- WEADEATER - TORONTO par BRAS CASSE - 1592 lectures




Vivre à Toronto, dans l'extrême sud du Canada, ouvre de nouvelles possibilités musicales comparées à celles de la France. Marduk et Vader n'y jouent pas tous les week-ends, et en contrepartie, nous avons accès plus facilement au métal nord américain. Ce soir, le petit club Wreckroom accueille une très jolie affiche de sludge, avec Weedeater, Black Tusk et The Gates of Slumber.


Le Wreckroom est un club typiquement nord américain, ultra underground, sombre, parfait pour les groupes de ce soir. Salle plutôt bien remplie pour le style proposé, je dirai approximativement 150 personnes, composée de trentenaires connaisseurs, avec 90% de l'audience tatouée de la tête au pied, casquette sur le crane et Budwieser à la main.

Pour tout vous dire, un quatrième groupe était à l'affiche, les locaux de On the Verge. Cependant, les 3 groupes précités, qui avaient joué la veille à Cleveland, ont perdu quelques heures à la frontière américaine. Le concert a pris un peu de retard, j'ai donc réalisé l'interview de Mr Dixie Collins pendant le show des Canadiens, et ne peux donc pas en dire grand-chose.

The Gates of Slumber arrive sur scène. Le trio d'Indianapolis jouera une bonne demi-heure d'un doom plutôt de qualité. N'étant pas féru de ce style, j'apprécie sans m'extasier. C'est lourd, massif, bien en place. La guitare est majoritairement rythmique, avec quelques branlettes de manches. Leur look est incroyablement kitch, avec bandana, t-shirt à tête de loup pour l'un, d'aigle pour l'autre, cheveux longs jusqu'au nombril, (même si le bassiste/chanteur a une superbe calvitie), et tatouages de camionneurs. Conan le Barbare orne 2 de leurs pochettes, ils en ont finalement copié le look. Le manque d'originalité de la musique va être compensée par une exécution sérieuse des poncifs du genre. The Gates of Slumber met une telle application à rendre hommage aux groupes majeurs que le concert est plutôt plaisant, et je me surprends à taper du pied.

Passons maintenant aux choses sérieuses, et autant le dire tout de suite, les 2 concerts suivants sont 2 bombes.
Les Géorgiens de Black Tusk entrent en piste. Black Tusk sur album, c'est plutôt bon. Black Tusk en concert, c'est Gigantesque.
J'avais involontairement rencontré Athon le bassiste une heure avant son show. Il parlait de sa musique avec des étoiles dans les yeux (véridique), en se dandinant tel un boxeur lorsqu'il s'imite jouer de son instrument, et dégageant une passion incroyable. Cette énergie a été décuplée sur scène pendant leur prestation.
Black Tusk propose un métal hybride, qu'ils décrivent comme du Swamp, je vous laisse l'interpréter. Perso, j'ai tout de suite pensé à Kylesa époque ''To Walk a middle course'', voire à un Baroness plutôt énervé. Tiens donc, ils viennent eux aussi de Savannah, Géorgie, et comme tous ces groupes se connaissent, un son et une attitude commune s'en dégagent. 7 chansons pour ce soir, dont 4 du prochain album à paraître le 25 mai prochain sur Relapse, avec une nouvelle fois John Baizley à l'artwork. Les 3 musiciens maîtrisent à merveille leurs instruments, et poussent tous les 3 la chansonnette. L'alternance des 3 voix donne une force à leur musique, entre la voix écorchée du gratteux, celle limite hardcore du batteur, et celle de bûcheron du bassiste, on n'a pas le temps de s'ennuyer. Les nouvelles compos donnent aussi plus de temps de parole au batteur et au bassiste, ce qui donne une dynamique très intéressante. Les percussions puissantes, la précision du trash, la basse assourdissante et groovy donnent une image dansante au groupe. Les Géorgiens m'ont donné l'impression de potes qui jamment ensemble dans leur studio, le sourire aux lèvres, à s'échanger des œillades, et surtout généreux dans leur prestation. On ne compte pas, on ne s'économise pas, on vit juste notre musique. Beaucoup d'intensité donc, j'ai été scotché dès la première note. C'est ce que j'appelle du métal, ça groove, ça communique, ça use les cervicales, ça joue vraiment bien, et on n'exécute pas sa musique comme un fonctionnaire besogneux, mais bien comme un musicien fier du travail accompli. Je leur tire mon chapeau, et attends impatiemment leur prochain album.

Le dernier combo de ce soir se nomme Weedeater. J'aime ce groupe et son légendaire leader, Dixie. Tout amateur de sludge qui soit, sait ô combien Dixie est influent dans cette scène. Sa connaissance du sludge est immense, normal c'est l'un de ses créateurs, juste après Eyehategod bien sûr. La bonne humeur est communicative ce soir puisque le groupe arrive tout sourire sur scène, avec un Dixie survolté. Aucune crainte sur la lourdeur du set, la 4 cordes sera notre meilleur ami.
Le concert débute simplement par la triplette qui entame leur dernière production : ''God Luck and Good Speed', ''Wizard Fight' et ''For Evan's sake'. Dantesque. Aucun round d'observation, le show est lancé. Le groupe est chaud bouillant, et Dixie se dandine et s'époumone comme un taré. Il a déjà les yeux révulsés, la bave aux lèvres, la musique l'habite. L'alcool et la fumette faisant leur effet, il a rapidement une gueule caverneuse, n'étant pas capable de regarder distinctement devant lui. Jack Daniels à la main, pipe de ganja accrochée à l'un des amplis, les effluves s'éparpillent dans toute la salle. Le mythe est là, l'ambiance posée et les artifices bien en place.
Le set fait la part belle au dernier album, et quasi toutes les chansons y sont interprétées. (Non, malheureusement, nous n'aurons ni banjo, ni piano, pour ceux qui connaissent le dernier album). A cela s'ajoute quelques classiques du groupe tels que ''Free' ou ''Bull' pour une bonne heure de concert. Dixie chante juste, et son charisme efface le pauvre guitariste, qui est totalement invisible ce soir. Même si c'est dû à son rôle secondaire au sein du groupe, sa prestation est vraiment effacée. Soit il s'emmerde, soit il est crevé, soit il est puni et n'a pas de le droit de participer au show incroyable que donnent ses 2 acolytes. M'en fous, tous les regards sont portés sur le duo gagnant du groupe, à savoir basse-batterie. Keko et Dixie nous proposent un live monstrueux, fait de sueur et de passion. Ca envoie incroyablement le bois. La basse était tellement puissante que j'en avais les poumons qui vibraient (je suis sûr que vous savez de quoi je parle). La batterie était débridée, groovy, et les acteurs habituellement de l'ombre sont les 2 chefs de la soirée. Dixie danse, saute, joue, et j'aurai la même remarque que pour Black Tusk, on a l'impression qu'ils ne jouent pas pour nous, mais bien pour eux, pour le simple plaisir de jouer ensemble, et je me permet de le signaler et d'insister car cela devient rare de nos jours.
Jouer au foufou, beaucoup de chanteurs savent le faire, mais être possédé comme il l'était, je crois bien que c'est la toute première fois que je vois ça, pourtant j'ai un nombre de concerts important au compteur. Non, y a pas à dire, leur show est incroyable. Pas une fausse note, une envie sincère de jouer, une setlist riche, et un amour véritable de la musique, font de ce concert un vrai grand moment, et de ce combo un acteur majeur de la scène métal extrême américaine. Vivement le Hellfest…


Auteur
Commentaire
Aucun commentaire

Ajouter un commentaire

Pseudo :
Enregistrement Connexion







Proposez News | VS Story | F.A.Q. | Contact | Signaler un Bug | VS Recrute | Mentions Légales | VS-webzine.com

eXTReMe Tracker