- SUNNO))) + NAUTICAL ALMANACH + BRAHMAN par DEADSTAR - 2335 lectures
Le 7 avril 2005, Le Nouveau Casino, Paris, 19h00.



Le Nouveau Casino est une de ces rares salles indépendantes qui ouvrent encore leurs portes et accueillent sur leurs planches toutes sortes de projets expérimentaux aussi barrés les uns que les autres. Les accrocs de musiques électroniques et de Rock déjanté s'étaient encore donnés rendez-vous ce soir là pour quelques heures de son assez uniques…

De nombreux curieux s'étaient timidement approchés de la scène pour scruter et analyser en détails le bon quintal de matériel se trouvant sur les planches du Nouveau Casino. Il faut dire qu'il y avait de quoi faire rêver et baver de nombreux amoureux du son, toutes catégories confondues…

Le mur d'amplis remarquable de loin, presque entièrement dédié à la marque Sunn et situé à l'arrière, laissait peu de place aux deux premières parties. Et ce fut donc devant une salle à moitié pleine que Brahman ouvrit les festivités… Le combo français entra en scène après une courte séquence vidéo dont beaucoup n'ont pas vraiment saisi le sens (un écran qui aurait dû en principe agrémenter le show de Brahman, mais il sembla que quelques tentatives ratées ont découragé les programmateurs de l'utiliser au maximum de ses capacités…). Les deux guitaristes firent leur entrée aidant tant bien que mal le bassiste qui choisit l'anonymat le plus complet en se cachant nu (semble-t-il) dans un sac poubelle… L'un des deux guitaristes fit lui aussi le choix de ne rien cacher, puisque mis à part son visage qu'une cagoule de bourreau presque effrayante masquait dans sa totalité, le sieur était entièrement nu. Pendant une demi-heure, le trio provocateur a tenté de convaincre le public en produisant tout un panel de fréquences jouées à hautes décibels au travers de riffs de guitares et basse au son sursaturé et passant au travers d'un certain nombre de pédales d'effets branchées en série. Le problème majeur était que le combo ne maîtrisait pas vraiment son son et que de nombreuses fréquences aigues perturbèrent donc le tout… à en casser les oreilles !! Bien qu'ayant pris le soin de me protéger des fréquences parasites, je trouvais moi-même le temps long car je me sentais constamment agressé. Contrairement à SunnO))), aucune structure véritable ne semblait être pris comme appui. A croire même que les trois mélomanes ne jouèrent pas non plus de concert…



Changement de décor, le temps que la formation américaine Nautical Almanach prenne place. Un trio également, tout aussi enclin à l'expérimentation bruitiste, mais dans un registre quelque peu différent : la base musicale consistait à passer au travers de boucles d'effets des sons émis de manière plus artisanale, avec la bouche essentiellement. Bruits de respiration amplifiés, cris en tous genres (les auditeurs se seraient même crus à un moment donné en plein milieu d'une colonie de porcs au milieu de la fange…). Un court instant, j'ai été tenté de comparer cette formation à Fantômas, mais «sacrilège !», car nous étions bien loin du génie du Patton's Band. Quelques instruments acoustiques ont montré le bout de leur nez, tel que cette basse bricolée et au son unique, un violon manié par la part féminine du groupe (instrument, comme tout le reste en manque total d'harmonie), ainsi qu'un petit clavier presque fait main… Les morceaux improvisés (c'est le moins que l'on puisse dire) auront du mal à se mettre en place et la majorité d'entre nous aura bien des difficultés à rester en phase avec le set. Au bout de vingt minutes, le combo nous demanda avec toute simplicité depuis combien de temps il jouait. Il nous gratifia dès lors de dix minutes supplémentaires de son dans le même esprit… Nautical Almanach tient plus de la bête instrumentale étrange que d'un génialissime halluciné souhaitant partager ses voix intérieures les plus mélodieuses.



Une tournée mondiale du groupe de plus en plus populaire (toutes proportions gardées, bien entendu…) du nom de SunnO))) (de la même manière que pour le combo Teeth Of Lions Rule The Divine, l'appellation de cette formation est un hommage rendu au groupe avant-gardiste Earth… Fallait-il d'ailleurs le rappeler ??) était, il y a à peine deux ans, inimaginable ! Pour cause, SunnO))) avait à cette période toutes les difficultés du monde à trouver des salles suffisamment audacieuses pour le programmer sans aucune peur. Nous pouvons nous rappeler l'annulation au dernier moment d'un concert qui devait avoir lieu aux Mains D'œuvres, à Saint Ouen, ayant fait quelques malheureux parmi nous.






Suite aux prestations des deux premières formations, la place nette fut faite, permettant aux quatre membres de SunnO))) de s'approprier la scène. Le temps d'une balance et de lancer une séquence rythmique avec nappes et les toutes premières infrabasses de l'heure et demie de concert, et le quatuor fut de retour avec pour chacun la tenue de cérémonie de rigueur pour la soirée. Cette introduction d'une durée de presque quinze minutes permit au public de se plonger rapidement dans l'atmosphère toute particulière du concert. Les fumigènes et les couleurs projetées permirent à la totalité des auditeurs de tomber sous le charme ou plutôt d'être rapidement envoûtée. Parce qu'il faut le dire, dès les premières minutes, tous nos sens furent en appel. Dès le début, l'effet narcotique se fit ressentir… D'ailleurs, tout semblait figé de l'air que nous respirions jusqu'au moindre de nos mouvements. Le temps semblait s'étirer, tant que nous en perdions la notion même. Nous étions tous attentifs et en même temps, ailleurs… Certains ont tenté de se mouvoir hors du rythme (lent, extrêmement lent) et semblait n'être que des marionnettes ridicules allant à l'encontre de l'esprit de la prestation. Un slam a été tenté d'ailleurs, contre tout désir du public et s'est terminé lamentablement…



L'arrivée sur scène des quatre musiciens ne fit donc que renforcer cette idée de véritable messe noire organisée à nos dépends… Les deux figures emblématiques que sont Stephen O' Malley et Greg Anderson aux guitares tous deux (Les Paul-Gibson, bien entendu, permettant d'obtenir un son gras au possible…) jouant leurs accords de manière presque religieuse et au centre de la scène furent épaulés par deux individus aux commandes d'un synthétiseur Mini-Moog (permettant de produire des nappes épaisses et profondes en particulier dans les fréquences basses) et d'un arsenal de pédales d'effets connectés à un sampleur-séquenceur. Des empilements de basses et d'infrabasses furent donc l'essentiel de l'unique morceau joué ce soir là. Nous pouvons imaginer que chaque concert joué dans une salle différente produit différentes nuances et que la production d'harmonie est fonction de l'acoustique de la salle. Certains ont pu reconnaître des bribes sonores de l'album «Flight Of The Behemoth» ou de « White 2». Peu importe… Ce soir là, du véritable SunnO))) était joué à la perfection : envoûtant, unique et au final indescriptible ! Le moment fort fut symbolisé par Stephen O' Malley à genoux devant un parterre d'individus hypnotisés et en transe… Le retour à la réalité fut des plus brutaux : la musique fut coupée sèchement et les lumières furent rallumées dans le même temps. Les personnes qui ne s'étaient peu ou pas protégées l'ouïe ce soir là ont du entendre les échos des Drones pendant quelques jours…

Perpétrant avec talent ses Drones maintenant légendaires, SunnO))) prend toute dimension sur scène. Après avoir vécu un concert comme celui-ci, il est difficile de revenir à la simple version CD (la version Vynil est d'ailleurs préférable, car d'un meilleur rendu sonore…), tant celle-ci paraît plate et sans vie…


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