NOCTE OBDUCTA - Verderbnis - Der Schnitter Kratzt An Jeder Tür (MDD) - 19/01/2012 @ 08h03
Un automne dans le Black Atmo allemand (3/4) : Le retour des Maîtres

Et l’épopée au sein des groupes allemands de Black quelque peu atmosphérique se poursuit. Après la découverte FYRNASK et le controversé second album de FARSOT, abordons ici un groupe d’un autre calibre. Vous le savez, je suis un grand fan de NOCTE OBDUCTA, que je ne manque pas de citer dans toutes mes chros traitant de Black Atmo allemand. Le célèbre groupe de Mayence a pourtant, à mon sens, été souvent sous-estimé. Je vais donc m’autoriser un petit retour sur la carrière d’un groupe que je qualifierais de cultissime…

NOCTE OBDUCTA est formé en 1995, d’abord sous le nom DESIHRA (nom qui sera réutilisé par la suite pour des titres de morceaux). Après une unique démo cassette en 1998 (...Doch Lächeln Die Blutleeren Lippen / Begräbnisvermählung), le groupe démarre sérieusement l’année suivante avec Lethe - Gottverreckte Finsternis. NOCTE OBDUCTA était à l’époque un groupe de Black presque avant-gardiste, très personnel dans son approche des structures et des ambiances, pas facile à aborder mais plutôt jubilatoire. Particulièrement prolifique (une sortie par an entre 1999 et 2005), le groupe allemand au line-up variable mais toujours articulé autour de Marcel « Traumschänder » Breuer, Matthias « Matze » Rodig et Torsten « Der Unhold » Hirsch (qui s’éloignera du groupe lorsque son autre projet AGRYPNIE prendra de l’importance, mais il est toujours invité sur les albums), enchaînera les sorties et montrera une évolution bluffante et des changements de directions étonnants. Après Taverne - In Schatten Schäbiger Spelunken (2000), album dans la lignée de Lethe en un poil plus atmosphérique, le groupe sortira son Transilvanian Hunger avec Schwarzmetall - Ein Primitives Zwischenspiel (2001), un opus très Black mais toujours avec la patte caractéristique du groupe. Mais la suite de la carrière de NOCTE OBDUCTA prendra une direction nettement plus atmosphérique et mélodique, avec une progression très marquée. Galgendämmerung - Von Nebel, Blut Und Totgeburten (2002) et l’EP Stille - Das Nagende Schweigen (2003) feront office de transition pour nous amener à l’excellent dyptique Nektar (Zwölf Monde, Eine Hand Voll Träume en 2004 et Seen, Flüsse, Tagebücher en 2005). Et l’évolution atteindra son paroxysme sur Sequenzen Einder Wanderung, un album épuré, radicalement atmosphérique et purement fantastique, sorti en 2008 dans des conditions bizarres alors que tout le monde croyait le groupe mort et enterré. Croyance confirmée par la sortie de l’album 50 Sommer - 50 Winter de DINNER AUF URANOS, vrai-faux side-project encore plus atmosphérique et « Rock » que ne l’était Sequenzen Einer Wanderung. Si l’on pouvait penser que NOCTE OBDUCTA avait cessé ses activités et que leurs ex-membres ne feraient plus de Black-Metal, le maintien du site officiel assez énigmatique laissait planer le doute…

Et courant 2011, l’info circulera sur des forums allemands : NOCTE OBDUCTA est bel et bien de retour, et s’apprête à sortir un album présenté comme la suite de Schwarzmetall. Le communiqué officiel tombera à l’été, et le 8ème album de NOCTE OBDUCTA se nommera finalement Verderbnis - Der Schnitter Kratzt An Jeder Tür, et sortira chez MDD Records. Pour son retour sur le devant de la scène, le groupe convoquera un line-up étendu pour participer à l’enregistrement, et Verderbnis compte 8 contributeurs dont 6 participants aux vocaux ! Mais le tout est toujours orchestré par l’indéboulonnable Marcel Breuer, seul exécutant des instruments à cordes, pour des compositions et des paroles qui avaient été travaillées par le passé. Musicalement, on pouvait donc s’attendre à un album très Black et c’est le cas, mais pas seulement… NOCTE OBDUCTA pioche dans toute sa carrière y compris les albums plus atmosphériques. Je vois Verderbnis comme un croisement entre Lethe et Galgendämmerung, avec des passages posés (assez discrets certes) à la Nektar et certains gimmicks de Schwarzmetall. On a donc ici affaire à du pur NOCTE OBDUCTA, toujours avec ses sonorités et ses ambiances originales, qui opère un léger retour aux sources tout en continuant à innover. Et le résultat est carrément réussi.

Le principal changement par rapport aux albums sortis depuis Stille est le retour d’un chant Black agressif. Si les vocaux arrachés de Torsten qui font le charme d’AGRYPNIE sont toujours de la partie, les autres vocaux sont plus criards, dans un esprit Black allemand plus brutal à la ENDSTILLE/NEGATOR. Par contre, je ne saurais vous dire si Marcel en assure la majorité, ou Alex et Thomas qui font partie du line-up Live (c’est un peu le bazar et ni le livret, ni Metal-Archives ne sont précis à ce sujet). Du coup, Verderbnis se présente comme un album plus direct et plus accrocheur, une première pour le groupe (Schwarzmetall était voulu comme primitif mais restait expérimental). Et des morceaux de premier choix apparaissent très vite. Les riffs incisifs et le chant Black très entraînant font mouche sur l’excellent morceau d’ouverture qu’est "Tiefrote Rufe", de même que les breaks mélodiques portés par la voix de Torsten et par les nappes d’ambiances. "Schlachtenflieder" est une piste ultra-efficace avec les guitares bizarroïdes typiques de Marcel, qui font le charme de NOCTE OBDUCTA depuis ses débuts. Et le groupe brode aussi son aspect plus direct avec le surprenant "Niemals Gelebt", sorte de morceau de Black old-school primitif qui ne dure que deux minutes, ainsi qu’avec "El Chukks Taverne" aux chants étranges un peu ridicules au premier abord (« How How How… »), mais qui enchaîne ensuite les passages épiques purement géniaux et salvateurs.

Mais comme je le disais, même sous couvert de retour aux sources du Schwarz-Metall, NOCTE OBDUCTA ne va pas pour autant mettre de côté son penchant plus atmosphérique et expérimental. L’étrange et lancinant "Schweißnebel", avec son chant presque récité, montre que le groupe cherche encore à surprendre, et y arrive ! "Obsidian Zu Pechstein" met le mid-tempo bien pesant à l’honneur, pour un morceau de quasiment 9 minutes très ambiancé et très sombre, au long break progressif très prenant (qui se termine de façon très apocalyptique). La fin de Verderbnis sera alors plus atmosphérique avec "Wenn Ihr Die Sterne Seht" qui aurait pu figurer sur les Nektar (notamment de par le somptueux break au piano), et le morceau-titre qui clôt cet opus de manière plus sombre et brute mais assez épurée, et toujours avec les riffs accrocheurs de l’ami Marcel.

Ce retour inattendu au pur Black nous livre donc un album excellent de bout en bout. NOCTE OBDUCTA est toujours aussi unique et nous livre à nouveau un disque très personnel, qui se laisse facilement apprivoiser de par les riffs très efficaces et les ambiances toujours prenantes. 40 minutes de bonheur avec un Black germanique varié et parfaitement équilibré, qui se déguste sans fin et se bonifie au fil des écoutes pour devenir irrésistible. Ne vous arrêtez pas à la mention « Schwarzmetall II » (qui était en réalité le titre de travail de l’album), Verderbnis est un album bien plus original et aventureux qu’il n’en a l’air. Les vocaux Black sont difficiles à digérer notamment dans leurs accès les plus étranges, et Verderbnis reste un album plutôt réservé aux fans qui sont aptes à entendre les sonorités uniques du projet. En tant que fan, j’ai d’ailleurs craqué pour l’édition CD die-hard qui se présente sous forme d’un digi A5, contenant un autre digi avec le CD et les paroles éparpillées sur 9 cartes, accompagnées de liner-notes très précises de Marcel. Donc si vous avez aimé NOCTE OBDUCTA depuis ses débuts, vous savez ce qui vous reste à faire. Les autres, bah essayez toujours, même si cet album n’est pas recommandé en priorité car assez étrange dans son approche (tentez plutôt les deux Nektar avant). Pour conclure, on me siffle dans l’oreillette que le prochain opus est déjà sur les rails, et j’espère que NOCTE OBDUCTA va retrouver sa cadence d’antan surtout qu’avec Verderbnis les Allemands montrent qu’ils ont encore de la ressource. Welcome back messieurs !

http://www.nocte-obducta.de - 219 visite(s)

Schlachtenflieder - 185 téléchargements


Rédigé par : ZeSnake | 16.5/20 | Nb de lectures : 13061




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Commentaire
carnioxus
Membre enregistré
Posté le: 19/01/2012 à 09h03 - (99905)
Chronique aguicheuse et fort complète, beau travail, j'ai bien envie d'en savoir plus sur ce groupe, dont je ne connais que le nom, c'est parti...



Zebrowsky
Membre enregistré
Posté le: 19/01/2012 à 19h33 - (99913)
Rhaaa ça me fait bien envie dans l'idée.

En même temps c'est pas contre toi ZeSnake mais à chaque fois que tu aimes bien un truc ça ne m'a pas branché... J'espère que cet album va nous réconcilier^^

Par précaution je vais m'enfiler le Schwarzmetall avant afin de percevoir l'évolution entre les deux.

ZeSnake
Membre enregistré
Posté le: 19/01/2012 à 19h34 - (99914)
houlà, si tu veux percevoir l'évolution c'est toute la disco qu'il faut écouter :D

Zebrowsky
Membre enregistré
Posté le: 19/01/2012 à 19h36 - (99915)
Je me doute mais me connaissant je vais me concentrer sur leurs albums les "moins" atmo (ceux-ci d'après ta chronique). Je me rends bien compte cependant du caractère bancal de ma démarche.

Si vraiment j'accroche je n'y manquerait pas rassure-toi.

Zebrowsky
Membre enregistré
Posté le: 19/01/2012 à 19h39 - (99916)
Et sinon c'est bien un ananas qu'on voit sur la cover?

PS : c'est qui cette Bernadette d'abord?

ZeSnake
Membre enregistré
Posté le: 19/01/2012 à 19h51 - (99917)
oui c'est bien un ananas, y'a tout un délire avec d'après ce que j'ai lu sur une itw en allemand (enfin, ce que j'ai compris)
et Bernadette c'est Bernadette. ceux qui savent savent :D

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