Boudu, qu’il a été long à venir ce 6e album! Je vous passe les détails des soucis accumulés par les Allemands depuis 4 ans ; ils auraient sans aucuns doutes refroidis l’ardeur d’un grand nombres de formations. Mais, VDP est un groupe majeur au sens adulte et a de la ressource. Ce dont on se réjouit, bien évidemment. Ajoutée à la parenthèse Abydos, si l’on doit tirer leçon de cette période d’adversité, c’est tout bénéfice pour le groupe. Surtout après le très mitigé Beyond Daylight dont on peut dire aujourd’hui qu’il s’agissait d’un album de transition.
Car VDP a accouché, certes dans la douleur, d’un très grand album de métal progressif et en tout cas, du meilleur de sa discographie. Je vous le dit tout de suite comme ça les inquiets peuvent immédiatement être rassurés. Je serais même aller jusqu’à lui prédire une place certainement tout en haut du hit parade de fin d’année, mais depuis, j’ai écouté une autre formation teutonne : SYLVAN. Et mon choix a basculé en faveur de ces derniers. Un groupe et un album -Posthumous Silence - dont je vous reparlerai bientôt. Oh, ça a tenu à pas grand chose, mais comme on dit, le diable se cache souvent dans les détails…
Ceci dit, revenons à notre sujet du jour. Première et agréable constatation, VDP se révèle comme l’anti D.THEATER. Non pas que les protagonistes soient des manchots ou des amateurs adeptes de simplicité, mais leur musique est tout sauf de la démonstration gratuite. Et pourtant, quelle facilité et quelle classe dans l’exécution. Attention, il n’est pas question de faire le procès des Américains. Il ne s’agit pas non plus de déclencher une guerre stérile ni d’opposer les 2 ténors de la scène métal prog. Mais plutôt de les différencier pour mieux en apprécier les qualités et surtout les particularités. Si, depuis Octavarium, DT confine sa musique à un métal prog d’obédience technico symphonique, auxquels s’ajoutent quelques imperfections bien américaines sur lesquelles je ne reviendrais pas, VDP fait montre d’une puissance et d’une sobriété tout européenne et exemplaire. Ce qui fait de Christ’O un ensemble très homogène et quasi parfait. Même si j’avoue une préférence pour January Sun, la pièce héroïque de l’album (10’) qui permet au groupe de s’exprimer largement, tous les titres sont mémorables, y compris le bonus Gethsemane, pièce rapportée qui n’a rien à voir avec le concept Christ’O (je vous épargne le pitch tant il est archi connu) et tirée de la comédie musicale orchestrée par Kuntz.
Sur le plan individuel, toutes les interventions des solistes sont d’un à propos saisissant. Stephen Lill est époustouflant sans en faire des tonnes. Et ce riff ! Les claviers enfin à leur juste place en particulier. Sur Whish You Were Here, Wernö se paie même le luxe de rivaliser avec Rudess. A ce sujet, un autre titre, Silently, démarre comme du DT. Piano, puis gros riffs saccadés et chevauchée ronflante de toute la section rythmique avant de calmer à nouveau le jeu. Petit clin d’œil bien involontaire aux « amis » américains ou pas, peu importe. Ce qui peu paraître contradictoire avec ce que je vous ai dit plus haut mais il n’en est rien. Ou alors, cela reviendrait à dire que VDP à sorti le grand album que DT a ébauché avec Octavarium. Un pas que je ne franchirai pas, vous vous en doutez, DT ayant déjà donné dans l’album référence.
Autre qualité de l’objet, le côté épique qui renforce une cohésion jamais contrariée. Et de ce point de vue, Christ’O a le souffle qui manque à Octavarium.
Au chapitre des mélodies, elles marqueront votre esprit même longtemps après l’écoute. A cause ou grâce à l’utilisation de chœurs grandioses, nouveauté bien agréablement surprenante chez les Allemands. Les ballades Lost In Silence mais surtout la musclée Fireroses Danse supplantent les dernières prod de DT. Emotion, justesse, il ne manque rien pour nous faire fondre de plaisir.
Car le véritable point fort du groupe c’est le chant d’Andy Kuntz. Dans le registre voix haut perché, il se montre très supérieur à Labrie et enterre également nombres de performers du genre. Imaginez sa prestation chez DT ! Non, oubliez ça, je ne veux même pas y penser. Ce serait reléguer ses comparses au rôle de faire valoir, et là franchement, quelle injustice. L’âme de VDP c’est Kuntz bien sûr mais pas uniquement. Non, qu’Andy reste où il est et continue de nous pondre avec ses acolytes de pareilles merveilles. On ne leur en demande pas davantage.


Rédigé par : Karadok | 19/20 | Nb de lectures : 15163