Avant de commencer mon propos, je voudrais vous dire que c'est la première fois que je ressens un tel plaisir à mettre un album en sélection de VS. Fan de MOTÖRHEAD depuis des années, j'ai toujours défendu le groupe face aux metalleux qui clament "que le groupe joue tout le temps la même chanson depuis "Overkill" et "Ace of Spades" sans jamais se renouveler".
Plus je me suis penché sur la discographie du groupe, et plus je me suis aperçu combien ce type de propos était erroné.
Non, mille fois non, MOTÖRHEAD ne fait pas tout le temps la même chose, il suffit de gratter un tout petit peu pour s'en apercevoir. Lemmy et ses sbires ont expérimenté pas mal de choses, creusé le blues, démantelé le punk et changé le metal à tout jamais.
Néanmoins, il est tout aussi faux de dire que MOTÖRHEAD n'a composé que de bonnes chansons. C'est en grande partie à cause de leurs albums les moins inspirés (où ils font simplement le boulot en répétant la formule "classique") qu'ils se sont sabordés en donnant du grain à moudre à leurs détracteurs.
Ces foutus live où on retrouve parfois deux fois "Overkill" et "Ace of spades" sur un même disque, les DVD de pacotille et les albums fainéants pourraient faire oublier combien MOTÖRHEAD peut encore être un grand groupe, généreux, inspiré et créatif.
Quel est le dernier bon album du groupe ? "Inferno" peut-être... mais non suis je bête ! C'est "Aftershock" bien sûr...

En ces temps où Lemmy semble avoir du mal à récupérer de ses problèmes de santé de l'été 2013, on pouvait légitimement s'interroger sur la qualité de ce nouvel album, les dernières productions du combo étant par dessus le marché peu reluisantes par rapport aux meilleurs albums du bombardier.
Mais dès le début d'"Aftershock" et avec la triplette gagnante "Heartbreaker/Coup de Grace/Lost Woman Blues" on pousse un soupir de soulagement et près de 11 morceaux plus tard, on se dit que cette fois, MOTÖRHEAD n'a pas trahi la confiance qu'on avait mis en lui et est plus que jamais un groupe qui fait feu de tout bois ! 14 balles, 14 tirs, 14 carreaux.
Muni d'une très belle pochette, d'une production nickel chrome et de compositions hyper efficaces, MOTÖRHEAD réussit avec "Aftershock" à équilibrer ses escapades stylistiques avec la traditionnelle énergie metal/punk qu'on aime tant chez eux.
En clair, MOTÖRHEAD fait des acrobaties sans se faire mal et accélère dans les virages sans jamais finir dans le décor.
Pour ceux qui aiment les liens avec les autres albums, je dirais qu'on trouve ici un peu de "Inferno" pour la pêche et la modernité, un peu de "Another perfect day" pour la sophistication de certains riffs, un peu de "1916" pour le rock n'roll... et peut-être un peu de "Bomber" pour la qualité générale. Ouh yeah !

Bien qu'il y ait comme je le disais plus haut quelques petites surprises, "Aftershock" reste un disque très rock n'roll.
Le riffing de Phil Campbell est sur cet album plus dynamité que jamais par les influences purement rock de MOTÖRHEAD. Majoritairement joués en milieu de manche, les riffs sont groovy, mélodiques et particulièrement énergiques ! Tout en restant par moments assez bourrins, on retrouve néanmoins sur des morceaux comme "Do you Believe" ou "Crying Shame" du rock n'roll/boogie à l'ancienne comme sur l'ultra célèbre "Going To brasil" de "1916". Hyper efficace et pertinent dans ce registre, Phil Campbell se la joue carrément AC/DC sur "Keep You Powder dry" dans une sorte de traduction MOTÖRHEADIENNE du rock des Kangourous.
Les titres les plus étonnants restent cependant le fantastique et bluesy "Lost Woman Blues" (certainement un des meilleurs morceaux écrits par le groupe depuis des années) et le subtil "Dust and Glass" qui voit Lemmy nous régaler de sa voix claire dans ce titre presque "Pop" à la mélodie diabolique (n'oublions pas que Lem' est un inconditionnel des Beatles !).
Mais un album de MOTÖRHEAD ne serait pas un album de MOTÖRHEAD s'il n'y avait pas de grosses branlées musicales rapides et expéditives ! En proposant des titres comme "Paralysed", "Queen of the Damned" ou "End of time", on retrouve ces titres si entraînants que tant de groupes essayent de reproduire... sans jamais y arriver comme les patrons. Plus classique, cette poignée de morceaux reste bien écrite et particulièrement efficace.

Bien que l'ensemble des titres aient été apparemment majoritairement composés par la paire Campbell/Dee, le père Lemmy n'est pas en reste sur "Aftershock". Ses lignes vocales sont excellentes, son jeu de basse plein de feeling et ses paroles dans la pure tradition de ses meilleurs lyrics. Mikkey Dee, plus modéré sur cet album, montre ici une facette plus simple de son jeu. Moins chargé en double pédale, on retrouve cependant sa frappe métronomique, ses roulements de caisse claire caractéristiques et son jeu à la ride qui une fois de plus fait des merveilles sur la partie solo de "Going to Mexico".

Dans ma chronique de "La fièvre de la ligne Blanche", je disais regretter la phrase finale où Lemmy disait "Achetez nos albums, vous ne serez pas déçu". Aujourd'hui, à l'écoute de ce "Aftershock" je me dis qu'une fois de plus, quand MOTÖRHEAD sort la grosse artillerie, on n'est jamais déçu. Une sélection amplement méritée pour le Bombardier. Bravo et merci les gars.


Rédigé par : Pamalach | 17/20 | Nb de lectures : 19949