- NEHËMAH + BLODSRIT + FARSOT + FINIS GLORIA DEI + BALROG + FOSCOR + AOSOTH par PRINCE DE LU - 3541 lectures
Black Metal is Rising IV (17/05/08) - La Locomotive (Paris)
Crédits photos : Zoliv et Clalire (pour Aosoth)




Le temps nuageux avec des ondées locales annonçait la couleur: aujourd'hui il y aura du black metal sur paname. Et le public assez conséquent qui s'est déplacé le doit aux Acteurs de l'Ombre. J'en profite pour saluer la dernière orga de concerts sur Paris qui ose monter des affiches velues dans le métal extrême. Ils prennent des risques à faire venir des groupes dont on ne connaît jamais à l'avance le pouvoir attractif et ça les fait transpirer dans leurs petits marcels noirs (mmm), on prend des décibels plein la gueule. Bref, tout le monde est content. Merci messieurs dames.



S'il y a un mot que je retiendrai de cette quatrième édition du BMIR, c'est le mot "rigueur". Rigueur dans la tenue des horaires. Une fois encore, le timing aura été géré à la perfection, prouvant encore qu'en France aussi on peut avoir le même respect des horaires que nos voisins européens. Etant donné que niveau public nous n'avons rien vu d'éventuels tracas, l'organisation a été sans faille. On ne jette jamais assez de fleurs en France quand c'est bien fait. Et bien je dis bravo. Rigueur également du côté des groupes. Même si toutes les prestations ne sont pas exemptes de quelques flottements de mise en place, il faut reconnaître que nous n'avons jamais eu affaire à des musiciens du dimanche. Chaque set a été préparé et travaillé, avec le souci de restituer fidèlement la musique de chaque groupe. Même côté son, même si cette salle ne sera jamais la panacée, rien n'a jamais ressemblé aux pires heures de la Locomotive. Et rien que pour ces éléments de rigueur, le fest ne pouvait pas réellement décevoir à la sortie. Après, il reste évidemment l'appréciation personnelle de chaque projet. On y vient.



AOSOTH ouvre la journée, devant une salle en train de se remplir. Beaucoup de monde s'est déplacé dès le début des hostilités et certains ne cachent pas leur curiosité du rendu de ce nouveau projet MkM/Balrog sur les planches. Ayant eu vent du peu de répétitions, j'espérais que nous n'aurions pas trop droit à la bouillie. Hé bien non. Entourés de membres de Genital Grinder, Aosoth livre un set au son dense et écrasant. Au milieu des parties génitales (je parle des Grinder, sinon la phrase a un sens étrange), MkM focalise l'attention avec le jeu de scène particulier qu'on lui connait. Hormis un Balrog secouant sa crinière chatoyante, le reste du groupe reste très statique et c'est peut-être le seul défaut de la formation. Et avec un rendu en façade très compact et un black rapide et chaotique dans la veine d'Antaeus, il n'était pas évident de repérer des mélodies auxquelles se raccrocher. Du coup, j'aurais apprécié un peu plus d'accroche visuelle sur scène. Mais le projet (re)naissant s'est montré très convaincant et a remporté l'adhésion de nombreux curieux. (30 min de set)



Les Espagnols de FOSCOR envahissent la scène avec leur black à tendance pagan. Je n'avais pas été séduit par leur dernier album et, cette fois encore, j'ai trouvé leur musique assez "standard". Néanmoins, les Ibères ont vraiment livré un très bon set, en donnant de la sueur. Le bassiste/chanteur tient très bien la scène et communique dans un mélange d'espagnol, d'anglais et de français assez rigolo. Les guitaristes, après quelques minutes en retrait, auront donné du headbang pour appuyer les rythmiques du groupe. Dommage que leurs mélodies ne soient pas ressorties très bien dans un son blindé de basses fréquences et basé sur le trop courant tandem basse-batterie. Heureusement, après Foscor, les ingés son vont se calmer sur le trigg de la grosse caisse et nous mettre un peu de guitare. Bref, la formation a montré au fil des minutes qu'ils prenaient du plaisir sur les planches et qu'ils donnaient le maximum, y compris pendant la reprise de Dodheimsgard (qui est fort bien passée). Il est certain que cette énergie leur a permis de vendre quelques CD dans la soirée. (40 min de set)



BALROG entre ensuite en scène, très attendu par une partie du public qui porte déjà les couleurs de la compagnie aérienne. Les enchaînements de riffs d'un black assez technique ne vont pas me convaincre plus ce soir que sur album, mais le groupe a été bien présent et a livré une prestation de qualité. Peut-être que les guitares auraient mérité de ressortir encore plus, la batterie étant assez en avant. Mais c'est un vrai bonheur d'entendre un batteur qui blaste avec fureur les titres du groupe, et notamment un "Give War a Chance" dans lequel j'ai retrouvé une puissance digne du matraquage de la BAR des débuts. Si musicalement le groupe est là, visuellement c'est plus délicat. Chacun semble concentré sur ses parties et Balrog, largement plus à son aise, est très occupé derrière le pied de micro. Au bilan, il ne se passe pas grand-chose sur la scène pendant 40 minutes, et c'est probablement une marge de progression importante pour le groupe. (40 min de set)




Après un début de set pétaradant, le premier groupe plus old school apparaît avec FINIS GLORIA DEI. Je n'avais pas entendu beaucoup de titres de ce nouveau projet des ex-Seigneur Voland, accompagné du batteur de Blessed In Sin. Premier constant, c'est bien plus intéressant que leur défunte formation, même si leur black résolument à l'ancienne et prévisible ne m'émeut pas beaucoup. Le groupe a l'avantage d'avoir une section basse-batterie bien en place, ce qui permet de pardonner les nombreuses faiblesses des guitares dans l'interprétation. Le batteur nous livrera d'ailleurs un solo de batterie peu utile mais défoulatoire dès la fin du premier titre. Le chant ne m'a pas emballé, pas plus que l'attitude, le groupe se contentant du corpsepaint et d'une dégaine à la punk pour convaincre (même si les punks n'auraient pas adhéré à certains écarts de conduite). La formation aurait pu dérouler une prestation honnête, s'il n'avait pas invité le "frère"-vocaliste de Blessed In Sin sur les planches. En quelques minutes et quelques propos puérils, l'invité aura renvoyé les Toulonnais dans leurs clichés. Et il était difficile après son (premier) passage de ne pas voir en Finis Gloria Dei un groupe bêtement premier degré. Vraiment dommage. (40 min de set)




Après leur premier album, j'étais curieux de voir FARSOT sur scène. Premier groupe à utiliser les lights en contre-jour et à jouer sur un esthétisme sobre, les Allemands n'auront pas déçu une seconde les amateurs de Secrets of the Moon. Comme le (court) passage de ces derniers à Paris, la prestation du groupe a été hypnotique de bout en bout. Le son était très bon, avec des guitares bien présentes qui balançaient les riffs évolutifs du combo de manière impeccable. Alors, évidemment, ce genre de black plus récent, plus propre et finalement plus proche de bulles musicales hors metal ne peut pas récolter l'adhésion des défenseurs des traditions et attirent un public "différent". Mais en dehors de ces grincheux, ceux qui se seront laissé porter par les nuances de Farsot auront ce soir fait un exceptionnel voyage où le temps était bien trop court. Un des voyages rares où la musique s'évade et transcende celle livrée avec la rondelle de plastique pour nous entourer d'ondes d'émotions puissantes. Et les Allemands nous auront livré un titre inédit qui présageait du meilleur, tout à fait dans la lignée du premier opus. Parmi toutes les bonnes raisons qu'on peut lister d'aller aux concerts, n'oublions pas l'acquisition de raretés auprès des groupes. Quelques collectionneurs auront su profiter des 15 derniers exemplaires de la démo de 2004 qui n'ont pas trainé longtemps sur le stand du groupe. (50 min de set)




Après la prestation de Farsot, BLODSRIT va me sembler un peu pâlichon (et je ne parle pas des corpsepaints). Abandonnant un peu plus les suédoiseries de ses débuts depuis deux albums, Blodsrit a bien montré son envie de revenir aux valeurs anciennes du black. La prestation est donc notoirement old school, des tenues de scène très cuir et clous jusqu'au jeu parfois approximatif des guitares. Les Suédois auront pas mal donné (et posé), tenus en laisse par leur leader Nyhlen et enchaînant des titres de toutes les périodes du groupe avec conviction. Et pourtant, rien n'y fait vraiment. Après la prestation ciselée de Farsot, Blodsrit livre un set trop traditionnel pour m'embarquer alors que je suis pourtant fan sur album. Il s'en est fallu de peu, mais la machine ne s'est pas emballée.

Setlist Blodsrit (50 min de set)
- In Melancholy
- Hinterland
- Jord
- Praise Suicide
- I Song For Syndens Saknad
- Likbal
- Sverige
- Into Nothingness
- March Of The 22nd
- Glorious Rise Of Flames





Et pour clore les débats, la formation que beaucoup attendaient: NEHËMAH. Fan de leur black atmo, je craignais un rendu scénique assez… chaotique ou soporifique (au choix, voire les deux). En fait, le groupe a parfaitement défendu sa place en tête d'affiche. Tenant la scène à trois uniquement, Nehëmah va retranscrire en "vrai" ses lents élans haineux pendant une heure. Entamant avec l'excellent "The Great Old Ones", le trio fait un peu peur avec un premier long blast difficile pour un batteur pas forcément très chaud. Heureusement, les marques sont rapidement prises, même si la guitare aura également manqué d'un peu de présence tout au long du set. Entre les blasts furieux et les plaquages d'atmosphères funèbres, Nehëmah va encore faire voyager son auditoire. Avec un visuel imposé avec une sobriété malsaine et appuyé par des lights à contre-jour, la formation parvient à ouvrir une dimension sombre en peu de temps, happant les spectateurs dans le vortex de leurs décibels. Je regrette un ou deux décrochages au milieu du set qui m'auront empêché de plonger dans ce concert aussi profondément qu'avec Farsot. Je regrette aussi un pogo embrumé par l'alcool (et peut-être frustré par le manque de blasts) qui commencera à se bastonner connement à un moment. Mais hormis ces détails, Nehëmah aura montré sa puissance tout au long de l'heure, avec notamment un final de set complètement transcendant.



Setlist Nehëmah (60 min de set)
- The Great Old Ones
- Dead But Dreaming in the Eternal Key Waste
- The Elder Gods Awakening
- Light of a Dead Star
- Across the Landscape
- Sonner av den Fimbulvetr
- Conscience in Evil
- Through the Dark Nebula
- I Will Sleep with the Dragon.


Très bonne édition du BMIR où peu de choses seront à jeter. Je retiendrai Nehëmah et Farsot, qui m'auront fait une grosse impression. C'est quand la prochaine édition déjà? Demain, j'ai rien de prévu.


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