- ANGMAR + NECROWRETCH + MOLOK + WAY TO END + SEIDE par PRINCE DE LU - 1811 lectures
Date hivernale célébrée au Klub (Paris)le 12 décembre 2010



Brrr... La décence voudrait que je me ramène au concert de ce dimanche vêtu d'un simple t-shirt noir avec un logo incompréhensible dessus. C'est pas possible, il fait trop froid. C'est donc chaudement couvert que je débarque peu après l'ouverture du Klub pour assister à une affiche de black metal comme on les aime. L'affluence est assez moyenne, avec à peine plus de la moitié de la salle remplie.



A peine rentré, j'apprends en serrant les paluches que ANUS MUNDI ne jouera pas. Le batteur est persona non grata au Klub suite à une altercation dans les lieux. Assez con de se faire interdire de jouer dans une des rares salles de la capitale. Bien que le gars ait finalement réussi à rentrer, c'est un des groupes qui m'a donné envie de me déplacer qui ne fera pas hurler les enceintes. Peut-être par esprit rebelle, j'ai croisé pas mal de monde avec un t-shirt Anus Mundi. Comme quoi, est-il vraiment nécessaire de jouer live?



Dans l'euphorie de trouver des têtes connues, je ne vois que la fin du set de SEIDE. C'était la troisième fois que j'assistais à un de leurs concerts (enfin, un bout cette fois). La scène semble maintenant bien mieux maîtrisée pour une formation qui officie toujours dans son dark/black bien à elle. L'influence Shining se ressent toujours, autant dans l'exploitation de parties arpégées que dans l'attitude du chanteur au bandana noir. J'en ai vu trop peu pour être plus définitif, mais l'ensemble m'a paru bien mieux. Encourageant, donc.



Les Normands de WAY TO END se retrouvent donc en seconde position sur l'affiche. Épaulés par Vaerohn (Pensées Nocturnes, Valhôll) à la basse et au chant, la formation va envoyer sans complexe son black chaotique. Je craignais que le gros pudding compact entendu sur l'album ne paraisse trop indigeste en concert. En fait, pas du tout. La configuration du Klub a tendance à effacer quelque peu les guitares, pour laisser en avant le chant, la batterie puis la basse si elle est assez forte. Masquant partiellement les subtilités et autres complications des riffs de Way to End, le son va laisser émerger une mélodie générale que j'ai personnellement trouvée très envoutante. Si le groupe était déçu de sa prestation par rapport à la veille, l'auditoire a été captivé par ces compositions alambiquées laissant une très belle place à l'alternance des voix entre les quatre musiciens. Les hurlements black, les voix gutturales et les chants clairs sont étonnamment variés et transcendent les accords. La technicité des instrumentistes est un peu plus et devant l'énergie déployée on ne peut que pardonner quelques petites imperfections. "The Worm" que j'avais trouvé moins percutant sur album prend ici une toute autre dimension et me plonge dès le second titre dans un dodelinement de la tête qui ne me lâchera plus. Ce set m'aura vraiment beaucoup convaincu.



Après la complexité d'un black sérieux et expérimental, les Danois de MOLOK sont là pour envoyer le bouzin en toute décontraction. N'ayant quasiment rien au compteur, le groupe justifie sa présence grâce à de bonnes retombées en concert et la présence dans leurs rangs d'une partie du line-up live de Angantyr. Et le set démarre fort! Un riff lourd est lancé par un guitariste affublé d'un masque à gaz. La batterie est tenue par un type en burqa. Le bassiste fait presque trop normal dans tout ça, malgré son côté peu nordique. Un blond ensanglanté débarque et commence à insulter la foule, l'air manifestement énervé. Après deux minutes de cette introduction agressive, le blondinet passe sur le tabouret de la batterie et la burqa se glisse comme un fantôme derrière le micro. Les choses sérieuses démarrent alors avec un black gorgé de tradition, mais ô combien efficace. Les blasts furieux s'enchaînent avec des passages atmosphériques en arpèges. L'impact est très fort, grâce notamment à un batteur aussi halluciné que dévastateur derrière ses fûts. Là où beaucoup de groupes français croient toujours qu'il faut à peine maîtriser son sujet pour avoir une attitude dans le black, des Scandinaves démontrent encore une fois qu'on peut allier rigueur technique avec esprit totalement rock'n'roll et déjanté. La burqa passe la moitié de son temps dans le pit. Elle sera manquée de peu par une baguette brisée arrivant à toute vitesse de derrière les cymbales. Le batteur, encore lui, profite d'un moment calme pour jouer des cymbales en faisant le tour de la batterie. Il en profite pour mordre le bassiste à l'épaule, ce dernier le repoussant d'un coup de coude. Il repart vers son siège, non sans coller une droite au guitariste qui le regarde haineusement derrière la buée de son masque à gaz. On se demande comment tout cela va se terminer. Hé bien, au bout de 20 minutes au lieu des 45 prévues au running order. Après trois morceaux, Molok s'arrête, démonte et se casse devant un public incrédule qui était rentré sans peine dans leur set. Ce genre de démonstration fonctionne puisque je repartirai avec leur CD dans la poche, très curieux et espérant qu'il fasse plus de cinq minutes (Edit du lendemain: 4 titres pour 36 minutes, ça va). Et la pile de skeuds de Molok à vendre sera au plus bas à la fin de la soirée. Une formation à suivre!



C'est ensuite aux Franciliens de NECROWRETCH de fouler la scène. La présence de leur "death putride" peut surprendre sur une affiche aussi black. Mais le croisement des styles extrêmes ne dérange pas le public qui est resté après Molok (la salle s'est bien vidée, il faut avouer). Le t-shirt Nihilist du guitariste/grogneur ne laisse aucun doute quant à la mandale que le trio va envoyer. Son gras et esprit old school jusqu'au bout des rangers sont à l'honneur. Le léger manque de gratte dans le son (effet Klub) va avoir raison de mon envie de crasse. On entend donc principalement la bas... heu le bassiste et son acolyte taquineur de peaux. Pour mes oreilles ravagées par les décibels depuis des années, ça manque singulièrement de guitare en façade. Au milieu du set, je quitte donc la salle pour aller me chercher le CD de Molok au merch, craignant la pénurie.



Après un temps de sound check à faire piaffer d'impatience la plus paisible des Russes, ANGMAR est prêt. Les premiers accords tombent, les premières voix s'élèvent et la magie opère déjà. Le groupe est parfaitement en place. Comme Way to End, les vocalistes sont multiples (seul un guitariste ne se prête pas au jeu). Alternant tous les hurlements et les chants clairs, proposant des atmosphères black aussi techniques qu'enchanteresses, Angmar va rapidement gagner le public présent (plus très nombreux mais passionné). A plusieurs moments du set, je vais avoir un de ces moments d'absence, une rêverie qui me prouve que j'ai été aspiré par la musique du combo. Incarnant à la perfection les titres des albums, Angmar nous a livré un set de haute volée. La mise un peu en retrait des guitares a dévoilé encore mieux la richesse des lignes de basse et le travail de forçat du batteur qui avoine avec une fougue impressionnante. Scéniquement, il y a évidemment bien moins à voir que pour Molok mais musicalement j'ai pris une grosse claque comme je les aime. Si Angmar voulait souffler une brise nordique sur nos nuques, c'était raté car il a fait très chaud dans la salle! Les Normands n'auront absolument pas usurpé leur statut de tête d'affiche ce soir. On les sent prêts à affronter des dates beaucoup plus conséquentes, tellement le show est carré et professionnel. La tournée avec Grave Desecrator leur a permis de trouver une aisance scénique qui fait vraiment plaisir à voir et qui est un ravissement pour les oreilles. Des groupes jouent, Angmar vit sa musique. La différence est énorme et mes oreilles résonnent encore des chants qui se sont élevés ce soir. En un mot, bravo!



Des fois, on fait des "petites" dates qui laissent un goût amer. Hier soir, c'était tout l'inverse.

Molok a surpris et séduit,
Way to End a surpris et conquis,
Angmar a tout détruit.
Il ne manquait plus qu'Anus Mundi


Amis de la poésie, bonsoir! Viendez aux concerts, c'est de la balle.


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