29/08/09 - Rock en Seine - Saint Cloud

Pour toute personne issue de la sphère metal, se rendre au festival Rock En Seine peut s'avérer très déstabilisant. Ca ressemble au Hellfest mais bourré de premier de la classe et d'ado à mèches en chaussures pointues. Mais on est prêt à tous les sacrifices pour voir le plus grand groupe de rock de la création en concert unique en France, 12 ans après une séparation que tout le monde pensait irréversible. Eh bien non, FAITH NO MORE était de retour, et quel retour. Un retour par la grande porte et à l'image de sa musique : grandiose, classieux, sauvage et élégant.

C'est sur le coup de 18H que j'arrive sur le site du Parc de Saint Cloud, un site vraiment sympa, plein de verdure, d'arbres et d'endroits ombragés. Idéal pour poireauter en attendant 22h15 car soyons honnête, je me tape grave la nouille des groupes qui jouent avant et après FNM, groupes que je ne connais d'ailleurs ni d'Eve ni d'Adam excepté les « punks » californiens quasi grabataires d'OFFSPRING. Je me place donc aux avant-postes histoire de chopper une bonne place pour zyeuter la bande à Patton. Eh ben mes amis, se farcir un set d'OFFSPRING quand on a plus de 17ans, on prend un sacré coup de vieux et on se demande comment, un jour on a pu se balader avec un t-shirt Smash sur la paletot, aimer ça et se sentir trop cool. Apparemment les Californiens ont toujours la cote auprès des ados et emmerdent tous les autres. Mais bon on préférera toujours ça à GREEN DAY. Mais passons à la vraie musique.

C'est sur le coup de 22H15 que débarque nos autres Friscoans préférés. D'abord les musiciens tous de costumes pastels vétus sauf Mike Bordin tout en locks grisonantes qui arbore son traditionnel combo bermuda/marcel. FNM débute son set par une reprise du kitchissime « Reunited » de Peach&Herb. Une ballade seventies de circonstance chantée a deux voix par Patton et Bottum. Un début de set tout en douceur durant lequel Mike Patton se la jouent crooner en smoking saumon du plus bel effet. Le groupe enchaîne sans coup férir sur « From Out Of Nowhere » et la fosse entre en transe tout comme Patton et Gould ne tardant pas à tomber la veste pour enchaîner sur un des premier grands moments du set le combo « Be Aggressive » enchaîné à un « Caffeine ». Voilà qui prouvera à tous que FAITH NO MORE est toujours un des plus grands groupe du monde. Patton semble très en voix et tient la scène d'une main de fer en hurlant les lyrics de "Caffeine" tel un chat ébouillanté. Le groupe enchaîne intelligemment sur « Evidence » histoire de respirer et d'apprécier l'organe de Patton passé en mode crooner cette fois. J'ai beau l'avoir vu en live plus d'une dizaine de fois avec ses divers projets, les capacités vocales de ce gars me laisseront toujours sur le cul. Le groupe continue d'étaler sa classe naturelle et le charisme de ses membres, seul John Hudson semble un peu réservé, mais le gaillard n'a jamais été un grand expansif et bon il ne fait pas partie des quatre « historiques » mais malgré tout niveau gratte y'a rien à redire, il réussit à rendre les parties de Big Jim Martin aussi heavy que les originales et se dépatouille sans problèmes des parties de Trey Spruance. Bonne surprise lorsque le groupe nous balance un « Cuckoo For Caca » de folie qui a dû décoiffer tous les curieux présents. Après ce titre dévastateur, votre serviteur s'est fait un honneur de brailler « Shit Lives Forever !! » dans les tympans de son voisin, nouvelle séquence émotion avec le hit du groupe « Easy » interprété à l'unisson avec un public un peu en retrait pour rester poli « Don't Be shy » dira Patton.

Mais bon la majorité des spectateurs n'étaient sans doute pas venus pour FAITH NO MORE mais qu'à cela ne tienne les fans massés aux avant-postes reprennent le morceau de Lionel Ritchie en chœur et savourent le moment. Le quart d'heure « tubes » sera donc composé de « Easy », « Epic » et « Midlife Crisis » dont le refrain sera repris une nouvelle fois par les admirateurs du groupe. La fin du set sera au diapason de l'entrée avec « I Started A Joke » et « The Gentle Art of Making Ennemies » et son fameux « Happy Birthday fucker ! ». Le set se termine avec un fabuleux « Just A Man », un des meilleurs titres du groupe, somptueux et majestueux porté par la voix surnaturelle de Patton et rien que d'en reparler j'en ai les poils qui se dressent et les yeux qui se mouillent. Les zicos sortent de scène, le moment de faire le point et de se rendre compte que putain les mecs ne sont pas revenus pour le fric tant ils semblent affutés et au sommet de leur talent. Les prestations scéniques n'ont pas changé d'un poil, Billy Gould rappelle a tout le monde qu'il reste l'un des tout meilleurs bassistes en activité et Roddy Bottum nous offre la démonstration que oui, le clavier est un instrument rock'n'roll. Derrières les futs, le jeu tout en souplesse de Mikey Bordin est toujours aussi percutant qu'il y a vingt ans.

Le groupe remonte sur scène avec le surprenant « Midnight Cowboy » permettant a Mike de faire valoir ses talents de musicien en sortant le mélodica pour un des meilleurs moments du concert, tout en nostalgie. Les cinq enchaînent sur leur reprise du thème des « Chariots de Feu » enchaîné à un « Stripsearch » de toute beauté avant de quitter la scène sur « We Care A Lot ». Voilà une petite heure et demie de concert, c'est beaucoup pour moi qui ne pensait jamais voir FNM sur scène, mais sur le moment c'est peu tant le groupe a livré une prestation vraiment exceptionnelle. J'ai eu l'impression de voir un groupe encore meilleur qu'à sa grande époque. C'est à se demander si les gars sont vraiment resté dix ans sans jouer ensemble tant la cohésion était présente. Je ne pense pas m'avancer en disant que FAITH NO MORE a livré là un concert dont on se souviendra longtemps et dont plus tard on sera fier de dire « Putain j'y étais ». Après on peut pinailler sur la setlist, perso deux petits regrets, l'absence de « The Real Thing » et « Zombie Eaters » mais bon pour contenter tout le monde, le groupe aurait dû jouer une heure de plus. Au niveau des bons points, je signalerai le son d'une exceptionnelle clarté pour un festival et pour les petites déceptions, le public. Rock En Seine n'était peut-être pas le meilleur festival pour accueillir le retour du plus grand groupe de rock du monde. Certaines personnes présentes n'avaient visiblement jamais entendu parler du groupe de Frisco et ça s'est ressenti pendant le set où seuls les premiers rangs étaient vraiment en folie. D'ailleurs l'assistance était beaucoup plus clairsemée que pour OFFSPRING…ça fait un peu de peine quand on voit les vidéos du groupes au Download avec un public qui s'étend à perte de vue mais bon.

Le concert de FAITH NO MORE éclipse la double venue de METALLICA dans la course au concert de l'année, comme dirait un pote : voir FAITH NO MORE et mourir…