Ils ont "post rock/post hardcore" marqué au Stabilo indélébile sur le front, ils débarquent de Suède, et ils viennent peut-être bien de sortir ce qui aura été la perle du genre de l'an de grâce 2008 avec pour concept le récit d'une patiente en hôpital psychiatrique. Non non, y'a pas méprise, je peux pas parler de Cult Of Luna, puisque, relis bien la phrase précédente, y'a écrit "PERLE DU GENRE". Cappicce? Bref...

Bénéficiant d'un mini-buzz malgré leurs seulement 700 meilleurs-amis-de-la-vie sur myspace, les gaziers cultivent leur part de mystère pour émoustiller le postcoreux en mal de nouvelles sensations. Evoquant un Breach qui serait allé co-louer un caveau avec Sigur Ros, ou encore un Devil Sold His Soul dessapé de ses oripeaux emoïsants, le groupe au patronyme 84758 fois moins classe que sa musique vient déverser sa brouetée de terre sur les suiveurs de la sainte trinité Cult Of Neurisisienne. Tâche aussi lourde que cette basse funéraire, vous en conviendrez, mais c'est sans compter sur ce spleen omniprésent qui hante cet album, et surtout de par l'utilisation intensive de dialogues hospitaliers (suédois LV2 requis) au détriment du chant, clair ou hurlé, toujours convaincant et convaincu.

Morceaux à la durée aussi aléatoire que la longueur des titres, ambiances boréales pour léthargiques, cocon cotonneux pour comateux. Incontestablement dans le haut du panier de ce créneau stylistique aussi bouché que des chiottes de festival, même si les réminescences Breachiennes (sucé jusqu'à la poële sur l'intro d'"Empty") et le chant clair trop typé Sigur pour tout Roxer viennent empêcher Suffocate For Fuck Sake d'égaler la performance de Mare dans mon frisson-O-meter. Reste qu'en ayant gavé l'album de passages rafraîchissants et marquants (l'intro d'"A Japanese Flag", le frissonnant basculement guitare/voix de "We Are Driving Through Darkness"), les Suédois évitent le sempiternel piège de la chanson livrée en kit "arpèges cristallins/libération de la masse sonique/ZzzzzZzzZzzzz".

S'il est coutumier de reconnaître à n'importe quel nouveau groupe du genre que c'est "bien foutu" et que sa personnalité devrait "s'affiner au fil du temps", il est déjà plus difficile de faire passer de l'émotion à des oreilles rôdées, donc chapeau bas. Le disque idéal après avoir gobé une boîte de Prozac et t'être enquillé deux fioles de vodka, pour le moment où tu te feras larguer comme la dernière des merdes en brumaire. Enjoy!


Rédigé par : Crown_Me | 15,5/20 | Nb de lectures : 16125