Je publie le "droit de réponse" d'un catho fait suite à la polémique sur les SS de Kiss :

HellFest : le règne du relativisme

25 mars 2010 → Réagir

MON Dieu, que de réactions ! L’un de nos rédacteurs – Chrétienté Info est un AGRÉGATEUR DE BLOGS catholiques, rappelons-le – pas du tout au fait de son sujet, a écrit quelques lignes sur le logo de Kiss, rappelant que la graphie des lettres SS rappelaient étrangement un autre type de SS… S’agissant du groupe Kiss, l’un des acteurs majeurs de la scène musicale de ces dernières décennies, ce n’était pas fin, c’était même totalement inculte. Dont acte. On n’en voudra pas à UN rédacteur sur tous ceux qui écrivent pour nous.

En revanche, les réactions des métalleux sont absolument stupéfiantes et en disent long sur le relativisme rampant et la schizophrénie ambiante, en France en 2010. En gros, le discours tenu est : » – Oui, certes, les paroles sont violentes, mais enfin, ce n’est que de la musique, rien à voir avec la réalité, et puis, on n’égorge personne encore. » Et de nous citer tel ou tel « chanteur », « bon chrétien », « catholique », ou que sais-je encore. Le problème – qui n’est bien sûr pas limité au monde du Métal – est que les mots ont un sens, un signifiant, une valeur.

Lorsqu’un clown vocifère sur scène qu’il faut violer les nonnes et égorger les prêtres – ou autres immondices du même acabit – personne n’est assez idiot pour imaginer que les spectateurs, la panse gorgée de bière et les intestins repus de hot-dogs – vont se diriger en masse vers l’église la plus proche et pendre haut et court tout ce qui porte une crucifix autour du cou. Ça, c’est arrivé, en France, mais ce ne sont pas les métalleux qui l’ont fait, c’est la République. On se souvient avec horreur des « Noyades de Nantes« , par exemple, ou des « Mariages républicains » (Les Bleus mettaient face à face un homme et une femme – souvent un prêtre et une Sœur – les ligotaient et les noyaient ainsi liés). Il se trouve que ces événements ont bien eu lieu, et que nous attendons toujours que la République veuille bien demander pardon de s’être fondée sur le sang de Français.

Personne n’imagine donc en effet que le métalleux moyen va égorger des prêtres (encore lui faudrait-il en trouver un, ils se font rares, en France…). En revanche, considérer que « ce n’est que de la musique », et que « les mots ne sont que de la provocation », en imaginant qu’on puisse séparer ce qu’on dit, crie, hurle, de ce que l’on PENSE, cela s’appelle de la schizophrénie. Pour un chrétien, une personne est entière. Elle est AUTANT ce qu’elle dit, ce qu’elle pense, ce qu’elle véhicule, que ce qu’elle FAIT. Autant.

Alors on nous rétorque : mais enfin pour qui vous prenez-vous ? Et la liberté ? Certes. Tout un chacun a toute liberté d’aller faire ce qu’il veut dans ce domaine, du simple folklore jusqu’à la damnation éternelle si ça l’amuse. Mais pardonnez-nous d’avoir aussi la liberté d’alerter, d’élever modestement la voix pour VOUS dire, à VOUS : « Faites attention, êtes-vous sûrs de véhiculer des valeurs dans lesquelles, finalement, vous vous reconnaissez ? Êtes-vous sûr de souhaiter que vos enfants soient bercés toute leur jeunesse de noirceur (même commerciale), de darkness et de tout le « folklore » qui tourne autour ?« . Nous laissez-vous la liberté de vous poser cette question là ?

Un très bon exemple de ce problème est Marilyn Manson. Ces mélodies sont immenses, sa production est magnifique, et c’est sans conteste le plus génial musicalement des représentants de la scène « dark » internationale. La talent permet-il tout ? J’ai des enfants. Lorsque ma fille s’est entichée de Manson, elle a été très surprise que je lui dise à quel point je trouvais sa musique excellente. Elle a été surprise que j’aie plus de titres de MM dans mon iTunes qu’elle n’en avait elle-même. Mais elle a du coup été très réceptive lorsque j’ai expliqué qu’il fallait dissocier la musique de ce qui était véhiculé, et que l’intelligence, c’était de faire très attention aux paroles, parce que ce qu’on DIT – ou ce qu’on chante – on le dit et on le chante pour de bon, pour de vrai. Nous sommes UNE SEULE personne, chacun de nous.

La foi catholique a beaucoup de particularités. Par exemple, nos attachons un poids énorme aux mots, puisque nos sacrements passent par les mots. N’importe qui – même pas baptisé – s’il a à sa disposition de l’eau courante et qu’il « veut faire ce que l’Eglise veut faire », peut baptiser quelqu’un, simplement en disant – et en signifiant – les mots adéquats. Autre exemple : le mariage catholique n’est pas un sacrément donné par le prêtre, mais il est échangé par les deux époux, lorsqu’ils disent « je le veux ». Les mots. Les mots ont un sens.

Dans une époque troublée comme la nôtre, alors qu’on condamne un journaliste pour avoir dit une simple vérité qui saute aux yeux, alors que les politiques utilisent des mots qu’ils vident de leur sens, nous devons, chrétiens, nous positionner avec force pour rappeler que les choses ont un SENS. Le Mariage, c’est un homme et une femme. L’avortement, c’est un meurtre. Et Hell, ça veut dire « enfer », ce qui signifie choix conscient et libre de vivre contre Dieu.

Pardonnez-nous de ne pas être d’accord.

Bon festival.

Paul Lorilloux,
Chrétienté Info.