le 20 novembre 2013, le Grillen, Colmar

Arrivé dix minutes avant le début des hostilités, je découvre pour la première fois la salle super sympa qu'est le Grillen, lieu où jouera l'affiche mythique de ce soir.

En arrivant, on peut trouver le bar qui court sur toute la droite puis les consoles son et lumières tout de suite sur la gauche, enfin les stands de merchandising dans le coin gauche. Face à nous la scène relativement spacieuse.
Concernant le merchandising, si l'offre est rare (on peut tout de même trouver une réédition du "Focus" de CYNIC en vinyl ainsi qu'un T-shirt de la guitare signature de Paul Masvidal !!), les prix restent corrects puisque l'amateur pouvait repartir avec un T-Shirt de CYNIC pour 10€ ou bien encore le sweat à capuche reprenant l'artwork de "Human" pour 20€. Un bon point à signaler donc.
À titre de comparaison, cette salle me fait un peu penser au Nouveau Casino de Paris (toute proportion gardée car le Grillen ne possède pas de balcon), et si celle ci est toute en longueur, la salle de Colmar est toute en largeur.
Avec une jauge estimée à 350/400 personnes, je peux vous assurer qu'elle a été plus qu'atteinte puisque le concert a affiché complet et que certains fans ont dû se contenter d'observer la leçon du soir depuis le couloir !

Il est maintenant temps de me diriger vers le bar afin de commander la boisson des champions, de retrouver quelques VSeurs (Omnio et Nocturnus77, Charvette - j'en profite pour les resaluer-) et je me place tranquillement afin d'assister à la toute première prestation de la soirée.

Ce sont les suisses de DARKRISE qui ont la lourde de tâche d'ouvrir. Le groupe composé de cinq membres, originaire de Lausanne et auteur de quatre albums, donne dans un Brutal Death qui ne colle pas vraiment avec les deux groupes suivants mais qu'importe, ils donnent tout. Un peu comme Jérôme Cahuzac dans un autre domaine...



Le soucis c'est qu'au bout de trois titres (dont "Etre ou ne paraître" issu de "Realeyes" le dernier opus en date), on décroche tant on a l'impression d'entendre le même morceau. C'est dommage car le chanteur a un sacré coffre (Chris Barnes est son Dieu à n'en point douter), le bassiste - qui ressemble furieusement à Barby de GOROD - se défend plutôt pas mal et le soliste possède un toucher intéressant mais la linéarité de l'ensemble finit par lasser une partie du public. La mise en son est très bonne et ce sera d'ailleurs le cas pour l'ensemble des groupes.



Ils clôtureront leur set par un titre où une partie très influencée par MESHUGGAH se verra cotoyée par une autre directement issue du Nü Metal pratiqué par COAL CHAMBER en son temps.
Assurément le titre le plus intéressant du lot.

Le temps que les techniciens s'affairent pour préparer le matériel du groupe qui arrive (environ un quart d'heure) et nous voici directement plongé dans le Death technique des allemands d'OBSCURA. Qui débutent leur set par "Anticosmic Overload" l'excellent premier titre de "Cosmogenesis".



Steffen Kummerer,leader de la formation, est très content d'être là et le fera savoir durant toute la durée du set en remerciant chaleureusement le public présent. L'ex-batteur de NECROPHAGIST, Hannes Grossmann, affiche lui aussi un sourire communicatif tout au long du concert et ce, même lors des parties les plus techniques.



Linus Klausenitzer, le dernier arrivé dans la troupe, s'affirme comme un sacré bassiste et ne cache pas non plus sa joie d'être là. L'autre ex-NECROPHAGIST du groupe, Christian Muenzner, tient la deuxième guitare (une Ibanez rose !!) et prend en charge la majorité des soli, il restera cependant dans son coin en mode "autiste" ce qui contrebalance quelque peu l'optimisme affiché par ses compères. Cela ne l'empêchera pas de décrocher des lead splendides.
Une fois de plus, le son est très bon et rend ainsi justice aux lignes de basse très techniques, ce qui a son importance dans un tel groupe tel que celui-ci.
Seront joués "Incarnated" (aux forts relents de DEATH), "Septuagint" introduit par une bande qui reprend les parties de guitare acoustique, "Centric Flow", un solo de batterie qui a pour lui le fait d'être court et pas trop pénible à subir et pour finir le lourd et oppressant "Ocean Gateways", un titre que n'aurait pas renié le MORBID ANGEL des grands jours.



Mais le temps fort du concert restera la présentation d'"Imaginative Soul", titre inédit qui apparaîtra sur le prochain album du groupe et qui s'intègre parfaitement à la setlist présentée où les albums "Cosmogenesis" et "Omnivium" sont défendus avec trois titres chacun.
Un excellent concert donné par un groupe en pleine possession de ses moyens, capable de restituer sur scène les arrangements sophistiqués entendus sur album. Et la très forte impression de voir là l'un des futurs grands de demain...

Après presque une heure de concert qui a bien fait grimper le thermomètre (il fait de plus en plus chaud), le public se masse comme un seul homme à l'avant de la scène et attend patiemment la tête d'affiche.

Dans l'ombre, alors que s'affairent les techniciens, on devine une imposante batterie aux grosses caisses flanquées du logo de DEATH. Pendant que dans le public, on ressent comme une attente fébrile doublée d'une envie d'en découdre rapidement.



Heureusement, l'attente se fait courte, la lumière s'éteint, des images de Chuck à tous les moments de sa (trop courte) vie défilent. La Grand-Messe va pouvoir commencer.
Le line-up responsable de "Human" (moins Chuck pour les raisons que l'on sait) monte alors sur scène accompagné par Max Phelps, guitariste live en charge des growls au sein de CYNIC depuis 2011, qui va devoir assurer un rôle plus que délicat.
Le géant Steve DiGiorgio aux fausses allures de viking à la basse trois cordes (!!), le tout petit Paul Masvidal à la deuxième guitare (qui nous gratifiera durant le show de sauts de cabri et d'autres tours sur lui-même), l'imposant (dans tous les sens du terme tant il a pris de poids) Sean Reinert aux baguettes embrayent directement sur "Flattening of Emotions". Max Phelps donc, au chant et la guitare, a la lourde tâche de prendre la place laissée par le leader - compositeur - maître à penser qu'était Chuck Shuldiner. Il a une sacrée pression sur les épaules et le public l'attend au tournant. C'est donc du quitte ou double.
Et ce sera pour moi le gros point noir de la soirée tant son manque de charisme, son chant sans expression et son manque de motivation (aucune communication avec le public, les speechs étant faits par le bassiste) me laissent perplexe.
Alors oui, ça joue (normal vu les monstres), le son est excellent, le public est chauffé à blanc (c'est bien simple, la salle est maintenant devenue une étuve) et, ne nous mentons pas, c'est ultra jouissif que d'entendre tous ces classiques devenus depuis légendaires mais il est vraiment dommage de devoir faire abstraction du "remplaçant de luxe" pour profiter pleinement du spectacle (et au passage, de la baffe affligée dans les règles de l'Art) qui nous est offert.



C'est bien simple : toute la discographie se verra visitée (cf. set list en bas de page) durant pas loin de deux heures par un line-up de tueur. Visiblement heureux d'être la, Steve DiGiorgio s'éclate comme un gamin soutenus par un Paul Masvidal solide et carré, un Sean Reinert au toucher toujours aussi fin (mais qui ralentit parfois le tempo sur certains titres comme sur "Flattening of..." par exemple) et une jeune recrue qui assure à la guitare et au chant (même si son timbre reste différent de celui du défunt vocaliste).



Après une courte entracte où sont diffusées des images et vidéos de Chuck (Chuck avec un bébé, Chuck avec son chien, Chuck en vélo, c'est pire que Martine là !!), le géant blond nous offre un solo de basse magistral dont lui seul à le secret puis le groupe se verra rejoindre par Hannes, batteur d'OBSCURA, sur "Crystal Mountain" avec un toucher plus percutant que son illustre prédécesseur. C'est ensuite au tour de Steffen Kummerer de jouer et chanter un titre (OBSCURA avec DiGiorgio et Masvidal dans le line-up, ça a de la gueule, croyez-moi !), "Spirit Crusher" en l'occurrence et là, l'allemand vole carrément la vedette : le charisme, le chant, le jeu, le voici le nouveau Chuck !



Le show touche désormais à sa fin et DEATH revient pour un rappel et pas des moindres, avec le mythique "Pull the Plug" repris à gorges déployées par tous les vieux de la salle (98% du public au bas mot).
Voilà c'est fini. Le public est comme foudroyé, logique après une telle leçon. Ce fut magistral et assez magique il faut bien l'avouer, car imaginer pouvoir revoir ces titres interprétés par de telles légendes du Metal qui ont participé à la création de l'un des chefs-d'oeuvre du genre tenait de l'hypothèse la plus farfelue il n'y a encore pas si longtemps.



Et puis la sensation unique de se dire que l'on a enfin vu la légende en action. C'est alors peu de dire que ceux qui pensent que DEATH sans Chuck, ce n'est pas DEATH en seront pour leurs frais tout en se fourrant le doigt dans l'oeil jusqu'au coude (au moins) mais ce n'est finalement pas si grave puisqu'ils resteront chez eux, confits dans leurs à priori et leurs certitudes d'un autre temps.

La salle se vide petit à petit et tout le monde parle de ce qui vient de se passer. Personne n'en revient vraiment tant ce fut par moment irréel et en même temps bien palpable. Sinon comment expliquer ce type torse nu dehors alors qu'à 30 bornes de là, il faisait -5° !
Il me reste encore deux heures de route et demain, je reprendrai le cours normal des choses... sans jamais oublier ce qui vient de se passer.

Setlist :

- Flattening of Emotions

- Leprosy / Left to Die

- Suicide Machine

- In Human Form

- Spiritual Healing / Within the Mind

- Cosmic Sea

- Zombie Ritual / Baptized in Blood

- Together as One

- Crystal Mountain (avec Hannes Grossmann d'OBSCURA, batterie)

- Spirit Crusher (avec Hannes Grossmann d'OBSCURA, batterie et Steffen Kummerer d'OBSCURA, chant et guitare)

- Lack of Comprehension

- Pull the Plug


Photos : Philippe Déléage

Remerciements : Philippe, Steve, VsGreg et Zone 51