- CERNUNNOS PAGAN FEST II par PRINCE DE LU - 3561 lectures
CERNUNNOS PAGAN FEST II (20/12/2008) – La Locomotive (Paris)
MELECHESH + KAWIR + OBTEST + CORDE OBLIQUE + WAYLANDER + RED SHAMROCK + BLACK MESSIAH + THE MOON AND THE NIGHTSPIRIT + FOLKSTONE + MAEL MORDHA + NYDVIND + VALUATIR + NIGHT CREEPERS + VALHOLL + TEMPRADURA + FREYRDAAM + LES PERCUS DU DIABLE + AN AEL + d'autres trucs encore.

Crédits photos (et un super diaporama tout en bas): Tonton




Aaah, il est enfin venu le jour tant attendu. Et l'amateur de musique à tendances folkloriques de se rendre à la Locomotive pour assister à la seconde édition du Cernunnos Fest. Pour la troisième année consécutive, le mois de décembre est l'occasion de retrouver des groupes de folk metal, de black pagan, de folk tout court qui n'ont pas les honneurs des plus grosses affiches. Et après le tandem Negura Bunget/Eluveitie en 2006, puis Skyforger/Heidevolk en 2007, ce sont cette année Obtest/Kawir qui sont les deux sensations foulant pour la première fois les planches de la Locomotive. Avec de nombreux groupes de tous les horizons, des animations médiévales à foison, des costumes plus ou moins dénudés, tous les ingrédients sont réunis pour assurer une fête aussi réussie que l'année dernière. Et pourtant...



Et pourtant, la file d'attente à l'entrée à 12h00 n'est pas à la hauteur de l'évènement. Les grosses berlines de Nuclear Blast et Spinefarm ont rempli ras-la-gueule la salle en avril et novembre 2008, d'où la décision de l'orga de limiter le Cernunnos à 1000 entrées, histoire qu'on puisse au moins bouger les coudes. Force est de constater que le public n'a pas suivi, décevant encore une fois dans sa faculté à se limiter à ce qu'on lui offre à grands coups d'encarts publicitaires. Certes, les têtes d'affiche du Cernunnos sont moins vendeuses qu'un Ensiferum ou qu'un Finntroll, mais il est dommage de ne pas avoir envie de découvrir sur scène et de prendre une bonne sensation en live. On me répondra que les bourses des jeunes sont bien vides après le ratissage des grosses tournées du style. C'est vrai, mais sans faire tous les concerts on peut aussi les sélectionner. Au risque de ne bientôt plus pouvoir le faire. On vous le répète tous les mois, mais les grosses tournées évitent de plus en plus une France devenue peu rentable. Le metal se vit en live, quoi qu'on vous en dise sur internet. Et je parle de metal, mais beaucoup d'amateurs de musiques médiévales avaient également fait le déplacement, contrastant par leurs tenues avec nos habituels TS noirs. Enfin, bref, revenons-en aux festivités.



Quand je rentre dans la salle, encore bien déserte à cette heure de déjeuner, le premier groupe a déjà entamé son set. Vous n'aurez d'ailleurs pas de photos des premières formations, Tonton ayant une flemmingite aiguë congénitale qui lui interdit de se déplacer sous les plus forts rayonnements solaires. Les Parisiens de VALHOLL vont offrir une prestation d'une demi-heure énergique et de bonne facture pour une toute première partie. La formation est composée de trois membres de Cruxifiction et d'un guitariste lead à la langue bien pendue (non pas qu'il bavasse, mais il doit aimer Gene Simmons). Si je trouve les titres enregistrés de Valholl assez classiques, le rendu en live est plutôt percutant. Il reste quelques soucis de mise en place à gérer, sur des attaques qui manquent parfois de simultanéité. Ce genre de commentaires pointilleux souligne plutôt la qualité de l'ensemble, et notamment des parties de guitare lead qui ressortent bien. Visuellement, le groupe reste sage, osant juste le kilt d'un côté et une basse d'une taille disproportionnée par rapport à celle de son propriétaire. Valholl mérite d'être suivi, histoire de voir comment le groupe évolue dans un avenir proche. Le groupe n'aura pas démérité sa place sur l'affiche.



Une fois passé ce bon apéritif, vient le temps de s'arracher les cheveux. Je ne parle pas de Night Creepers dont je n'ai pas eu envie de suivre la prestation (trop heavy à mon goût). Je parle du choix cornélien entre les concerts à venir dans l'après-midi. Il faut un moment de tergiversation avant de se décider entre tel et tel set, regretter le chevauchement de Kawir et Melechesh, zapper un truc qu'on voulait voir. Et devant le nombre d'heures qui attend nos vieux os, nos chevilles fragilisées par le karaté ou nos estomacs affamés, il faudra faire des choix tout au long de la journée. D'ailleurs, devant la densité du programme, j'ai réussi à rater The Moon and the Nightspirit. Dooo!



Le temps de terminer les salutations et VALUATIR entre en scène. C'est là ma première grosse sensation du fest. S'articulant autour d'un guitariste, d'un bassiste, d'un batteur et d'un chanteur à cornemuse, le groupe offre une metal riche et mélodique, avec des inserts de folk bien équilibrés. Agressif et rentre-dedans, le groupe fait penser à Aes Dana et consorts. Il s'offre aussi de nombreux passages plus progressifs, mettant en avant tout le talent de son bassiste. La mise en scène est sobre et la mise en place de très bonne facture. Valuatir aura proposé une demi-heure intense et mélancolique dans une petite Loco conquise au fil des titres. Les détails du set m'échappent un peu au moment de rédiger, mais la magie a opéré. A revoir, avec grand plaisir.



Pas de le temps de faire des bisous aux musiciens, il nous faut galoper jusqu'à la grande Loco où NYDVIND entame son set. Bon, ben, on est dans la grande Loco, avec des basses fréquences qui mangent tout, une batterie surmixée et des grattes qui manquent parfois à l'appel. La guitare de Hingard aura notamment bien été en retrait. Heureusement, Nydvind assure le spectacle avec une prestation bien en place. Les chants clairs, sans être toujours au top, rendent très bien. Le groupe a la ouache et la banane et ça envoie fort de la volée de bois vert depuis le drakkar francilien. J'ai toutefois eu la même impression que l'année dernière avec Bran Barr; Hingard, qui ne souffre pourtant d'aucun manque de présence scénique, ne tient pas son set par les roubignoles. Le concert ne paraît pas rôdé, laissant notamment des pauses-boisson un peu longuettes entres les titres (alors que le groupe joue seulement 40 minutes). Mais quelle joie d'entendre des titres qu'on a usés jusqu'à la corde sur album. Quelle joie d'en entendre des nouveaux, du prochain album qui va "bientôt" sortir. Dixit Hingard, saisi à son stand après le concert, c'est pour le début d'année. Allez, j'ai envie d'y croire.



Un des jeux barbares qui ont égayé la journée

Hop, on galope jusqu'à la petite Loco où MAEL MORDHA fait chauffer les boucliers. Après l'énergie viking, c'est la mélancolie celte qui s'empare instantanément des cœurs. Le doom/folk des Irlandais fait rapidement mouche, ces derniers se concentrant sur leur dernier (et fort bon) album. Grimés à la manière des guerriers irlandais des anciens temps, ces routards du metal vont dérouler leur fureur avec simplicité et classe. Si le public est un peu froid, le chanteur avec ses faux airs de Droopy va se charger de se jeter dans la fosse et d'embraser la salle. Le set va se terminer avec une vague d'énergie métallique énorme. Très bon moment et la confirmation qu'on tient là un groupe qui tient la barre dans la vague de Primordial.



Un trou dans l'emploi du temps me pousse avec mes comparses vers la taverne médiévale. Nous commençons par nous sustenter, sans jamais regarder les décolletés généreux qui s'offrent à nous (jamais!). Ce moment de festoiement à coups d'hypocras est l'occasion d'écouter la fin de la prestation de FREYRDAAM. Quelques percussions programmées viennent désormais donner un peu plus de rythme au duo vocaliste/guitariste. La magie des chansons "hors du temps" opère, grâce à la poésie des titres et à la voix d'or de Nicolas. La suite du programme ne nous permettra pas de les revoir aujourd'hui, hélas. Une discussion avec le duo va nous faire rater une bonne partie des prestations suivantes. OK, je me sers d'eux comme excuse, je n'avais vraiment pas envie d'y aller. Na.



La violoniste de RED SHAMROCK en train de s'occuper de ses boutons

Je redescends du perchoir de la taverne pour aller voir RED SHAMROCK avec une certaine curiosité. Les extraits disponibles sur le net du nouveau groupe rock/folk des jumeaux d'Eluveitie ne m'avaient pas enchanté. L'impression est confirmée sur scène, avec un groupe parfaitement dans son art mais qui ne propose que des morceaux aux sonorités assez communes par rapport à d'autres groupes de folk. Néanmoins, le set est très agréable. La fine violoniste et le guitariste restent assez en retrait, laissant de la place aux jumeaux qui ont un jeu de scène bien plus sobre que dans Eluveitie. La mise en place est impeccable, mais nous ne resterons qu'une partie des 40 minutes de set.



Faut souffler fort pour se faire entendre chez WAYLANDER

Direction la grande scène pour WAYLANDER. Les Nord-Irlandais vont axer leur set sur leur premier et surtout leur troisième et dernier album. Leur folk metal celtique dans la veine de Skyclad va frapper fort pendant tout le set. Le son est encore une fois très fort, mais reste appréciable. Pipeau en avant, Waylander va délivrer un set avec une grosse énergie et avec les tripes, à l'ancienne. Grosse sensation de la journée pour un groupe qu'il serait de bon ton de revoir sur nos terres, notamment en province.



J'ai réussi à capter la fin du set de CORDE OBLIQUE. Les Italiens ont livré un set absolument magique, osant des reprises d'Anathema ou de Sepultura (bon ok, c'était "Kaiowas", mais c'est toujours sympa et décalé). Si la chanteuse a réussi à envouter une bonne partie de la gente masculine présente, les instrumentistes ne sont pas en reste et vont démontrer toute leur maîtrise à chaque instant. Le violoniste n'avait peut-être pas besoin de son solo pour étaler son talent. C'est peut-être le seul défaut que je noterai dans un set onirique et poétique. Dans la foule bigarrée qui compose le public, le groupe aura su conquérir de nouveaux auditeurs.



Un peu de gym tonic avec le chanteur d'OBTEST. Han deux!

Arrivent enfin ceux que j'attendais en trépignant. Les Lituaniens d'OBTEST envahissent enfin la grande scène. Et peu oseront me contredire si je dis qu'il s'agit là d'une grosse déception. Le groupe a l'énergie et enchaîne les tubes. Mais hélas, le son est dégueulasse. Le gros fouillis de fréquences monté à un trop fort volume ne laissera jamais filtrer les subtilités thashouillantes des Baltes. Dans un style où les guitares sont essentielles, celles-ci ne parviendront jamais à surnager. Le public ne suit d'ailleurs plus le groupe au bout de quelques titres. Le chanteur a beau s'égosiller et réclamer du soutien, la salle reste amorphe devant ses incantations. Un très gros gâchis, que je préfère oublier au plus vite.



Le chanteur de KAWIR : "On ne jette pas de farine du balcon!"

Quand KAWIR entre en scène, en tête d'affiche de la petite Loco, c'est la surprise. Beaucoup s'attendait à voir débarquer le groupe en toges colorées et sans maquillage, dans l'esprit de leur dernier artwork. Au contraire, nous avons droit aux robes noires avec les corpse paints dans la plus grande tradition du black metal. Le chanteur déboule, crâne rasé, pour hurler ses incantations aux antiques divinités grecques. La surprise passé, Kawir place un set presque impeccable. La mise en place est très bonne, à quelques couacs du guitariste lead près. Le son est bien là également, les grattes restant un peu en retrait mais étant audibles. Pendant 40 minutes, Kawir enchaîne les hymnes de manière furieuse et engagée. Le seul gros reproche que l'on peut faire au groupe réside dans les blancs interminables entre les titres. Ces minutes de silence vont casser un peu l'ambiance du set. Pour le reste, les Grecs vont assumer totalement leur rôle de tête d'affiche. Et ça fait du bien, une bonne dose de noirceur dans un fest plein de répugnante bonne humeur.




MELECHESH, dans l'ombre et délivrant le feu ardent

Devant la bonne disposition de Kawir, je me permets de rater le début du set de MELECHESH en maudissant ce recouvrement de planning qui oblige au sacrifice. Ayant raté deux morceaux, je constate que les Israelo-néerlandais ont le meilleur son que j'ai entendu de la journée dans la grande salle. Ashmedi et ses comparses vont nous envoyer grave de l'hymne dans la face, pulsée par une batterie un poil forte mais diablement efficace. Le dernier album Emissaries sera très bien représenté, mais le groupe ne délaisse pas ses précédentes réalisations dans l'heure qui leur est impartie. Melechesh va mettre tout le monde d'accord et assommer la foule. Le rappel, lancé malgré les lumières rallumées, va terminer de cataclysmer tout ce petit monde. Les danseuses jouant avec le feu n'auront pas été utiles à mettre l'ambiance dans un public conquis. Un gros moment de metal.



Il est seulement 22H quand nous quittons les lieux. Mais dix heures d'un fest très réussi se sont déroulées et nos oreilles et nos mirettes en ont pris de partout. Si l'affiche n'était pas aussi rutilante que celle de l'année dernière, elle laissait de la place à des formations moins connues mais aussi excitantes. Le pari est donc encore une fois grandement réussi, en espérant que l'orga s'y soit retrouvée malgré la petite désaffection du public. Pour ma part, je me suis bien amusé et j'ai acheté plein de CD. Que demande de plus le gueux...



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