En 2007, Caïnan Dawn avait fait sa petite sensation lors de la sortie de sa démo In Darkness I Reign chez Eisiger Mond. Le duo français était ensuite retourné régner dans l'obscurité, jusqu'à son premier album chez Those Opposed l'année dernière. Du couple à l'origine, il ne reste que Heruforod, Kobal étant reparti toiletter Darvulia et fricoter dans Sektarism. Le line-up étant relativement instable dans Caïnan Dawn, retenons que l'enregistrement de Nibiru a été réalisé par les bons soins de Heruforod (guitare, vocaux), Sorghal (guitare, également dans Nehëmah), Keithan (basse) et Hljodr (batterie, ex-Nehëmah, Evohé). Sorghal a depuis fait ses valises, remplacé par un certain Avgruun. Bon, c'est un peu compliqué de retenir tout ça, mais rassurez-vous il n'y aura pas d'interro.

Souvenons-nous surtout que Nibiru bénéficie d'un très joli digisleeve avec un beau livret en papier glacé. Et que derrière ce nom mythologique babylonien, se cachent 65 minutes d'un black metal qui fleure bon l'ancien temps. Je ne pourrais pas vous dire grand-chose de plus sur le concept, le livret étant dépouillé des textes. Les 16 pages laissent seulement filtrer des extraits en latin du livre des révélations et quelques références occultes. Il nous reste la musique, répartie entre sept titres (plus une intro) de 4 minutes à près d'un quart d'heure. Caïnan Dawn reste dans la lignée de sa démo; la preuve par la présence d'un réenregistrement de "Edge of Ziggurat" qui s'insère parfaitement dans l'ensemble.

L'inspiration reste la grande période scandinave (je dirais plutôt suédoise dans les développements mélodiques de trémolos, mais ça sent le norvégien aussi). Et surtout l'enrobage est français avec un son crassou qui fait voyager dans la brume. On peut évidemment penser à Nehëmah. J'ajouterai aussi un feeling cru qui me fait penser à la première période de Deathspell Omega (même si le son est ici bien moins sec). Les guitares se situent sur le fil entre son incisif et distorsion diffuse. La batterie claque bien sans sonner artificielle (ça fait du bien). Les vocaux sont croassés, la reverbe provoquant une vibration inhumaine. Les titres se déroulent, évoluent et il faut reconnaître que c'est bien fichu, que l'ensemble est maîtrisé.

Mais malgré de nombreuses écoutes (et croyez-moi, elles ont été nombreuses), je n'arrive pas à m'enfiler l'album sans une grosse impression de déjà-vécu, de riffs par moments attrayants mais d'un ensemble pas si offensif que ça. Peut-être que l'album est finalement trop long pour pouvoir rester percutant sur toute sa durée. Plus probablement, Caïnan Dawn ne prétend rien révolutionner et les sorties mélodico-nostalgiques sont hélas trop nombreuses aujourd'hui pour espérer briller si facilement. Ma conclusion est que Nibiru est un album sympa, ce qui est parfois le pire des compliments pour un opus.

Pourtant l'opus recèle quelques instants de grâce. Et ces instants, je les trouve dans les passages les plus lents, les plus lourds, ceux qui suintent vraiment la mort. Le parallèle avec Nehëmah ressort alors pleinement, mais cela n'en est pas moins un régal auditif. Que dire devant le superbe "The Advent"? Comment ne pas rester coi à l'écoute de la partie centrale de "Deep Hollow"? Quelle âme noire peut résister au refrain entêtant de "By My Oath (Bound to Darkness)" qui revient inlassablement hanter le morceau? Mais ces minutes de noire plénitude n'équilibrent toutefois pas l'impression plus mitigée que me donnent les assauts, et pendant lesquels je m'ennuie un peu. Un album sympa. Aaaarrggg...




Rédigé par : Prince de Lu | 14/20 | Nb de lectures : 13163