Liam Wilson et Billy Rymer - DILLINGER ESCAPE PLAN par SEB ON FIRE AVEC LA COMPLICITé DE CROWN_ME - 3004 lectures
C’est le lendemain du concert à La Maroquinerie que je retrouve les gars de DILLINGER ESCAPE PLAN dans un bar metal de la capitale. Point de Greg Pucciato au parloir, c’est pas encore cette fois que je pourrais le ridiculiser au bras de fer, mais pas grave Liam Wilson, bassiste du combo et Billy Rymer batteur et petit nouveau me tiendront compagnie. Liam se faisant attendre je patiente en compagnie de Billy. On jacte hip hop et cymbales brisées avant de décréter que le vrai café c’est quand même autre chose que le Starbucks. Liam Wilson arrive, me complimente pour mon t-shirt Ceremony et c'est parti...


Comment allez-vous ? Pas trop fatigués après le show d’hier soir ?
T'étais là hier ? T'as trouvé ça comment ?


Très bon...
Merci mec, pour nous aussi c'était un bon show. Mais ça va, on est en forme aujourd'hui. Dillinger est souvent venu jouer en France, c'est un pays qu'on aime bien et le concert d'hier est, à mon avis, le meilleur show qu'on ait donné à Paris. Le fait que ce soit dans une petite salle comme ça, nous a aidés, c'est plus intense, les vibes sont meilleures et le public participe beaucoup plus que durant les grands festivals avec des scènes immenses, des barrières et une fosse qui séparent la scène du public. On peut vraiment échanger avec les personnes présentes.


En tant que musiciens vous avez besoin de l’énergie que vous donne le public pour faire de bons shows ?
Billy : Pour moi jouer devant 50.000 ou devant une seule personne c'est pareil. Je serais même plus stressé de jouer devant une seule personne. Je suis un musicien donc je joue avant tout, quelque soit l'endroit.

Liam : Nous n'avons pas besoin de cette énergie, on est des musiciens donc on joue mais c'est évident que si les réactions sont bonnes, comme c'était le cas hier soir, ça nous aide à nous surpasser et à faire de bons shows. Je pense qu'hier j'ai dû regarder dans les yeux chaque personne présente dans la salle et c'est très stimulant car tu peux voir les réactions de chacun. Quand tu vois une personne debout qui se contente de regarder sans vraiment vivre le show tu te concentres sur lui car tu te sens responsable, tu te dis que c'est ta faute s'il ne vit pas le moment donc tu joues pour lui et si tu arrives à avoir cette personne alors tu sais que tout le monde va suivre et que le public passera une bonne soirée. Maintenant j'aime les gros concerts en festivals aussi, c'est différent et c'est bien de mixer les expériences.


J’ai l’impression que votre musique est comme le monstre de Frankenstein. En studio vous assemblez les morceaux avec des éléments épars afin de créer un album et sur scène boom ! It’s alive, votre musique prend vie ?
(rires) J'avais jamais entendu cette théorie mais c'est assez bien vu, j'aime bien. Je la ressortirai à l'occasion. Je suis assez d'accord, certains morceaux sonnent différemment quand on les compose ou les enregistre et quand on les joue sur scène. Le titre "Black Bubblegum" par exemple, c'est un morceau qui s'est vraiment mis à exister sur scène. Quand on le joue il sonne vraiment plus dur et plus heavy que lorsqu'on l'écoute sur disque. Pareil pour "Sunshine The Werewolf" qui prend une toute autre dimension sur scène. Donc oui, on aime que les fans qui viennent à nos concerts redécouvrent certains morceaux sur scène. Donc dans un sens c'est un peu comme la créature de Frankenstein en effet, sauf que nos morceaux sont vivants aussi sur disque.


Pouvez-vous nous expliquer comment se passe le processus créatif et la composition d’un album dans le groupe ?
On habite au même endroit avec Ben donc on joue tout le temps ensemble et c'est comme ça que la majorité des chansons naissent et prennent forme. Mais plus basiquement, on n'a pas vraiment de formule toute prête pour composer, ça peut partir d'un riff de guitare, d'une partie de batterie ou de basse, ça dépend vraiment. Ben m'entend jouer sur la basse, me demande de refaire telle partie et il se met à poser de la guitare dessus et on voit ce que ça donne. On répète aussi avec les autres membres, en fait c'est assez simple : on se voit, on joue et on voit ce qui en découle. On compose très rarement en studio, quand on arrive sur le lieu d'enregistrement, l'album est écrit et composé à 90%. On soumet tout ça à Steve Evett, notre producteur et voilà. Steve nous connaît bien, il sait comment on joue, comment on aime sonner, il connaît nos limites et aime les repousser.


"Option Paralysis" ne contient pas de "tubes FM" comme sur "Ire Works", mais semble mettre à profit tout le savoir-faire que vous avez pu acquérir au fil de vos différentes périodes. Faire un album plus homogène, c'était le but?
Oui effectivement, l'album me semble plus homogène et équilibré. C'est étrange car lors d'interviews et avec les premières réactions qui commencent à arriver, les avis divergent pas mal concernant l'album. Certains nous disent que c'est l'album le plus metal qu'on ait fait, d'autre le moins métal. On essaie toujours d'évoluer et de créer la musique qu'on a envie d'écouter. Dillinger n'est pas le genre de groupe à contenter les mêmes fans. On évolue, on grandit et les gens qui aiment notre musique aussi, ils vieillissent avec nous. On essaie de les faire adhérer à notre musique sans pour cela abandonner les anciens fans mais on fait avant tout la musique qu'on a envie d'entendre. On ne connaît pas les gens qui aiment notre musique donc on ne sait pas ce qu'ils attendent de nous mais apparemment cet album surprend les gens. On l'a fait écouter à un de nos amis qui avait moyennement aimé nos deux derniers albums et il a été impressionné, sa réaction a été « Dillinger Escape Plan is back ! » alors qu'on était jamais partis (rires). Le fait que les membres du groupes se soient succédés à joué sur l'évolution de la musique du groupe. Les musiciens sont différents, la musique aussi mais je pense que malgré tout, tous nos albums sonnent comme du Dillinger. On sait maintenant que Greg sait chanter dans un registre « pop » ou « ballade » donc on essaie de faire des choses différentes. On sait aussi qu'on peut créer des morceaux plus ambiants donc ça n'aurait pas d'intérêt de refaire la même chose, du coup on se dirige dans d'autres directions. Avec cet album, on voulait avant tout créer dix chansons fortes et blindées afin de créer un album équilibré de bout en bout.


Vous écoutez de la musique lors du processus de composition de vos albums ?
J'avoue que non, quand j'ai la tête à Dillinger, je suis à fond dans Dillinger. De toute façon je n'ai même pas de chaîne stéréo à la maison, Pendant l'enregistrement d'"Option Paralysis", je voulais écouter le dernier Converge mais je ne l'ai jamais fait. Je me sens un peu coupable en fait mais bon c'est comme ça, j'étais en train d'écouter et réécouter les parties de basses ou de batteries tirées des sessions d'enregistrements…


Billy, comment es-tu arrivé dans le groupe?
C'est très simple, j'ai appris par un ami que le groupe organisait des auditions pour recruter un nouveau batteur, j'ai donc rejoué des chansons et j'ai posté les vidéos sur youtube. Un ami les a envoyées à Liam et voilà.

Liam : Avant de voir les vidéos de Billy, on avait flashé sur deux autres batteurs et on se disait voilà, ce sera un de ces deux-là. Puis on a vu ce dont Billy était capable et on a été intéressés et excités par lui. Il est arrivé avec moins de matériel que les autres mais il avait ce truc, « l'esprit Dillinger Escape Plan » et on a su que ce serait lui. En plus d'être un excellent batteur, il apprend sans cesse et a déjà apporté pas mal de choses au groupe. C'est une relation réciproque, il apporte sa touche à notre son et en jouant dans Dillinger il étoffe son jeu et apprend plein de nouveaux patterns, des enchaînements grindcore ou des trucs dans le genre.

Billy : Quand j'ai commencé la batterie, je jouais pour être un meilleur batteur ensuite quand j'ai acquis un niveau correct, je voulais être meilleur et jouer dans Dillinger (rires)


Pouvez-vous revenir sur les causes du départ de Gil Sharone ?
Oui, pas de problème. En fait Gil n'a pas vraiment quitté le groupe, c'est juste qu'il ne joue plus avec nous mais il reste un ami. Le truc qui a fait qu'on se soit séparés de lui, c'est qu'il ne voulait plus tourner autant mais Dillinger est un groupe qui tourne énormément ce qui demande beaucoup de temps et peu de rentrées financières. Et l'argent était important pour lui mais avant tout, il voulait jouer avec son frère dans les Stolen Babies. Malgré le lien qui nous unissait, ce n'était rien comparé avec ce qui le lie à son frère jumeau donc il est parti le rejoindre au sein de son groupe et c'est très bien pour lui.

Billy :…et pour moi (rires)


Devoir régulièrement retrouver de nouveaux musiciens, leur faire apprendre les titres, leur inculquer "l'esprit Dillinger", c'est pas trop usant?
Si ça l'est, je vais pas te mentir on aimerait ne pas avoir à le faire mais bon, c'est la vie…
C'est surtout fastidieux pour Ben et moi qui sommes les deux « anciens » du groupe qui devons inculquer les valeurs du groupe et l'esprit Dillinger Escape Plan aux nouveaux arrivants. Mais au final c'est bénéfique pour tout le monde pour eux comme pour nous, car on retravaille ainsi les anciens morceaux mais bon, on fait vite confiance aux nouveaux musiciens pour qu'il se sentent vite à l'aise dans le groupe. Les démissionnaires nous aident aussi à trouver leurs remplaçants et ça permet aussi d'amener du sang neuf dans le groupe. On est pas du genre à choisir un clone comme remplaçant. Avec Greg par exemple, on savait qu'il ne chantait pas du tout comme Dimitri mais d'un autre côté je suis, persuadé que Greg est capable de faire des choses que Dimitri n'aurait jamais pu faire donc oui c'est fastidieux mais salvateur en même temps.


D’ailleurs vous pouvez nous donner des nouvelles de Dimitri ?
Bien sûr, ca reste un de nos amis et on continue à travailler avec lui sur le design et le layout de nos albums. Il vit avec sa famille et est très heureux.


Le morceau "Parasitic Twins" rappelle Faith No More ou Mr Bungle période "California"…
Bien sûr, la comparaison est facile et évidente mais par certains points justifiée de par notre collaboration avec Mike Patton. Mais cette chanson est tout autant inspirée par Pink Floyd, les Beach Boys, Fiona Apple ou Queen. En fait plus qu'une influence, ce qu'on admire chez Faith No More, c'est leur façon de structurer leurs albums et de tout oser. Sur le même album tu as « Surprise You're Dead » et « Underwater Love », tu vois ? Mais bon ce morceau est un titre comme les autres, même s'il rappelle Mister Bungle, ce n'est pas une mauvaise comparaison en plus, ce n'était pas dans le but de leur rendre un hommage. Sur ce titre Jeff chante, c'est un truc qu'on avait jamais fait et ça apporte de la nouveauté au groupe. Ce n'est pas un « tribute » à Mike Patton mais merci pour la comparaison.


Pouvez-vous nous parler de "Party Smasher Inc", le label que vous venez de monter, ses buts, ses projets?
C'est pas vraiment un label mais plutôt une appellation d'origine contrôlée ou un contrôle qualité si tu préfères. Quand j'étais jeune il y avait tous ces labels comme Relapse, Victory, Dischord où tu savais que la qualité était toujours au rendez-vous, même si ils sortaient des choses différentes comme Snapcase ou Earth Crisis. C'est un peu ce qu'on veut faire avec Party Smashers, garder le contrôle sur notre musique histoire de ne pas se faire baiser par le bizness. C'est un truc important pour nous qui nous permet de conserver les choses pour lesquelles on se bat avec notre musique. C'est aussi une façon de faire flotter le drapeau Dillinger sur nos productions, d'avoir un contrôle total sur toutes les sorties estampillées Dillinger Escape Plan que ce soit musicalement ou esthétiquement. Tous nos albums, t-shirts, merchandising sortiront via la bannière Party Smashers Inc.


Dans une édition très spéciale de l’album, disponible en précommande vous avez inclus une Tv B Gone. Est-ce une blague ou un geste politique ?
Disons que c'est plus qu'une blague et moins qu'un geste politique (sourire). Ca s'accordait bien avec les thèmes de l'album, le fait que nous soyons surconnectés, sursaturés d'images, de vidéos dont on ne saisit pas le sens et on se retrouve piégés par tout ça. Là c'était une façon originale pour nous de gentiment dénoncer tout ça, le déluge d'informations qui nous entourent jours après jours partout où on se trouve


Dernière question pour le fun. Vous avez vu le film Public Ennemies de Michael Mann ?
Liam : Heu…non.
Billy : Ouais je l'ai vu c'était vraiment un bon film.


Vous pensez que Johnny Depp fait un bon Dillinger ?
(Rires)Il serait parfait, il peut nous rejoindre en tant que sixième membre et faire ce qu'il veut. Il peux venir jouer des maracas ou des bongos, avec lui dans le groupe on est assuré de jouer dans les stades. Ouais Johnny Depp est excellent, il doit devenir le sixième Dillinger (rires).


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