Mine de rien, les Parisiens de The ARRS ont, au fil des années, réussi à s’imposer peu à peu comme l’un des groupes phares de la scène HxC/Metal en France. Leur Metal teinté de Hard Core et arrosé de Thrash et de Death est, certes, relativement classique dans sa forme, mais ô combien percutant et réussi. 11 ans après leur formation, les voici donc qui déboulent avec un 3ème opus, 2 ans après le très bon ‘Trinité’. Oui, très bon, je persiste et je signe ; la subjectivité est parfois de mise, n’en déplaise à certains.
Forts de leur récente signature avec l’un des labels majeurs en France, Season Of Mist, les ARRS entendent bien étendre et accentuer un peu plus leur domination sur la scène française et, pourquoi pas, européenne. Mais pour cela, encore faut-il assurer sur CD...

Et sur ce point, tout n’est pas parfait... Autant commencer par, à mon sens, le principal défaut de cet opus : les refrains. Trop mielleux, trop chantés et pas assez hurlés, ils sont pour moi la réelle déception de ce ‘Héros|Assassin’. ‘Trinité’ disposait de 2 ou 3 passages de ce style, où Nico délaissant sporadiquement ses hurlements pour quelques incartades du côté du chant clair, mais, noyées au milieu des cris éraillés, cela passait tout seul. Malheureusement, sur ‘Héros|Assassin’, quasiment tous les titres possèdent ce type de refrains typés ‘MetalCore US’. Certes, cela s’intègre relativement bien dans l’ensemble, mais ces interventions trop clichées cassent le rythme effréné des compos et ramollissent l’album. Un comble quand on pratique un style aussi dynamique et headbanguant que le HxC/Metal !
De plus, je trouve que le timbre de Nico ne se prête pas vraiment à ces refrains chantés, rendant ces derniers peu convaincants, alors que parallèlement ses hurlements criards sont réellement plus puissants.
Seule ‘Sacrifice’ tire son épingle du jeu, car ce titre est bâti sur une rythmique énergique, et le refrain, bien que chanté, s’intègre sans soucis dans la dynamique globale. Malheureusement, il n’en est pas de même pour tous les titres... Et ‘Sombre Univers’ ne me fera pas dire le contraire, tant cette composition met en avant la banalité de composition et surtout la niaiserie du refrain.

Mais une fois passé cet écueil des refrains sans saveur, force est de constater que The ARRS est en forme. Même si les influences typiquement HxC des débuts s’estompent peu à peu, elles subsistent tout de même au travers d’accélérations dévastatrices et de breaks lourds et vigoureux. La puissance de The ARRS est bien présente, et le groupe envoie la sauce tout au long de l’album, la section rythmique assurée par Toki à la batterie jouant son rôle de métronome à la perfection et donnant envie de se déboiter les cervicales avec conviction.
On ressent également une certaine envie d’évolution, que ce soit au travers d’intros/interludes mélodieux, de riffs plus mélodiques ou de certains tempos plus lents, illustrant une plus grande diversité.

Sur la majeure partie des titres, l’efficacité et la rage prédominent tout de même, les mid-tempos groovy ponctués d’hurlements éraillés côtoient les accélérations headbanguantes à souhait. Comme sur l’un des tout meilleurs titres, ‘Nihil Est In Homine’, typiquement HxC/Metal et bien hargneux, ou encore sur ‘Seul contre tous’, excellent titre très prenant et son accélération terrible à 1:50. Pas toujours très recherchés ou variés, les riffs n’en restent pas moins extrêmement efficaces.
Le groupe souffle donc le chaud et le froid sur ‘Héros|Assassin’, capable du meilleur comme du banal, antagonisme parfaitement illustré par le titre ‘Ma Miséricorde’, donc le début et le couplet, dévastateurs et puissants, sont anéantis par la mollesse du refrain.

Pour capter tous ces décibels, The ARRS est retourné voir son gourou du son, Francis Castes, dans son Studio Sainte Marthe. Il en résulte une production puissante et claire, bien qu’impersonnelle et froide. Mais cela ne me dérange pas, le style pratiqué par les Français ayant besoin d’un son compact et carré pour ressentir pleinement la puissance des uppercuts.
Un aparté sur les textes, qui, toujours braillés en français, se révèlent indubitablement moins pauvres que la plupart des paroles des groupes analogues anglophones. Hormis sur quelques refrains, le groupe assume et revendique sa nationalité, et loin de paraître niais, ces paroles hurlées avec conviction restent l’un des points fort de The ARRS.

Au final, c’est donc une impression de gâchis qui prédomine, bien que la qualité et l’efficacité de cet album soient incontestables. La faute à ces refrains trop Metal Core et pas assez couillus, cassant le rythme ultra-efficace et imparable des couplets et accélérations. Dommage, mais pas répulsif pour autant. Car la hargne et la puissance des compos font mouche presqu’à tous les coups. Mais déception légitime tout de même, tant on imagine à quel point cet album aurait pu être monstrueux sans ces chants clairs...

Les fans de ‘Trinité’ accrocheront peut-être plus facilement que ceux découvrant le groupe ; quant aux détracteurs, ils trouveront toujours de quoi alimenter leurs quolibets.
En évolution perpétuelle depuis sa formation, The Alien's Right Respect Sect a pris des risques sur ce troisième opus. L’avenir nous dira s’ils ont fait le bon choix.




Rédigé par : ..::Ju::.. | 14/20 | Nb de lectures : 12596