Comme les BETRAYING THE MARTYRS, CAN'T BEAR THIS PARTY, groupe de pop-punk issue de la région PACA, ont eu l'opportunité d'effectuer une tournée à l'autre bout du monde. Kevin, guitariste du groupe, a bien voulu nous conter cette aventure qui se déroula non pas aux US cette fois-ci mais en Indonésie et au Japon.

L'opportunité de tourner en Asie est assez rare, en particulier pour un groupe amateur donc lorsqu'on a trouvé deux promoteurs, un en Indonésie et un au Japon qui voulaient absolument nous faire tourner sur des dates concordantes, on n'a pas hésité. Il faut savoir que la scène Metal/Hardcore mais en particulier Pop-Punk est ultra développée en Asie, nous sommes un groupes lambda en France, mais vers cette partie du Monde, des gens étaient vraiment heureux qu'on fasse le déplacement, et nous aussi évidement. On était donc parti pour une tournée sur décembre 2013 janvier 2014 de Depok en Indonésie jusqu'à Shizuoka au Japon.
La première question qui vient à l'esprit c'est le budget, le deal était simple : tous les avions étaient à notre charge, le reste à la charge des promoteurs donc dans les 2000 € chacun. Honnête pour 4 semaines de vacances au bout du monde pour faire de la scène.
Mais bon quand tu connais un peu le milieu, les deals c'est beau sur papier évidement...
On a attaqué par l'Indonésie et on a vécu 3 ou 4 jours chez notre promoteur pour les premières dates entre Depok et Jakarta qui sont des villes très proches, puis ensuite on a mangé du bus et du van jusqu'à Bali.

L'Indo c'est dingue, vraiment dingue, des trucs incroyables côtoient des trucs scandaleux au possible.
On a fait une date au dessus d'un fast food, juste au dessus des fours. Il y avait déjà eut deux morts dans cette "salle" auparavant à cause de la chaleur.

On a joué dans le skate shop d'un centre commercial de Jakarta derrière nous on pouvait voir la ville illuminée c'était ultra classe, on a même joué devant un sous-marin à Surabaya. Sauf qu'à côté de ça on a joué sur des amplis en plastiques ou sur une sono qui part en lambeaux, ou bien les "ingés sons" parlaient que l'indonésien. Niveau son faut savoir revoir ses exigences à la baisse, du genre "si je m'électrocute pas pendant le set on est bon". Ce qui est fou c'est que pour eux on était des rock stars, alors qu'on n'est que des connards lambda chez nous. Les indonésiens sont tellement cools, ils sont juste content parce que t'es dans leur pays, ils sont tellement chauds dans le public qu'ils se mettent à gueuler à peine tu lances quelques notes pour les balances. Après chaque concert ils font la queue pour faire des photos avec toi, et si tu leurs lâche du merch ou un médiator ils sont aux anges. Faut dire qu'il n'y a pas beaucoup de groupes occidentaux qui jouent chez eux, et ils sont ultras fans de la scène Punk/Core US et Européenne.

Même si on se l'a pétait salement surtout au moment de souhaiter bonne année à tout le monde depuis une plage de Bali il y a eu des moments chauds. Déjà tu risques ta vie sur chaque km de route indonésienne. On nous a proposé de dormir dans des squats assez scandaleux après 18heure de van sans appui-tête, on a tous eu la chiasse, et cerise sur le cageot notre promoteur s'est "un peu" barré avec la caisse quand il s'est aperçu qu'à cause de son orga pourrie des transports on arriverait pas à finir la tournée. Dommage notre prochaine date se déroulait dans un stade, il y avait 20 groupes on était en tête d'affiche. Dégoutés...

VIENS DORMIR C'EST PAS CHER

Décollage pour le Japon et le choc culturel, thermique et musical. D'une organisation scandaleuse tu passes à la rigueur japonaise : tout est minuté, les transports sont nickels, les salles sont magnifiques et suréquipées, le backline est parfait, que du haut de gamme, les ingés sons sont des pros. Tu passes accessoirement de la chiasse à la grippe aussi.

Les groupes de première partie te mettent la branlée de ta vie. On avait limité honte de jouer on se prenait la misère à chaque date. Les japonais sont des perfectionnistes, n'importe quel groupe a un son d'enculé, ça joue droit, ça tape fort, ça chante juste. Niveau public c'est moins chaleureux en revanche, les gens sont gênés de venir te voir après le concert et c'est pas la folie dans le pit à part dans les grandes villes, ça n'applaudis pas trop, ça "apprécie" le concert plus que ça ne le vie. Les japonais sont plus connaisseurs, plus critiques, ils ont plus de recul sur ce qu'on fait, ils ont des concerts à la pelle par rapport aux indonésiens et ça se ressent. En tout cas les conditions étaient tellement idylliques qu'on a joué la meilleure musique possible et c'était super agréable.
Au final, cette tournée nous a coûté pas mal d'argent entre les hôtels qu'il fallait régler nous même suite au départ de notre promoteur Indonésien, les galères de transport plus les à côtés au Japon (FIGURIIIIIINES). Par contre on en ressort avec un souvenir qui n'a pas de prix.

Si vous avez l'opportunité de vivre ça en tant que groupe amateur (sans aucun soutien financier) n'hésitez pas une seule seconde mais soyez préparé, en cas de galère pas possible d'appeler un pote, ou de rentrer à la maison. Je pense que ce genre de tournée (et les tournées en général) n'est pas possible sans investissement personnel, si vous mettez votre argent dans la musique ça fait partie des frais qu'il faut savoir être prêt à assumer mais c'est pour des moments que vous n'oublierez pas.

Merci à Kevin et aux CAN'T BEAR THIS PARTY pour ce report!

Infos:
https://www.facebook.com/pages/Cant-Bear-This-Party
http://cantbearthisparty.bigcartel.com/
http://cantbearthisparty.bandcamp.com