Sarah - METIERS: SARAH - ULTRA VOMIT par OROR 404 DE A JETER PROM - 3755 lectures
Interview de Sarah, Manager d’Ultra Vomit et Andreas et Nicolas
C’est en backstage du Raismesfest que Sarah m’entraîne pour répondre à mes questions. C’est l’effervescence, il y a du monde, du bruit, de la bière (et peu de filles). Nous gagnons les loges d’Ultra Vomit. Elle plaisante « J’aimerais m’asseoir, là, et parler de robes ! ».
C’est sur que faire sa place dans ce milieu n’est pas aisé pour une fille. Mais Sarah a su y faire.
Depuis combien de temps fais tu ce métier ?
Ultra Vomit, 4 ans et Andreas et Nicolas, un an, un an et demi.
Comment les as-tu rencontrés ?
En fait j'ai commencé à organiser des concerts métal/hardcore à Nantes à 17 ans. Et une fois j'ai fait jouer UV. Je suis devenue amie avec eux et un jour je leur ai dit «je pense qu'il y a un potentiel énorme et qu'il n'est pas assez exploité, ca vous dirait que je travaille pour vous? »
Décris-moi ton activité
Il y a différents types de management. Avec UV c'est un management à 360°. La distribution et la promotion est assurée par le label, Listenable. La partie booking est assurée par Rage Tour, qui nous trouve les concerts. La partie tour management, est assurée par moi. Je les accompagne, je veille à ce que tout se passe bien. La partie promo est faite par l'attachée de Presse du Label et par moi. Il faut s'occuper du merchandising aussi...
Mes trois grands axes de travail sont:
La logistique des tournées.
Un travail d'écoute; de conseil.
Intermédiaire entre les prestataires décrits précédemment et le groupe.
Je dois m'occuper de tout ce qu'ils n'ont pas envie de faire et que de toutes façons; ils ne savent pas faire. Je dois faire en sorte qu'ils aient l'esprit libre. Ils doivent assurer les concerts, les interviews, la composition de manière sereine...; le reste; c'est mon domaine.
Quel a été ton parcours entre le moment où tu organisais les concerts à Nantes et maintenant ?
Au début je faisais ça comme un loisir, j'adorais ça. Entre temps j'ai fait psycho, ce qui n'a rien à voir mais qui m'aide bien quand même au final! L'année de ma licence en 2005; on a fait jouer Gojira à l'Olympic. Ca s'est super bien passé et là je me suis dit, « tente ta chance dans ce milieu, vas y ma grande c'est le moment ou jamais! ».
Donc j'ai arrêté psycho et j'ai fait deux formations : une de management d'artistes et une autre qui s'appelle « Force de vente Culture ». Comme j'avais déjà un peu de réseau de par mes activités en tant qu'organisatrice de concert, j'en ai profité pour me faire connaître à droite à gauche. Je travaille pour le Hellfest aussi.
Peux-tu me décrire une semaine type ?
En ce moment, le lundi je dors! Parce qu'on rentre le dimanche soir en général. Les mardis, mercredis et jeudis; je travaille de chez moi. Avec mon tel, mon ordi et le net bien sûr; les outils indispensables au manager!
Je réponds aux mails, je fais des feuilles de route, je fais les plannings d'interviews, je les vois, je vais acheter des baguettes, je règle les discordes possibles avec les orgas, je fais de la com'... Il y a toujours plein de choses à faire!
On part souvent le vendredi matin pour les dates. C'est beaucoup de choses à gérer mais c'est vraiment cool parce que le groupe marche bien.
Et pourquoi avoir choisi de travailler dans la musique rock/métal ?
Et bien c'est assez cliché mais j'avais mes grands cousins qui écoutaient beaucoup de Métal/HxC etc... J'avais 14-15 ans, je trouvais ça génial, j'adorais cette musique.
Eux; ils ont monté une asso (l'Art H puis renommée Indécence quand j'en suis devenue la présidente). Je leur ai demandé d'intégrer leur asso. Au début je distribuais des flyers et je faisais la cuisine pour les groupes! Au fur et à mesure j'en ai gravi les échelons.
Quels sont les avantages et les inconvénients de ta position ?
Les avantages c'est que j'adore les personnes avec lesquelles je travaille. Je ne pourrais pas défendre un groupe que je n'aime pas.
On s'éclate sur la route, je vois plein de choses, rencontre plein de personnes hyper intéressantes. On va au Québec à la fin de l'année, on est allés en Tunisie aussi....
Il y a la satisfaction de se dire qu'on travaille sur un projet concret. Il est rendu concret par le concert et la satisfaction du groupe...
Les désavantages c'est que les responsabilités reposent sur moi. Si quelque chose se passe mal c'est à moi qu'on s'adresse. C'est un milieu dans lequel ça piapiate alors tout se sait très vite. On est amenés souvent à gueuler. Mais c'est le rôle du manager et j'aime ça me donner des challenges.
Au début c'est dur, en plus je suis une fille, mais tu t'endurcis et tu deviens une grosse conne (rires). J'exagère mais il faut savoir se faire entendre quand c'est pas correct.
Ce qui est difficile aussi, c'est la gestion de l'argent. Quand on est 8 ou 9 sur la route, ça devient une vraie entreprise. Faut que tout soit tout le temps calculé et il y a tout le temps des dépenses, ça va du médoc pour la voix à une crash pêtée qu'il faut remplacer! Mais maintenant, ce sont nos bookers chez Rage Tour qui gèrent ça, moi j'ai dit stop!!!
Ah, et le dernier gros désavantage; ça peut être très désociabilisant ! On loupe pas mal de trucs... On est décalés, on sort en semaine en ville mais tout le monde bosse, on n'est pas là le week end…
Mais on vit un truc de fou; vraiment incroyable, ça en vaut largement la peine…
Parle-moi de tes formations
J'ai fait une formation de deux semaines au Chabada, qui est une salle de concert à Angers par l'intermédiaire de Trempolino à Nantes. Différents intervenants du milieu de la musique venaient nous expliquer toutes les choses liées au management. Ensuite; j'ai fait une formation à la Chambre des Commerces de Nantes qui s'appelle « Force de vente Culture », qui a duré 9 mois. J'en ai été satisfaite parce qu'il faut faire un stage en alternance. J'ai donc fait un stage au label « les Enragés » à Rennes. C'est très complet et te donne une équivalence Bac+2.
Mais il y a d'autres moyens d'y arriver, par des BTS par exemple, des diplômes de fac…
C'est tout de même important la théorie. Tu vas avoir du mal à t'en sortir si tu ne sais pas ce qu'est l'intermittence, si tu ne sais pas rédiger un contrat, un communiqué de presse…
Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui souhaiterait suivre ta voie ?
Je dirais qu'il faut qu'il se fasse remarquer. Il faut qu'il ait envie de travailler pendant un bon bout de temps bénévolement, quitte à mettre la main dans la merde, à débarrasser les assiettes dans les concerts, il faut qu'on le voie. Il faut avoir du temps aussi, être passionné, actif, motivé et téméraire. Ça paie.
As-tu une anecdote à raconter ?
Je pense qu'à mes débuts on a dû se dire « mais elle est vraiment conne ». Tu ne sais pas ce que c'est qu'un backline, tu ne sais pas ce que veut dire « Jardin » sur une scène… Ca s'apprend au fur et à mesure.
Sinon des moments de solitude, j'essaie de ne pas en avoir. Je ne suis même pas tombée devant tout le monde. Les gars (UV) ont eu de sacrés moments de solitude, Jacou (le bassiste) s'est fait mordre le pied par un mec en plein set, désaccorder sa basse...
Ah, si, j'ai été stagiaire au Hellfest avant d'y bosser. Au bureau, il n'y a que des garçons -plutôt mignons d'ailleurs!- ma chaise s'est cassée en plein milieu de la pièce pendant le stage...
Liens : http://www.myspace.com/ultravomit
http://www.myspace.com/andreasetnicolas
C’est en backstage du Raismesfest que Sarah m’entraîne pour répondre à mes questions. C’est l’effervescence, il y a du monde, du bruit, de la bière (et peu de filles). Nous gagnons les loges d’Ultra Vomit. Elle plaisante « J’aimerais m’asseoir, là, et parler de robes ! ».
C’est sur que faire sa place dans ce milieu n’est pas aisé pour une fille. Mais Sarah a su y faire.