- CERNUNNOS PAGAN FEST IV (ARKONA + BELENOS + ANGANTYR + STILLE VOLK + XIV DARK CENTURIES + HEOL TELWEN + TORNAOD + VIKINGS'N'CELTS) par PRINCE DE LU - 3630 lectures
Dimanche 24 janvier 2010 - Elysée Montmartre (Paris)

Crédits photos à  GzU et Clalire (merci les clous!) + Maai pour la photo d'Arkona
Spéciale dédicace à  l'ingé son de la salle




Enfin, était venu le temps de la quatrième édition du Cernunnos Pagan Fest. Au milieu de tournées européennes estampillées pagan et aussi crédibles que la nationalité danoise des Stimorol, le Cernunnos continue de s'intéresser à des groupes moins immédiats dans la scène des groupes à sandales. Cette année, les Acteurs de l'Ombre nous proposent donc la première invasion des Russes d'Arkona sur notre territoire, Angantyr tout maquillage dehors et le retour sur les planches très attendus du dieu gaulois Belenos. Quel final pour une affiche vraiment alléchante!






Par prudence, l'orga avait déplacé (à regret) le festival de la Locomotive à l'Elysée Montmartre dès les premiers inquiétants émois des voisins du Moulin Rouge. Trouver une salle capable d'accueillir la date et sa configuration particulière n'était pas chose aisée. Mais l'avenir a montré que les Acteurs ont rudement bien fait de changer leur main quand il en était encore temps. D'entrée de jeu, il est certain que la configuration en plusieurs salles de la Loco va grandement nous manquer pour ce festival, tellement l'ancienne salle avait été bien investie. Adieu l'auberge et l'exploitation de deux salles de bal. Les mets sont placés sur le côté du hangar, coincés entre l'entrée et le vestiaire. L'autre côté est investi par les stands d'artisanat et celui des guerriers qui batailleront pendant les changements de plateaux. Car le Cernunnos accueille toujours entre les groupes des animations dont des jeux barbares faisant participer le public aviné. Parmi mes connaissances, personne n'aura vu trace de Fred le magicien, ce qui prouve à quel point le bonhomme est doué. Et évidemment, les stands des groupes sont effectivement là aussi. Entre le merch des formations présentes (dont les versions russes des albums d'Arkona uniquement), le chanceux pourra aussi dégoter les derniers Nydvind et Bran Barr, vendus par Richard Loudin himself.



Venons-en maintenant au gros point qui fâche: le son des groupes. D'abominable à tout juste perceptible, le son aura été archi-gonflé de basses fréquences pour tout le monde, sans faire de jaloux. Ceux qui s'en sortiront le mieux seront les groupes les plus légers au niveau "arsenal metallique", à savoir Tornaod et sa formation plus rock, Stille Volk avec ses instruments à pouet ou Arkona avec une seule guitare. Pour le reste, les prestations seront largement gâchées, se limitant à un brouhaha dont émerge parfois une voix à laquelle le public s'accroche comme une bouée de Dino Cazares. On peut admirer la ténacité de structures comme l'Elysée Montmartre qui s'obstine, malgré une politique de rentabilité que tout le monde subit, à embaucher des handicapés lourds pour tenir la console. Le mal-entendant qui a sonorisé le Cernunnos ne devait probablement repérer la présence de fréquences basses que quand son gobelet d'eau tombait à terre et ce dernier avait l'air sacrément bien rempli. Hormis pendant la prestation d'Heol Telwen, où les basses saturaient à un point dépassant l'entendement et où tout à coup une guitare a ressurgi du néant, aucune action n'a semblé avoir été engagée pendant la journée pour améliorer une situation bien gênante. Il faut avouer que cela a bien gâché la fête, et les reports qui vont suivre ne pourront que revenir constamment sur ce que nous avons amoureusement baptisé "un gros son de merde".



Je rentre dans la salle au moment où VIKINGS'N'CELTS vient de démarrer pour ses 25 minutes de set. Devant la file d'attente conséquente qui poireaute devant le vestiaire, c'est le manteau sur le bras que j'admire les peaux de bête des Normands. Si leur patronyme peut prêter à sourire, musicalement le groupe semble tenir la route avec un metal vitaminé et énergique. Je dis bien "semble" car Vikings'n'Celts est le premier groupe à subir les ires de l'ingé son et le rendu de leur prestation se limite à un gloubiboulga de basses dont émergent les vocaux. Heureusement, il y a aussi des choses à voir sur scène. Le chanteur est couvert de fourrures dans un esprit "trappeur attaqué par un ours", les guitaristes portent le kilt. Deux guerriers des compagnies qui viendront jouter pendant la journée squattent également la scène, frappant fréquemment leurs épées sur leurs boucliers. Visuellement, le show a été préparé et le rendu est très appréciable. Au moins, le groupe s'est cassé la tête pour marquer sa première partie. Après, on peut toujours un peu sourire devant un groupe mélangeant allègrement les références celtes et vikings, dans une grande farandole d'approximations historiques. Mais cela plait à un public venu en découdre et secouer la tête sans trop se la prendre (des metalleux, en somme). Vikings'n'Celts aura finalement un très bon accueil, à une heure où l'affluence n'est pas encore maximale.









Quand TORNAOD ("la falaise" en breton) entre en scène, le pull rayé du chanteur/guitariste indique déjà que le groupe ne donnera pas dans le viking en côte de mailles. La formation celtique (apparemment francilienne) a un palmarès de concerts impressionnant. Elle est composée du prisonnier sus-mentionné avec une gratte sèche, de deux guitaristes électriques, d'un violoniste et d'un batteur (qui est d'ailleurs une jeune fille en jupe, tenue fort jolie mais qui semble peu adaptée à la pratique de l'instrument même si elle s'acharnera à nous prouver le contraire). Et si la prestation n'est pas metal mais bien rock celtique, Tornaod va faire cracher les décibels avec brio. Bénéficiant d'un des meilleurs sons de la journée grâce à sa configuration sans basse, le quintette va grandement me rappeler Matmattah (surtout pendant les parties chantées). Pendant 35 minutes, les morceaux virevoltent au gré des mélodies du violon. Tornaod emporte un auditoire pas franchement gagné à la base et c'était amplement mérité pour un groupe qui aura proposé un set énergique et de grande qualité. Une très bonne surprise, qui donne envie de s'éloigner un moment du giron metal, et un des meilleurs sets de la journée.



Pour HEOL TELWEN, la bruine de la surprise aura par contre été une belle douche froide. Les Franciliens vont rapidement s'embourber dans des basses fréquences qui vont rendre leur set inaudible, voire pénible tellement les basses saturent et font vibrer jusqu'à ma coquille édition limitée Spinal Tap. Il ne reste à l'auditoire qu'à s'accrocher désespérément aux lignes de chant qui émergent du bourbier. Mais rien n'y fait et le groupe, assez attendu par certains, sera une grosse déception de la journée. Le flûtiste aura beau tenter de haranguer la foule, les guitaristes auront beau se donner à fond, rien ne va y faire pendant 40 minutes tellement le son est simplement dégueulasse. Un beau gâchis que tout ça. Mais qu'Heol Telwen se rassure, nombreux attendent leur nouvel album avec sérénité.





Les conditions sont donc assez moyennes quand XIV DARK CENTURIES foule les planches. Les Allemands se retrouvent aujourd'hui seuls représentants d'un folk metal à la teutonne. La très probable méconnaissance de leur répertoire par le public et un son toujours aussi dopé aux basses va rendre la prestation difficile pour nos voisins. Seules les vocalises claires ou growlées du chanteur ressort du mix fabuleux proposé par l'ingé son et, ne comprenant rien aux morceaux, personne ne bouge vraiment. Après quelques applaudissements épars entre deux titres, les Allemands vont rapidement comprendre que ce ne sera pas leur jour de gloire aujourd'hui et dérouler leur set de 40 minutes avec énergie mais sans conviction. Même si le rendu de leur folk metal est très classique, ils auraient mérité un meilleur traitement, comme tous les groupes présents.




STILLE VOLK déclenche un véritable réflexe pavlovien chez moi: c'est l'heure de la bouffe. Cette méthode, que d'aucuns trouveront hideuse, m'a déjà permis de supporter les roucoulades des Sudistes lors du Cernunnos 2007. C'est donc avec un pouillis aux lentilles (très bon d'ailleurs, l'auberge ayant encore tenu toutes ses promesses) que je vais passer une bonne partie de la prestation d'un groupe pour lequel vous aurez compris mon attachement. Beaucoup auront apprécié leur set de 40 minutes et ils en parleront mieux que moi. Profitons de cet instant de quiétude dinatoire pour observer la foule. On peut trouver aux échoppes de l'artisanat médiévo-fantaisiste en déambulant au milieu des échassiers et en évitant le roi gay. On peut aussi s'égarer au stand d'Arkona où personne ne parle anglais. Les plus assoiffés se cantonneront au bar, où l'on côtoie toute la plèbe, du jeune venu avec maman et dont c'est le premier concert jusqu'aux metalleux à patches (dont un gilet très remarqué cette année, aussi vilain que le reste de l'accoutrement de son propriétaire). Il est remarquable de constater que les générations sont plus brassées qu'à un concert de metal habituel, et que le public est aussi constitué d'amateurs des fées ou de mélodies plus celtiques. Encore bravo à l'orga pour avoir tenté cette expérience qui marche toujours aussi bien. Tiens, Stille Volk est fini.









La suite du programme avait tout du plat de résistance pour ma part (même si j'ai déjà mangé). Dès le sound check, on sent que les gaillards d'ANGANTYR qui déambulent sur scène vont faire dans la finesse et la dentelle. Couverts de maquillages, voire également de sang pour le bassiste, les Danois vont mettre le volume à 11 dès le premier titre. Comme auparavant, on ne va pas comprendre grand chose au spectacle musical qui se déroule devant nous. Heureusement, il s'agit d'un black metal assez primitif qui ne cherche pas à s'embarrasser de mélodies. Et finalement, au bout d'un moment, j'ai trouvé la prestation assez hypnotique et je me suis surpris à mes premiers secouages de tête. Le bassiste vaut le spectacle à lui seul, espèce de grande brindille habillé d'un torchon déchiré et qui va passer son temps à haranguer les premiers rangs. L'avantage quand personne ne perçoit rien au son est finalement qu'on peut gesticuler à outrance et faire le spectacle et, contrairement aux autres groupes, Angantyr l'aura bien compris. A de nombreux moments des 45 minutes de set, un des guitaristes arrêtent de jouer pour faire un signe à la foule, sans que le son des grimés n'en soit altéré outre mesure. En fait, c'était un ingé-son de true black metal derrière les manettes. Et pour une formation en assez fort décalage avec le reste de l'affiche, Angantyr tire donc son clou du jeu.



Vient ensuite un groupe qui était plus qu'attendu ce soir. Dès l'entrée en scène de BELENOS, les rugissements du public ne laissent planer aucun doute à ce sujet. Hé bien, le même public va très rapidement être calmé par vous-savez-quoi qui frise encore le calamiteux. Les fréquences basses à blinde ne laissent passer aucune mélodie. Il ne reste alors qu'à se baser sur le chant clair de Loïc Cellier (parfait, au demeurant) et sur sa mémoire des titres pour parvenir à se repérer dans un chaos musical de 45 minutes. Pour la première fois de la journée, j'ai eu l'impression que le son sur scène semblait également déranger le groupe. Le guitariste lead encapuchonné nous aura servi quelques approximations, jetant des regards perdus à ses partenaires. Avec un son aussi infâme, Belenos ne rend rien sur scène, le jeu de scène étant quasi-inexistant (quelques secouages de mèches du bassiste, et voilà). Et vu le peu de retours du public aux propos de Loïc Cellier entre les morceaux, on perçoit sans difficulté la déception générale. Monde de merde!



A ce stade du fest, on a mal aux pieds, on en a plein les pattes. On s'assoit par terre comme un malpropre, en maudissant cette salle peu accueillante où les places assises sont si rares. Et pourtant tout ça s'envole dès qu'ARKONA entre en scène. En formation réduire, Arkona va déployer le quartette metallique habituel et un jeune instrumentiste traditionnel qui va enchaîner les divers flûtiaux et autres cornemuses. Si le son n'est qu'un peu plus clair que pour les autres formations (la basse couvre tout de même largement l'unique guitare), les moscovites vont arracher le show à l'énergie. Masha est simplement impériale, véritable Tsarine venue faire souffler la fureur slave dans nos contrées. J'en rajoute un poil, mais Masha va nous pousser ses growls puissants, des chants clairs excellents et continuer de sauter comme un cabri partout sur scène. Arkona est son groupe et le public n'a plus d'yeux que pour elle très rapidement. Hormis l'annonce du prochain titre qui laisse à chaque fois tout le monde de marbre (la compréhension du russe se perd de nos jours), chaque intervention de la chanteuse est accueillie de vivas. Avec une setlist plutôt axé sur les derniers albums (qui ne négligera pas Vo Slavu Velikim pour mon grand plaisir), Arkona va enchainer les titres sans s'économiser et c'était très bon. On aurait pu se contenter du final mélancolique sur "Rus", mais le groupe revient sur les planches pour asséner encore deux titres et nous boucler une heure de set bien enlevé. Si ce concert aurait pu être plus brutal en allant piocher dans les premiers albums, Arkona aura su convaincre ceux qui ne les connaissaient pas.



Au bilan, cette édition du Cernunnos sera en demi-teinte très grisâtre à cause du son (j'en ai parlé du son de merde? je me souviens plus), une édition sauvée en grande partie par Arkona pour moi. Le Cernunnos reste une valeur sure des concerts parisiens, et gageons que l'orga saura remédier aux problèmes rencontrés cette année pour la prochaine édition.


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