le 6 avril 2008 - le Bataclan - Paris

C'est pour la sortie relativement récente de son troisième méfait, « Over The Under », que le all-star band revient à Paris. Si en 2006, pour la tournée en support de leur album précédent, c'est le mythique Elysée Montmartre qui accueillait le groupe, c'est cette fois au classieux Bataclan qu'incombe la responsabilité.

La file des spectateurs est déjà longue bien avant l'horaire d'ouverture des portes officiel, preuve que le super-groupe est attendu de pied ferme par le public français… ce qui n'a finalement rien d'étonnant compte-tenu du line-up de la formation : Peeper Keenan de CORROSION OF CONFORMITY, Jimmy Bower de EYEHATEGOD et SUPERJOINT RITUAL (pour faire court), Kirk Windstein de CROWBAR et plus récemment de KINGDOM OF SORROW (avec Jamey HATEBREED Jasta), Rex Brown de feu PANTERA et bien sûr Phil Anselmo du même feu, mais aussi de SUPERJOINT RITUAL, CHRIST INVERSION, VIKING CROWN, j'en passe et des plus cocasses… du lourd donc, pour ne pas dire du TRES lourd, et ce dans tous les sens du terme.

Pas plus de première partie cette fois que la dernière, la soirée débute par la projection d'extraits d'un DVD à paraître sur DOWN en studio, DOWN en tournée, DOWN sur scène, DOWN à l'hôtel, DOWN en backstage, DOWN et leurs potes (ceux qui ont apprécié à l'époque les DVD - ou VHS - de PANTERA ne devraient a priori pas être déçus)… extraits entrecoupés de vidéos live d'époque de groupes mythiques, une sorte de crash-course sur les influences assumées de la formation en vedette ce soir : Ted Nugent, Thin Lizzy, Black Sabbath, Lynyrd Skynyrd, AC/DC (Bon Scott-era), Scorpions, Black Flag, Deep Purple (ou ptet' plutôt Rainbow ?) pour les plus (re)connus… un florilège pas dégueu et qui a finalement le mérite de permettre à DOWN de s'offrir des premières parties de légende à moindre coût. La projection se terminera sur le vidéo-clip de l'excellent titre « On March The Saints »… preuve qu'on n'est pas à une autocongratulation près chez les Ricains, juste au cas où certains douteraient du groupe programmé ce soir.

Au moins, ce concept a le mérite d'éviter le temps d'attente relatif à un quelconque changement de plateau. DOWN investit donc la scène aussitôt la projection terminée dans un nuage de fumigènes, et nous voilà partis pour plus de DEUX heures, oui DEUX comme 1+1, de ce fameux southern-metal moderne que la formation culte (j'ose) fait vivre depuis maintenant 12 ans (putain, 12 ans!!!) et trois albums références, même si certains pourraient regretter la direction de plus en plus « metal moderne » prise après l'excellentissime premier disque, « NOLA » au son délicieusement plus vintage que les suivants. Car DOWN a su évoluer… les esprits chagrins diraient que DOWN a changé, à l'image par exemple d'un Pepper Keenan dont le physique est loin de s'être affiné depuis le clip du superbe « Stoned The Crow ». Le remplacement au poste de bassiste de Todd Strange, (dans CROWBAR à l'époque), par Rex « Pantera » Brown explique d'ailleurs sans doute une direction peut-être plus power-metal (pour ne pas dire « Panteresque ») prise sur les second et troisième albums.

Alors évidemment, ce soir, ça ratisse bien large et ça pioche allégrement dans les trois albums, et il semble presque plus facile de citer les titres n'ayant pas été joués, que l'inverse.

C'est simple, DOWN, c'est hit sur hit, et du « Pillars Of Eternity » d'ouverture au « Bury Me In Smoke » terminé par le traditionnel jam de mesdemoiselles et monsieur du road-crew, c'est banane et hochements de tête garantis (et on parle là du « polite » minimum syndical dixit Phil). Le groupe s'en donne à cœur joie, le son est excellent (on est au Bataclan !), Phil (tournant à l'eau minérale !!!) impérial la plupart du temps, ça groove, ça riffe et ça guitar-héroïse, ça breake et ça repart, c'est lourd et mélodique, même le paisible et presque méditatif « Jail » tiré de « NOLA » sonne du feu de Satan…

Le public ne s'y trompe pas et offre un hommage vibrant au quintet, reprenant ici en chœur le refrain de « Stoned The Crow », ou offrant là un drapeau français customisé à la gloire de l'évènement…et DOWN le lui rend bien, en particulier par le biais d'un Phil Anselmo en forme, très volubile et visiblement reconnaissant, annonçant par exemple « the first song we ever wrote together » en introduction au titanesque « Temptation's Wings », ou à l'image d'un Kirk « Quintal » Windstein sautillant malgré sa corpulence, et d'un Jimmy « Power » Bower braillant le désormais fameux « the power of the riff compels me !!! » à la reprise de l'entame de « The Seed ». Rex et Pepper ne sont d'ailleurs pas en reste, assurant quelques chœurs et affichant sourire tranquille et maîtrise instrumentale totale…

On pourra reprocher ce qu'on veut à DOWN, comme le côté caricatural certain de sa musique et de son attitude, le kitsch de certains effets de style et de certaines parties, leur « (non) classe américaine » de cow-boys mal dégrossis… mais force est de constater que le groupe, d'une part, assure et envoie vraiment du très très gros, et d'autre part communique vraiment quelque chose de vraiment très très particulier. Je ne résiste d'ailleurs pas à citer les derniers mots entendus en clôture de cette soirée, Phil entonnant a capella le final de « Whole Lotta Love » :

''WAY DOWN INSIDE WOMAN, YOU NEEEEEED !!!'' Et le public de reprendre à gorge déployée: ''LOOOOOVE!!!''

Magistral!

Note de Tonton : Un grand merci à notre irremplaçable Khyrian pour les quelques jolies photos qu'elle a bien voulu nous fournir.