Le 10 novembre 2014, au Bataclan (Paris)

Même si ce n'était pas la première fois que je voyais MACHINE HEAD en live (loin s'en faut...) c'était une première à Paris. L'occasion était en effet trop belle de pouvoir mesurer en direct l'affection supposée du public parisien pour MH, l'histoire "d'amour" entre le groupe et la capitale remontant à près de vingt ans aujourd'hui. Hasard heureux du calendrier, le nouvel album du groupe "Bloodstone and diamonds" venait d'atterrir dans les bacs quelques jours auparavant et la sortie américaine était programmée en ce Lundi 10 novembre... "A very big Deal" dixit Robb Flynn.

L'inconvénient quand tu es banlieusard et que tu travailles comme un citoyen respectable, c'est que tes chances d'arriver à l'heure à un concert à Paris à 19h00 relèvent du pur fantasme. C'est donc l'intégralité du concert de RISE OF THE NORTHSTAR que je louperai pour débarquer alors que les Franciliens sont en train de décocher leurs derniers atémis... une prochaine fois peut-être ? Cela ne sera pas le cas avec Darkest Hours qui débarque sur scène accompagné d'une intro grandiloquente. Pas vraiment connaisseur du groupe, j'en restais sur l'étiquette "Deathcore"... et j'ai du coup été assez (agréablement) surpris. Volontiers agressifs sur plusieurs morceaux (particulièrement en fin de set), je retiens surtout le jeu original du batteur, les superbes solos de Michael Carrigan, et les hurlements fougueux de John Henry. Visiblement bien motivés par cette date à Paris, DARKEST HOURS proposera un show compact et entraînant qui semblera satisfaire les curieux comme moi et les amateurs plus éclairés du combo.
Car après cet apéritif, il nous faudra pas mal de patience avant d'entendre une première note de MACHINE HEAD. Visiblement à cause d'un problème au pédalier de Robb Flynn, les roads trifouilleront pendant plus d'une demi-heure avant de trouver la solution au problème. Au départ compréhensif (et bien aidé par la sono diffusant l'album "Master of Puppets") le public commencera à monter en pression, les "Ah Hou, Ah hou !" à la "300" commençant à se faire de plus en plus lourds. Cette attente permet néanmoins de détailler le joli décor de scène des Américains, agrémenté de drapeaux, de hampes romaines aux couleurs du groupe et de lights et effets stroboscopiques costauds. On s'occupe comme on peut...

Enfin, et après une longue attente, MACHINE HEAD débarque sur scène visiblement pressé de commencer. Enquillant sans frémir sur le titre d'ouverture du dernier album, "Now we die", les boys ne perdent pas de temps en salamalecs. Pour la première fois vêtus de costumes de scènes homogènes (des sortes de tenues sombres poussiéreuses et cloutées donnant un aspect usé et destroy) les musiciens ont le morceau bien en main et se mettent directement le public dans la poche, évidemment déjà familiarisé au refrain et à la dynamique de la chanson. Toujours aussi fédérateur, "Imperium" maintiendra le rythme du premier titre et offrira avec son célèbre pont rapide, la première occasion au public de se défouler dans le pit.
Cette fulgurante entrée en matière permet de voir un groupe visiblement ravi de se trouver sur scène mais peut-être encore en cours de rodage quand on sait combien le groupe peut être implacable dès lors qu'il est bien calé sur ses starting blocks (Fuck it all !). Dave Mc Clain par exemple, a "zappé" la partie en sextolet de la fin d'"Imperium" et Flynn semblait très appliqué lors des solos. Mais bon, ça sonne quand même carré et le groupe envoie du lourd, continuant pendant "Beautiful Mourning" et "Locust" à nous montrer combien les morceaux des derniers albums s'imbriquent bien les uns aux autres.
"Ten Ton Hammer" sera le premier (et le seul) extrait de l'album "The more things change". Impeccablement interprété, le morceau fait partie des hits du groupe et n'a pas manqué de faire headbanguer une bonne partie du public présent. Cependant, sa structure simple et son caractère largement plus hardcore que ce qu'ils font maintenant permet de mesurer l'écart qu'il peut y avoir entre le MH 2.0 et le MH des 90's.


Assez étonnamment du coup, MH viendra me surprendre en déterrant "Bulldozer" et "Declaration", tous deux extraits de "Supercharger", l'album qui me semble (avec "The Burning Red") le plus controversé du groupe. Pourtant, la version boostée de "Bulldozer" est passée comme une lettre à la poste et a sacrément mis la patate. Comme quoi...
La critique que je fais souvent au concert de Machine Head, c'est le caractère un peu trop "corporate" des speeches de Robb Flynn. Juste avant "Darkness Within", le bougre nous a gratifiés d'une de ses tirades dont il a le secret... sauf que là, les mots semblaient vraiment dédiés à la soirée et aux souvenirs que le chanteur partage avec la France, et Paris plus particulièrement. En jouant quelques notes de "South of Heaven", le chanteur guitariste est revenu sur leur première date en France, à l'époque en première partie de SLAYER, en ces temps où MACHINE HEAD était véritablement enragé, différent de ceux qu'ils sont presque 20 ans après. Putain deux décennies ont passé...

Du coup, avec mon T shirt "Fuck It All", je fais figure de vieux fan du groupe et je ne peux qu'être saisi par l'effet du vieux Proust alors que "Davidian" retentit. Eh oui, le groupe a vieilli, sa musique est aujourd'hui différente (mais toujours cool à mes oreilles) et on est encore là pour scander "Let Freedom ring with a shotgun blast". Exit Kontos, Mader et Duce et welcome Jared Mac Eachern qui s'en tire honorablement en remplacement de la figure désormais absente du viking Adam... qui nous manque quand même ce soir.
Et comme pour corroborer ce qui représente désormais ce MACHINE HEAD 2.0, le groupe torpillera le public avec "Aesthetics of hate" et l'imparable "Halo" pour terminer le show avec confettis et fumigènes à la clé.
Forcément, en tant que gros fan du groupe, je suis sorti avec un big smile du concert et je boude jamais mon plaisir quand il se présente à moi. J'imagine aisément que certains auront été allègrement saoulés par le problème technique lié au matos, la set list faisant une faible part aux vieux morceaux, et le caractère "festif" du concert. En même temps, peut-on raisonnablement s'attendre à voir aujourd'hui débarquer Flynn avec la boule à Z en décochant d'emblée, et comme à l'époque, "Take my scars" et "Struck a nerve" pour terminer à genoux sur "Block" ? Bordel 20 ans...
Je me rappelle de l'émission d'"Headbangers ball" de 1995 où Vanessa Warwick avait suivi Machine Head pour sa première tournée européenne en tête d'affiche de Barcelone jusqu'à Toulouse... à l'époque où le Bikini était situé à côté de la Garonne et où Suicidal y jouait tous les six mois. Je me souviens de Kontos qui interviewait le batteur/crane rasé de Tomas Haake. Meshuggah venait de sortir "Destroy Erase Improve", les Suédois étaient quasiment inconnus à cette époque et foutait une rouste tous les soirs au public sidéré qui les découvrait. Et pour MH... public convié sur scène, cover de Poison Idea, Cro Mags, défilé de torgnoles surpuissantes. Quelques années après au "Pied", toujours la même guerre avec ENTOMBED et MISERY LOVE Co... ambiance Hardcore et attitude à la "Me fais pas chier" au son de "Take My scars" et "A Thousand Lies". Un vieux con je vous dis, et je suis content de repenser à tout ça quand je vois MH aujourd'hui.
Qu'importe au final, le groupe continue son bonhomme de chemin, proposant toujours quoi qu'on en dise, des shows énergiques vivants et percutants.

Set List :

- Now We Die

- Imperium

- Beautiful Mourning

- Locust

- Ten Ton Hammer

- Darkness Within

- Declaration

- Bulldozer

- Davidian

- Aesthetics of Hate

- Halo