ELLIPSE, qui existe depuis 2008, est un nouveau venu dans le genre « Metalcore à chanteuse ». Rien de lyrico-goth là-dedans, ce quintette nantais donne plutôt dans un Metalcore moderne et mélodique à forte inspiration américaine, une sorte de WHEN REASONS COLLAPSE en moins technique et plus catchy. Situant ses influences entre AUGUST BURNS RED, KILLSWITCH ENGAGE, THE GHOST INSIDE, COUNTERPARTS entre autres et aussi avec quelques touches Djent revendiquées (PERIPHERY, VOLUMES, AFTER THE BURIAL), ELLIPSE va donc nous proposer un Metalcore à la fois efficace et frais, de manière classique mais avec application et un minimum d’accroche, pour un premier album bien fignolé nommé À Nos Traîtres, qui succède à l’EP L’Ampleur du Vide (2012).

12 morceaux dont 4 intros/interludes acoustiques, 42 minutes, et ELLIPSE va à l’essentiel avec des compos facilement assimilables souvent aérées par des mélodies. Le tout est surplombé par la voix hurlée et aigue de Claire, qui passe bien pour le genre revendiquant largement son côté « core », avec des lyrics en français de bout en bout. Les influences sont très identifiables, dès "Calvaire" d’ailleurs où l’on reconnaît les mélodies à la IN FLAMES qui ont plus que largement servi aux formations de Metalcore mélodique américaines ces dernières années. Les beaux passages mélodiques se multiplient, renforçant l’accroche globale de À Nos Traîtres, on retiendra donc bien vite les mélodies de "À Nos Traîtres" (des moments presque Post-Rock se font même entendre), "Ascension", "Dans la Gueule du Loup" avec son solo final léché, ou encore le début très enivrant de "Ruines". On lorgne même parfois vers le mélodeath 90’s ! Mais pour le reste, ELLIPSE n’hésite tout de même pas à envoyer la sauce Metalcore, en témoigne le très catchy et urgent "Epsilon". Et si les influs Djent ne sont finalement que parcellaires, les riffs syncopés ou autres breakdowns se font alors bien entendre et renforcent l’efficacité de cet album à des moments cruciaux : le début de "Enseveli", et certains passages de "Epsilon" et "Ascension" ou encore "Ruines" cartonnent bien, et le meilleur se situe au sein de "Dans la Gueule du Loup" avec ses gros riffs accompagnés de percussions tribales, pour un résultat saisissant.

Un côté tribal qui est une des rares originalités de À Nos Traîtres qui reste tout de même assez balisé pour le genre, dont sortent surtout du lot le parfaitement troussé "Enseveli" et l’excellent "Ascension" qui fait montre d’un équilibre à toute épreuve en alternant très bien belles mélodies et guitares percutantes. Peut-être un petit peu long et parfois redondant pour le genre, À Nos Traîtres se termine par le très épique "La Chute" qui se tire un peu en longueur, avec des chœurs un peu kitsch et donc dispensables sur la toute fin. A part ceci, il n’y a pas grand-chose à jeter de ce premier full-length d’ELLIPSE, réussi et inspiré. Le groupe nantais doit néanmoins trouver sa voie et s’extirper des canons du Metalcore mélodique américain, un peu de personnalité pourrait apporter une véritable plus-value à ce Metal qui réserve tout de même son lot de moments efficaces et de jolies mélodies, à l’image de ce court passage tribal sur "Dans la Gueule du Loup". En l’état, À Nos Traîtres n’est donc pas un indispensable absolu du Metalcore pour 2015, mais vaut l’investissement pour les indécrottables amateurs du genre. A l’instar de WHEN REASONS COLLAPSE, ELLIPSE livre un premier album peu original mais réussi, sans prise de tête, bien sonorisé (même si on est loin d’une grosse production et qu’on reste dans un domaine abrasif), bref un bon petit album de Metalcore hurleur et urgent mais catchy et mélodique.




Rédigé par : ZeSnake | 14.5/20 | Nb de lectures : 8611