La carrière de RIOT et son défunt géniteur, le guitariste Mark Reale (1955-2012) publication le : 29/12/2015
Le 25 janvier 2012, Mark Reale, guitariste, compositeur et surtout membre fondateur de Riot, décédait à l'âge de 56 ans des suites de complications liées à la maladie de Crohn dont il souffrait depuis des années. A travers ce petit article, nous rendons hommage à cet homme et surtout sa belle et conséquente carrière, qui s'étend sur près de 4 décennies et se 'résume' en grande partie à l'histoire de Riot. Sans équivoque, Mark Reale et Riot sont clairement des entités indissociables.
Et si Riot n'a jamais été aussi populaire qu'un Iron Maiden ou un Judas Priest, ce n'est certainement pas parce qu'il était moins talentueux...néanmoins l'influence du groupe new-yorkais s'est révélée conséquente sur de nombreux groupes de heavy metal, mais également ceux appartenant aux catégories du power metal et du speed metal.
Les années 1970 :fondation et débuts palpitants.
A tout juste 20 ans, Mark Reale alors guitariste de Kon Tiki (du nom d'un radeau construit par l'anthropologue norvégien Thor Heyerdahl dans le but de réaliser une traversée de l'océan Pacifique) et son ami batteur Peter Bitelli recrutent un bassiste et un chanteur : il s'agit respectivement de Phil Feit et un certain Guy Speranza. Riot est né. Phil ne resta que quelques mois, rapidement remplacé par Jimmy Iommi (à priori pas de lien avec Tony), toutefois le premier nommé pris part à la composition de certains morceaux et est ainsi crédité sur 3 titres de « Rock City ». Pour l'anecdote, lorsqu'il quitta Riot, il rejoignit notamment Billy Idol et Joan Jett & The Blackhearts.
Entre temps, un 2ème guitariste du nom de Louie Kouvaris intègre le groupe. Après l'enregistrement de quelques démos, il est temps pour Riot de réaliser un premier album ; c'est ainsi que « Rock City » voit le jour en novembre 1977. Sincèrement pour un premier essai de 33 minutes, le résultat est plus que honorable. La musique est à mi-chemin entre un hard rock décoiffant (le tube « Rock City » doté d'un superbe break, « Tokyo Rose ») et des sonorités purement heavy metal (l'excellent « Warrior », énorme référence pour la scène speed metal), la production si elle paraît aujourd'hui un peu vieillotte, n'en reste pas moins délicieuse et évidemment très organique. On peut y relever déjà de sacrés riffs et soli léchés (« Gypsy Queen », le solo de « Overdrive ») et la prestation vocale de Guy tient la route. Riot flirte parfois avec un hard rock 'mainstream' à l'image du final « This Is What I Get », au demeurant composition sympathique. Mark Reale a participé à la conception de chaque titre, toutefois il était toujours aidé par un ou deux autres musiciens dans son exercice. A noter que l'un des producteurs de cet album est Steve Loeb, propriétaire du Greene Street Recording au sein duquel plusieurs grands noms du hip-hop des années 80 notamment ont enregistré leurs disques (Run–D.M.C., Public Enemy, LL Cool J, etc). La collaboration Loeb/Riot dura près de 20 années, jusqu'au milieu des années '90...
Enfin, on y voit pour la première fois la mascotte du groupe orner la pochette de l'album, il s'agit d'un phoque nommé Tior (anagrame de Riot), parfois appelé Johnny. J'ai toujours trouvé les visuels avec le phoque kitsch, limite repoussant pour qui veut découvrir le groupe ; au final cela fait parti de l'identité visuelle de Riot et c'est encore le cas de nos jours.
« Rock City » permit à Riot d'ouvrir pour AC/DC et Molly Hatchet ; toutefois n'arrivant pas à suivre la cadence imposée par l'industrie musicale, le groupe se retrouve au bord de la séparation en 1979. Grâce à l'avènement du côté de l'Angleterre de la fameuse NWOBHM et le soutien d'un certain Neal Kay, DJ influent de l'époque qui a en quelque sorte fait découvrir Riot aux metalheads anglais (qui achetèrent des copies importées de « Rock City »), le groupe retrouve de l'allant et publie dans la foulée un 2ème album, « Narita », paru au mois de mai 1979...uniquement au Japon via l'importante société Victor Company of Japan (on peut voir sur la pochette de l'album quelques éléments se rapportant à la culture nippone). Les fans américains si ce n'est en import, patientèrent jusqu'à octobre '79 pour se le procurer. La production est donc confiée au duo Steve Loeb/Billy Arnell tandis que Louie Kouvaris est suppléé par Rick Ventura au poste de second guitariste.
En terme de compositions à l'exception de 2 titres (dont une reprise de Steppenwolf), tout le travail est réalisé par le tandem Speranza/Reale. « Narita » est dans la lignée de « Rock City », les riffs sont un peu plus appuyés (« 49er »), mais globalement nous sommes toujours à mi-chemin entre heavy metal et hard rock, un peu comme un Judas Priest à la même époque (« Kick Down the Wall » n'aurait pas dépareillé sur « Stained Class »). Le morceau-titre est lui un petit bijou de heavy instrumental, digne des grandes œuvres de Steve Harris avec Iron Maiden, tandis que le plus que sensuel « Hot for Love » me rappelle un Ufo avec un final...jouissif pour ne pas dire orgasmique. D'un point de vue guitares, « Here we come again » est assez exceptionnel et développe une qualité de soli impressionnante.
Les années 1980 :période active, split puis retour en pleine grâce.
Le début de la décennie marqué notamment par l'ascension fulgurante de Iron Maiden et l'explosion en Europe du nombre de groupes de heavy metal, est assez propice à Riot ; leur 3ème album « Fire Down Under » (1981) connaît un joli succès alors que la section rythmique a été modifié en '80 : exit Bitelli (batterie) et Iommi (basse), bienvenue à la paire Sandy Slavin/Kip Lemming, qui fut présente jusqu'au split du groupe en 1984. Il faut noter que sur cet album, Mark Reale n'est pas crédité sur chaque morceau, 2 ayant été entièrement écrits par Rick Ventura. « Fire Down Under » est le dernier album auquel pris part Guy Speranza, en proie à l'époque à un 'conflit interne' entre ses convictions religieuses et son implication dans le groupe. Il est décédé le 08 novembre 2003 des suites d'un cancer du pancréas alors qu'il n'était jamais revenu -à ma connaissance- dans le milieu de la musique, depuis 1981...ce 3ème effort de Riot est encore une fois riche dans les intentions, notamment ce début tonitruant qui voit le groupe enchaîner en moins de 6 minutes, deux de ses meilleurs morceaux : le hit « Swords and Tequila » et la petite bombe donnant son nom à l'album. Un peu plus loin, le speed « Run for your life » n'a rien à leur envier et les intonations vocales de Guy ont du en inspirer plus d'un (à commencer par Dickinson ?).
Si un titre comme « Feel the Same » (composé par Ventura) me paraît anecdotique, c'est tout le contraire de « Altar of King » dont les premières mesures très mélodiques (on pense avoir la première ballade de la carrière de Riot) s'effacent au profit d'une compo tout en dynamisme et dès plus entraînante. Dans un registre plus rock, le solide « No Lies » (autre morceau de Ventura) trouve sa place, à l'image de ces lignes de basse palpitantes.
Dans la foulée de la parution de « Fire Down Under », Guy quitte donc le groupe, remplacé par Rhett Forrester et le line-up restera stable durant 3 ans, le temps pour Riot de sortir ses 4 et 5ème albums, ainsi qu'un premier live 6 titres (1982). Si Rhett était également un bon vocaliste au timbre de voix percutant et plus rugueux que celui de Guy (même si sa prestation sur « Born in America » laisse davantage la place à un chant clair de bonne facture), son comportement scénique a été sujet à quelques critiques à l'époque. Après son départ de Riot, il continua la musique notamment avec Jack Starr (ex-Virgin Steele) et vécu un peu en France. Il fut tristement assassiné le 22 janvier 1994 à la suite d'un carjacking ayant mal tourné à Atlanta...
« Restless Breed » (1982) et « Born in America » (1983) contiennent 10 morceaux pour une durée avoisinant à chaque fois les 40 minutes ; c'est encore au sein du Greene Street Recording Studio que sont enregistrés ces 2 albums, marqués par des riffs un peu plus incisifs en écho au chant justement plus 'couillu'. Les hymnes ne manquent pas à l'appel (« Loanshark », « Wings of Fire », « Heavy metal machine »), Riot a toujours ce côté hard rock accessible et dans le même temps un vrai sens de la composition, à l'image du très bon « Restless Breed » composé par Mark et magnifié par le voix de Rhett. Il faut noter que le 4ème album de Riot est probablement celui dans lequel son membre fondateur s'est le moins 'investi', il est en effet seulement crédité sur 3 des 10 titres (dont 1 reprise de Eric Burdon and the Animals). Mark n'était donc pas vraiment un tyran de la composition et laissait le champ libre -même aux nouveaux musiciens- au moment de proposer de nouvelles idées.
Je trouve que ces albums sont un peu ceux de la 'maturité', les mélodies sont plus raffinées, davantage présentes sans pour autant ramollir les albums.
Si la qualité musicale est là, le succès a du mal à suivre malgré une prestation remarquée au Donington Festival en 1982, la 'faute' aussi à une confusion persistante entre Riot et Quiet Riot, ce dernier qui connaît justement en 1983 un joli succès avec leur reprise de Slade, 'Cum On Feel the Noize'. Qui plus est, Riot soufra clairement d'un manque de soutien de la part des labels de l'époque. Je ne m'étendrai pas sur la période de séparation que connut Riot de 1984 à 1986, durant laquelle Mark forma Narita pendant un bref moment en compagnie de membres de S.A. Slayer, pour de suite évoquer la renaissance du groupe en 1988 avec la sortie du culte et tout simplement excellent « Thundersteel ».
Autour de Mark, le line-up est constitué du bassiste Don Van Stavern (qui a joué dans Narita) compositeur à lui seul de plus de la moitié de cet album, le batteur Mark Edwards (ex-Steeler, ex-Lion) crédité sur 4 titres, les autres étant interprétés par un certain Bobby Jarzombek (Fates Warning, Halford, ex-Juggernaut, etc) et enfin au chant, le boulot est assuré par le talentueux et versatile Tony Moore. Riot prend là un virage plutôt marqué power metal, avec une voix haut perchée, des envolées vocales ahurissantes et tout en maîtrise ; la face A de « Thundersteel » est à mon goût parfaite de bout en bout (soit les 5 premiers titres), un enchaînement d'hymnes de heavy metal aux refrains mémorables, et des riffs qui se démarquent et sur des rythmiques incisives.
La face B est loin d'être mauvaise en particulier le superbe « Bloodstreets » (quelle intro et quels soli un peu plus loin !) et l'épique « Buried Alive (Tell Tale Heart) », je trouve juste un poil plus faible « Run for your Life » (qui n'a rien à voir avec le titre du même nom composé par Riot quelques années plus tôt) malgré encore un enchaînement de solis splendide. Si Tony s'avère performant, que dire des autres musiciens, impeccables dans leurs interprétations, on y ressent par exemple parfaitement toute la richesse du duo basse/batterie travaillant en totale harmonie.
Les années 1990 :Expérimentations et albums conceptuels au programme.
Riot démarre cette décennie avec un line-up stable et surtout un 7ème album qui s'avère être le plus expérimental de sa carrière. Premier élément à souligner, « The Privilege of Power » frise l'heure de musique ! Ensuite et caractéristique importante, Riot a travaillé avec une section de cuivres et pas n'importe laquelle ; celle du groupe culte Tower of Power, épaulée par le duo des Brecker Brothers à la carrière immense. Il en résulte un album de heavy que l'on pourrait qualifier de progressif, contenant de nombreux samples, parfois de longues introductions et abordant des thèmes pas forcément habituel pour Riot : le tueur Jeffrey R. MacDonald sur le 'bien' nommé « Killer » (enrichi de cuivres déchaînés) avec en invité vocal de luxe Joe Lynn Turner, les grosses industries comme Monsanto à l'influence certaine sur le monde, etc.
Intéressant et même passionnant, cet album regorge une fois de plus de compositions palpitantes : « Dance of Death » et ses touches orientales, au demeurant titre ébouriffant limite 'écœurant' avec son déluge de technicité, l'hyper efficace « Storming the Gates of Hell », le solide mid-tempo « Metal Soldiers », le très mélodique et chantant « Runaway », le speed « Black Leather and Glittering Steel » au riffing imparable, doté en plus de quelques variations de tempos bien senties. Histoire de bien nous montrer qu'ils sont de talentueux musiciens, ils reprennent en fin d'album le 'Race With the Devil on a Spanish Highway' d'Al Di Meola...rien que ça !
Pour l'anecdote, le visuel également surprenant pour du Riot a été réalisé par Don Ivan Punchatz artiste de science fiction et fantasy décédé en 2009 au CV conséquent (National Geographic, Playboy, Time, design du package du jeu Doom, etc).
Au rayon des changements de line-up, Van Stavern (basse) quitte le groupe, remplacé par Pete Perez qui resta jusqu'en 2007. Un second guitariste, Mike Flyntz qui avait déjà joué avec Riot à la fin des années 80's est intégré pour de bon. En 1992, Tony Moore n'est plus de la partie, remplacé par Mike DiMeo, peut être bien le chanteur ayant le plus divisé les fans de Riot. Personnellement, il me fait parfois penser à un Russel Allen (Symphony X) croisé à Johnny Gioeli (Axel Rudi Pell), bien qu'il ait commencé avant ces 2 là ; je le trouve bon dans ses capacités, ses lignes de chant manquent cependant un peu de variations et de profondeur (même si le ton est bon). Bref, voilà déjà 3 années que Riot n'a rien sorti et il ne paraît pas aussi simple que ça de produire un album après ces modifications de line-up significatives...et pourtant en 1993 c'est le dénommé « Nightbreaker » qui voit le jour.
Si Mark Reale reprend en partie le contrôle de l'écriture, l'album contient tout de même 2 reprises et une version ré-enregistrée du classique « Outlaw ». Les temps forts se nomment « Soldier » (quel refrain enchanteur), « Nightbreaker » un morceau-titre qui déménage [après la dénommée « In your Eyes » plus posée et pas spécialement marquante]. « Destiny » impose aussi un sacré rythme et si ses chœurs limite hard fm peuvent surprendre, ce titre reste de la bonne petite balle de heavy où les guitaristes brillent particulièrement. Le reste de l'album est correct, un peu plus hard rock que les 2 précédents albums (« Magic Maker », « Medicine Man »). Si je dois faire un petit bilan alors que la moitié de la carrière de Riot est dépassée, sur 8 productions, Riot n'a toujours pas sorti de mauvais album...
Le fait que nous avions tous ces problèmes et changements de line-up, tous ces hauts et bas, c'est que les personnes qui 'géraient' ma carrière me baisaient souvent. Pas seulement en terme d'argent, c'était aussi le fait que ces [sociétés] gars étaient comme des obsédés drogués, ils voulaient être en mesure de tout contrôler. (Mark Reale en 2009, au site Metal-Rules.com)
Après les expérimentations de « The Privilege of Power », la discographie des américains va connaître coup sur coup 2 albums conceptuels : « The Brethren of the Long House » (1995) et « Inishmore » (1998). Le premier dédié à la culture perdue des amérindiens est un très joli album, fort émotionnellement et malgré sa durée là aussi élevée (59 minutes), il s'écoute avec grand plaisir. Entre morceaux incisifs (« Glory Calling », « Wounded Heart »), ceux dans une veine power metal (« Rolling Thunder », la reprise de Gary Moore « Out in the Fields »), un « Blood of the English » bon mid-tempo hard rock, et compositions plus douces et mélodieuses (tel ce « Rain » digne de Rainbow, la ballade folk « Santa Maria » ou la reprise de « Shenandoah », chanson traditionnelle américaine de folk, composée au 19ème siècle), difficile de s'ennuyer...d'autant que le groupe a travaillé avec une petite section orchestrale et à cordes qui sans être omniprésente, renforce certaines atmosphères. Alors certes, cet album rappelle régulièrement le travail de Ritchie Blackmore, je le considère toutefois comme l'un des plus réussis de Riot.
A noter que c'est John Macaluso (ex-Ark, ex-TNT, ex-Yngwie Malmsteen) qui tient la batterie sur un peu plus de la moitié de l'album puisque Bobby Jarzombek joue lui sur 5 des 13 titres (dont l'intro qui est une reprise de la célèbre composition de Trevor Jones, ''The Last of the Mohicans'').
« Inishmore » est quant à lui un album dont les textes sont basés sur des sagas de mythes irlandais et celtiques. Musicalement, on retrouve un Riot en mode power/speed metal à l'efficacité certaine (le single « Angel Eyes », « Liberty ») et finalement en pleine période de révélation de toute la nouvelle scène power européenne, cet album tient bien la comparaison. Il n'intègre pas spécifiquement beaucoup de sonorités folkloriques (si ce n'est sur la toute fin), sent bon les 80's et reste assez classique, dans la forme et le fond (la doublette très dynamique « Kings are Falling »/« The Man » me fait penser au heavy anglais, et j'ai bien l'impression que ces titres sont eux-mêmes une sacrée influence pour toute la scène revival heavy actuelle...). « Inishmore » a une petite pointe de légèreté, je pense en particulier à ce « Watching the Signs » assez guilleret, m'évoquant un Thin Lizzy plus 'moderne'. Globalement, c'est l'un des albums les plus homogènes de Riot, surtout en comparaison avec les 3 précédents ; il m'apparaît sympathique mais tourne un peu en rond par moments (« Cry for the Dying », « Gypsy »).
Un véritable live complet, « Shine On » (1998) paraît chez Metal Blade, tandis que le line-up n'a pas bougé, le 11ème album de Riot nommé « Sons of Society » sort en septembre 1999. Pour la première fois en 10 ans, on a affaire à une production qui ne dépasse les 50 minutes ; je dois avouer trouver cet album un peu moyen, le bagage technique des musiciens nous en met heureusement plein les mirettes comme d'habitude : Perez/Jarzombek forment un tandem hallucinant, Reale/Flyntz ne sont pas en reste pour riffer et jouer des harmonies succulentes, tandis que DiMeo toujours autant impliqué dans le travail de composition se démène bien sur le front vocal (malgré encore des envolées parfois lassantes).
Les morceaux s'enchaînent sans réellement me marquer, si ce n'est l'excellent « Twist of Fate »...la (semi ?) ballade « Cover Me » traîne en longueur, rehaussé d'excellents solis, ce qui fait maigre ; pire, les 5 titres placés après la 'Cover Me' en question sont certes très rythmés, -« Dragon Fire », « The Law », « Time to Bleed » et autre « Somewhere »-, le problème c'est qu'ils se ressemblent un peu trop, en particulier les rythmiques et riffs interchangeables les uns avec les autres. Et les refrains sont pas 'glop' non plus...Léger faux-pas il y a, malheureusement le début des années 2000 confirma cette période plus décevante...
Les années 2000 :Riot s'essouffle.
3 années après un « Sons of Society » disons-le, décevant, Riot ne se relève pas vraiment avec un poussif « Through the Storm », plutôt orienté heavy/hard rock (« Chains (revolving », le très Ozzy Osbourne « Lost inside this World », la cover de UFO, « Only you can rock me »). En soi pas une production mauvaise, mais bien en deçà de ce qu'a pu offrir Riot au cours des précédentes décennies. Musicalement c'est aussi moins attrayant (excepté l'excellent instrumental « Isle of Shadows »), d'autant que Bobby a de nouveau pris ses bagages pour rejoindre le Metal God Rob Halford, en '99...son remplaçant est loin d'être un inconnu sans talent, c'est d'ailleurs un autre Bobby: Rondinelli (ex-Blue Oyster Cult, ex-Black Sabbath, ex-Rainbow, etc). Son jeu est moins démonstratif et plus rock, en accord avec les compositions qui exploitent parfois de bonnes mélodies (le morceau-titre). Personnellement, je commence à de moins en moins supporter les lignes de chant de DiMeo tout du long de « Through the Storm »...
En 2003, Riot enregistre « Army of One », dernier album avec DiMeo et premier avec encore un batteur différent, Bobby Rondinelli ayant quitté le navire ; c'est un certain Frank Gilchriest (Virgin Steele) qui occupe le poste jusqu'en 2007...avant que ce même Frank ne revienne dans Riot l'année dernière ! Mike DiMeo quitte quant à lui le groupe en 2004 pour privilégier le combo retro-rock The Lizards ; s'en suit une période de flottement, puis le recrutement du chanteur Mike Tirelli (de 2005 à 2007) et ce ne fut qu'en juillet 2006 que ce 13ème album vit le jour via le label allemand Metal Heaven. Celui-ci est plutôt orienté hard mélo/fm, et ce n'est peut être pas une pure coïncidence si « Army of One » sonne aussi heavy metal mélodique (avec notamment 1 ballade, « Helpin' Hand » exercice auquel nous a rarement habitué Riot). Plus long que les 2 précédents opus, il n'en reste pas moins que je le trouve plus consistant et varié, avec quelques grands moments au dessus du lot : je pense aux longs « Shine » (titre à tiroirs aux arrangement soignés) et « Alive in the City » ou « Stained Mirror », nouvelle composition instrumentale sublime qui met à l'honneur comme jamais les guitaristes.
2008 est l'année propice pour célébrer les 20 ans de ''Thundersteel'', toutefois les quelques concerts-anniversaires ne se déroulent pas avant l'été 2009 ; Tony Moore, Bobby Jarzombek et Don Van Stavern (rien que ça) sont donc de retour et un 14ème album avec pour line-up Reale/Moore/Van Stavern/Flyntz/Jarzombek est en plan pour fin 2009. Patatras, le 04 décembre 2009 Moore s'en va et plonge Riot dans le silence durant une bonne partie de l'année 2010...
Les années 2010 :Retour et fin.
...jusqu'au 28 septembre jour où le re-retour de Tony Moore (oui oui) est annoncé. Décidément, ces incessants changements de line-up difficiles à suivre ont quand même bien du ébranler Mark et l'entité Riot. Enfin, leur fameux 14ème album, au titre prémonitoire, « Immortal Soul » voit le jour à l'automne 2011, toujours sur le marché japonais en premier et sort en Europe pour Halloween via Steamhammer.
Le titre "Immortal Soul" est une sorte de testament de l'héritage de Riot ; nous ne mourons jamais, peu importe les circonstances. (Mark Reale dans une interview au site powerlinemag, le 08 novembre 2011).
Les problèmes de santé rencontrés par Mark s'étant aggravés depuis plusieurs mois, il dû se contenter d'enregistrer les parties de guitare rythmique, de seulement 4 des 12 morceaux composant l'album. Avec un line-up en or retrouvé porté par cette voix haut perchée très vive, Riot renoue sur « Immortal Soul » avec un excellent power/speed metal racé (« Still your Man », « Wings are for Angels », « Sins of the Father ») ; Mike Flyntz assure brillamment toutes les harmonies de guitares et nous pond des soli magistraux. Cela faisait à mon goût plus de 10 ans que Riot n'avait pas sorti un aussi bon album où toutes les compos présentent un réel intérêt et une créativité réussie. Alors que Riot pouvait légitimement prétendre à une suite de carrière sans remous, où une véritable reconnaissance n'aurait pas été de trop (notamment un peu plus en Europe), le destin en décida autrement il y a maintenant pile 3 ans. Depuis ce jour-là, Riot n'est plus mais son héritage et sa musique resteront pour toujours. Après plusieurs mois de deuil et une prise de recul évidente, les membres restants de Riot décidèrent de continuer l'aventure sous le patronyme Riot V, le chiffre romain signifiant que le vocaliste Todd Michael Hall est la 5ème voix que le groupe ait connu.
2014 voit le nouveau départ de Bobby Jarzombek et la ré-intégration de Frank Gilchriest, tandis que le jeune Nick Lee (ancien étudiant des cours de guitare de Flyntz) a la lourde tâche de ''succéder'' à Mark Reale au poste de guitariste. Fort heureusement, Riot V ne se contente pas de cachetonner en se reposant sur son illustre passé ; bien mieux que cela, il a composé et sorti à l'automne 2014 un « Unleash the Fire » magistral.
Un 15ème album composé par la paire Van Stavern/Flyntz qui rend admirablement hommage à Mark, de par sa qualité, la patte Riot très identifiable (surtout celle des 80's) et un line-up new look qui est parfaitement en place.
Sans doute possible, si un panthéon des musiciens du heavy metal existait, Mark Reale figurerait sur l'un de ces trônes. Je dirais simplement, merci monsieur Reale pour ta musique et que ton héritage perdure encore et encore.
"Durant sa jeunesse, Mark eu un fort intérêt pour le cinéma, les films étaient pour lui une grande passion. Mais c'est lorsqu'il entend quelques chansons à la radio que ses goûts changent. Il a rapidement aimé la musique des Beatles et de Cream.
Ses grandes influences sont George Harrison et Eric Clapton. Quand il avait 7 ans, son grand-père lui a acheté sa première guitare pour de la pratique basique, puis son père lui dégota une nouvelle guitare et un ampli, et sa passion pour la musique démarra pour de bon.
Dans la première moitié des années 70, ses influences incluaient Edgar Winter, Ronnie Montrose et Rick Derringer ; il aimait des artistes allant d'Al Di Meola à Deep Purple. Son style de guitare et sa passion pour l'écriture de morceaux qui racontent des histoires suffisamment profondes et émouvantes pour créer un lien sur la durée, avec les fans de Riot, sont 2 des meilleures facettes de Mark. Les fans se sentaient toujours connectés à lui, car les paroles de Riot étaient très proches de l'histoire de leur propre vie." (propos tenus par Riot V quelques jours après le décès de Mark).
Pour la petite anecdote, une scène du festival espagnol Leyendas Del Rock porte le nom de Mark Reale.
Si RIOT a été la majeure partie de la carrière musicale de Mark, il joua et composa également à la fin des années 1990 et au début des années 2000 au sein de WESTWORLD, groupe de hard mélodique, emmené par le chanteur Tony Harnell (ex-TNT). Ce dernier était un proche de Riot depuis plusieurs années, régulièrement crédité pour les 'backing vocaux' sur albums.
Westworld se composait par ailleurs du bassiste Bruno Ravel (Danger Danger) et du batteur John O. Reilly ; à noter que Mark Wood (claviers & violon) membre fondateur du Trans-Siberian Orchestra a également contribué aux albums de Westworld.
Enfin pour finir, si je devais humblement vous conseiller 5 albums de Riot à écouter, je dirais "Fire Down Under", "Thundersteel", "The Privilege of Power", "Immortal Soul" (ou "Unleash the Fire") et "The Brethren of the Long House".
''Shine on through the darkest night
Your music is eternal
Through your soul has touched the sky
Through your songs you are immortal
You are immortal
publication le : 29/12/2015
Le 25 janvier 2012, Mark Reale, guitariste, compositeur et surtout membre fondateur de Riot, décédait à l'âge de 56 ans des suites de complications liées à la maladie de Crohn dont il souffrait depuis des années. A travers ce petit article, nous rendons hommage à cet homme et surtout sa belle et conséquente carrière, qui s'étend sur près de 4 décennies et se 'résume' en grande partie à l'histoire de Riot. Sans équivoque, Mark Reale et Riot sont clairement des entités indissociables.
Et si Riot n'a jamais été aussi populaire qu'un Iron Maiden ou un Judas Priest, ce n'est certainement pas parce qu'il était moins talentueux...néanmoins l'influence du groupe new-yorkais s'est révélée conséquente sur de nombreux groupes de heavy metal, mais également ceux appartenant aux catégories du power metal et du speed metal.
Les années 1970 : fondation et débuts palpitants.
A tout juste 20 ans, Mark Reale alors guitariste de Kon Tiki (du nom d'un radeau construit par l'anthropologue norvégien Thor Heyerdahl dans le but de réaliser une traversée de l'océan Pacifique) et son ami batteur Peter Bitelli recrutent un bassiste et un chanteur : il s'agit respectivement de Phil Feit et un certain Guy Speranza. Riot est né. Phil ne resta que quelques mois, rapidement remplacé par Jimmy Iommi (à priori pas de lien avec Tony), toutefois le premier nommé pris part à la composition de certains morceaux et est ainsi crédité sur 3 titres de « Rock City ». Pour l'anecdote, lorsqu'il quitta Riot, il rejoignit notamment Billy Idol et Joan Jett & The Blackhearts.
Entre temps, un 2ème guitariste du nom de Louie Kouvaris intègre le groupe. Après l'enregistrement de quelques démos, il est temps pour Riot de réaliser un premier album ; c'est ainsi que « Rock City » voit le jour en novembre 1977. Sincèrement pour un premier essai de 33 minutes, le résultat est plus que honorable. La musique est à mi-chemin entre un hard rock décoiffant (le tube « Rock City » doté d'un superbe break, « Tokyo Rose ») et des sonorités purement heavy metal (l'excellent « Warrior », énorme référence pour la scène speed metal), la production si elle paraît aujourd'hui un peu vieillotte, n'en reste pas moins délicieuse et évidemment très organique. On peut y relever déjà de sacrés riffs et soli léchés (« Gypsy Queen », le solo de « Overdrive ») et la prestation vocale de Guy tient la route. Riot flirte parfois avec un hard rock 'mainstream' à l'image du final « This Is What I Get », au demeurant composition sympathique. Mark Reale a participé à la conception de chaque titre, toutefois il était toujours aidé par un ou deux autres musiciens dans son exercice. A noter que l'un des producteurs de cet album est Steve Loeb, propriétaire du Greene Street Recording au sein duquel plusieurs grands noms du hip-hop des années 80 notamment ont enregistré leurs disques (Run–D.M.C., Public Enemy, LL Cool J, etc). La collaboration Loeb/Riot dura près de 20 années, jusqu'au milieu des années '90...
Enfin, on y voit pour la première fois la mascotte du groupe orner la pochette de l'album, il s'agit d'un phoque nommé Tior (anagrame de Riot), parfois appelé Johnny. J'ai toujours trouvé les visuels avec le phoque kitsch, limite repoussant pour qui veut découvrir le groupe ; au final cela fait parti de l'identité visuelle de Riot et c'est encore le cas de nos jours.
« Rock City » permit à Riot d'ouvrir pour AC/DC et Molly Hatchet ; toutefois n'arrivant pas à suivre la cadence imposée par l'industrie musicale, le groupe se retrouve au bord de la séparation en 1979. Grâce à l'avènement du côté de l'Angleterre de la fameuse NWOBHM et le soutien d'un certain Neal Kay, DJ influent de l'époque qui a en quelque sorte fait découvrir Riot aux metalheads anglais (qui achetèrent des copies importées de « Rock City »), le groupe retrouve de l'allant et publie dans la foulée un 2ème album, « Narita », paru au mois de mai 1979...uniquement au Japon via l'importante société Victor Company of Japan (on peut voir sur la pochette de l'album quelques éléments se rapportant à la culture nippone). Les fans américains si ce n'est en import, patientèrent jusqu'à octobre '79 pour se le procurer. La production est donc confiée au duo Steve Loeb/Billy Arnell tandis que Louie Kouvaris est suppléé par Rick Ventura au poste de second guitariste.
En terme de compositions à l'exception de 2 titres (dont une reprise de Steppenwolf), tout le travail est réalisé par le tandem Speranza/Reale. « Narita » est dans la lignée de « Rock City », les riffs sont un peu plus appuyés (« 49er »), mais globalement nous sommes toujours à mi-chemin entre heavy metal et hard rock, un peu comme un Judas Priest à la même époque (« Kick Down the Wall » n'aurait pas dépareillé sur « Stained Class »). Le morceau-titre est lui un petit bijou de heavy instrumental, digne des grandes œuvres de Steve Harris avec Iron Maiden, tandis que le plus que sensuel « Hot for Love » me rappelle un Ufo avec un final...jouissif pour ne pas dire orgasmique. D'un point de vue guitares, « Here we come again » est assez exceptionnel et développe une qualité de soli impressionnante.
Les années 1980 : période active, split puis retour en pleine grâce.
Le début de la décennie marqué notamment par l'ascension fulgurante de Iron Maiden et l'explosion en Europe du nombre de groupes de heavy metal, est assez propice à Riot ; leur 3ème album « Fire Down Under » (1981) connaît un joli succès alors que la section rythmique a été modifié en '80 : exit Bitelli (batterie) et Iommi (basse), bienvenue à la paire Sandy Slavin/Kip Lemming, qui fut présente jusqu'au split du groupe en 1984. Il faut noter que sur cet album, Mark Reale n'est pas crédité sur chaque morceau, 2 ayant été entièrement écrits par Rick Ventura. « Fire Down Under » est le dernier album auquel pris part Guy Speranza, en proie à l'époque à un 'conflit interne' entre ses convictions religieuses et son implication dans le groupe. Il est décédé le 08 novembre 2003 des suites d'un cancer du pancréas alors qu'il n'était jamais revenu -à ma connaissance- dans le milieu de la musique, depuis 1981...ce 3ème effort de Riot est encore une fois riche dans les intentions, notamment ce début tonitruant qui voit le groupe enchaîner en moins de 6 minutes, deux de ses meilleurs morceaux : le hit « Swords and Tequila » et la petite bombe donnant son nom à l'album. Un peu plus loin, le speed « Run for your life » n'a rien à leur envier et les intonations vocales de Guy ont du en inspirer plus d'un (à commencer par Dickinson ?).
Si un titre comme « Feel the Same » (composé par Ventura) me paraît anecdotique, c'est tout le contraire de « Altar of King » dont les premières mesures très mélodiques (on pense avoir la première ballade de la carrière de Riot) s'effacent au profit d'une compo tout en dynamisme et dès plus entraînante. Dans un registre plus rock, le solide « No Lies » (autre morceau de Ventura) trouve sa place, à l'image de ces lignes de basse palpitantes.
Dans la foulée de la parution de « Fire Down Under », Guy quitte donc le groupe, remplacé par Rhett Forrester et le line-up restera stable durant 3 ans, le temps pour Riot de sortir ses 4 et 5ème albums, ainsi qu'un premier live 6 titres (1982). Si Rhett était également un bon vocaliste au timbre de voix percutant et plus rugueux que celui de Guy (même si sa prestation sur « Born in America » laisse davantage la place à un chant clair de bonne facture), son comportement scénique a été sujet à quelques critiques à l'époque. Après son départ de Riot, il continua la musique notamment avec Jack Starr (ex-Virgin Steele) et vécu un peu en France. Il fut tristement assassiné le 22 janvier 1994 à la suite d'un carjacking ayant mal tourné à Atlanta...
« Restless Breed » (1982) et « Born in America » (1983) contiennent 10 morceaux pour une durée avoisinant à chaque fois les 40 minutes ; c'est encore au sein du Greene Street Recording Studio que sont enregistrés ces 2 albums, marqués par des riffs un peu plus incisifs en écho au chant justement plus 'couillu'. Les hymnes ne manquent pas à l'appel (« Loanshark », « Wings of Fire », « Heavy metal machine »), Riot a toujours ce côté hard rock accessible et dans le même temps un vrai sens de la composition, à l'image du très bon « Restless Breed » composé par Mark et magnifié par le voix de Rhett. Il faut noter que le 4ème album de Riot est probablement celui dans lequel son membre fondateur s'est le moins 'investi', il est en effet seulement crédité sur 3 des 10 titres (dont 1 reprise de Eric Burdon and the Animals). Mark n'était donc pas vraiment un tyran de la composition et laissait le champ libre -même aux nouveaux musiciens- au moment de proposer de nouvelles idées.
Je trouve que ces albums sont un peu ceux de la 'maturité', les mélodies sont plus raffinées, davantage présentes sans pour autant ramollir les albums.
Si la qualité musicale est là, le succès a du mal à suivre malgré une prestation remarquée au Donington Festival en 1982, la 'faute' aussi à une confusion persistante entre Riot et Quiet Riot, ce dernier qui connaît justement en 1983 un joli succès avec leur reprise de Slade, 'Cum On Feel the Noize'. Qui plus est, Riot soufra clairement d'un manque de soutien de la part des labels de l'époque. Je ne m'étendrai pas sur la période de séparation que connut Riot de 1984 à 1986, durant laquelle Mark forma Narita pendant un bref moment en compagnie de membres de S.A. Slayer, pour de suite évoquer la renaissance du groupe en 1988 avec la sortie du culte et tout simplement excellent « Thundersteel ».
Autour de Mark, le line-up est constitué du bassiste Don Van Stavern (qui a joué dans Narita) compositeur à lui seul de plus de la moitié de cet album, le batteur Mark Edwards (ex-Steeler, ex-Lion) crédité sur 4 titres, les autres étant interprétés par un certain Bobby Jarzombek (Fates Warning, Halford, ex-Juggernaut, etc) et enfin au chant, le boulot est assuré par le talentueux et versatile Tony Moore. Riot prend là un virage plutôt marqué power metal, avec une voix haut perchée, des envolées vocales ahurissantes et tout en maîtrise ; la face A de « Thundersteel » est à mon goût parfaite de bout en bout (soit les 5 premiers titres), un enchaînement d'hymnes de heavy metal aux refrains mémorables, et des riffs qui se démarquent et sur des rythmiques incisives.
La face B est loin d'être mauvaise en particulier le superbe « Bloodstreets » (quelle intro et quels soli un peu plus loin !) et l'épique « Buried Alive (Tell Tale Heart) », je trouve juste un poil plus faible « Run for your Life » (qui n'a rien à voir avec le titre du même nom composé par Riot quelques années plus tôt) malgré encore un enchaînement de solis splendide. Si Tony s'avère performant, que dire des autres musiciens, impeccables dans leurs interprétations, on y ressent par exemple parfaitement toute la richesse du duo basse/batterie travaillant en totale harmonie.
Les années 1990 : Expérimentations et albums conceptuels au programme.
Riot démarre cette décennie avec un line-up stable et surtout un 7ème album qui s'avère être le plus expérimental de sa carrière. Premier élément à souligner, « The Privilege of Power » frise l'heure de musique ! Ensuite et caractéristique importante, Riot a travaillé avec une section de cuivres et pas n'importe laquelle ; celle du groupe culte Tower of Power, épaulée par le duo des Brecker Brothers à la carrière immense. Il en résulte un album de heavy que l'on pourrait qualifier de progressif, contenant de nombreux samples, parfois de longues introductions et abordant des thèmes pas forcément habituel pour Riot : le tueur Jeffrey R. MacDonald sur le 'bien' nommé « Killer » (enrichi de cuivres déchaînés) avec en invité vocal de luxe Joe Lynn Turner, les grosses industries comme Monsanto à l'influence certaine sur le monde, etc.
Intéressant et même passionnant, cet album regorge une fois de plus de compositions palpitantes : « Dance of Death » et ses touches orientales, au demeurant titre ébouriffant limite 'écœurant' avec son déluge de technicité, l'hyper efficace « Storming the Gates of Hell », le solide mid-tempo « Metal Soldiers », le très mélodique et chantant « Runaway », le speed « Black Leather and Glittering Steel » au riffing imparable, doté en plus de quelques variations de tempos bien senties. Histoire de bien nous montrer qu'ils sont de talentueux musiciens, ils reprennent en fin d'album le 'Race With the Devil on a Spanish Highway' d'Al Di Meola...rien que ça !
Pour l'anecdote, le visuel également surprenant pour du Riot a été réalisé par Don Ivan Punchatz artiste de science fiction et fantasy décédé en 2009 au CV conséquent (National Geographic, Playboy, Time, design du package du jeu Doom, etc).
Au rayon des changements de line-up, Van Stavern (basse) quitte le groupe, remplacé par Pete Perez qui resta jusqu'en 2007. Un second guitariste, Mike Flyntz qui avait déjà joué avec Riot à la fin des années 80's est intégré pour de bon. En 1992, Tony Moore n'est plus de la partie, remplacé par Mike DiMeo, peut être bien le chanteur ayant le plus divisé les fans de Riot. Personnellement, il me fait parfois penser à un Russel Allen (Symphony X) croisé à Johnny Gioeli (Axel Rudi Pell), bien qu'il ait commencé avant ces 2 là ; je le trouve bon dans ses capacités, ses lignes de chant manquent cependant un peu de variations et de profondeur (même si le ton est bon). Bref, voilà déjà 3 années que Riot n'a rien sorti et il ne paraît pas aussi simple que ça de produire un album après ces modifications de line-up significatives...et pourtant en 1993 c'est le dénommé « Nightbreaker » qui voit le jour.
Si Mark Reale reprend en partie le contrôle de l'écriture, l'album contient tout de même 2 reprises et une version ré-enregistrée du classique « Outlaw ». Les temps forts se nomment « Soldier » (quel refrain enchanteur), « Nightbreaker » un morceau-titre qui déménage [après la dénommée « In your Eyes » plus posée et pas spécialement marquante]. « Destiny » impose aussi un sacré rythme et si ses chœurs limite hard fm peuvent surprendre, ce titre reste de la bonne petite balle de heavy où les guitaristes brillent particulièrement. Le reste de l'album est correct, un peu plus hard rock que les 2 précédents albums (« Magic Maker », « Medicine Man »). Si je dois faire un petit bilan alors que la moitié de la carrière de Riot est dépassée, sur 8 productions, Riot n'a toujours pas sorti de mauvais album...
Le fait que nous avions tous ces problèmes et changements de line-up, tous ces hauts et bas, c'est que les personnes qui 'géraient' ma carrière me baisaient souvent. Pas seulement en terme d'argent, c'était aussi le fait que ces [sociétés] gars étaient comme des obsédés drogués, ils voulaient être en mesure de tout contrôler. (Mark Reale en 2009, au site Metal-Rules.com)
Après les expérimentations de « The Privilege of Power », la discographie des américains va connaître coup sur coup 2 albums conceptuels : « The Brethren of the Long House » (1995) et « Inishmore » (1998). Le premier dédié à la culture perdue des amérindiens est un très joli album, fort émotionnellement et malgré sa durée là aussi élevée (59 minutes), il s'écoute avec grand plaisir. Entre morceaux incisifs (« Glory Calling », « Wounded Heart »), ceux dans une veine power metal (« Rolling Thunder », la reprise de Gary Moore « Out in the Fields »), un « Blood of the English » bon mid-tempo hard rock, et compositions plus douces et mélodieuses (tel ce « Rain » digne de Rainbow, la ballade folk « Santa Maria » ou la reprise de « Shenandoah », chanson traditionnelle américaine de folk, composée au 19ème siècle), difficile de s'ennuyer...d'autant que le groupe a travaillé avec une petite section orchestrale et à cordes qui sans être omniprésente, renforce certaines atmosphères. Alors certes, cet album rappelle régulièrement le travail de Ritchie Blackmore, je le considère toutefois comme l'un des plus réussis de Riot.
A noter que c'est John Macaluso (ex-Ark, ex-TNT, ex-Yngwie Malmsteen) qui tient la batterie sur un peu plus de la moitié de l'album puisque Bobby Jarzombek joue lui sur 5 des 13 titres (dont l'intro qui est une reprise de la célèbre composition de Trevor Jones, ''The Last of the Mohicans'').
« Inishmore » est quant à lui un album dont les textes sont basés sur des sagas de mythes irlandais et celtiques. Musicalement, on retrouve un Riot en mode power/speed metal à l'efficacité certaine (le single « Angel Eyes », « Liberty ») et finalement en pleine période de révélation de toute la nouvelle scène power européenne, cet album tient bien la comparaison. Il n'intègre pas spécifiquement beaucoup de sonorités folkloriques (si ce n'est sur la toute fin), sent bon les 80's et reste assez classique, dans la forme et le fond (la doublette très dynamique « Kings are Falling »/« The Man » me fait penser au heavy anglais, et j'ai bien l'impression que ces titres sont eux-mêmes une sacrée influence pour toute la scène revival heavy actuelle...). « Inishmore » a une petite pointe de légèreté, je pense en particulier à ce « Watching the Signs » assez guilleret, m'évoquant un Thin Lizzy plus 'moderne'. Globalement, c'est l'un des albums les plus homogènes de Riot, surtout en comparaison avec les 3 précédents ; il m'apparaît sympathique mais tourne un peu en rond par moments (« Cry for the Dying », « Gypsy »).
Un véritable live complet, « Shine On » (1998) paraît chez Metal Blade, tandis que le line-up n'a pas bougé, le 11ème album de Riot nommé « Sons of Society » sort en septembre 1999. Pour la première fois en 10 ans, on a affaire à une production qui ne dépasse les 50 minutes ; je dois avouer trouver cet album un peu moyen, le bagage technique des musiciens nous en met heureusement plein les mirettes comme d'habitude : Perez/Jarzombek forment un tandem hallucinant, Reale/Flyntz ne sont pas en reste pour riffer et jouer des harmonies succulentes, tandis que DiMeo toujours autant impliqué dans le travail de composition se démène bien sur le front vocal (malgré encore des envolées parfois lassantes).
Les morceaux s'enchaînent sans réellement me marquer, si ce n'est l'excellent « Twist of Fate »...la (semi ?) ballade « Cover Me » traîne en longueur, rehaussé d'excellents solis, ce qui fait maigre ; pire, les 5 titres placés après la 'Cover Me' en question sont certes très rythmés, -« Dragon Fire », « The Law », « Time to Bleed » et autre « Somewhere »-, le problème c'est qu'ils se ressemblent un peu trop, en particulier les rythmiques et riffs interchangeables les uns avec les autres. Et les refrains sont pas 'glop' non plus...Léger faux-pas il y a, malheureusement le début des années 2000 confirma cette période plus décevante...
Les années 2000 : Riot s'essouffle.
3 années après un « Sons of Society » disons-le, décevant, Riot ne se relève pas vraiment avec un poussif « Through the Storm », plutôt orienté heavy/hard rock (« Chains (revolving », le très Ozzy Osbourne « Lost inside this World », la cover de UFO, « Only you can rock me »). En soi pas une production mauvaise, mais bien en deçà de ce qu'a pu offrir Riot au cours des précédentes décennies. Musicalement c'est aussi moins attrayant (excepté l'excellent instrumental « Isle of Shadows »), d'autant que Bobby a de nouveau pris ses bagages pour rejoindre le Metal God Rob Halford, en '99...son remplaçant est loin d'être un inconnu sans talent, c'est d'ailleurs un autre Bobby: Rondinelli (ex-Blue Oyster Cult, ex-Black Sabbath, ex-Rainbow, etc). Son jeu est moins démonstratif et plus rock, en accord avec les compositions qui exploitent parfois de bonnes mélodies (le morceau-titre). Personnellement, je commence à de moins en moins supporter les lignes de chant de DiMeo tout du long de « Through the Storm »...
En 2003, Riot enregistre « Army of One », dernier album avec DiMeo et premier avec encore un batteur différent, Bobby Rondinelli ayant quitté le navire ; c'est un certain Frank Gilchriest (Virgin Steele) qui occupe le poste jusqu'en 2007...avant que ce même Frank ne revienne dans Riot l'année dernière ! Mike DiMeo quitte quant à lui le groupe en 2004 pour privilégier le combo retro-rock The Lizards ; s'en suit une période de flottement, puis le recrutement du chanteur Mike Tirelli (de 2005 à 2007) et ce ne fut qu'en juillet 2006 que ce 13ème album vit le jour via le label allemand Metal Heaven. Celui-ci est plutôt orienté hard mélo/fm, et ce n'est peut être pas une pure coïncidence si « Army of One » sonne aussi heavy metal mélodique (avec notamment 1 ballade, « Helpin' Hand » exercice auquel nous a rarement habitué Riot). Plus long que les 2 précédents opus, il n'en reste pas moins que je le trouve plus consistant et varié, avec quelques grands moments au dessus du lot : je pense aux longs « Shine » (titre à tiroirs aux arrangement soignés) et « Alive in the City » ou « Stained Mirror », nouvelle composition instrumentale sublime qui met à l'honneur comme jamais les guitaristes.
2008 est l'année propice pour célébrer les 20 ans de ''Thundersteel'', toutefois les quelques concerts-anniversaires ne se déroulent pas avant l'été 2009 ; Tony Moore, Bobby Jarzombek et Don Van Stavern (rien que ça) sont donc de retour et un 14ème album avec pour line-up Reale/Moore/Van Stavern/Flyntz/Jarzombek est en plan pour fin 2009. Patatras, le 04 décembre 2009 Moore s'en va et plonge Riot dans le silence durant une bonne partie de l'année 2010...
Les années 2010 : Retour et fin.
...jusqu'au 28 septembre jour où le re-retour de Tony Moore (oui oui) est annoncé. Décidément, ces incessants changements de line-up difficiles à suivre ont quand même bien du ébranler Mark et l'entité Riot. Enfin, leur fameux 14ème album, au titre prémonitoire, « Immortal Soul » voit le jour à l'automne 2011, toujours sur le marché japonais en premier et sort en Europe pour Halloween via Steamhammer.
Le titre "Immortal Soul" est une sorte de testament de l'héritage de Riot ; nous ne mourons jamais, peu importe les circonstances. (Mark Reale dans une interview au site powerlinemag, le 08 novembre 2011).
Les problèmes de santé rencontrés par Mark s'étant aggravés depuis plusieurs mois, il dû se contenter d'enregistrer les parties de guitare rythmique, de seulement 4 des 12 morceaux composant l'album. Avec un line-up en or retrouvé porté par cette voix haut perchée très vive, Riot renoue sur « Immortal Soul » avec un excellent power/speed metal racé (« Still your Man », « Wings are for Angels », « Sins of the Father ») ; Mike Flyntz assure brillamment toutes les harmonies de guitares et nous pond des soli magistraux. Cela faisait à mon goût plus de 10 ans que Riot n'avait pas sorti un aussi bon album où toutes les compos présentent un réel intérêt et une créativité réussie. Alors que Riot pouvait légitimement prétendre à une suite de carrière sans remous, où une véritable reconnaissance n'aurait pas été de trop (notamment un peu plus en Europe), le destin en décida autrement il y a maintenant pile 3 ans. Depuis ce jour-là, Riot n'est plus mais son héritage et sa musique resteront pour toujours. Après plusieurs mois de deuil et une prise de recul évidente, les membres restants de Riot décidèrent de continuer l'aventure sous le patronyme Riot V, le chiffre romain signifiant que le vocaliste Todd Michael Hall est la 5ème voix que le groupe ait connu.
2014 voit le nouveau départ de Bobby Jarzombek et la ré-intégration de Frank Gilchriest, tandis que le jeune Nick Lee (ancien étudiant des cours de guitare de Flyntz) a la lourde tâche de ''succéder'' à Mark Reale au poste de guitariste. Fort heureusement, Riot V ne se contente pas de cachetonner en se reposant sur son illustre passé ; bien mieux que cela, il a composé et sorti à l'automne 2014 un « Unleash the Fire » magistral.
Un 15ème album composé par la paire Van Stavern/Flyntz qui rend admirablement hommage à Mark, de par sa qualité, la patte Riot très identifiable (surtout celle des 80's) et un line-up new look qui est parfaitement en place.
Sans doute possible, si un panthéon des musiciens du heavy metal existait, Mark Reale figurerait sur l'un de ces trônes. Je dirais simplement, merci monsieur Reale pour ta musique et que ton héritage perdure encore et encore.
"Durant sa jeunesse, Mark eu un fort intérêt pour le cinéma, les films étaient pour lui une grande passion. Mais c'est lorsqu'il entend quelques chansons à la radio que ses goûts changent. Il a rapidement aimé la musique des Beatles et de Cream.
Ses grandes influences sont George Harrison et Eric Clapton. Quand il avait 7 ans, son grand-père lui a acheté sa première guitare pour de la pratique basique, puis son père lui dégota une nouvelle guitare et un ampli, et sa passion pour la musique démarra pour de bon.
Dans la première moitié des années 70, ses influences incluaient Edgar Winter, Ronnie Montrose et Rick Derringer ; il aimait des artistes allant d'Al Di Meola à Deep Purple. Son style de guitare et sa passion pour l'écriture de morceaux qui racontent des histoires suffisamment profondes et émouvantes pour créer un lien sur la durée, avec les fans de Riot, sont 2 des meilleures facettes de Mark. Les fans se sentaient toujours connectés à lui, car les paroles de Riot étaient très proches de l'histoire de leur propre vie." (propos tenus par Riot V quelques jours après le décès de Mark).
Pour la petite anecdote, une scène du festival espagnol Leyendas Del Rock porte le nom de Mark Reale.
Si RIOT a été la majeure partie de la carrière musicale de Mark, il joua et composa également à la fin des années 1990 et au début des années 2000 au sein de WESTWORLD, groupe de hard mélodique, emmené par le chanteur Tony Harnell (ex-TNT). Ce dernier était un proche de Riot depuis plusieurs années, régulièrement crédité pour les 'backing vocaux' sur albums.
Westworld se composait par ailleurs du bassiste Bruno Ravel (Danger Danger) et du batteur John O. Reilly ; à noter que Mark Wood (claviers & violon) membre fondateur du Trans-Siberian Orchestra a également contribué aux albums de Westworld.
Enfin pour finir, si je devais humblement vous conseiller 5 albums de Riot à écouter, je dirais "Fire Down Under", "Thundersteel", "The Privilege of Power", "Immortal Soul" (ou "Unleash the Fire") et "The Brethren of the Long House".
''Shine on through the darkest night
Your music is eternal
Through your soul has touched the sky
Through your songs you are immortal
You are immortal
Shine On Mark Reale.''