organiser une date avec un plateau 100% français underground, un soir de semaine, pendant les vacances scolaires. Il était presque logique que cette soirée ne démarre que devant une soixantaine de personnes et un public majoritairement composé de copains.

Détail étonnant, c'est SLAVERY, le groupe incontestablement le plus expérimenté du pack, qui inaugure la soirée avec une formation nettement remodelée depuis la dernière fois que je les ai vus. Erwann a lâché (à contrecœur) la guitare pour se consacrer exclusivement au chant et le duo basse/batterie est assuré par de nouveaux membres. La basse a été un peu plus mise en avant pour palier à l'absence d'une seconde guitare et le groupe est relativement bien en place. Fort de son expérience, SLAVERY va infliger son métal-core barré avec une grande détermination devant un public obstinément timide.

Il est maintenant l'heure d'accueillir les marseillais de THE THIRD MEMORY qui officient dans un screamo chanté en français dont on ne comprend pas un seul mot (normal pour du screamo, me direz-vous). Le chanteur s'active dans une chorégraphie d'épileptique et les zicos s'agitent dans tous les sens sans que cela ne se termine par un concours de points de suture. A tel point que cela tient du véritable miracle. En revanche la mise en place du groupe est totalement aléatoire et leur envie ne suffit pas à gommer cette grosse lacune. C'est donc rapidement que j'opère un repli stratégique, histoire d'économiser mes tympans car la soirée est loin d'être terminée.

Incontestablement la grosse surprise de la soirée, les montpelliérains ONE MORE SEASON mené par un trio de charme. Musicalement, le groupe officie dans un post-harcore métallique parfois très rock'n'roll dans son approche. Les vocaux assurés par l'une des guitaristes oscillent entre des braillements très screamo et des parties de chants clairs très réussies. Son timbre haut perché évoque, sur certaines intonations, Skin la chanteuse de SKUNK ANANSIE. Le petit côté RADIOHEAD de certaines compos est loin d'être déplaisant et les montées en puissance qui émaillent leur set sont incroyablement pêchues. Le batteur cogne comme une pure brute et nos demoiselles assurent un set bien en place. J'avoue avoir été plus convaincu par ce concert que par les extraits de démo que j'ai pu entendre. Peut-être parce que ONE MORE SEASON arrive mieux à exprimer sa musique en live par une générosité typiquement du sud. A suivre de près.

Les fins des réjouissances se profile déjà à l'horizon avec le passage du dernier groupe qui sera le clou de la soirée. C'est le premier passage parisien de nos compères de Noeux-les-Mines et il est fort à parier que ça ne sera pas le dernier. SHOEMAKER LEVY 9 donnera tout son sens à son nom de comète en nous envoyant à la face un set dopé à l'adrénaline. Jordan le chanteur s'époumone sans retenue, se lâche totalement lorsqu'il saute dans le public à plusieurs reprises et s'impose comme un frontman halluciné. Derrière lui ça « envoie » sévère. Les titres de l'album, qui sera joué dans son intégralité, sont assez fidèlement interprétés. Bien entendu SHOEMAKER LEVY 9 n'évite pas certains petits passages brouillons inhérents à ce style de métal-core chaotique. Il est donc normal que le feu d'artifice parte un peu dans tous les sens et cela apporte une certaine fraîcheur à l'ensemble. Si leur set a probablement nécessité une mise en place calée comme du papier à musique, le rendu final ne perd pourtant rien en spontanéité et c'est au bout de 25, trop courtes, minutes que SHOEMAKER fait ses adieux provisoires à la capitale. Espérons que le public viendra plus nombreux au prochain déplacement parisien du groupe…