- WACKEN OPEN AIR 2004 par TONTON - 2288 lectures
WOA 2004



Et me voilà de retour dans cette sympathique bourgade qui, chaque année, redevient le théâtre d'une débauche de décibels qui déplace les foules des quatre coins du globe.
Wacken, où les indigènes improvisent dans leurs jardinets des buvettes pour soiffards insatiables.
Wacken, où le dernier lavage des vestes à patchs se décrypte au carbone 14.
Wacken, où le métal prend des allures de pèlerinage quasi religieux.
Wacken, où les allemands, battis comme des percherons, c'est à dire 1,90m à l'encolure, rendent parfois la vision des shows laborieuse.
Wacken qui fête déjà son quinzième anniversaire, d'aucun diront l'âge de raison.
Un festival placé cette année sous le signe du heavy métal pur et dur avec la présence de vieilles pointures du genre : MOTORHEAD, SAXON, DIO, GRAVE DIGGER et WARLOCK. Pas de quoi plonger le bon vieux Tonton dans la béatitude mais ça a au moins le mérite de laisser du temps pour sillonner le Metal Market et le Bier Garten.


Jeudi 5 Août

On attaque les préambules dès le jeudi soir avec la fameuse « Night to remember » et ZODIAC MINDWARP qui a sorti les futals en cuir de la naphtaline pour l'occaz ''. Quand le groupe existait encore, je ne m'y étais jamais intéressé alors vous vous doutez bien que ce n'est pas maintenant qu'ils sont dans la tombe que je vais m'y mettre. Toujours est-il qu'ils ont l'air content d'être de retour sur une aussi grande scène et qu'ils nous délivrent un set rock'n'roll assez sympa. Ça manque peut être d'un tout petit peu de punch par moment mais ça reste néanmoins une mise en bouche correcte avant l'arrivée des choses sérieuses. J'ai nommé MOTORHEAD…

MOTORHEAD !!! ça doit bien faire 14 ans que je ne les ai pas vus sur une scène, depuis un concert à l'Agora d'Evry en 1988. Chacun des sets de Lemmy et sa bande auquel j'ai pu assisté m'a laissé admiratif. Comment peut-on être aussi statique et aussi imposant tout à la fois ? Je me pose toujours la question. Pour revenir à cette chaude soirée d'août, c'est un MOTORHEAD bien décevant que j'ai vu ce soir là. De la flamme, il ne reste plus que des braises. Si MOTORHEAD est encore capable de nous pondre de bons albums, c'est ma plus grosse déception pour ce Wacken 2004. Le pustuleux Lemmy se fait bien vieux et c'est un show sans passion qui s'écoule devant nous. Oh bien sûr, on a droit à quelques standards imparables « Kill By Death », « Orgasmatron », « Overkill », « Ace Of Spades », « No class » et j'en passe mais le frémissement qu'ils arrachent n'a plus rien avoir avec celui d'antan. Faut dire qu'après presque trente années de carrière sans interruption, les plus acharnés finiraient par devenir blasés. Après plus d'une heure de ce régime, c'est le moment très attendu de cette première soirée, l'ultime concert de BÖHSE ONKELZ.



Enfin quand je dis « très attendu », je devrais plutôt dire « très attendu des allemands » car la popularité de ce vieux groupe n'a quasiment jamais transpiré de la limite des frontières germaniques. Faut dire que les textes en teutons ça n'aide pas non plus. Si les débuts du groupes laissaient transparaître des propos parfois agressifs voire même douteux, ils sont devenus au cours de leur carrière une figure importante du métal d'outre-rhin. On sent bien que dès le début du set, il se passe quelque chose. L'émotion est présente, le public chante comme un seul homme sur presque tous les titres et ne tarit pas d'enthousiasme mais les pauvres étrangers que nous sommes restent complètement opaques au phénomène. Il faut avoir du sang tudesque pour « communier » avec ce concert de BÖHSE ONKELZ, ce qui n'est pas mon cas. Imaginez-vous en train d'emmener votre correspondant coréen à un concert pour la reformation de TRUST. Hé bien là, c'est pareil. Ces adieux de BÖHSE ONKELZ sont en allemand et pour les allemands. C'est donc sans verser de larmes que je retourne au Beer Garten pour finir la soirée en écoutant un orchestre traditionnel teuton tout aussi authentique et folklorique. Short en cuir et chapeau tyrolien de rigueur, on a déjà vu plus extrême mais ça a le mérite d'être dépaysant.



Vendredi 6 Août

Cette seconde journée du quinzième Wacken commence par un dilemme. Difficile de faire un choix entre MNEMIC sur la party stage et ORPHANAGE sur la black stage. Je décide donc de regarder la moitié de chacun des sets.
Il fait déjà chaud lorsque MNEMIC entre en scène devant un public relativement matinal. (11h c'est l'aurore pour le métalleux moyen…). Et c'est parti pour une bonne tranche de métal futuriste suédois et un show décapant. MNEMIC mouille la chemise dans tous les sens du terme et nous assène un set parfaitement en place. Il me semble qu'ils joueront d'ailleurs un ou deux titres de l'album qui sort ces jours-ci. Devant la gouache de MNEMIC et le mitraillage de photos que j'en fais, j'en oublie l'heure. Damned ORPHANAGE !



Le temps de courir vers la black stage et j'arrive pour les deux dernières minutes du set des hollandais. Le son est clair, les voix de Georges Oosthoek et de la jolie Rosan Van Der Aa sont desservies par un son limpide. Mais un « thank you Wacken » me fait comprendre que c'est terminé. Snif snif… Je ne me suis pas encore éloigné de la scène que démarre une intro tirée de la BO de Conan. PARAGON est sur le point de monter sur scène pour 45 minutes de true heavy métal. Je me hâte vers la sortie. Les machins de barbares c'est pas mon truc.

Retour une petite heure plus tard pour le set de CATHEDRAL. Bon, autant me faire des amis tout de suite, le groupe de Lee Dorian n'est pas vraiment ce que je préfère en matière de Doom. Et puis la façon de bouger de ce cher Lee est décidément beaucoup trop boogie pour moi. Difficile de se dire qu'on a le premier chanteur de NAPALM DEATH devant soit. C'est clair que le Doom n'est pas exactement une musique scénique mais CATHEDRAL a une vision très rock'n'roll du style. CATHEDRAL nous prodigue une setlist offrant un large panel de sa carrière et termine par « Hopkins » l'incontournable reprise de WITCHFINDER GENERAL.



C'est presque par hasard que je me retrouve dans la wet stage pour le set de l'unique groupe français du festival. ARTEFACT qui ne doit toujours pas en croire sa chance (moi, j'aurais joué au Loto dans le foulée, on ne sait jamais…) a gagné le concours Metallian et va devoir défendre les couleurs de la France. C'est devant un public essentiellement français et plein de visages familiers que les niçois entrent en scène. ARTEFACT donne dans un death/black mélodique assez bien fignolé. Certaines harmonies servies par un excellent soliste ne sont pas sans évoquer les volutes de six cordes de DISSECTION. Le chanteur à une excellente voix mais il semble avoir du mal à prendre possession de la scène. On dirait qu'il n'est pas très à l'aise. Après tout, il y a de quoi être intimidé, ARTEFACT joue au Wacken et, même sur une scène mineure, ce n'est pas une mince affaire en soit. Après avoir lancé des disques dans la foule, ARTEFACT nous quitte. On a indubitablement mieux en France mais personne n'aura a rougir de leur prestation pleine de fraîcheur. A quand la black stage ? ;)



Le temps de courir jusqu'à la black stage et j'arrive pour le show d'ARCH ENEMY. On peut dire que le groupe suédois se contente de piller le terroir de MAIDEN en l'accélérant, ils possèdent néanmoins le sulfureuse Angela, la donzelle la plus sévèrement burnée du métal. Malgré une nature féminine avantageuse, on aurait presque envie de l'appeler Monsieur.
La foule s'est sérieusement intensifiée pour ce concert, visiblement très attendu, et ARCH ENEMY donnera le meilleur de lui-même : tout en mélodies fines et en riffs accrocheurs. La part belle est donnée au dernier album. Pour les titres plus anciens et même si Angela est dotée d'un appendice vocal hors pair, elle ne parvient pas à me faire oublier Johan Liiva qui contribua à donner au groupe ses lettres de noblesse. Reste un set particulièrement énergique littéralement tracté par une chanteuse survoltée.



Le temps d'aller faire un tour et de se rafraîchir la couenne et c'est le tour de MAYHEM qui a sorti le grand jeu des fumigènes, effets pyrotechniques, sans oublier une jolie farandole de têtes de cochons empalées sur scène. Si le dernier concert de MAYHEM m'avait laissé une forte impression, il va en être tout autre pour le Wacken. Comme NILE, MAYHEM est un groupe qui a besoin du confinement d'une salle pour donner son potentiel maximum et installer une aura blasphématoire. Au grand jour, sous un soleil de plomb, MAYHEM perd indiscutablement de sa superbe et devient un groupe grand-guignolesque affublé d'un batteur au son de caisse claire horripilant. Ce ne sont pas les pataugeages de Maniac dans le sang (faut pas jouer avec les couteaux) ou les projections de têtes de porcs qui changeront la donne. Et c'est même la rigolade quand un admirateur taquin commence à lancer des peluches en direction de la scène. Les infernaux norvégiens, aidés du renfort du guitariste de GEHENNA, nous interprètent les classiques du groupe : «Deathcrush », « Carnage », « Grand Declaration Of War », « Pure Fucking Armageddon » ainsi que quelques titres du dernier album « Whore », « Dark Night Of The Soul » et surtout le prodigieux « My Death » qui restera pour ma part l'un des meilleurs moments de leur set. Enfin MAYHEM nous quitte sur les accords d'un « From The Dark Past » instrumental pour l'occasion, Maniac ayant sans doute des points de suture à se faire poser. Décevant pour ma part mais les fans auront-ils le même jugement ?



Après deux heures à disséquer les bacs du Métal Market très décevant cette année, je reviens vers la fournaise de la wet stage. Le soleil commence à décliner légèrement et nous n'avons plus trop le sentiment d'être des merguez serrées sur un grill. C'est le moment de prendre un gros panard avec MISERY INDEX qui avait été massacré par une sono abominable lors de leur venue en France pour le X-mass 2003. A Wacken les conditions seront requises pour que les ex-DYING FETUS nous produisent un set mémorable d'une brutalité inouïe et impeccablement maîtrisé. Le volume sonore est tellement puissant que l'utilisation de mes bonnes vieilles protections auditives devient obligatoire. Au bout de trois quarts d'heure de boucherie, MISERY INDEX quitte la scène avant l'heure. Faut dire qu'une ogive métallique pareille ça vaut son pesant en coup de boules dans les ratiches. C'est encore sous le choc que je rejoins mes compagnons de voyages italiens (ciao a tutti) au Bier Garten.



Pendant que nous refaisons le monde en compagnie de germains au degré d'éthylisme digne du livre des records, les groupes se succèdent au loin sur la scène. DIO que j'avais vu pour la dernière fois en 87 aux Monsters Of Rock de Castle Doningthon accompagne agréablement notre soirée avec des reprises de SABBATH et RAINBOW. Il paraît que Joey De Maio est même venu lui remettre un joli trophée. En revanche, y'a de l'abus pour les deux plombes de WARLOCK/DORO plus tard dans la soirée. Toute cette histoire, nous amène à une heure tardive pour le début du set d'AMON AMARTH.

Les suédois sont sur des planches qui leurs sont familières puisqu'ils étaient déjà de la partie en 2002. Bon, c'est vrai que pour ce coup-ci AMON AMARTH a l'insigne honneur de clore la seconde journée du festival devant un public aussi exténué que massif. Sans complexe, AMON AMARTH va balancer un set magistral dénué d'artifices et sans fioritures. Leur death batailleur sentant le relent des batailles est parfaitement indiqué pour terminer la soirée. Pour fêter ça, Johan Hegg, le chanteur, sort la corne à boire des grandes occas' et se jette un bon godet derrière les oreilles à notre santé. C'est vers les 4 heures du matin que je rejoins mon hôtel (le camping ? A mon âge ? Vous n'y pensez pas ?). Entre coups de soleil et pieds en compote, je déplore déjà que demain soit la dernière journée du Wacken 2004.



Samedi 7 Août

C'est sur les coups de 12h30 que j'arrive sur le site. Il fait déjà chaud, j'ai raté BAL-SAGOTH presque volontairement (désolé) mais je ne raterai pour rien au monde DEATH ANGEL qui vit une seconde jeunesse depuis une paire d'années. Avec le gang californien pas de surprise. La concert du Wacken 2004 confirme leur réputation de brûleurs de planches car DEATH ANGEL en concert ça défouraille du tonnerre. Suivent une pléiade de standards thrashy (vous excuserez ma mémoire de vieillard) savamment envoyés. Le thrash mélodique de DEATH ANGEL n'a rien perdu de sa vigueur et s'est même renforcé par une expérience et une détermination à toute épreuve. Faut-il rappeler que lors des débuts du groupe en 1985, le batteur n'était âgé que de 12 ans.
Mark Osegueda et sa bande de cousins (tous les membres du groupe sont de la même famille) nous aurons encore bien calé dans nos godasses. Un set énorme et un cœur gros comme ça.



Sitôt DEATH ANGEL terminé, il ne faut pas traîner car UNLEASHED se profile sur la black stage. Groupe confirmé de dernière minute, UNLEASHED fête lui-aussi son quinzième anniversaire, alors quoi de plus logique que de les revoir au Wacken deux ans après leur dernier passage. C'est un UNLEASHED monumental qui s'impose devant nous. Fort d'un excellent nouvel album, Johnny Hedlund (qui fut membre du légendaire NIHILIST ) et sa troupe nous rappellent que le death suédois n'a pas fini de nous faire vibrer. UNLEASHED retracera une bonne partie de sa carrière en l'espace d'un set et rendra un hommage vibrant aux musiciens irremplaçables que le métal extrême a perdu lors de ces dernières années : Chuck et Quorthon. Pour cette occasion UNLEASHED nous interprétera une reprise tirée du premier album de DEATH : « Evil Dead » riche de promesses de retrouvailles futures dans le Valhalla (enfin, on n'est pas pressé non plus, hein ?).



Et déjà il faut se diriger à nouveau vers la true stage pour assister au concert d'ANTHRAX. Il n'y a rien de pire qu'un fan déçu et après avoir été un inconditionnel du groupe jusqu'à « State of Euphoria », je les ai totalement délaissés sans leur accorder plus d'intérêt. Cela fait donc près de 15 ans que je n'ai pas vu le groupe sur scène et le voir à nouveau c'est un peu comme retrouver de vieux potes. On ne sait pas si on va avoir des trucs à se dire mais en cette incendiaire journée d'Août, ANTHRAX va avoir beaucoup de choses à nous raconter le temps d'un concert vibrant d'enthousiasme. Pour remplacer avantageusement Franck Bello, parti depuis peu, le groupe a renforcé ses rangs par l'arrivée de Joey Vera (ARMORED SAINT, FATES WARNING) vieux routier de la scène qui ne dénote pas au milieu de ces quadragénaires.
Scott « Not »Ian and co attaquent, pour ma plus grande surprise, par un titre extrait d' « Among The Living » : « N.F.L. » et s'ensuit une alternance de vieux titres période Belladonna et de plus récents période Bush. ''Caught in a mosh'', ''Got the time'', '' Indians'' et j'en passe. C'est vers le cinquième qu'ANTHRAX surprend tous les fans avec sa reprise d'''Antisocial''. Alors que les canicules nous emballent (oui je sais …) des frissons parcourent mon petit corps courtaud. L'émotion est forte, même si je déplore que John Bush ne cite pas le nom du groupe à l'origine de ce titre. Ce maxi panard atteint son paroxysme quand ANTHRAX reprend « Deathriders » extrait du premier album sorti tout juste 20 ans auparavant. Après un dernier titre de « Sound Of White noise », « Only » le groupe quitte la scène sous la chanson de Terence et Philippe (SOUTH PARK) « Uncle Fucker » véritable hymne au bon goût. Et mon pseudo n'a rien à voir avec cette remarque ;)
Même si Bernie nous a manqué c'était un N.F.S. (Nice Fucking Show !!!).




Le marathon continue puisque CANNIBAL CORPSE nous appelle déjà sur la scène voisine pour un set un peu particulier. CANNIBOULE a des problèmes séculaires en Allemagne. Ils ont interdiction de jouer des titres de leurs quatre premiers albums pas plus barbares que les autres pourtant. Le public n'aura de cesse que de réclamer ces titres entre chacun des morceaux proposés par le groupe. Hélas, CANNIBAL ne fera pas le malin et restera dans les limites qui lui sont imposées. Dommage, pour une fois qu'ils avaient l'occasion de me faire bander en faisant un gros fuck off à la censure, j'en suis pour mes frais. Faut dire qu'avec un label allemand derrière, ils ne peuvent pas non plus faire n'importe quoi. Amusant de constater que le remplaçant de Jack Owen, Jeremy Turner est un sosie presque parfait. C'est à se demander s'ils l'ont choisi pour ses capacités musicales ou son physique. Pour le reste, on est dans un set de CANNIBAL CORPSE typique : « vous avez demandé le tabassage d'une heure ne quittez pas… ». Carré, puissant mais indéniablement rasoir à la longue. Je décroche au bout d'une demie-heure de ce régime.

Retour à la true stage qui aurait du être rebaptisée Thrash stage pour cette dernière journée. NEVERMORE est dans les starting-block. Je ne suis pas un expert en la matière et j'ai toujours souffert d'allergie chronique à SANCTURY, groupe où se sont distingués deux des NERVERMORE et tout spécialement le chanteur. Cependant, je ne dédaigne pas une petite dose de leur thrash mélodique particulièrement bien ficelé de temps à autre. A l'occasion du Wacken, NEVERMORE ne sera pas en veine car ils se retrouveront avec un son catastrophique qui fait la part belle à des larsens récurants qui pollueront une bonne partie du set. De quoi chasser les amateurs ce qui fut mon cas.



Le temps qu'une paire de titres devant HYPOCRISY me conforte dans l'idée que je ne serai jamais fan du groupe. Et puis les petits hommes verts, sortis d'X-Files, très peu pour moi.

C'est donc après une pause salvatrice que je retourne dans la fournaise de la Wet stage pour le set de DISBELIEF. C'est vrai que leur dernier album m'avait paru longuet en dépit de quelques excellents titres mais sur une scène, il en est tout autre. Avec une puissance et des rythmiques à la lourdeur digne d'un BOLT THROWER au meilleur de sa forme, les teutons vont faire trembler les tentures de la Wet stage qui n'a rien fait pour mériter ce régime. Le chanteur fait preuve d'un charisme sobre, imposant. Il n'a pas besoin de gesticuler comme un déséquilibré pour que le public soit à genou (et du reste la musique lourde de DISBELIEF ne s'y prête pas). Nous allons en prendre plein la face pendant un set de 45 minutes qui semblera n'en durer que 10. Et dire qu'on m'avait rapporté des commentaires scéniques affligeants du combo germain, il faut croire que de l'eau a passé sous le pont et que ces tares scéniques appartiennent désormais au passé. Une grosse claque !



C'est la curiosité qui me pousse jusqu'à la black stage pour le début du set de CHILDREN OF BODOM que je n'ai jamais vu. Même si je concède volontiers le talent qu'ils peuvent avoir, ils incarnent pour moi une face du métal un peu trop gentillette à mon goût. Ils sont au black métal, ce qu'HELLOWEEN était au thrash des années 80 : un groupe aseptisé pour midinettes en mal de sensations fortes. Je sais, j'y vais fort (faut bien que j'entretienne le mythe : je suis un vieux con, ne l'oubliez pas). Les finnois de C.O.B. attaquent leur set… et je n'en perdrai pas une miette. Difficile de vous dire combien il est douloureux pour moi d'écrire les lignes qui suivent. En des termes moins châtiés : ça me fait mal au cul de le dire mais C.O.B. en concert, c'est une vraie tuerie. Une mise en place carrée pour un métal mélodique qui produit son petit effet et s'insinue dans la moindre de vos synapses pour mieux vous captiver. Une révélation pour ce bon vieux Tonton aux idées décidément trop arrêtées.

Retour au Bier Garten pour un bain de foule avinée où les habitants de la bourgade côtoient des chevelus pour le moins rebutants pour certains. Et pendant qu'un sympathique animateur détourne des reprises métal qu'il accompagne avec un orgue aux sons midi, je prends un repos bien mérité. Des effluves de SAXON caressent mes oreilles, ils étaient quand même là deux ans auparavant. Les orga aurait pu faire un effort pour la tête d'affiche du dernier soir.



Vers minuit moins le quart, je me traîne jusqu'à la Black stage qui va véritablement mériter son nom pour la première fois du festival (non, je n'oublie pas MAYHEM). Je vais à une place de choix pour voir SATYRICON que je n'ai jamais vu. D'autant plus qu'ils doivent se produire avec Nocturno Culto, l'emblématique guitariste chanteur de DARKTHRONE. Ces derniers refusent chaque année l'invitation des organisateurs du festival et leur entêtement a fini par payer puisque la moitié du groupe est enfin là, prêt à faire basculer la foule dans le chaos. C'est une ambiance sombre qui s'abat sur le festival avant même le début de ce show final. Tout le monde retient son souffle, on ne sait pas très bien à quoi s'attendre. Après l'intro de « Dark Medieval Times » qui maintient le suspense, SATYRICON arrive sur scène sous la forme d'une formation de six membres, deux guitaristes, un bassiste et une claviériste de session ayant été recruté pour cette occasion.
C'est aux bruits d'explosions de feu et sous des light show grandioses que démarre un set qui rentrera dans la légende. Les accords de « Walk The Path Of Sorrow » retentissent et la foule est soudain envoûtée par des sonorités d'une noirceur presque palpable. S'ensuivent des titres, tous plus envoûtants les uns que les autres « Night Of The Triumphator », « Angstridden », le somptueux « Filthgrinder », le captivant « Fuel Of Hatred » , « Forhekset », « Repined Bastard Nation », « Hvite Krist Dod ». Chacun des albums de SATYRICON apporte son tribut à ce sabbat infernal. Satyr s'impose comme un front man hypnotique, hurlant comme un damné. Il est impressionnant, il porte le groupe sur ses seules épaules. Certes, il est secondé de main de maître par Frost qui conforte en cette soirée son statut de batteur inégalable par son jeu glacial, chirurgical et au delà des limites.
Satyr fait part au public de son étonnement sur le chemin parcouru par SATYRICON et par le Black Metal en général. Il y a quelques années ils répétaient dans un garage miteux et les voilà aujourd'hui devant plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Au bout d'une heure de set le groupe abandonne la scène. Un silence oppressant s'installe. Tout le monde est conscient que quelque chose de particulier va se produire. Un crucifix inversé s'embrase lentement sur scène. Nocturno Culto arrive enfin. Après 15 années sans concerts, c'est un homme crispé et affublé d'une veste de chasse qui le rend rondouillard qui entre en scène. Les corpse paint sont graves, l'intégralité de ce set est dédiée à la mémoire de Quorthon. Sa mort est encore fraîche dans les esprits. Pour accompagner l'unique membre de DARKTHRONE, Satyr est passé à la guitare. Le black minimaliste des légendaire norvégiens démarre sur un « Kaatharian Life Code ». Nocturno Culto n'est pas à son aise. Son chant est hésitant. Ce n'est pas tous les jours qu'on se retrouve devant un public aussi massif venu saluer les barons du black métal. Puis viennent « The Hordes Of Nebulah », le mythique ''Transilvanian Hunger''. Le chanteur de DARKTHRONE présente les titres de façon maladroite. Il est balourd mais on lui pardonne volontiers. Il est présent et monter sur scène ce soir-là avec aussi peu d'expérience, il faut avoir une solide paire de burnes pour le faire.
Satyr est là pour le soutenir et haranguer la foule. Enfin vient le dernier titre de DARKTHRONE « Under A Funeral Moon ».
Déjà la fin du set se profile, Nocturno Culto prend la place de Satyr à la guitare et c'est parti pour une ultime salve au son d'un « Mother North » qui fait vibrer le public à l'unisson. Il est presque deux heures du matin lorsque SATYRICON abandonne un public hébété et fatigué.

Voilà Wacken 2004 s'est terminé en beauté, vivement 2005 même si les organisateurs devraient varier un peu plus leur programmation. Nous ressortir les mêmes groupes tous les deux ans ça devient voyant, pour ne pas dire lassant. On nous annonçait l'an passé de grands événements pour le quinzième anniversaire et pour ma part je suis un peu resté sur ma faim.
Saluons tout de même les très gros progrès logistiques réalisés cette année après l'ignominie des années passées. Les sanitaires sont restés propres pendant tout le festival, du jamais vu à Wacken. Il y a eu aussi cette excellente initiative de camoin-consigne mettant à disposition des casiers pour objets précieux ou pour vous délester de vos achats au Metal Market pendant les concerts. Comme le bon vin Wacken se bonifie avec les années. On pourrait reprocher à cette énorme machine d'être pervertie par l'argent. Pourtant ce festival reste un événement incontournable de la scène internationale et va sans doute l'être encore longtemps.
SEE YOU IN W.O.A.2005 RAIN OR SHINE !!!



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