Municipal Waste + Malevolent Creation + Vomitory + Ditchcreeper @ Korigan (Luynes)

En l'absence de lieu emblématique dans les environs immédiats de Marseille (comme pu l'être Jas Rod en son temps) les amateurs de concerts Metal ont pris leurs marques dans la pittoresque commune de Luynes, en banlieue d'Aix en Provence. Outre une salle des fêtes, une Maison d'arrêt et quelques millions de cigales, la bourgade abrite en effet la salle du Korigan qui a le bon goût de rassembler en périphérie la poignée de blousons noirs aux cheveux sales familiers des lieux.
Une poignée ? Pas ce soir, si on en croit la foule modeste qui attend déjà l'ouverture des portes. La présence ce soir en tête d'affiche des Ricains de Municipal Waste n'y est certainement pas pour rien compte tenu de la rareté de leurs apparitions en France et de leur notoriété croissante.

La saison estivale touche à sa fin mais le beau temps incite à prolonger les apéros bien après la tombée du jour. Ainsi, malgré les premières notes brutalesques de Ditchcreeper qui retentissent dans la salle une bonne majorité du public s'arrose copieusement le gosier au bord de la route. Entre retrouvailles de circonstances et interminables débats sur schtroumpfs-metal et death schtroumpfs-core quelques paires de canettes s'entassent avant que je ne me décide à me joindre aux festivités.

A peine le temps de s'esbaudir sur la qualité du merch de Municipal Waste -enfin des shirts en couleurs!!- que Vomitory s'installe sur scène. Mon inquiétude à leur sujet (voir Itw en annexe) se confirme dès les premières notes du show, c'est pas le bon jour pour les Suédois. Le son est particulièrement brouillon sur les premiers morceaux du set et le titre fabuleux ouvrant leur prestation ("Carnage rages on") se retrouve amputé du chant. Il faut toute l'expérience de ces vieux routards pour maintenir l'intensité d'un show qui menace ruine. Les titres suivants brossent un large éventail de leur discographie : "Revelation nausea", "Serpents", "Scavenging the slaughtered", "Possessed", "Chaos fury", "Blood Rapture" sans que la sauce ne prenne vraiment. Impossible de mettre en doute la sincérité de musiciens qui donnent tout sur chaque date mais entre un mix approximatif et un public peu réceptif, le swedish death des Vomitory fond comme un glaçon dans mon verre de pastis. Difficile de juger une tournée sur une date isolée, j'aurais dû aller les voir à Barcelone d'après Tobias. Maldicion!

Je connais assez peu Malevolent Creation mais la perspective de découvrir un groupe phare et paradoxalement méconnu de la scène death US est plutôt excitante.

Après une dizaine d'albums et un nombre déraisonnable de changement de line-up le groupe se présente sous sa mouture originelle depuis 2007 ; les musiciens qui déboulent sous nos yeux ce soir ont effectivement l'air d'avoir quelques années au compteur et de la monnaie à rendre.

Brett Hoffmann aux growls tient le groupe à lui tout seul par la virulence de sa prestation. Le type est juste impressionnant de violence et de justesse. Mieux que ça, son personnage a presque une valeur d'archétype : il faut le voir, chemise en jean ouverte sur un bide plein d'alcool, cheveux filasses collés de sueur, avant-bras ceints d'énormes poignets de force cloutés.

Je veux bien parier mon goûter que ce genre de gars ne fait pas semblant ; aucune posture possible quant la quarantaine tassée on continue à brailler sa rage de la sorte. Le reste de la troupe n'a rien à lui envier, Phil Fasciana à la gratte traite le pit de « faggots » entre chaque morceau visiblement peu satisfait du manque de violence qui y règne.


Personnellement je me suis juste pris une belle branlée ce soir avec des vieux titres de leur discographie tels que "Multiple Stabwounds" ou "Infernal Desire". Mention spéciale à ce fameux titre ouvert par l'intro du film « the Omen ». Si quelqu'un a le nom je suis preneur.

Pas d'affolement.
Le stock de Pelforth brune du bar est épuisé.

On respire un grand coup et on essaye d'avaler une Heineken sans haut-le-coeur. Maudits soient les Néerlandais d'exporter leur plus mauvaise bière (ils la boivent pas, sont pas fous les mecs).

Qu'est-ce que je disais ? Ah oui, Municipal Waste! Bah ça torche quoi. Autant les albums m'ennuient profondément, là je dois reconnaître qu'on a un groupe taillé pour la scène. Puis quand on ouvre son show avec la musique de « Supercopter » on peut pas être un mauvais bougre. En un quart de seconde la moitié de la salle se retrouve devant la scène pour entamer un monstrueux pogo qui ne désenflera plus pendant une heure.

Il faut quand même un certain talent pour provoquer ce type de mouvement de foule. Et du talent ils en ont : charismatiques, carrés dans leur jeu, leur mélange de punk thrash nourri aux films d'horreur de série Z fonctionne à merveille. La salle est petite, la scène quasiment au niveau du sol favorise une ambiance intimiste et le public réagit au quart de tour, même quand il s'agit d'exécuter un truc aussi grotesque qu'un circle shark pit.

Pas sûr que ce type de show révèle autant d'efficacité dans une plus grande salle. Avec des titres dépassant rarement 1min30 le groupe peut se permettre de balancer tous ses hits sans aucun temps mort.

Pendant une heure de live s'enchaînent en vrac les déjà cultes "Sadistic magician", "Born to party", "Terror shark", "I want to kill the president", "Wrong answer", et suffisamment d'autres pour laisser des bons souvenirs au boulot le lendemain.

On peut remercier Virgil de Trendkill pour se démener dans le sud en organisant des dates de qualité assez variées pour satisfaire toute la faune du coin. Prochaine session le 28 septembre avec un plateau black vraiment pas dégueulasse (Secrets Of The Moon/Code/Solstafir), ne boudez pas votre plaisir! Alors oui en Provence on se traîne en tongues 6 mois par an et on roupille sous la pinède après la pétanque mais c'est rassurant de voir tout ce petit monde répondre présent au bon moment. A suivre.