Le 1 octobre 2012 au Trabendo à Paris.

Alors qu'une partie de la populace métallique s'en est allée voir THERION au Bataclan, j'ai fait comme 600 autres et je suis parti en direction du Trabendo pour le retour de SOULFLY. Tous les ans, on fait la même chose, on va voir le vieux Maxou pour se dire « ah, c'était bien SEPULTURA », « Il a pris du bide putain » ou autre « il fait semblant de faire de la gratte ». Ces trois caractéristiques particulières sont présentes cette année encore, alors pourquoi changer les traditions ? Si, comme tous les ans, Maxou ramène l'immonde groupe de son beau-fils Ritchie, INCITE, cette fois-ci, le Brésilien a aussi rameuté ses deux autres gamins, Zyon et Igor, qui officient dans LODY KONG. Par ailleurs, cette tournée nommée « Maximum Cavalera Tour », qui aurait aussi pu s'appeler « Maximum Cavalera Overdose Tour » (ça devait être trop long sur les affiches), marque les 15 années d'existence du combo americano-brésilien.

C'est un plaisir doublé pour moi puisque je retrouve le Trabendo après plus d'un an et demi d'absence, un grand moment d'émotion vous dis-je. Mais c'est surtout après avoir croisé l'un des gamins de Max, qui doit avoir le même goût pour la technologie Schwarzkopf que sa mère, que j'étais sûr de ne pas m'être trompé d'endroit. D'ailleurs, LODY KONG démarre cette soirée quelques minutes ensuite.

Les « kids » de Max ne font pas du metal, ils sont plus dans un esprit « grunge ». N'étant pas pro dans ce domaine, ça me rappelle un mélange entre « Bleach » de NIRVANA et FUDGE TUNNEL, le groupe d'Alex Newport (le mec qui a formé NAILBOMB avec Max). Au-delà de ce détail de style, ce quatuor de jeunots aux looks différents -dont un bel iroquois rasta et blanc avec de l'acné- ne semble pas emballer la fosse du Trabendo. A ce propos, le public est plus diverti du côté du merch ou de la buvette que devant la scène. Dommage pour ces jeunes gens, mais espérons qu'ils reviennent meilleurs dans le futur parce que là…

Malgré une bonne énergie scénique, LODY KONG ne sera pas la bête de la soirée, il n'en reste qu'un petit groupe de potes sympathiques qui est voué à faire beaucoup de bœufs dans le garage de papa et maman.

Suite et fin des rejetons de Maxou avec la présence de Ritchie « Rich » Cavalera et INCITE. C'est la troisième fois en trois ans que je suis forcé de voir ces quatre mecs sur scène, la faute à une programmation familiale favorable. Pourtant, Maxou avait dit il y a quelques années qu'il laisserait galérer un peu ses gamins, il semblerait que la promesse ait été rompue. Mais soit, même avec une plus petite audience, la bande de Phoenix ne fait que ce qu'elle fait depuis un moment : du vent. Avec des influences musicales et scéniques avec PANTERA ou LAMB OF GOD, INCITE ne parvient qu'à n'être qu'une ombre parmi ces illustres noms. L'attitude scénique de Ritchie n'est pas la plus désagréable, il fait des va-et-vient sur la scène, il gère son travail de frontman avec beaucoup de sérieux même s'il a tendance à se prendre pour le roi du monde. Mais quand on s'attarde sur le guitariste archi-statique qui a piqué deux-trois plans à Dimebag Darrell (ainsi que la guitare) et un bassiste ne faisant qu'headbanguer, on a le droit de se demander à quoi sert autant de brassage pour rien. INCITE reste INCITE, c'est-à-dire, une formation minable et sans intérêt qui ne doit sa renommée qu'au nom Cavalera sur la pochette. Shame on you.

Bien entendu, le clou du spectacle, l'évènement interplanétaire de la soirée est la venue de SOULFLY. Ou SOUFLY comme je vois souvent écrit sur le web. C'est sur le single de « Enslaved », « World Scum » que Max Cavalera et ses trois gaillards arrivent. Je suis ravi de voir Tony Campos à la basse à la place de Bobby Burns, mais encore plus grâce au départ de Joe Nunez qui s'est fait remplacé par David Kinkade de BORKNAGAR à la batterie. Dommage que Marc Rizzo ne se soit pas fait virer lui non plus, en espérant que Max se rende compte un jour que ce mec fait toujours les mêmes soli et qu'il les joue mal, tout simplement.



La vieille légende de SEPULTURA semble plus en forme qu'au Bataclan où il avait du mal à mettre deux pieds devant l'autre. Il affiche des magnifiques dents en moins et des cheveux rouges flashy qui rappellent à tous sa période « Roots » où il était au top de sa gloire médiatique. Hormis ces détails –dont on se fout- on ne peut que s'agenouiller devant la voix du Brésilien. Même avec des pépins physiques, sa voix se fait de plus en plus grasse et rocailleuse.

Pour ses 15 ans de carrière, SOULFLY décide de faire de sa setlist une sorte de best-of. « Blood Fire War Hate », « Prophecy », « Execution Style », mais aussi les classiques de SEPULTURA « Refuse-Resist » qui mettra le feu comme à son habitude et autres « Arise », « Desperate Cry » ou « Propaganda » sont repris en chœur par la foule. Un show bien géré par Max qui laisse à Rizzo le soin de s'occuper de la guitare. Tony Campos s'en sort plus que bien lui aussi, l'ancien STATIC-X se permet d'ailleurs de prendre le micro, ses back-vocals sont apprécié et apportent vraiment un plus. On retient aussi que les fistons sont tous montés sur scène pour jouer un morceau où Zyon profite de l'euphorie pour balancer un CD de LODY KONG (en même temps, il ne devait pas en avoir vendu beaucoup).
Bizarrement, SOULFLY a été très bien dans son rôle. Même si je n'en peux plus de ces pseudos-tournées en famille, la prestation scénique –enfin vocale- de Max Cavalera m'a plus qu'enthousiasmé. Comme quoi, malgré une évidente relâche physique, le Brésilien a su préserver l'essentiel. Le nouveau line-up du combo semble, lui aussi, plus cohérent que par le passé. Au moins, nous n'avons pas été obligés de supporter un solo de batterie raté ou de jam « tribal », David Kinkade affiche au contraire une certaine sobriété derrière un jeu fluide et puissant.



Les seules déceptions auront été de se taper LODY KONG et INCITE, qui, même avec la meilleure volonté du monde, restent dépendants de la volonté de Papa. Max Cavalera a démontré qu'il en avait encore dans le gosier, et franchement, merci, ça m'a permis de rêver encore un peu pour le futur. Même si...

Un grand bravo à la foule qui a encore une fois parié sur SOULFLY. La moitié du spectacle était dans la salle.

Merci à Karine et Manon de Roadrunner Records, ainsi que VS Greg.