Grief (guitare) - AFFLICTION GATE par OLIVIER 'ZOLTAR' BADIN - 2731 lectures
Alleluia! La France semble enfin décidée à elle aussi ressortir du fin fonds de son armoire sa collection ses vieux vinyls poussiéreux de MORGOTH ou d'ENTOMBED et de participer à son tour à la croisade actuelle visant à écraser du talon JOB FOR A COWBOY et tous leurs copains-plastiques pour mieux restorer le 'vrai' death-metal. Le soldat avec le brassard '666' choisi pour représenter notre fier pays est AFFLICTION GATE, groupe sorti un peu de ulle part (ou de Toulon pour être précis) mais qui en l'espace de six mois et deux sorties, un premier maxi sur FORGOTTEN WISDOW et aujourd'hui son premier album sur METAL INQUISITION, a déjà pas mal fait parler de lu, et notamment de l'autre côté du Rhin.

'Aeon of Nox' ayant tout ce qu'il faut (guest de Vincent Crowley d'ACHERON, son bien caverneux, références assumées), VS se devait de saluer ce vaillant combattant par une ch"tite interview que voilà...



Jouer ce genre de death-metal requiert en général un minimum de pratique. Or il semble qu’aucun membre d’AFFLICTION GATE n’ait eu d'expériences notables, même si vous semblez être des fans de longue date. Alors pourquoi avoir autant pris votre temps?
J'imagine que c'est simplement un concours de circonstances. A vrai dire, mon tout premier groupe remonte à 1993 (j'avais alors 16 ans) et il s'agissait déjà de Death Metal qui proposait un style direct inspiré par UNLEASHED, ASPHYX etc. On avait 4 ou 5 titres qui tournaient mais aucune demo n'a été enregistré, étant donné qu'on avait un line up bancal avec l'impossibilité chronique déjà de trouver un guitariste soliste… Il me reste tout de même 2 titres en répétition de cette époque sur cassette, avec un son bien pourri ! D'ailleurs, « Our Evil Legacy », qui figure sur notre album, est un titre que j'ai composé à cette époque et que j'ai partiellement retouché par la suite. Dans un sens, on pourrait considérer AFFLICTION GATE comme la prolongation et la concrétisation de ce premier groupe. Mi-94, le groupe a finit par splitter après un an d'existence vu qu'on arrivait pas à compléter notre line up. Au même moment, la scène Death Metal devenait de plus en plus décevante avec pas mal de groupes qui changèrent et s'éloignèrent de leur style. Du coup, mon intérêt pour le genre a progressivement décliné, même si je suis resté passionné et impliqué dans le Metal en général, bien sûr. JP a été batteur d'un groupe local de Thrash / Death qui s'appelait IN MEMORIAM au début des années 2000. Eux non plus n'ont jamais sorti de demo officiellement même si ils avaient enregistré des titres dans des bonnes conditions. Par contre, ils ont déjà joué live. Au final, il n'y a que Herostratos qui n'a jamais eu de groupes avant. Quand j'ai eu en tête de remonter un groupe de Death Metal, je lui ai proposé de faire des essais en répétition pour voir si il pouvait nous rejoindre car pour ce qui est de l'état d'esprit, je savais déjà qu'Herostratos conviendrait parfaitement. Il s'est avéré au final qu'il est un excellent chanteur qui s'ignorait jusque là ! (rires) Concernant le peu de maîtrise instrumentale requise pour ce style, quand j'ai commencé à faire de la guitare, je me suis jamais dis que ce type de Death Metal serait approprié juste par rapport au fait que je sois débutant : il se trouve que mes groupes préférés ont toujours été ceux qui proposaient une musique + brute et primitive et qu'à partir de là ils devenaient des influences naturelles.


Est-ce que le fait de vivre dans la région PACA a joué contre vous lorsqu’il s’est s’agit de monter un groupe puis de faire des concerts par exemple ? Je sais de quoi je parle… :)
Dans l'ensemble, il est certain que la région PACA n'a jamais vraiment été une région propice au Death Metal. A côté de ça, ça n'a pas empêché AGRESSOR et CATACOMB d'avoir un impact dans la scène hexagonale et internationale mais personne n'a prit le relais depuis en terme de qualité et de popularité... On a eu droit à des concerts bien sympas dans le passé (CARCASS en 94, AGRESSOR en 93, NOCTURNUS en 92, DEICIDE en 95, MORBID ANGEL en 95, MASSACRA en 91…) grâce à DECIBELS STORM et encore de nos jours par l'intermédiaire de Virgil de TRENDKILL qui fait en sorte que le sud puisse avoir aussi quelques affiches intéressantes de temps en temps donc la situation n'est pas complètement désespérée non plus même si ce n'est pas comparable à la région Parisienne qui est nettement plus privilégiée, évidemment. Avec AFFLICTION GATE, on n'a pas galéré pour trouver des plans concerts pour le moment mais, par contre, c'est plutôt en terme de musicien qu'il est souvent difficile voir impossible de trouver la perle rare.


Le death old-school se définit certes musicalement mais aussi et surtout selon moi spirituellement si l’on peut dire. Quel est ton avis ?
Il s'agit bien d'un état d'esprit qui complète la musique. Pour nous, être old school signifie resté lié aux racines du Death Metal dans notre démarche, notre concept, l'aspect visuel ou bien dans le son. Pour ceux qui ont vécu cette période, il est probablement difficile de l'oublier (surtout au vu de ce qu'est la scène Death Metal des 2000's !!!) et que cet esprit old school est définitivement encré en eux. Ceci dit, des personnes plus jeunes peuvent aussi bien l'assimiler. Je pense notamment à nos amis du groupe NECROWRETCH qui n'ont que 20 ans mais qui n'ont aucune leçon à recevoir pour autant.


Pourquoi votre chanteur a choisi ce pseudonyme de Herostatos ?
Herostratos était un homme dans la Grèce Antique qui, afin de rendre son nom immortel dans l'Histoire, a incendié le Temple d'Artémis considéré comme une des 7 merveilles du monde. L'idée que rien n'est sacré ainsi que la destruction du sacré en lui-même et que tous les moyens puissent être bons pour arriver à nos fins (aussi absurdes ou justifiés soient elles) sont les raisons qui ont motivé notre chanteur pour prendre ce nom comme pseudonyme.


J’imagine que le plus difficile avec ce premier album a été d’obtenir le ‘bon’ son, crucial pour ce type de death-metal…
On savait avant d'enregistrer cet album qu'il nous fallait un son plus lourd, puissant et sombre comparé à notre EP qui avait une prod « maison » et pas représentative à 100% de notre style. Florent du Studio AV a aussi bien cerné et su faire ressortir le son qu'on recherchait. A la limite, au-delà du son, c'est plutôt l'enregistrement en lui-même qui a demandé le plus de concentration et d'énergie sans oublier une part de stress en sachant qu'on était limité dans le temps et qu'il s'agissait de la première fois qu'on se rendait dans un studio pro.


En même temps, c’est finalement très humain de rester bloqué sur une période précise, surtout lorsque c’est celle durant laquelle on a découvert cette musique...
Oui, je suis tout à fait d'accord sur le fait qu'il y a une part non négligeable de nostalgie qui joue, bien sûr. Par contre, le Death Metal tel que nous l'avons connu, tel que nous continuons de le concevoir et à le jouer est celui des origines qui a définit le genre et NILE n'en fait pas parti. Du coup, Death old school ne se résume pas juste à des années passées mais à une identité musicale propre même si je comprend très bien que, dans un sens, ça peut être une simple question d'interprétation qui varie suivant le parcours de l'auditeur. Alors, oui, il se pourrait qu'on entende parler d'un « old school technical & brutal Death Metal the 2000's way » dans 10 ans ! (rires)


Vous avez réenregistré l’intégralité de votre MCD pour votre album. Pourquoi ? N’auriez vous pas préféré ne sortir que des nouveaux morceaux ?
Comme je le disais précédemment, le MCD a été enregistré avec les moyens du bord mais cela n'importait pas vraiment car nous venions de traverser une période d'inactivité de presque 2 ans et on tenait enfin à immortaliser certains de nos morceaux au plus vite. A partir de là, il faut considérer ce EP/ MCD comme un premier jet à classer dans la catégorie demo et un simple échantillon de notre musique en attendant de proposer un véritable album. Dès le départ, nous savions que ces titres seraient ré-enregistrés à l'avenir pour leur donner leurs versions définitives dans de vraies conditions studio. 'Severance' propose tout de même un résultat vraiment honorable je trouve. Nous n'avons pas à nous plaindre ni à rougir de cette première réalisation qui nous a aussi permit de nous faire connaître dans la scène et de recevoir énormément de retours positifs.


Il semble que vous ayez changé d’accordage pour l’album et que cela a influencé votre écriture… Est-ce quelque chose que vous avez piqué à la scène Suédoise du début des années 90 ?
Comme pour la prod en général, il fallait que nos instruments contribuent à donner directement plus de profondeur mais cela n'a pas influencé notre manière de composer vu que les titres étaient déjà tous bouclés depuis fin 2006 excepté « the worst s yet to come » qui date de début 2009. Je ne pense pas que dans l'ensemble notre son global se rapproche de celui des groupes Suédois mais il possède quelque chose de plus massif à la BOLT THROWER plutôt. On ne voulait pas sonner « Sunlight studio » car nos influences ne viennent pas que de cette scène, de toute façon.


Comment vous êtes vous retrouvés avec Vincent Crowley en ‘guest’ sur le premier titre de l’album ?
Nous sommes des fans de ce groupe culte US depuis une quinzaine d'années maintenant et quand nous avons évoqué l'idée d'avoir un invité pour la narration sur l'intro du titre « after the red moon » (qui est également celle de l'album), nous avons immédiatement pensé à Vincent Crowley. J'avais déjà été en relation avec lui il y a quelques années et, bien avant de lui soumettre cette proposition, j'avais reprit contact sur Myspace et je lui avais fait parvenir un exemplaire de notre EP par la suite. Je lui ai donc simplement envoyé un e-mail et il m'a répondu qu'il était ok pour participer. Quelques semaines plus tard, il m'a renvoyé des fichiers Wave via Internet. Dans un deuxième temps, nous lui avons proposé de chanter un couplet et d'assurer des backing vocals sur d'autres passages du titre ce qu'il a accepté une nouvelle fois. Nous sommes vraiment très fiers d'avoir sa voix sur notre album. Pour notre prochaine réalisation, c'est Dave Ingram qui chantera sur un de nos nouveaux titres. Là aussi il s'agit d'un immense honneur vu que les premiers BENEDICTION sont des classiques du Death Metal pour nous. Personnellement, j'ai toujours trouvé ça cool d'avoir des « special guests » et ça me rappelle certains albums du début des 90's quand des gars comme Kam Lee, John Tardy, Glen Benton… apparaissaient sur les premiers LOUDBLAST, CANCER ou encore NAPALM DEATH !


Peux-tu nous éclairer sur le symbolisme de la pochette, et notamment sur cette statue sans tête qui, j’imagine, est censée représenter Moïse portant les tables de la Loi ?!
Oui, la statue décapitée fait référence à Moïse tenant les tables de la Loi et signifie la fin des idoles. Le Serpent, symbole de sagesse, libère et illumine l'Homme en lui offrant ainsi de nouvelles perspectives. Cette pochette illustre notre conception plus philosophique de l'obscurité qui toute fois peut se manifester sous différentes formes, pour le meilleur ou pour le pire. A l'intérieur du CD, tu peux également trouver une main tenant des lames de rasoir et des balles entourées d'un miroir brisé pour évoquer à la fois la destruction et l'auto destruction qui représentent l'aspect le plus radical et dévastateur du côté sombre ainsi que celui plus tourmenté et pessimiste. Nous voulions explorer et développer toutes les facettes de ce concept.


Quant au titre… Mon copain wikipédia me fait savoir que c’est une abréviation du regroupement de deux molécules gazeuses mais je suppose que l’explication est à chercher ailleurs?
Nox est le nom en latin de la déesse de la nuit chez les Grecs : Nyx. C'est une métaphore que nous avons utilisé pour désigner l'essence même de l'obscurité.


Herostratos a dédié les paroles de « Our Evil Legacy » à Jon Nödtveidt de DISSECTION mais aussi It d’ABRUPTUM. Pourquoi ?
Les paroles insistent sur le fait que la seule possibilité d'atteindre un idéal visant à être en rupture avec ce monde d'illusions passe soit par la mort ou par l'isolation, que ce soit d'un point de vu spirituel ou par des actes concrets. Si certains ne font que porter des masques et finissent par retourner dans le conformisme, d'autres suivent leur ligne de conduite jusqu'au bout. A partir de là, Herostratos fait le parallèle avec le parcours, l'intégrité idéologique et finalement le suicide de Jon Nodtveidt qui l'ont marqué et qui force le respect. Les albums de DISSECTION ont aussi une signification particulière à ses yeux de même que les réalisations de It avec OPHTHALAMIA qui sont une source d'inspiration pour lui.


Il semble que vous n’ayez joué qu’une poignée de concerts jusqu’à maintenant… Est-ce dû à votre line-up incomplet qui vous oblige à utiliser des musiciens de session pour la scène ?
En fait, ces 3 concerts n'ont été qu'un court intermède live. Ce n'était pas prévu au départ de faire aussi peu de concerts mais, après réflexion, on a simplement préféré enchaîner et se concentrer sur la préparation de l'album directement. Le groupe ayant été inactif pour diverses raisons entre fin 2006 et l'été 2008, il nous fallait absolument rattraper le temps perdu et, exactement un an après avoir enregistré notre EP, nous entrions en studio pour l'album.


Sur YOUTUBE, on peut trouver une vidéo d’AG reprenant « Obssessed » de GRAVE. Avez-vous d’autres reprises à votre répertoire ? Pourquoi ce choix-là ?
Les deux premiers albums de GRAVE font partis de nos influences et 'You'll Never See' est simplement un classique du genre à mon avis. En fait, je faisais déjà cette reprise avec mon premier groupe en 1993 et j'ai pensé que jouer à nouveau ce morceau avec AG serait une excellente idée. On reprendra sûrement d'autres titres à l'avenir et je pense notamment à « Corpsegrinder » de DEATH / MASSACRE peut être.


Il semble y avoir actuellement une sorte de renouveau ou en tous cas un véritable intérêt pour le death à l’ancienne un peu partout. Comment l’expliques-tu ?
Oui, depuis quelques années, on assiste maintenant à une résurgence du Death Metal traditionnel grâce à d'excellents groupes comme LIE IN RUINS, DEAD CONGREGATION, GRAVEYARD, KAAMOS, HAIL OF BULLETS, DEATH BREATH ou encore FUNEBRARUM. Je pense que tout est une question de cycles et qu'il était inévitable qu'un jour ou l'autre ce style qui a autant marqué le Metal extrême revienne de manière progressive et naturelle. J'imagine que c'est principalement la faute à des vieux cons entre 30 et 40 ans ou plus qui sont en manque de riffs plus percutants, efficaces avec un feeling et une atmosphère palpables dans une scène Death Metal plutôt ennuyeuse et saturée de groupes ultra rapides et techniques ! (rires)


En contrepartie, ce ‘revival’ ne semble pas prendre plus que cela dans la scène Française. Pourquoi selon vous ?
Au vu des retours que nous avons, il y a quand même pas mal de personne dans l'underground en France qui s'intéresse encore à ce type de Death Metal même si dans l'ensemble cela reste une minorité avec peu de groupes pour représenter la scène old school quand même. Le Black Metal et le Death brutal moderne sont toujours les styles les plus répandus et à la mode dans notre pays. Peut être que la situation changera dans les années à venir, on verra...


Bon, autant mettre les pieds dans le plat, METAL INQUISITION est un sous-label de NO COLOURS, maison de disque surtout connue pour bosser avec un certain nombre de groupes flirtant ouvertement avec l’extrême-droite. Vous n'avez pas peur de l'amalgame?
Non car je me dis qu'il faudrait vraiment être débile ou de mauvaise foi pour faire de tels raccourcis même si je me doute que d'avoir signé sur ce label va nous fermer quelques portes par rapport à la « mauvaise réputation » de NC (certains distributeurs et magazines refusent de promouvoir ce label) mais ce n'est pas grave, on se passera volontiers de ces moralisateurs hypocrites qui ne savent pas faire fonctionner leur cerveau visiblement. La démarche de METAL INQUISITION n'est pas comparable à celle de NO COLOURS puisque MI ne s'occupe que de groupes de Thrash et de Death Metal et même les groupes de Black Metal sur NC n'ont pas tous une idéologie d'extrême droite ! La présence de BE PERSECUTED (Chine), BAZOOKA (Taiwan) ou INTESTINE BAALISM (Japon) dans les rangs de NC ou MI est quand même bien la preuve que Steffen n'est pas aussi étroit d'esprit que certains le pensent et que ses prods ne se résument pas juste à celles de groupes comme ceux que tu as cité. Dans tous les cas, que ce soit la gauche ou la droite, la politique ne nous intéresse absolument pas mais, autant que je sache, NC / MI est un label de musique Metal, pas un parti politique. Steffen est libre de soutenir et de signer les groupes qu'il veut. J'imagine qu'il produit les groupes pour leur qualité et pas à cause de leur orientation politique. Ce que je retiens avant tout à propos de NC / MI c'est qu'il s'agit d'un label compétent dirigé par un vrai fan de Metal de longue date, qui nous a donné notre chance et nous soutient.


Pour finir, quels sont vos plans pour les mois à venir ?
On compte reprendre les concerts au Printemps prochain. Une mini tournée avec les Suédois de PAGANIZER est en prévision. Elle devrait passer par l'Allemagne, la Hollande et la France (Paris ou Lille). Les dates et les salles restent à confirmer, cependant. La version LP limitée de l'album sortira dans le courant 2010. On va aussi bosser sur de nouveaux titres en essayant de continuer de faire de notre mieux pour rendre hommage aux Death Metal de la fin des 80's / début 90's !


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