- SETH + GLORIOR BELLI + BELENOS par PRINCE DE LU - 2868 lectures
Date parisienne de la mini-tournée, qui s'est déroulée au Divan du Monde le 18 mai MMXII.

Crédits photo: Tonton




Ayant raté Enslaved au même endroit, c'est ma première ce soir au Divan du Monde. Vous permettrez que j'entame les hostilités avec un petit commentaire sur cette salle... qui est ma foi fort bien. Un bar, un coin pour le merch, une scène surélevée, une salle de moyenne capacité qui peut accueillir nos affiches d'aussi moyenne affluence et un bon son quand il est bien réglé. On peut imaginer que le Glaz'Art reste concurrentiel au niveau des tarifs (et pour les possibilités de poser son séant), mais le Divan du Monde est une bien meilleure salle sur pas mal de points. Idéalement placée dans un quartier où il n'y a pas besoin de marcher vingt minutes pour trouver une bière ou un kébab, je n'hésiterai pas une seconde à y revenir si l'occasion se présente.



Et quelle affiche pour ce soir! Trois groupes établis, et trois univers différents. Entre le côté gaulois de Belenos, l'huile de moteur de Glorior Belli et les sophistications de Seth, il y en a pour tous les goûts. Si la foule n'est pas aussi nombreuse qu'on pouvait l'espérer, beaucoup d'habitués sont là dès le début. Pour sa reformation, Seth est évidemment tête d'affiche. Mais les deux autres groupes ne font pas figuration avec des shows de 50 minutes chacun. Il y a de quoi en découdre!




Je suis curieux de ré-entendre BELENOS en concert, après le chaos sonore de l'Élysée Montmartre. J'entre dans la salle deux minutes avant le début du set. Hop, on enchaîne direct avec le trio breton. Loïc Cellier a évidemment sa place attitrée à la guitare et au chant, deux nouveaux comparses s'occupent de la basse et de la batterie. Tout le monde aura noté l'absence d'un second guitariste, ce qui peut sembler étrange pour une formation aussi portée sur les mélodies. Qu'à cela ne tienne, Belenos nous offre un set énergique et, par moments, planant. Les deux nouveaux membres biodégradables assurent parfaitement leur rôle, rigoureux techniquement et physiquement présents. Les tenues pagan, colliers et cheveux ultra-longs collent parfaitement au visuel de Belenos. Scéniquement, il ne se passe toutefois pas grand-chose, mais nous ne sommes pas là pour les sauts de cabri (qui viendront plus tard). Belenos va balayer de nombreuses époques de sa discographie pendant les 50 minutes qui lui sont allouées. Le point noir vient du son (décidément). Suite à la prestation, certains me donneront leur avis sur l'amplification Marshall utilisée par Cellier; les uns pensent que le son colle bien au groupe, les autres trouvent le son disto toujours aussi moisi avec ce genre d'équipement. Je suis plutôt de la seconde frange, le son de gratte était bouffé par la disto et cela donnait un résultat brouillon quelle que soit la précision du guitariste. Peut-être un peu fébrile en début de set, Loïc Cellier a assuré dès le second titre. Et pourtant, ses trémolos et ses arpèges sonnaient baveux, ce qui faisaient passer à la trappe toutes les subtilités de Belenos. Si j'ajoute que le son de gratte était trop large, repoussant la basse trop bas à mon goût pour qu'elle apporte un soutien aux mélodies, vous aurez compris que je n'ai pas apprécié. Mais je tatillonne, car il était pourtant cent fois meilleur qu'à l'Élysée Montmartre et s'est légèrement amélioré au fil du set (ou alors mon audition a lâché). Et pourtant Belenos reste très convaincant, ce qui laisse augurer de la marge de manœuvre du combo gaulois s'il disposait d'un son mortel. A ma grande surprise, ce ne sont pas titres d'Errances Oniriques qui vont le plus me marquer. "Gorsedd", qui avait déjà retenu mon attention sur le dernier opus Yen Sonn Gardis, a pris sur scène toute son ampleur. Titre moins dense (du coup, moins "brouillon"), il fait complètement voyager, porté par le chant clair impeccable de Loïc Cellier. Ce titre m'a aussi fait tilter que les morceaux les plus récents sont finalement les mieux rendus. Belenos a évolué au fil du temps. Si Loïc Cellier nous abreuve toujours des vieux brûlots à notre demande, un long chemin le sépare aujourd'hui de ses débuts et il incarne avec plus de force et de conviction ses compositions les plus récentes. "L'Enfer Froid", "Morfondu", "Chants de Bataille" et bien d'autres se seront succédés, déployant toute la vivacité du répertoire exceptionnel de Belenos. Un très bon moment, qui a réussi sur la fin à réchauffer un public au départ assez amorphe (le lot des premières parties). Mais après le passage de Belenos, il faisait clairement dix degrés de plus dans la salle! J'aurais dû me méfier quand on m'a dit que ce plat de sanglier était une entrée, car on attaquait déjà les choses très sérieuses avec ce très bon concert.



Je suis curieux de ré-entendre GLORIOR BELLI après un dernier album qui m'a déçu mais qui continue de creuser dans la voie singulière que défriche le groupe. En général, le mélange de black metal et de musique southern laisse pas mal d'auditeurs dubitatifs. Les nouveaux fans, ceux qui écoutent MySpace et mettent des bonnets, ne sont pas venus, probablement découragés par le reste d'une affiche trop black. Du coup, une bonne partie du public se demande ce qu'il fout là. "C'était la même chose à Nantes hier" me confirme l'orga. Alors que l'ambiance musicale se réchauffe, de l'enfer froid des Celtes vers les champs de maïs américains, curieusement l'atmosphère générale va se refroidir nettement dans la salle. Glorior Belli a évolué musicalement mais le groupe a gardé ses racines dans le black metal, notamment au travers des élans philosophiques lucifériens de J. Mais le combo n'a musicalement plus grand-chose à voir avec ses confrères les plus traditionnels, se démarquant trop pour une bonne partie du public qui les verrait plutôt sur une affiche avec Pantera (ça ne va pas être évident). Il y a du vrai là-dedans, il est probablement temps que Glorior coupe le cordon. Cela permettrait au groupe d'avoir des retours plus positifs, surtout lorsque leur set, comme celui de Paris, est magistral. Exit les cagoules, le groupe se montre désormais au grand jour. J. a fait son coming out scénique après des années à transpirer sous la capuche. Il débarque en marcel, gominé, couvert de noir, semblable à un garagiste redneck qui aurait passé deux heures à bricoler sous un pick-up. Et dès les premières notes, le son massif nous transporte aux States, la magie des décibels nous ouvre l'univers qui est défriché depuis l'album Meet Us.... Comme pour Belenos, je ne sais foutre pas qui sont les gusses sur scène avec le leader. Ces nouveaux venus ne sont pas là pour la figuration. Le second gratteux n'est pas démonstratif et reste concentré. Le bassiste chauve assure le groove sur sa basse fretless. Le batteur est un métronome qui cogne comme une mule. Avec trois zicos pareils, il n'est même plus utile de se brancher. C'est du velours, sur lequel J. n'a plus qu'à faire le show. Le gratteux/vocaliste va livrer un set investi et énergique. Forcément, visuellement on se rapproche plus d'un groupe de coreux que du métallo habituel. Scéniquement aussi, J. harangue la foule apathique et nous fera même un petit saut de cabri très remarqué depuis le perchoir de la batterie. Mais quelle aisance sur le répertoire de la nouvelle période du groupe! Quelle puissance sonore qui se dégageait des amplis Orange! Glorior Belli aura livré un très gros set ce soir, face à un public trop amorphe qui attendra les tout derniers titres pour s'égayer un peu. Ouais, il est vraiment temps de couper le cordon. La foule qui s'était réfugiée dehors ne les mérite plus, et pis c'est tout.



Je suis curieux de voir SETH sur scène. J'aurais pensé la salle plus remplie à l'annonce de cette mini-tournée. Hélas, le groupe est un survivant d'une époque pré-numérique qui paraît bien lointaine maintenant. Le public le plus jeune ne les connaît pas et il a boudé cette date. La salle est pleine de velus et autres gaillards en cuir, prêts à en découdre sur le black des Bordelais. Après le pagan de Belenos et le métissage de Glorior Belli, Seth a presque un côté traditionnel sur cette affiche. Presque, car dès les premières notes, la complexité de sa musique saute aux oreilles. Le son est encore une fois différent, plus fort, avec une batterie plus clinique et des guitares plus concentrées dans les mediums. On entend bien la basse (tenue pour cette mini-tournée par Arnaud du groupe de death Ad Patres). On entend également très bien les attaques du duo de guitaristes. Et Seth livrant tellement de riffs thrashy, il aurait été dommage de se priver de ces duels de cordistes. Hormis un léger bémol sur un ou deux plans de double (mais z'y va les parties ultra-rapides que Alsvid s'enfile), la mise en place technique a été impeccable. J'ai notamment beaucoup apprécié les alternances de passages "arpèges en son clair/riffs en disto" des grattes qui ont été rendus parfaitement. Le son s'est même amélioré au fil du set (hu hu). Comme promis, le groupe a couvert tous ses albums. Évidemment, certains seront déçus de n'avoir que deux titres des Blessures..., mais c'était le deal annoncé. Ce ne sont d'ailleurs pas ces deux morceaux qui m'auront le plus marqué. Les compositions plus récentes, plus élaborées et mieux construites, ont pris sur scène toute leur ampleur. Le titre inédit m'a semblé plus atmosphérique que le reste du répertoire moderne; à réécouter au casque, en tout cas c'est alléchant pour le prochain opus. Seth ne renie pas ses premiers efforts et parvient à les restituer sur scène aussi violemment que les titres plus contemporains. Malgré tout le chemin musical parcouru et c'est clairement la marque de grands groupes, comme Enslaved. Scéniquement, on peut noter que la formation s'est bien préparée et investit complètement l'espace. Le quintette a enchaîné ses premiers titres rapidement, faisant très peu de pauses entre les morceaux, et nous a réservé quelques moments de headbanging communs. Alors que ses compères tricotent leurs manches, Black Messiah tient bien la scène, aussi impressionnant vocalement que très présent. Du coup, le public répond également présent. Le pit s'échauffe rapidement, les bras se lèvent dès que le groupe en fait la demande. L'échange d'énergie est là, le groupe donnant beaucoup et son auditoire hurlant son plaisir. C'était super, l'heure est passée comme une balle. Bref, un retour gagnant pour Seth, sur tous les tableaux.



Boudiou, quelle soirée. Trois groupes, aussi différents que talentueux. Trois excellents moments pour ma part. Je suis le premier à râler sur le manque de professionnalisme de certains de nos compatriotes qui confondent prestation scénique et soirée improvisée chez Jo le clodo. Ce soir, rien à redire. Chaque groupe a apporté son obole pour faire de ce concert un très bon moment. Et le tout dans une salle agréable, que demander de plus? Cela faisait longtemps qu'un concert n'avait pas autant décoiffé dans son intégralité. Il fallait en être, assurément.


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Commentaire
MrFlatulens
Membre enregistré
Posté le: 23/07/2012 à 22h47 - (8)
La veille à Nantes nous avions eu droit à un très bon concert avec Seth apparemment très content d'être sur scène et qui nous ont fait une très bonne prestation.
Par contre, et ça se ressent aussi à Paris d'après la chronique, Glorior Belli n'avait rien à faire sur une telle affiche. Moi qui ne suis pas fan du southern machin truc qui sentirait le whisky et la graisse de camion, j'aurais préféré un bon Otargos ou un bon Moonreich, ce qui aurait donné à la fois une unité et une autre valeur au concert (et aurait peut être attiré quelques fans de blacks "numérisés" plus jeunes ?). Ceci dit, bonne soirée, très bons souvenirs de Belenos et Seth et je pense que Glorior Belli, ça pète pour les fans malgré tout!



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