Isis + Jesu + Cortez + Jansky Noise le 27 Mai au C.A.T. (Bordeaux)

Après près d'une heure d'attente devant les portes avant l'heure prévue (comme d'hab quoi...), le C.A.T., modeste salle reculée de Bordeaux (200 personnes grand max) nous ouvre enfin.

Le concert débute par Cortez, groupe suisse de hardcore apocalyptique, avec une guitare, une batterie, et un chant hxc écorché à la rupture. Problème pour le son : la batterie est beaucoup trop en avant, très douloureuse pour les oreilles, et on perd du coup beaucoup de riffs, difficile de distinguer quelque chose. Néanmoins les passages les plus torturés sont bien plaisants, très chaotiques, avec un jeu de scène très "je manque de me casser la gueule tellement je fais n'importe quoi" correspondant bien au style. Malgré les 2 cassages de corde, un groupe finalement sympathique, qui sortira un premier album à la rentrée.

Arrive ensuite LA merde de la soirée, le pauvre idiot venu faire le clown et qui n'avait rien à foutre là : j'ai nommé Jansky Noise, pauvre DJ bruitiste minable, avec un masque d'horreur risible, avec pour matos une pauvre platine pour scratcher et un PC portable. Les 10 premières minutes consistent en du n'importe quoi bruitiste, scratchant sur des bouts de quelques secondes de morceaux hardtek, sans aucune cohérence ni volonté de créer quelque chose. Ensuite ce monsieur qui mériterait de se flinguer va faire le mariole pendant 20 min, en faisaint du karaoke sur des classiques remixés façon techno hollandaise, avec des beats clichés et une petite voix aiguë remplaçant la voix originale dans le style du remix merdique de "we will rock you" qui a envahi nos radios et nos tvs il y a peu. Il saute, il se jette contre les murs, il casse une guitare-jouet, puis se jette dans la fosse. Inutile de dire que tout le monde se demandait ce que cet abruti foutait là, je n'ai toujours pas la réponse.

On passe enfin aux choses sérieuses avec Jesu, groupe dont j'attendais beaucoup. Justin Broadrick à la guitare, chant, et pc/machines pour lancer les samples, un bassiste et un batteur. La claque fut de haut niveau, j'admire vraiment cet homme et son feeling incroyable à la guitare. Si Jesu sonne très spirituel et aérien sur album, en live c'est totalement différent. Les passages aux claviers/samples sont nettement écourtés pour ne laisser la place qu'à la puissance des instruments, des riffs d'une lourdeur incroyable (son excellent), le chant clair étant pas mal en retrait (enfin ça c'est la faute du staff qui n'a compris qu'au bout de 3 morceaux que Justin réclamait de monter le micro... bravo les boulets), et sans effet à part un peu de reverb' contrairement au chant sur album. Je m'inquiétais de la durée du set, mais 50 minutes fut (presque) suffisant pour combler mes attentes, avec 3 titres issus de l'album ("your path to divinity", "Tired of me" et le 3è j'ai un doute, "Guardian Angel" je crois, en tout cas dommage qu'ils n'aient pas joué "Man/Woman") puis ô surprise de taille l'EP "Heartache" en entier (les titres ayant été écourtés) avec le clou du concert pour le dernier morceau joué, "Ruined" et ses riffs incroyables, le chant hargneux (pour la seule fois du concert malheureusement) de Broadrick, avec Aaron Turner s'occupant de la seconde guitare. Le titre a d'ailleur été considérablement modifié pour le live, le final étant axé sur les grattes avec des effets expérimentaux et des envolées très réussies, une apogée de haute tenue, merci Jesu, absolument à redécouvrir en live.

Isis se met en place très vite, les 6 membres (1 guitariste, 1 guitariste/chanteur, 1 bassiste, 1 batteur, et un claviériste/guitariste). Le son est excellent, parfaitement balancé, rien ne manque, surtout pas la basse, beaucoup plus légère et riche en notes qu'un groupe de métal conventionnel. Malgré sa petit taille, Aaron Turner en impose. À mon grand désaroi, ils vont jouer Panopticon en entier (c'est l'album que j'aime le moins) et ne jouer qu'un seul titre d'Oceanic, le plus calme qui plus est, à savoir Carry. Si le chant hargneux de Turner est impeccable, le chant clair/ravagé qui a fait son apparition sur le dernier album est moins réussi, avec un côté nasillard et forcé irritant. Le jeu de scène est absolument identique à celui de Neurosis : interludes ambient/noise, aucune communication avec le public, aucun rappel, aucun remerciement à part envers les autres groupes, contrairement à Jesu, beaucoup plus sympathique. Les passages les plus réussis seront évidemment les plus intenses, avec gros riffs post-hardcore, rythmique de plomb, et paroles hurlées à la gueule du public. Le public de devant de scène contraste nettement avec celui de Jesu : pour le groupe de Broadrick, on voyait plutôt des routiers du metal se positionnant à l'avant de la salle (t-shirts Godflesh etc...), alors que pour Isis le devant est occupé aux 2 tiers par des jeunes de moins de 20 ans (et un nombre important de jeunes filles également, étrange), bougeant comme s'ils étaient en transe, d'une manière plus que ridicule. J'ignore si c'est à ça qu'on peut dire qu'un groupe est "hype", mais je me suis beaucoup plus reconnu dans les fans de Jesu. Le concert s'achèvera par quelques minutes de noise très désagréable (merci les oreilles), chiantes et inutiles. Isis ne modifie quasiment pas ses titres pour le live, mais les reproduit à la perfection, le moindre arrangement étant présent et audible, très difficile vu leur richesse. Un groupe donc très (trop) professionnel en live, qui en oublie malheureusement son public. Pour peu que vous aimiez leur dernier album, vous serez ravis. Si en revanche vous ne jurez que par Oceanic et Celestial, je vous déconseille de venir aux futurs concerts (sauf si comme moi vous adorez Jesu évidemment).

Fin du concert vers 1h50 du mat', avec un Jesu qui montre une nouvelle facette en live, à voir absolument, et un Isis qui ravira les fans, vu la durée de leur set et la parfaite reproduction des titres. Je souhaite bonne chance à Cortez pour la suite ...