- DESERTFEST BELGIUM par MADRIGAL - 2447 lectures
Trix (Antwerpen, Belgique) 10-11-12/10/2014
Photos par Homenucleonics




Jour 1

L'annonce en juin dernier d'une édition belge du fameux DesertFest, originellement présent à Londres et Berlin, nous avait mis en joie. Les principales raisons en étaient toutes simples. Les programmateurs allaient travailler avec ceux de l'édition Londonienne (garantie d'avoir d'excellents groupes), la main stage du Trix d'Anvers possède un son incroyable, les belges savent faire la fête, leurs bières sont délicieuses, les prix sont abordables, les hôtels en partenariat avec le DesertFest sont assez luxueux pour un rassemblement de ce genre.

Mais comme rien ne se passe bien évidemment comme prévu, des petites complications ont eu lieu ici et là. La première concerne l'entrée dans le centre ville. Anvers est toujours bondé à toutes heures du jour et de la nuit. C'est un postulat que nous connaissions. Nous n'avions cependant jamais vu le tunnel Kennedy, présent sous l'Escaut et qui permet de faire la jonction entre le sud et le centre de la ville, aussi bouché. Heureusement nous avions vu large, aussi bien en terme de timing que de musique dans la voiture.

Après avoir débarqué rapidement les affaires à l'hôtel, on se rend alors au fameux Trix pour récupérer notre pass press tant attendu et prendre possession des lieux. Pas de queue à l'entrée, point hautement positif, mais énorme file d'attente au point d'achat des tokens. Les fameux jetons qui servent à acheter nourriture et boissons. Tant pis, notre premier concert se fera sans houblon…

The PictureBooks, nos chouchous du moment avouons-le tout de suite, entre sur la Canyon Stage à 19h00 comme prévu et dévoile un set tout en puissance. Le duo allemand prônant une « easy life » à l'américaine à base de motos, de mysticisme désertique et indien le tout au travers d'un blues rock des plus entraînant, fait la part belle à son nouvel et excellent album Imaginary Horse. On prend notre pied sur leurs deux détonants singles PCH Diamond et Your Kisses Burn Like Fire qui, en dépit d'un son approximatif et d'une performance moyenne, permettent quand même de lancer de la plus belle des manière le festival.





Il est clair qu'à seulement deux sur scène, il est difficile pour le groupe de reproduire l'incroyable énergie présente sur leurs albums. Soyons sûrs qu'avec encore un peu plus d'expérience ce petit défaut sera rapidement corrigé. Quoiqu'il en soit le batteur Philipp Mirtschink peut grandement remercier le public présent qui aura passé son temps à remettre les pieds de ses différents Toms qui dégringolaient au rythme de ses coups effrénés.



Set List The PictureBooks
1. PCH Diamond
2. Hide
3. Woman (Tears Of Gold)
4. Learn It The Hard Way
5. Your Kisses Burn Like Fire
6. All Of My Like
7. The Rabbit And The Wolf
8. These Bridges I Must Burn

Dès la fin du concert de The PictureBooks, on file acheter nos tokens et se servir en bière car Blues Pills dévoile déjà les premières notes d'Astralplane sur la main stage appelée Desert Stage pour l'occasion. Il est plutôt heureux de constater que le groupe ne commence plus ses concerts avec Devil Man ou High Class Woman. Le constat est cependant toujours le même. Il y a les anti Blues Pills qui considèrent que de la musique de papy interprétée sans saveurs par de jeunes opportunistes n'a aucun intérêt, les râleurs de base en somme, et les autres qui ont simplement envie de voir du bon blues rock sans se prendre la tête. Nous faisons bien évidemment partie de la deuxième catégorie. Le groupe est bien en place, l'interprétation est sans faille et leur prestation fait la part belle au premier album au détriment de leurs trois EPs. On notera cependant une excellente reprise d'Elements and Things de Tony Joe White. Mais puisque c'est la troisième fois cette année que nous croisons la route du groupe, on ne profite pas de l'intégralité du concert qui semble ravir l'intégralité du public présent.

Set List Blues Pills
1. Astralplane
2. Bliss
3. Elements and Things (reprise de Tony Joe White)
4. Devil Man
5. High Class Woman
6. Black Smoke

Retour sur la Canyon Stage pour voir le set enfumé des Néerlandais de Toner Low. Le groupe n'a pas encore commencé à jouer que notre ventre commence déjà à se plaindre. La faute à cette horrible pills servie au bar que nous ne savons supporter. Quel dommage tout de même d'être en Belgique et de passer à côté de tant de délices houblonnés. Le stoner doom psychédélique de Toner Low ne va pas arranger les choses. Nos tripes en prennent un bon coup tant le son est massif. Le troisième album du groupe, sobrement intitulé III, est le plus représenté aussi bien en terme de backdrop, qui n'est autre que la pochette de l'album (oui oui, les feuilles de cannabis) qu'au niveau de la set list avec pas moins de trois morceaux sur cinq tirés de celui-ci. Un seul spot, vert bien évidemment, éclaire uniquement le milieu de la scène. Idéal pour l'ambiance mais une calamité pour les photos. Ce sera d'ailleurs quasiment le cas pour tous les concerts. Les lumières empêchant de travailler au mieux. Nous fournissons donc à notre grand regret le strict minimum sur le sujet.

Set List Toner Low
1. Phase Six
2. Phase Seven
3. One
4. Phase Eight
5. Devilbot

Pas le temps de lambiner à la fin de Toner Low car Truckfighters est déjà en train de délivrer depuis 15 minutes son stoner rock sur la Desert Stage.



Soyons honnêtes, nous n'avons jamais compris l'intérêt porté au groupe. Intérêt, le mot est faible, tant le groupe remporte un franc succès. Il est d'ailleurs clairement le plus représenté au merchandising. Le constat effectué lors d'un précédent concert est également le même au DesertFest. Ozo chante toujours aussi faux, tout du moins aussi peu juste et Dango effectue encore autant de sauts de cabri pour le moins ridicules. Et musicalement rien ne nous emballe réellement. Contrairement à la foule compacte présente pendant leur set, on s'emmerde et on préfère passer à autre chose car notre estomac crie famine. Il est tout de même à noter que le groupe effectua un nouveau morceau avoisinant les 7 minutes et comportant une montée en puissance du plus bel effet. Leur nouvel album nous fera t-il changer d'avis ?

On fait également l'impasse sur le groupe Islandais The Vintage Caravan qui joue sur la Vulture Stage tant leur album nous a semblé pénible à souhait et on se prépare tout doucement pour une des grosses claques de la soirée, Kadavar. Il est devenu maintenant difficile de circuler dans la Desert Stage et il est clair que le groupe n'y est pas pour rien. La foule attend Kadavar de pied ferme et l'applaudi à tout rompre dès que le groupe entame les premières notes de sa nouvelle intro. Il est agréable de voir que les teutons essayent un tantinet de faire évoluer leurs concerts.



Surtout si on part du principe que le groupe enchaîne les dates de manière incroyable depuis un an. La nouveauté ne sera cependant que de courte durée car la set list est au final plus ou moins la même que celle du Hellfest, en tout cas pour les trois premiers morceaux. Quoiqu'il en soit, entendre ceux-ci avec un son parfait n'a pu que nous réjouir. On note quand même que Lupus Lindemann a toujours autant de difficultés avec son chant sur Doomsday Machine et n'arrive absolument à retranscrire sur scène les notes hautes comme sur album. Ceci mis à part le groupe assure, délivre un set extrêmement efficace et Tiger, le batteur, démontre à nouveau à quel point son physique en impose derrière les fûts.



Set List Kadavar
1. Liquid Dream
2. Living In Your Head
3. Doomsday Machine
4. Into The Night
5. Eye Of The Storm
6. Broken Wings
7. Black Sun
8. Forgotten Past
9. Black Snake
10. Come Back Life
11. Creature Of The Demon
12. Purple Sage

Nous n'attendons pas la fin du concert de Kadavar car Lecherous Gaze est le sur le point de commencer sur la Vulture Stage. Shazzula ne jouant de toute façon pas avec Kadavar sur Purple Sage (elle est avec nous dans la fosse), la fin du set perd donc de son intérêt. Nous arrivons tout juste pour entendre les premières notes de End Rising. Venu tout droit d'Oakland, Lecherous Gaze nous délivre son crazy Punk Rockabilly et déchaîne la foule qui effectua un long pogo du début à la fin du set. Zaryan Zaidi, le chanteur du groupe avec ses faux airs de Jaz Coleman, hurle dans son micro à s'en casser les cordes vocales, imite des cris d'animaux, éructe tant qu'il le peut et vide une bouteille de whisky à une vitesse de compétition. Il n'y a pas de doutes, l'ambiance est punk à souhait. C'est sur Bagagazo que le groupe, comme le public présent, lâche complètement la bride et nous démontre à quel point il est un groupe de scène qu'il ne faut absolument pas manquer. Nous pensions que Kadavar avait délivré la meilleure prestation de la soirée, nous nous trompions. L'ambiance cradingue et déjantée de Lecherous Gaze servie sur une petite scène en configuration bar a mis tout le monde d'accord. C'était le concert à ne pas manquer !


Jour 2

Après une nuit plutôt facile, l'afterwork dans la Canyon Stage n'ayant que peu rameuté les foules (sur ce coup Londres écrase totalement Anvers), nous nous sommes couchés relativement tôt et pouvons donc commencer la deuxième journée par le groupe Belge Moonward. Ceux-ci ne disposant que d'un EP, vous imaginez bien qu'il a été joué en entier. Moonward confirme sur scène la qualité musicale de celui-ci, bien que trop influencé par Kyuss, mais pêche clairement côté voix. Soyons honnêtes, le chant ne passe pas très bien le cap de la scène. Gageons que cet aspect s'améliorera sûrement dans le futur car la moyenne d'âge des gonzes ne dépasse pas les 25 ans. Largement le temps de progresser…

On reste plus ou moins dans la région avec les Hollandais de Death Alley qui se lâchent sur la Vulture Stage et on se prend, disons le tout de suite, la première claque de la journée. Officiant dans un punk hard rock classique super efficace, le groupe donne tout ce qu'il a sur la plus petite scène du festival. On regrette qu'ils n'aient pas joué sur la Canyon. Nous ne boudons pas pour autant notre plaisir et profitons avec un public déchaîné des Over Under et autre Dead Man's Bones de leur EP sorti l'année dernière et qui démontre qu'il va falloir compter dans le futur avec ce groupe. Prenez garde chers amis de The Shrine, Death Alley marche sur vos plates bandes. Comment ça vous êtes actuellement en tournée avec eux ?

Premier groupe que nous attendions avec impatience en cette deuxième journée, les Londoniens de Steak dont leur guitariste, Reece, n'est autre que l'organisateur de l'édition anglaise du DesertFest. Vous voyez ce que je veux dire ? Nous n'avions jusqu'alors qu'un avis mitigé sur leur musique et particulièrement sur leurs prestations scéniques. Il faut dire que le seul de leur concert auquel nous avions pu assister n'avait pas été folichon. D'autres avis nous avaient également confirmé qu'il fallait que le groupe murisse un peu. Mais ça c'était avant. Premier gros changement, le premier album du groupe vient d'être mis en bac et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il nous a totalement bluffé. En témoigne la chanson Liquid Gold qui, réenregistrée pour l'occasion, nous fait comprendre que Steak s'est enfin laissé pousser les couilles. Un peu de vulgarité bas du front ne fait jamais de mal. Alors bien sûr l'ombre de Kyuss plane toujours mais enfin une vraie personnalité se dégage de leur musique. Et comme si cela ne suffisait pas, même sur scène, ça déménage. Oui Steak est maintenant un groupe à découvrir live et la prestation délivrée sur la Canyon Stage méritait son pesant de cacahuètes. Seul leur bassiste, Cam, est un peu en retrait, cherchant souvent le regard de son guitariste torse nu, tous tatouages dehors. Kippa lui assure le chant de manière tout à fait idéale et nous fait mentir sur ses prestations antérieures. Le groupe termine son set sur Rising et nous saliver à l'idée d'assister à leur prochaine prestation.



On file tout droit assister au premier concert de la journée sur la Desert Stage avec les américains de Satan's Satyrs. Bien qu'attiré de nombreuses fois par la hype autour du groupe et leurs pochettes délicieuses à souhait, nous n'avions pas écouté une seule note de leur musique avant d'assister à la prestation du DesertFest. En même temps du doom occulte classique, ce n'est pas trop compliqué à découvrir sur scène...



Mélange pas du tout savant entre Black Sabbath, Venom et Saint Vitus, le groupe est particulièrement pénible sur scène. Chant à côté de la plaque, gimmicks insupportables, prestation brouillonne, difficile de faire de cette première rencontre avec le groupe un moment inoubliable. On passe donc très vite notre chemin.



Petite pause houblonnée bien méritée avant de revenir vers la Canyon Stage se faire détruire les tympans par les Néerlandais d'Herder. Cela fait un moment que leur album éponyme officiant dans un Hardcore doom bien sludgy tourne sur notre platine. Et des les premières notes de Stab on prend un réel plaisir à ramasser un peu de violence bienvenue et nécessaire à l'équilibre de notre journée. Il était temps de secouer un peu ce festival et il semblerait que le public présent pensait clairement la même chose. Ca « pogote » des les premières notes et ça hurle à tout va. Ché, leur chanteur, est toujours aussi charismatique et dévisage chaque personne dans la foule comme s'il voulait en découdre. L'ambiance est salle, transpirante, agressive et les muscles sont de sortie pour faire mâle…Même sur un morceau plus mid-tempo comme Gods, le groupe reste toujours aussi expressif, carré, agressif et débordant d'énergie. Le public, par mimétisme, œuvre de la même manière et en redemande. Une belle claque, rien de plus, rien de moins !




Nous devons manquer les dix dernières minutes d'Herder pour assister au show de Pallbearer sur la Desert Stage. Bien qu'ayant vu le groupe 3 jours auparavant à Paris dans le cadre des célébrissimes Stoned Gatherings, nous mourrons d'impatience d'entendre à nouveau les morceaux de leur magnifique dernier album, Foundations Of Burden. Grosse déception dès les premières notes et chose assez rare dans cette salle, le son est très mauvais. La voix est trop en retrait, nous n'entendons pas la basse, la batterie est assez mal calibrée, bref c'est un calvaire d'entendre Worlds Apart dans ces conditions. Le son s'améliore sur la fin de la chanson mais il aura fallu dix minutes aux ingé sons pour se mettre dedans.



Quel dommage ! Ce concert est le dernier de la tournée commune avec Yob et le groupe, toujours aussi peu communicatif avec le public, a tout de même la sincère envie de bien faire. Celui-ci n'oublie pas son premier album car la deuxième chanson de la soirée n'est autre que Devoid Of Redemption où Brett Campbell, le chanteur/guitariste du groupe, est très juste sur certains passages et beaucoup moins sur les envolées « lyriques ». Ca n'entache en rien la prestation tant la magie opère à chaque fois. Le groupe réussie le superbe exploit de nous envoûter totalement avec un son massif et bien agressif. Pas de doute, le doom peut enjoindre à la méditation quand il touche le superbe. Excellente prestation de Pallbearer en dépit de ce début un peu raté.



Set List Pallbearer
1. Worlds Apart
2. Devoid Of Redemption
3. Watcher In The Dark
4. The Ghost I Used To Be
5. Foundations
6. Foreigner

Dix petites minutes nous séparent du concert de The Shrine sur la Canyon Stage après celui de Pallbearer. On se dépêche donc de filer pour se placer au premier rang afin de prendre de l'énergie à l'état pur. En deux albums en tout points excellents, The Shrine a réussi à créer une vraie fan base de cinglés prêts à tout donner lors de leurs concerts. Et pour avoir vu le groupe deux fois, on peut vous dire que si vous aimez leurs albums, vous adorerez leurs prestations live.



La scène est le meilleur endroit pour découvrir ce groupe qui prône un stoner punk hard rock venu tout droit de Californie et parfait pour illustrer toute vidéos de Skateboard comme le groupe en raffole. Celui-ci démarre son show avec l'excellent Tripping Corpse qui rend la foule totalement dingue comme en témoigne le pogo de folie qui ne s'arrêtera pas du début à la fin du concert. Nous en sommes à peine au début du morceau qu'une tuile arrive. L'ampli basse de Court Murphy ne répond plus et semble mort. Cela ne perturbe absolument aucun membre du groupe qui trouve sans aucun problème à s'occuper sans que le morceau s'arrête. Jeff Murray, batterie, et Josh Landau, guitare/chant, se lance dans un solo improvisé de toute beauté pendant que leur bassiste se jette dans la foule pour un slam de folie. Alors qu'un roadie remet l'ampli en marche, Court récupère sa basse et repart avec le groupe sur la fin de la chanson. Plus pro tu meurs ! Celui-ci enchaîne ensuite sur sa meilleure chanson, Nothing Forever et Josh Landau, jaloux du slam de son bassiste, en réalise un également tout en balançant un solo de dingue à la guitare.



Nous sommes en train d'assister à un concert de folie et le public présent devient fou d'observer une telle prestation. The Shrine balance tour à tour Whistlings Of Death du premier album Primitive Blast puis Worship et on réalise alors que Yob va commencer dans dix minutes sur la Desert Stage. C'est ragaillardi que l'on quitte la salle mais tout de même bien déçu de ne pouvoir terminer cet excellent concert. En même temps Dieu, soit Mike Scheit, va bientôt commencer à jouer, nous ne pouvons louper ça.

Grand bien nous a pris d'arriver plus tôt dans la Desert Stage car Yob commence son concert avec 5-10 minutes d'avance avec le sublime morceau introductif de l'album The Illusion Of Motion, Ball Of Molten Lead. Et comme trois jours avant à Paris, les frissons nous gagnent dès les premières secondes. C'est beau, c'est grand, c'est de l'émotion brute, du génie sans détour, c'est Yob. On se laisse instantanément guider par les mains expertes de Mike Sheidt et ses riffs lancinants si prenants. Les ¾ du public ont les lieux fermés et se laissent transporter. Ils oublient tout et se libèrent entièrement. Côté son tout est parfait. Guitare, basse, batterie, chant, tout est à sa place. In Our Blood, premier morceau du dernier et sublime album du groupe, Clearing The Path To Ascend, résonne ensuite sur la Desert Stage. Toujours aussi intense et surtout bien enfumée, notamment pour Aaron Turner qui tire sur un joint venu du public, la prestation est idéale. Sous psychotrope ou pas, le voyage est inévitable. Ce dernier album est toujours à l'honneur car s'enchaînent le surprenant death metal Nothing To Win et très folk doom et envoûtant Marrow. Les vingts minutes de ce dernier sont d'une sensibilité si majestueuse que le public dans son entier est touché et semble au bord de la rupture. Un problème de jack gâche un peu l'émotion sur la fin du morceau mais nous permet d'admirer l'incroyable chant de Mike Scheidt avec les seules batterie et basse pour l'accompagner. Un coup du sort finalement bienvenu. Assez énervé par ce petite désagrément et réalisant qu'en ayant commencé plus tôt Yob dispose de dix minutes de plus, le groupe rajoute Grasping Air tiré de The Unreal Never Lived pour un final dantesque. Le morceau est accéléré et l'émotion est décuplée. Mike Scheidt a réussi à caser un morceau supplémentaire sans que cela soit prévu pour le plus grand bonheur de son public. Le concert du festival, à n'en pas douter !

Set List Yob
1. Ball Of Molten Lead
2. In Our Blood
3. Nothing To Win
4. Marrow
5. Grasping Air

Ne pouvant à notre grand regret assister au concert de Celeste qui a œuvré en même temps que Yob, nous laissons notre confrère Homenucleonics en parler à notre place :

Premier concert de Celeste auquel j'assiste. Développant une atmosphère étouffante sur album, les français utilisent judicieusement des artifices scéniques adaptés pour retranscrire celle-ci. Ce torrent de négativité épileptique, totalement incongru au vu du reste de l'affiche du festival, est idéalement délivré dans un brouillard artificiel opaque, noyant le groupe, seulement matérialisé par des lampes frontales rouges, et les spectateurs, accentuant la perte de repères spatiotemporels, et nous isolant de nos voisins pour mieux étouffer seuls dans notre coin. On se fait littéralement molester dans le smog, agressé par des vrilles de hurlements sans fin scandant une prose misérabiliste. Les morceaux sont indifférentiables et ne constituent plus dès lors qu'une longue plainte agonisante. Paradoxalement cette dépression ultraviolente est totalement jouissive et galvanisante. On en ressort rincé, mais ravi de s'être arraché une petite heure à l'apathie dans laquelle s'efforçaient de nous plonger les autres participants.

Nous terminons cette superbe journée par le concert que tout le public semble attendre. Celui des anglais d'Electric Wizard. Soyons clair, nous sommes un peu dubitatifs à l'idée de les revoir tant la prestation à laquelle nous avons assisté au Hellfest était catastrophique. Un batteur aux fraises, un bassiste à l'attitude décalée, un son affreux, les éléments n'étaient vraiment pas réunis. Sans parler du vrai/faux de retour de Mark Greening et toute la polémique qui a suivi, nous avions peur de voir une nouvelle fois la légende se désagréger. Fort pourtant d'un bon retour sur album avec Time To Die, le groupe continuait tout de même de nous angoisser. Les premières notes d'Incense For The Damned résonnent enfin dans la Desert Stage et nos oreilles sont immédiatement attaquées. Le son de caisse claire est ignoble, imaginez vous celui de St Anger, de qui vous savez, en pire ! La grosse caisse est trop EN avant et les guitares sont très mal équilibrées.



Rajoutez à ça un Jus Osborn qui casse une corde au bout de deux minutes et vous ne pourriez assister à pire début de concert. Celui-ci passe donc son solo à la tierce mais sa piètre guitariste et conjointe Liz Buckingham ne semble pas bien le comprendre et tente de le suivre sans grand succès. Celle-ci est totalement perdue et tente de régler son ampli pour faire illusion. Le groupe, après que Jus ait changé sa corde, reprend sur The Chosen Few et le son est enfin meilleur. En fond, passe un obscure film gothiquo-érotique des années 70's. La prestation est maintenant meilleure mais sans passion, sans emphase. Nous commençons à réellement prendre notre pied lorsque le groupe entame les premières notes de Supercoven. Quel plaisir de réentendre ce sublime morceau que Liz ne pourra s'empêcher de gâcher en lançant de riff de sortie une mesure trop tôt, s'attirant alors les foudres de son Jus chéri. Le groupe termine son concert avec une version un peu plate de l'inévitable Funeralopolis. Nous venons d'assister à un piètre concert du Wizard. Quelle tristesse pour ce groupe que nous avons tant vénéré fût une époque. Il sera difficile maintenant de nous prouver le contraire car nous ne courrons plus assister à leur prochaine prestation… Tristes nous sommes…



Set Electric Wizard
1. Incense for the Damned
2. The Chosen Few
3. Satanic Rites Of Drugula
4. Funeral Of Your Mind
5. Black Mass
6. Supercoven
7. Witchcult Today
8. Funeralopolis


Jour 3

Troisième jour. Le fameux troisième jour. Celui des sempiternelles complaintes : « Aie, aie, je veux mon lit », « Aie, Aie, j'ai mal à la tête et au dos », « Aie, aie, je suis fatigué », « Aie, aie il finit bientôt ce concert ? Comment ça ce n'est que la deuxième chanson ? »… Et ne nous dîtes pas que nous sommes trop vieux car tout le monde a au moins vécu ça une fois en festival. Si on ajoute le fait que l'affiche de la troisième journée est bien moins alléchante, notre motivation était proche du néant. Après une grandiose interview du groupe Steak (on vous en reparlera plus tard) dans la piscine de l'hôtel Scandic, notre énergie revient et on retourne bosser, plus le temps de lambiner !

On démarre la journée dans la Vulture Stage par le groupe Grecque 1000 Mods. Nous n'avions que peu écouté leur premier album Super Van Vacation mais le second, Vultures, avait trouvé écho pour nos saintes oreilles. Même si le groupe n'a clairement rien d'original puisqu'il développe un subtile mélange de la musique de Kyuss et de celle de Red Fang, on lui découvre une énergie incroyable sur scène. 1000 Mods réveille toute la salle dès les premières notes de 7 Flies et nous fait présager, ce que nous validerons par la suite, d'un excellent concert. Carré comme un métronome, le groupe fait place à Claws, extrait de leur second album, et le public entame le premier pogo de la journée. Le refrain fait chanter tout le monde ce qui met en joie Dani, le bassiste/chanteur du groupe. Celui-ci le rend parfaitement aux personnes présentes en se déchaînant comme un damné. Il est clair que 1000 Mods a de l'expérience sur scène et nous le démontre sans détour. C'est durant le sublime Vidage et ses longs moments instrumentaux que l'on observe un slam qui restera dans les annales. Parti de la gauche de la scène, un petit jeune d'une vingtaine d'année se fait porter par le public jusqu'à l'autre bout de salle pour revenir ensuite à son point de départ sous un tonner d'applaudissements. 5 bonnes minutes montre en main, en évitant les dénivelés du plafond, ce n'est vraiment pas un mince exploit. Le groupe termine son set sur le morceau éponyme de leur premier album, rincé et heureux. Un super moment !

Set List 1000 Mods
1. 7 Flies
2. Claws
3. Low
4. Vultures
5. El Rollito
6. Vidage
7. Super Van Vacation

Nous prenons ensuite notre courage à deux mains pour retourner voir un groupe qui nous ennuie au plus haut point et dont nous ne comprenons pas le succès, Conan. Histoire peut être de changer d'avis. Nous choquerons sûrement bon nombre d'entre vous mais ce groupe n'est pour nous rien d'autre que le néant absolu. On traîne un peu au préalable avec quelques amis et nous rentrons dans la DesertStage au moment où le groupe joue Foehammer, tiré de leur dernier album Blood Eagle. Preuve que nous avons un peu bossé notre sujet. On écoute, on observe ces Anglais en capuches, on regarde le public et on ne comprend toujours pas. On approuve à 200% l'objectif de se fondre dans une masse sonore mais avec Conan, ça ne marche vraiment pas. On tient 3 morceaux et on change de crémerie. Ce groupe n'est décidément pas pour nous. On ne pourra cependant pas nous reprocher de ne pas avoir essayé. C'est déjà la troisième fois que l'on croise la route du groupe sur scène : Roadburn, Hellfest, DesertFest.



Séance découverte ensuite avec le duo instrumental belge Sardonis. Le groupe évolue dans un sludge doom hardcore teinté de death metal par endroits. On doit avouer que les riffs à la Entombed sur lesquels nous tombons réveillent nos tympans et nous offre une brutalité tout à fait nécessaire. Le groupe est cependant bien moins pertinent dans ses riffs doom sludge qui nous en touche une sans faire bouger l'autre. Si on rajoute à ça que le duo prend un temps fou entre chaque morceaux, ils ne sont pourtant que deux, on se met vite à regarder notre montre. Quinze minutes suffiront à notre peine. C'est plutôt dommage tant les cinq premières nous avaient emballé.

Nous décidons ensuite de prendre un peu de douceur dans ce monde de brute avec le rock progressif et psychédélique des Allemands de Colour Haze. Première grosse et plutôt rare tête d'affiche du festival, c'est avec joie que nous commençons à voyager dès les premières notes de Transformation, extrait de leur dernier album She Said. Le son est magistral, c'est indéniable. Nous distinguons aisément toutes les subtilités de la basse, les harmoniques somptueuses du guitariste/chanteur Stefan Koglek sans compter les breaks et contre temps sublimes du jeu de batterie de Manfred Merwald. Voilà bien un des rares groupes de prog sachant développer une musique longue et à tiroir sans pour autant tomber dans la monotonie et l'ennui.



Ce qui est également incroyable avec ce groupe c'est qu'il sait aussi proposer des morceaux courts, plus radiophoniques, tout aussi dantesques. Pour preuve le sublime Moon que Colour Haze enchaîne et agrémente de très belles images psychédéliques aquatiques en fond de scène. Le chant aigu de Stefan passe très bien le cap du live et démontre à quel point celui-ci est un musicien accompli sur bon nombre de niveaux. C'est lorsque Tempel est annoncé que le public exulte. Divine chanson de l'album du même nom, elle transporte instantanément les personnes présentes. Le groupe termine son set sur les dix minutes d'Aquamaria tiré du même album et laisse un public subjugué par tant de beauté et de subtilité. L'un des concerts du festival, en pôle avec celui de Yob.



Set List Colour Haze
1. Transformation
2. Moon
3. She Said
4. Tempel
5. Love
6. Aquamaria



Difficile choix ensuite entre le rock stoner doom metal des Anglais de Black Moth et le folk doom occulte de Jex Thoth. On décide de commencer par ce que nous connaissions le mieux puisque leur nouvel album, Condemned To Hope, résonne encore dans nos oreilles. Black Moth est déjà en train de jouer Tumbleweave quand nous arrivons dans la Vulture Stage. Le groupe confirme ce que nous connaissions de lui. Une musique qui a le cul entre trois chaises : Le stoner doom, le rock grungy et le metal. Le tout agrémenté d'un chant féminin aux premiers abords pénible mais en réalité bien juste. Il faut que dire que les groupes de « metal » à chanteuse ne trouve que peu grâce à nos oreilles.



Totalement propre dans sa prestation et fort d'une démarche très simple en live, le groupe délivre un très bon show que nous écourtons pour aller voir et écouter Jex Thoth sous la pression de quelques amis fans de la ricaine. Lumière tamisée voir noir complet, bougies en guise d'éclairage, ambiance occulte, salle bondée, voilà sur quoi nous tombons dans la Canyon Stage. Sois nous étions mal luné, soit clairement nous n'avons pas du tout accroché car la chanson The Banishment sur laquelle nous arrivons est d'une pénibilité rare en live. Riffs doom ultra classiques, chant aigu féminin bien trop cliché et un estomac criant famine auront raison de notre patience. A revoir dans d'autres circonstances mais cette première approche ne fût vraiment pas une réussite.

Il reste maintenant deux concerts pour le moins majeurs venus tout droit des US. Brant Bjork et Fu Manchu. Ce n'est bien évidemment pas au batteur originel de Kyuss que l'on apprend à jouer du stoner classic rock. Celui-ci commence avec son morceau culte Low Desert Punk. Culte mais plutôt moyen puisqu'il a toujours senti le réchauffé. L'album Jalamanta est décidément à l'honneur puisque les chansons suivantes ne sont autres que Lazy Bones et Automatic Fantastic. Bien plus subtiles et travaillées, celles-ci nous font rentrer dans le concert et profiter comme il le faut des bouclettes et du bandana du chanteur/guitariste le plus connu de la planète stoner. Brant Bjork change enfin d'album avec le très bon refrain de Turn Yourself On de Somera Sol et Let The Truth Be Known cette fois de l'album Saved By Magic. La prestation est classique mais carrée, le son très propre. Peu de magie cependant, un peu comme si Monsieur venait au taff avec les pieds de plomb. Nous avons donc apprécié ce concert mais il ne figurera clairement pas en tête de liste des awards de cette édition.

Set List Brant Bjork
1. Low Desert Punk
2. Lazy Bones/Automatic Fantastic
3. Too Many Chiefs…Not Enough Indians
4. Turn Yourself On
5. Let The Truth Be Known
6. Controllers Destroyed
7. We Don't Serve Their Kind
8. I Miss My Chick
9. Buddha Time
10. Stokely Up Now
11. Freaks Of Nature
12. ''73
13. The Future Of Rock

On termine le festival par le stoner des Californiens de Fu Manchu et on vous le dit tout de suite, l'un des meilleurs concerts du festival. Tout fût parfait. Des riffs et solos du génial Bob Balch (on vous conseille d'ailleurs d'écouter Sun & Sail Club), au chant de Scott Hill en passant par les patterns de batterie du célébrissime Scott Reeder, sans oublier un son idéal, tout fût excellent. Le groupe pioche dans tous ses albums sans utiliser la solution de facilité qui aurait été de jouer une bonne partie de Gigantoid, le dernier album en date. Fu Manchu en extrait cependant les meilleurs morceaux avec Invaders On My Back, Dimension Shifter et Anxiety Reducer. Que dire de plus ? Ce concert nous a mis une banane de malade alors que nous n'attendions qu'une chose, retrouver au plus vite nos pénates. Fu Manchu c'est classe, Fu Manchu c'est la baffe, Fu Manchu c'est la bifle. Le mot du festival, comprenne qui pourra/saura… A l'année prochaine Anvers !

Set List Fu Manchu

1. Eatin' Dust
2. Hell Of Wheels
3. Dimension Shifter
4. Invaders On My Back
5. The Falcon Has Landed
6. Boogie Van
7. Laserbl'ast !
8. Mongoose
9. Anxiety Reducer
10. Evil Eye
11. Push Button Magic
12. Triplanetary
13. King Of The Road
14. Godzilla (Blue Oyster Cult)


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Commentaire
SanguineSky
Membre enregistré
Posté le: 20/11/2014 à 19h25 - (968)
C'était bien cool ce festival! Quelques découvertes sympas (Death Alley, Black Bombaim, 1000Mods) pour ma part, mais surtout pas mal de grosses claques, et notamment trois : YOB, Monkey3 et Jex Thoth.

D'ailleurs c'est marrant de voir qu'on a peu apprécié les mêmes groupes plus ou moins : j'ai pas du tout accroché à Truckfighters, je me suis ennuyé sévèrement sur Electric Wizard (ce qui m'a permis de profiter de l'excellent set de Purson juste derrière), et j'ai trouvé Satan's Satyrs insupportable.

Je crois bien que je vais revenir l'année prochaine.

gardian666
Membre enregistré
Posté le: 20/11/2014 à 19h50 - (969)
Très bon report, ça donne envie !



Raoul Volfoni
Membre enregistré
Posté le: 21/11/2014 à 07h18 - (970)

Pour moi qui decouvre a peine Blue Pills, excellente occasion de decouvrir The Shrine et The Picturebooks grace a ce report
Il faut que je me replonge dans Fu Manchu
En tout cas, merci

Pingujp
Membre enregistré
Posté le: 25/11/2014 à 13h23 - (973)
Je n'ai vu que le samedi soir, me suis fait chier pendant Pallbearer, YOB était impressionnant,j'ai bien aimé Electric Wizard, même si c'est un peu moins fort qu'avec l' ancien line-up.
Chouette report.

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