En galère de sponsor... publication le : 13/01/2012
Chers amis, le musicien moderne qui a choisi de s'exprimer avec une rage saine dans l'univers du Metal possède pas mal de points communs avec les sportifs. Mais attention : pas David Beckham, ou Sébastien Loeb, et encore moins Tiger Woods, le sportif le mieux payé du monde avec ses 75 millions de dollars aspirés tout autour des fairways du monde pendant la saison 2010-2011. Oui, ça fait cher le birdie, d'autant qu'il a jamais aussi mal joué que cette année. Non, le musicien Metal, c'est plus un véliplanchiste, un pilote de bobsleigh, un champion de badminton ou de tir au pistolet : un mec qui pourra être aussi balèze qu'il le voudra, mais qui aura toujours beaucoup de mal à rentabiliser sa discipline.
Heureusement, dans ce monde mal fait pour les passionnés qui ont commis l'erreur de s'éloigner de la culture mainstream, il existe un système de partenariat pour pratiquer son art en s'affranchissant de certaines contraintes matérielles. On appelle ça le sponsoring, en musique on dit plutôt endorsement. En quoi ça consiste ? C'est pas très compliqué : un mec qui joue beaucoup, devant beaucoup de monde, ou qui joue très bien, ou tout ça à la fois, peut proposer à une marque d'instruments de lui filer un coup de main. Il se retrouve avec un instrument entre les pattes, qu'il trimballe partout, il appose le logo sur tous les supports qui le concernent (livrets, web, affiches de concets, etc...) pour faire de la pub, et tout le monde est content. Belle théorie s'il en est.
Décrocher un deal avec une marque, c'est tout sauf impossible. Dès qu'on sort un peu le nez de son local, qu'on pond un disque et que le groupe assure un minimum, il est raisonnable de commencer à prospecter un peu partout. Beaucoup diront « non », mais il y en aura souvent un, qui trippera la musique du groupe, qui aura besoin de bonnes gueules desséchées pour les placarder dans un catalogue, ou qui sera touché par la démarche et qui trouvera une petite place dans son roster. Du moment que l'artiste a quelque chose d'un peu solide à proposer, il n'y a pas de raison pour qu'il ne trouve pas une marque avec qui faire affaire.
Alors, où est le problème, me direz-vous ? Non parce que, si je vous parle de ça ici, c'est à double dessein. En premier lieu, pousser ceux qui parmi vous y songent sans y croire à franchir le pas de la fameuse « endorser application » (du nom des formulaires en ligne,qu'il faut remplir, et qu'on trouve la plupart du temps sur les sites des marques convoitées). On ne sait jamais, et si vous ne demandez rien à personne, ESP, TAMA, GIBSON, TRACE ELLIOT et consorts ne viendront jamais vous chercher. Mais aussi, je voudrais attirer votre attention sur la nature de ces fameux contrats, qui ne sont que très rarement de vrais endorsements, mais plutôt des deals un peu bâtards, certes utiles, arrangeants, mais pas forcément salvateurs.
Ne rêvons pas, jouer du brutal death et avoir un « full deal », soit un contrat où la marque file du matos gratuitement, c'est une quasi-utopie. Non, Derek Roddy ne paye pas ses cymbales Meinl et non, Trey Azagthoth ne galère pas pendant des mois pour réunir le fric nécessaire à financer ses Ibanez 7 cordes. Par contre, à titre d'exemple, pour que vous saisissiez bien la nuance, Fotis Benardo, le batteur de Septic Flesh (et si y a bien un groupe qui cartonne en ce moment, c'est bien Septic Flesh), il paye la moitié du prix de ses accessoires, notamment de sa double pédale de furieux fabriquée en Pologne par un type de deux mètres de haut, que j'ai croisé, très saoul (lui, pas moi) au Brutal Assault. Par contre, la plupart des mecs un peu connus ont effectivement des deals, mais qui ne leur permettent que d'avoir de substantielles réductions sur le matériel. J'ai pas les noms, mais quand vous les croisez, posez-leur la question, ils vous répondront, ça fait partie de leur rôle de parler de la marque qui les soutient.
Nous en France, on est pas bien lotis. Le Metal n'intéresse pas les marques, ou plutôt les distributeurs. Parce que figurez-vous que chez nous, à moins d'avoir un endorsement complet, c'est pas la maison mère qui sponsorise, mais le distributeur. D'ailleurs, c'est souvent précisé dans la fameuse « application form », ou dans le mail type que le site vous renvoie : « please contact your local distributor ». Des distributeurs qui font ce qu'ils peuvent, mais qui n'ont pas le pouvoir de filer gratuitement des instruments.
Alors, finalement, c'est quoi, un bon deal ? Ben je dirais qu'un bon deal, c'est un arrangement qui permet d'avoir du bon matos pour pas trop cher, du matos avec lequel on se sent bien, et qu'on sera heureux de défendre. Mais le top, c'est de travailler avec des partenaires impliqués, parce que ça change tout. Des mecs attentifs à nos besoins, des gens disponibles, qui répondent au téléphone ou aux mails, qui se démènent pour que la collaboration se passe bien. Et vous savez quoi ? En général, c'est pas dans les grosses boîtes qu'on les trouve, ces mecs-là.
Avant de signer quoi que ce soit, posez-leur la question : « je viens chez vous, je vous file de la thune pour jouer avec vos instruments parce que MEME SI C'EST LA MOITIE DU PRIX ça reste cher (ne perdez jamais ça de vue), qu'est ce que vous pouvez faire pour moi, en dehors d'un beau rabais ? » Y a des mecs qui tueraient père et mère pour économiser 30% sur une Les Paul. Y en a d'autres qui s'en branlent tant qu'ils jouent avec une bonne guitare, mais qui apprécient d'avoir un peu de contact avec les gens qui travaillent avec eux. Chacun est dans son rôle, chacun a une façon bien propre de fonctionner. A nous, musiciens, de se trouver une place dans tout ce bordel, parce qu'on aurait tort de s'en priver. Allez, tous sur photoshop, vous me faites un beau dossier de presse ! Mais c'est pas moi qui relève les copies.
Belle plume, article didactique et éclairant. Du beau boulot. Vite, la suite !
BozKiller Membre enregistré
Posté le: 18/01/2012 à 13h11 - (17)
OK pour la notion de distributeur, notamment pour les marques étrangères. Mais quid des marques françaises? (je pense à Lag ou Vigier pour les guitares par exemple)?
Et en dehors des aspects instruments, on a vu par le passé du sponsoring par des marques de boissons énergisantes. comment ça marche? les artistes gagnent des canettes gratos, ou il y a plus derrière?
adrian smith Membre enregistré
Posté le: 18/01/2012 à 13h23 - (18)
Merci beaucoup pour cet article très instructif.
De mémoire, j'ai également déjà vu des groupes endorsés par des marques de fringues, c'est assez rare mais c'est arrivé.
AnO IP:109.197.105.226 Invité
Posté le: 18/01/2012 à 13h39 - (19)
Je n'aurai pas écrit mieux qu'Ego :)
pamalach Membre enregistré
Posté le: 18/01/2012 à 13h57 - (20)
Vigier il me semble que c'est quand même de la guitare de luxe non ?
Jus de cadavre Membre enregistré
Posté le: 18/01/2012 à 14h23 - (21)
Gojira sont sponsorisé pas mal par des marques de fringues en effet.
Sinon, un truc m'avait bien fait tripper au Hellfest, le patron de la marque de guitare de Coroner (Ran, je crois) était fou, limite au bord des larmes pendant le show de "son" groupe ! Le gars en costard cravate "putain, des come back ça fait toujours plaisir, mais alors eux, c'est un rêve !", j'ai trouvé ça cool !
comedian Invité
Posté le: 18/01/2012 à 14h44 - (22)
Je me permets d'enculer un peu les mouches et relever une erreur : un champion de badminton, pour peu qu'il soit réellement un champion et participe aux tournois asiatiques, gagne très très bien sa vie.
La discipline n'est pas médiatisée en France faute d'athlètes vraiment à la pointe (sauf Pi Hongyan, n° 5 ou 6 mondiale je ne sais plus) mais c'est un sport très important dans le monde.
Dsl pour le HS ! :)
Concernant le sponsor, je m'amuse parfois du comportement de musiciens qui se prétendent tout fièrement "endorsé" par un tel ou un tel et dont ils exhibent le logo jusqu'au slip alors qu'ils ont, dans le meilleur des cas, 10% de remise...
josh IP:90.6.192.52 Invité
Posté le: 18/01/2012 à 15h29 - (23)
@comedian: ouaip je vois ce que tu veux dire mais c'est toujours mieux que rien.
Pour les fringues, j'ai deja été endorsé qd je jouais avec un de mes anciens gpes, une marque evidemment underground qui debutait et qui n'a pas decollé, mais c'etait cool: tshirts et sweats 100% gratos.
Des marques françaises, y en a et c'est plus simpe pour les muzikos français d'avoir un endorsement. Je suis endorsé pro orca par exemple mais c'est vrai que c'est light, 8euros au lieu de 11euros la paire de baguettes. Mais c'est toujours ça.
Des potes sont endorsés custom77, le hic c'est qu'apres ils preferent jouer qd même sur leur gibson, alors se faire endorser pour se faire endorser... Mouais...
grosse bite IP:209.141.61.130 Invité
Posté le: 18/01/2012 à 15h30 - (24)
Moi je suis endorsé par Durex.
ranko IP:86.211.59.163 Invité
Posté le: 18/01/2012 à 15h41 - (25)
Héhé, ouais, désolé pour le badminton, exemple mal choisi. J'aurais pu me planter encore plus avec le cricket. Mais bon, je m'en veux qu'à moitié, cela dit, merci pour l'info. Si je croise un mec doué avec une raquette flexible et un volant, je lui suggère de décoller pour Pékin.
Vigier, c'est vrai que c'est pas des guitares de débutant, et c'est vrai que c'est Français. Mais ça coûte pas plus cher qu'une Gibson ou qu'une Ibanez haut de gamme, on trouve même des modèles à moins de 1000 euros.
Mais en même temps, pour les marques françaises, les gratteux et les bassistes sont mieux lotis que nous, les batteurs. Ils ont Vigier et Lag, déjà, rien qu'avec ces deux marques, y a de quoi faire "Rinkinkin" avec du bon matos. Et c'est plus facile de négocier un contrat avec un mec qui s'appelle Michel Lag qu'avec un Japonais. Je dis ça parce que niveau Batterie, des marques françaises, depuis la disparition de Capelle, y en a plus, à part quelques micro entreprises qui font du matériel custom assez cher (ThinkCustomDrums, par exemple, qui fait des batteries à la carte, hyper belles, à condition d'avoir 3000 euros sur le PEL). Et encore, Capelle, ça faisait bie longtemps que c'était devenu ultra confidentiel.
Après pour les marques de fringues, ça se passe différemment. Gojira par exemple, c'est VOLCOM, leur partenaire. Pour décrocher un deal avec une marque comme ça, faut être assez connu pour être au milieu des mecs qui font les X-Games. Avoir du poids, quoi...
Mais y a d'autres marques, en général franco-françaises, qui font des trucs cools et qui aiment bien bosser avec des artistes. Les derniers en date c'était HYRAW, mais y en a eu d'autres, comme FOLKS, à l'époque. Le plus dur, finalement c'est de les connaître !
Et pour les mecs qui mettent le logo partout alors qu'ils ont 10% de remise...c'est vrai qu'y en a, mais s'ils espèrent avoir un jour 20%, vaut mieux qu'ils jouent le jeu jusqu'au bout !
ranko Membre enregistré
Posté le: 18/01/2012 à 15h51 - (26)
Et j'en ai mare d'avoir la tête de Ralph Wiggum.
comedian Invité
Posté le: 18/01/2012 à 15h55 - (27)
"Et pour les mecs qui mettent le logo partout alors qu'ils ont 10% de remise...c'est vrai qu'y en a, mais s'ils espèrent avoir un jour 20%, vaut mieux qu'ils jouent le jeu jusqu'au bout !. "
==> Oui bien sûr tu as raison mais je parlais du comportement du genre "je me la pète". Il faut avouer qu'on en croise quelques uns...
Corso IP:82.122.169.50 Invité
Posté le: 18/01/2012 à 16h11 - (28)
Maintenant les mecs affichent tous plein de logos des marques qu'ils aiment avant même d'avoir eu la moindre remise juste pour "faire pro". C'est lolesque. Sans parler des nombreux qui ont, comme dit plus haut, 10% de remise chez le détaillant et qui se disent endorsés.
Y'a 15ans on jouait de la musique et on passait moins de temps à vouloir gonfler la grenouille pour qu'elle prenne le volume d'un boeuf. C'était moins inconsistant.
Nikko (TrueDeBaal) IP:62.204.17.3 Invité
Posté le: 18/01/2012 à 16h30 - (29)
Je me rappelle que dans Circoncision, Gargouille (Mathias) avait envoyé des demandes d'endorsement pour le groupe a Haribo, Canigou et Pedigree Pal. Je peux te retrouver les lettres si tu veux ! :)
Nix Membre enregistré
Posté le: 18/01/2012 à 16h32 - (30)
Je joue du gros brutal-death-gore-grind-qui-tache avec solo de marteau piqueur et y'a que Landola qu'a accepter d'me filer un p'tit quelque chose.
Je crois que le prochain album se vendra un rien moins bien :(
Sinon, merci à Ranko d'avoir incrémenter mon vocabulaire.
ranko Membre enregistré
Posté le: 18/01/2012 à 17h05 - (32)
Oh vous savez, les mecs avec plein de logos partout, suffit de les écouter jouer...si c'est vraiment des zéros, en général, c'est qu'ils ont trouvé leurs stickers dans le carton de leur ampli, et que donc ils l'ont acheté. Sont pas fous, les mecs qui s'occupent des relations artistes, y filent pas non plus du matos à tout le monde.
Fred / INHUMATE Membre enregistré
Posté le: 18/01/2012 à 18h06 - (33)
Payer, même peu, pour faire de la pub c'est très bien vu de la part des marques !
INHUMATE ne se fera jamais endorser ni en*** par ces pompes à fric !
Flo Destinity IP:93.2.238.87 Invité
Posté le: 18/01/2012 à 20h29 - (34)
@BozKiller : pour les boissons énergisantes, nous sommes endossé chez Monster et nous bénéficions ponctuellement d'une aide financière lorsque nous leur présentons des projets sérieux et finalisés, c'est donc intéressant pour nous d'autant plus que les personnes qui travaillent là bas sont pro et s’intéressent à ce que tu proposes
pour les instru, je crois que Ranko à tout dit
@fred inhumate : Pourtant un endossement chez Sennheiser pour votre chanteur lui coûterait y moins cher, lol :)
(ou hansaplast même quand ca pisse trop le sang)
christ Membre enregistré
Posté le: 19/01/2012 à 14h01 - (35)
Pour les marques de batterie française, il ne reste plus que quelques luthiers, c'est vrai, mais dans le lot tu as ArtCustomDrum qui n'est pas si cher que ça finalement..mais comme la plupart, ne propose du sponsoring (vraiment interrssant) qu'aux Artistes vraiment connus et qui vont donc lui apporter de la visibilité !
thrash elliott IP:79.89.6.8 Invité
Posté le: 20/01/2012 à 00h21 - (36)
bon maintenant passer son temps à chercher des sponsors, jouer au commercial plutôt que de composer des bons morceaux, c'est pas très punk (à mince c'est Metal ici, désolé ;)
@fred inhumate : C'est le public d'INHUMATE qui devrait se faire endorser par Arnica ;)
ranko Membre enregistré
Posté le: 20/01/2012 à 12h02 - (37)
Bah, y faut pas trop se poser de questions...le seul truc qui est sûr et certain, c'est qu'il faut commencer par faire de la musique. La meilleure possible, et un tant soit peu personnelle. Les clones et les trucs à la pointe de la mode, ça dure jamais bien longtemps. Mais on y reviendra, à ça. Un jour je vous parlerai des groupes qui font des t-shirts avant leur première répète. Sont pas endorsés, ceux-là...
metalex IP:83.113.126.5 Invité
Posté le: 03/02/2012 à 11h45 - (89)
Ben Hongyan Pi, c'est ma belle soeur (qui est endorsée par toutes les marques de sport du monde)
Comment ça on s'en fout?
publication le : 13/01/2012

Chers amis, le musicien moderne qui a choisi de s'exprimer avec une rage saine dans l'univers du Metal possède pas mal de points communs avec les sportifs. Mais attention : pas David Beckham, ou Sébastien Loeb, et encore moins Tiger Woods, le sportif le mieux payé du monde avec ses 75 millions de dollars aspirés tout autour des fairways du monde pendant la saison 2010-2011. Oui, ça fait cher le birdie, d'autant qu'il a jamais aussi mal joué que cette année. Non, le musicien Metal, c'est plus un véliplanchiste, un pilote de bobsleigh, un champion de badminton ou de tir au pistolet : un mec qui pourra être aussi balèze qu'il le voudra, mais qui aura toujours beaucoup de mal à rentabiliser sa discipline.Heureusement, dans ce monde mal fait pour les passionnés qui ont commis l'erreur de s'éloigner de la culture mainstream, il existe un système de partenariat pour pratiquer son art en s'affranchissant de certaines contraintes matérielles. On appelle ça le sponsoring, en musique on dit plutôt endorsement. En quoi ça consiste ? C'est pas très compliqué : un mec qui joue beaucoup, devant beaucoup de monde, ou qui joue très bien, ou tout ça à la fois, peut proposer à une marque d'instruments de lui filer un coup de main. Il se retrouve avec un instrument entre les pattes, qu'il trimballe partout, il appose le logo sur tous les supports qui le concernent (livrets, web, affiches de concets, etc...) pour faire de la pub, et tout le monde est content. Belle théorie s'il en est.
Décrocher un deal avec une marque, c'est tout sauf impossible. Dès qu'on sort un peu le nez de son local, qu'on pond un disque et que le groupe assure un minimum, il est raisonnable de commencer à prospecter un peu partout. Beaucoup diront « non », mais il y en aura souvent un, qui trippera la musique du groupe, qui aura besoin de bonnes gueules desséchées pour les placarder dans un catalogue, ou qui sera touché par la démarche et qui trouvera une petite place dans son roster. Du moment que l'artiste a quelque chose d'un peu solide à proposer, il n'y a pas de raison pour qu'il ne trouve pas une marque avec qui faire affaire.
Alors, où est le problème, me direz-vous ? Non parce que, si je vous parle de ça ici, c'est à double dessein. En premier lieu, pousser ceux qui parmi vous y songent sans y croire à franchir le pas de la fameuse « endorser application » (du nom des formulaires en ligne,qu'il faut remplir, et qu'on trouve la plupart du temps sur les sites des marques convoitées). On ne sait jamais, et si vous ne demandez rien à personne, ESP, TAMA, GIBSON, TRACE ELLIOT et consorts ne viendront jamais vous chercher. Mais aussi, je voudrais attirer votre attention sur la nature de ces fameux contrats, qui ne sont que très rarement de vrais endorsements, mais plutôt des deals un peu bâtards, certes utiles, arrangeants, mais pas forcément salvateurs.
Ne rêvons pas, jouer du brutal death et avoir un « full deal », soit un contrat où la marque file du matos gratuitement, c'est une quasi-utopie. Non, Derek Roddy ne paye pas ses cymbales Meinl et non, Trey Azagthoth ne galère pas pendant des mois pour réunir le fric nécessaire à financer ses Ibanez 7 cordes. Par contre, à titre d'exemple, pour que vous saisissiez bien la nuance, Fotis Benardo, le batteur de Septic Flesh (et si y a bien un groupe qui cartonne en ce moment, c'est bien Septic Flesh), il paye la moitié du prix de ses accessoires, notamment de sa double pédale de furieux fabriquée en Pologne par un type de deux mètres de haut, que j'ai croisé, très saoul (lui, pas moi) au Brutal Assault. Par contre, la plupart des mecs un peu connus ont effectivement des deals, mais qui ne leur permettent que d'avoir de substantielles réductions sur le matériel. J'ai pas les noms, mais quand vous les croisez, posez-leur la question, ils vous répondront, ça fait partie de leur rôle de parler de la marque qui les soutient.
Nous en France, on est pas bien lotis. Le Metal n'intéresse pas les marques, ou plutôt les distributeurs. Parce que figurez-vous que chez nous, à moins d'avoir un endorsement complet, c'est pas la maison mère qui sponsorise, mais le distributeur. D'ailleurs, c'est souvent précisé dans la fameuse « application form », ou dans le mail type que le site vous renvoie : « please contact your local distributor ». Des distributeurs qui font ce qu'ils peuvent, mais qui n'ont pas le pouvoir de filer gratuitement des instruments.
Alors, finalement, c'est quoi, un bon deal ? Ben je dirais qu'un bon deal, c'est un arrangement qui permet d'avoir du bon matos pour pas trop cher, du matos avec lequel on se sent bien, et qu'on sera heureux de défendre. Mais le top, c'est de travailler avec des partenaires impliqués, parce que ça change tout. Des mecs attentifs à nos besoins, des gens disponibles, qui répondent au téléphone ou aux mails, qui se démènent pour que la collaboration se passe bien. Et vous savez quoi ? En général, c'est pas dans les grosses boîtes qu'on les trouve, ces mecs-là.
Avant de signer quoi que ce soit, posez-leur la question : « je viens chez vous, je vous file de la thune pour jouer avec vos instruments parce que MEME SI C'EST LA MOITIE DU PRIX ça reste cher (ne perdez jamais ça de vue), qu'est ce que vous pouvez faire pour moi, en dehors d'un beau rabais ? » Y a des mecs qui tueraient père et mère pour économiser 30% sur une Les Paul. Y en a d'autres qui s'en branlent tant qu'ils jouent avec une bonne guitare, mais qui apprécient d'avoir un peu de contact avec les gens qui travaillent avec eux. Chacun est dans son rôle, chacun a une façon bien propre de fonctionner. A nous, musiciens, de se trouver une place dans tout ce bordel, parce qu'on aurait tort de s'en priver. Allez, tous sur photoshop, vous me faites un beau dossier de presse ! Mais c'est pas moi qui relève les copies.