- UNEXPECT + SEBKHA CHOTT par TONTON - 1475 lectures
le 05 décembre 2008 - le Nouveau Casino - Paris



UNEXPECT + SEBKHA CHOTT
Paris (Le Nouveau Casino) le 05 décembre 2008

Mettre un point final à une tournée fleuve qui aura subi bon nombre d'annulations en remplissant le Nouveau Casino avec deux formations aussi déjantées que confidentielles. C'est l'ultime pari relevé par l'AMMD Booking Agency, excroissance de SEBKHA CHOTT, organisatrice de concert.



Un pari que je pense dans un premier temps gagné lorsque j'entre dans la salle. Les Sartois de Le Mans (la faute est volontaire) viennent d'entamer leur set et il y a déjà plus d'une centaine de personnes sur place. Tout du moins c'est l'impression que j'ai jusqu'à ce que je m'avance. Là, je constate avec stupéfaction que le public a déserté les abords de la scène, préférant se retrancher quelques mètres en arrière craignant, sans doute, d'avoir affaire à de quelconques pathologies contagieuses. Et il faut dire qu'ils laissent un peu perplexe nos amis de SEBKHA CHOTT : un authentique pirate borgne, un saxophoniste-homme éponge en chaussures de ski à franges, un pseudo militaire défroqué multi-tâche, un batteur travesti en danseuse orientale pornocrate, un guitariste laborantin plongeur et enfin un bassiste despote cagoulé. Avouez qu'il y a de quoi rester pensif voire même interloqué devant l'assemblée présente sous les projos. Et c'est donc un public médusé et logiquement songeur qui va saluer la performance ubuesque des Français. Dignes héritiers d'expériences sonores allant de Zappa à Patton et des grandes formations prog outrancières des années 70, SEBKHA CHOTT (dont j'arrive enfin à prononcé le nom sans fouler la langue ni me gourer) c'est avant tout un groupe de grands malades bercés trop près du mur par leurs « Mothers » (Zappa… Mothers ? Z'avez saisi la subtilité ? Nan ? Bah j'peux rien faire pour vous alors. Mais reprenons…). Ainsi le groupe se complaît dans le coït musical surréaliste des cuivres, du jazz, du xylophone, des polyrythmies chiadées, des errances musicales improvisées avec un métal moderne. Le résultat est aussi surprenant que décapant et même si le public semble avoir du mal à accrocher au trip délirant qui se déroule sous ses yeux, on ne peut ôter aux musiciens de SEBKHA CHOTT le mérite d'une technicité de brutes épaisses et d'une orchestration aussi fouillée qu'une narine dans un embouteillage. De régulières déclarations par l'imaginaire tyran, Wladimir Ohrelianov II (oui, en plus, il a un nom), viennent ponctuer ce set hallucinant et totalement hors norme. On ne sait trop quoi penser mais on reste médusé devant le spectacle qui se déroule sous nos yeux. Alors je n'ai probablement pas retenu grand-chose en dehors du canard en plastique Sado-Maso et des discours cagoulés plein de conviction du tyran (on susurre dans les milieux autorisés qu'il aurait beaucoup inspiré le jeu de scène de Sarkozy) mais une chose est certaine : ça m'a donné envie d'en apprendre plus sur le groupe (que j'ai donc saoulé de questions après le set) et d'écouter ses disques. Inutile de préciser que dans le cas présent l'ouverture d'esprit est de rigueur, à dilatation maximale de préférence (l'ouverture d'esprit… bande de dégueulasses).



Au bout d'une cinquantaine de minutes pour le moins atypique SEBKHA CHOTT cède la place à la tête d'affiche, les osti d'Québécois d'UNEXPECT qui vont, ce soir mettre le point final à leur première tournée européenne. Une tournée qui restera à coup certain dans les mémoires car si la réputation scénique de Syriak (guitare/chant) et sa bande avait outrageusement dépassé les frontières nord-américaines rien ne nous avait préparés à l'impact d'un set aussi magistral.
Si l'on connaît bien l'univers musical bien particulier des Québécois compactant diverses inspirations dans un condensé infiniment riche et complexe, il restait toujours un doute quant à une retranscription fidèle des titres terriblement fouillés du groupe. Et en ce soir du 5 décembre, c'est la grosse gifle, la beigne de gorille, la mandale de cow-boy que nous allons tous prendre. Non seulement l'interprétation live sera des plus pointues mais UNEXPECT arrive à insuffler à sa musique une frénésie supplémentaire car il se passe beaucoup de choses sur scène. Affublés de costumes bariolés, les sept musiciens investissent la scène du Nouveau Casino qui aura rarement paru aussi petite. Les titres principalement tirés de leur dernier album « Into the Flesh Aquarium » s'enchaînent à un rythme d'enfer. Cependant, le contact avec ce nouveau public est un peu timide et la communication se limite à la présentation de quelques morceaux mais qu'importe ; ce qui se passe sur scène est prodigieusement charismatique car UNEXPECT nous délivre un véritable Show avec un S majuscule s'il vous plaît. Je ne vous l'apprendrai pas, le fait pour un groupe d'avoir un bon frontman fait souvent la différence. Dans le cas d'UNEXPECT, les choses sont quelques peu différentes puisqu'ils en ont plusieurs. Entre Syriak, le guitariste-chanteur grimaçant, ChaotH, le bassiste déjanté qui se démène sur son improbable basse neuf cordes, le gargantuesque guitariste/chanteur Artagoth, le pointilleux violoniste Borböen et enfin l'envoûtante et théâtrale Leïlindel, les Québécois ont largement de quoi assurer le spectacle. Une mention toute particulière tout de même à la jolie Leïlindel qui occupe une place incroyable sur scène, sorte de poupée désarticulée, de danseuse hystérique, de sorcière possédée par son rôle de chanteuse enchanteresse. En fait, elle est tellement « habitée » par son rôle, qu'en d'autres temps, elle aurait probablement terminé sur un bûché sitôt le concert terminé. Alors s'il fallait terminer ce live report par un unique mot celui d'exceptionnel ne serait nullement usurpé. UNEXPECT est taillé pour la scène et y exerce son art dans des proportions qui mérite une demi-page de superlatif flatteur. J'espère seulement qu'ils connaîtront les honneurs de plus vastes salles pour leur prochaine venue en Europe. Simplement l'un des meilleurs concerts que j'ai pu voir cette année.



Un petit coucou au passage à mes petits camarades et collègues de Thrashos : Von_Yaourt (mon jeune padawan qui vient de muer), son frangin Seb, à ce bon vieux Glaume mais également au sieur Aghahowa.

Liens Relatifs

http://www.myspace.com/sebkhachott

http://www.myspace.com/unexpect



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