Nous étions beaucoup à en rêver l'année dernière à la sortie du premier Pagan Fest et le souhait est exaucé : la seconde édition, rebaptisée Cernunnos Fest, a bien eu lieu ! L'orga aura su mettre la barre beaucoup plus haute en montant carrément un festival mélangeant animations médiévales et concerts métalliques ou non. Le tour de force est remarquable et, une fois n'est pas coutume, je vais commencer par la conclusion : bravo mesdames et messieurs !! Avec des concerts excellents, des stands très dépaysants (miam, la bouffe et l'hypocras) et un timing respecté à la lettre malgré des activités réparties sur trois étages; le Cernunnos Fest a été une grande réussite.
Ce qui transpirait surtout de cette journée est l'excellente ambiance générale avec des festivaliers de bonne humeur et des groupes à l'énergie positive. Les différents jeux organisés ont notamment été un moment de rassemblement bordélique auquel le public a bien participé. Il suffisait d'entendre les braillements et encouragements pendant le levé d'épée ou le tir à la corde pour comprendre que le métalleux est un paillard bon enfant adepte des épreuves de force.
Mais avant de nous monter le decorum, l'orga avait surtout mitonné une affiche de rêve qui parvenait à rivaliser avec celle de l'édition précédente (et c'était pas facile). Si ELUVEITIE avait re-signé pour cette date, quelques mois avant sa prochaine venue dans la capitale, les inédits que j'attendais avec impatience étaient HEIDEVOLK et SKYFORGER. SKYFORGER, pour pouvoir discuter avec ses fans après le set, a laissé pour l'occasion la tête d'affiche aux petits Suisses récemment signés chez Nuclear Blast. Mais avant d'en arriver là, commençons par le début.
L'ouverture dans les temps annoncés m'a permis d'aller flâner du côté de la grande scène dans les premiers instants. C'est le groupe médiéval BELLA SORTE qui va animer cette première partie d'après-midi, pendant que les premiers groupes métalliques vont se déchaîner sur la petite scène mieux adaptée à leurs décibels. Puis ITAKK prendra la relève sur la petite scène en début de soirée pour laisser les têtes d'affiche mettre le feu à la salle principale. Les concerts s'enchaînant très bien avec peu de temps de changement de plateau, je n'aurai pas l'occasion de voir beaucoup de tambourins dans la journée. Dommage pour moi, mais cela a permis de répartir le millier de festivaliers dans toute la Locomotive pendant toute la durée, plutôt que de nous serrer tous en bas comme des losers. Direction, le métal qui coule à flot !
C'est FOLGE DEM WIND qui a l'honneur d'ouvrir le fest. L'évènement est important pour le groupe francilien qui va bientôt sortir son premier album. Leur black pagan est efficace et permet d'échauffer les nuques. Le son n'était pas au top, notamment des guitares un peu faibles à mon goût. J'ai aussi noté des problèmes de mise en place côté batterie et guitare, mais dans l'ensemble FOLGE DEM WIND a bien tenu sa place sur l'affiche. Gageons que le groupe gagne encore en expérience pour améliorer leur set et on peut tenir un sérieux concurrent dans le style. Le set de FOLGE DEM WIND est pour moi et mes comparses l'occasion de découvrir les boulets du jour, des jeunes puceaux qui ont la permission de sortie pour l'après-midi et qui braillent "Enculé" ou "Foutez-vous sur la gueule" à chaque silence. Pénible la jeune génération boutonneuse...
Après cette bonne mise en bouche et à peine le temps de faire un tour par les stands, voilà qu'arrive sur scène NIFLHEIM. Je ne connaissais pas du tout le groupe français et j'ai vite compris que leur heavy médiéval avec chanteuse ne m'était pas adressé. Malgré les qualités techniques des instrumentistes et la mise en place impeccable, les mimiques à la Ritchie Blackmore du guitariste lead me font fuir plus vite que mon ombre. Du coup, j'ai eu l'occasion de goûter l'hypocras qui ne va pas faire long feu dans les bouteilles de la taverne, la Locomotive ayant investi en bien trop faible quantité pour tous les assoiffés du fest.
Il est temps de retourner dans la petite Loco pour voir la formation belge AKTARUM. Mettant en avant leur synthé, tenu par le vocaliste, le groupe déroule un folk metal jouissif et bourré d'humour dans la lignée de FINNTROLL, avec des touches de WINDIR. Des titres comme "Rock'n'Troll" ou "Air Force Troll" font bien bouger l'assistance qui ne demande que ça après la pause mélodique. Les pogos entamés dès FOLGE DEM WIND reprennent joyeusement. Même si j'ai trouvé le synthé trop en avant, la mise en place impeccable et le côté entraînant des titres m'ont convaincu. J'ai pris leur démo aux jeunes Belges, rien que pour les soutenir après cette première date réussie en France. Mention spéciale au chanteur qui a plaisanté entre les titres et qui s'est rapidement attiré les sympathies du public. Un groupe à suivre...
Après une courte attente à trépigner et dans une petite Loco où il devenait difficile de bouger les orteils, voilà que déboulent (enfin) les Bataves de HEIDEVOLK. Le début du set est difficile, car nous n'entendions pas les chanteurs. Une fois les niveaux rétablis au bout de deux titres (bouh !), le charme de leur folk puissant pulsé par des chants clairs guerrier fait tout son effet. Comme il fallait s'y attendre après avoir écouté les albums, ce groupe bute sévère en live. Je suis tombé dans un trou spatio-temporel avec l'impression que ce moment magique n'avait duré que dix minutes tellement c'était bon. Sur une couche instrumentale impeccable, le vocaliste aux longs cheveux blonds assure des parties claires superbes tandis que le vocaliste aux courts cheveux bruns braille et communique avec le public, entraînant les premiers rangs dans la fête. Un set excellent, sous le signe de la bonne humeur avec des musiciens visiblement contents d'être là et heureux d'une telle réaction d'un public chaud comme la braise. Pour moi, un des grands moments du fest !
Il est désormais temps de passer dans la grande salle pour la seconde partie de l'affiche. La faim se fait sentir en ce début de soirée et je me dirige vers la Taverne pour ripailler tranquillement pendant le set de STILLE VOLK. Ben oui, je n'aime pas STILLE VOLK, et ce depuis bien des années. Malgré mon amour pour le folk, leurs ritournelles pyrénéennes m'ennuient. Aussi, je laisse disserter les fans sur la qualité du set. Je dirai juste après en avoir écouté trois titres que c'était très bien fait et très bien mis en place. Mais on ne se refait pas sur certaines choses...
J'attendais avec impatience BRAN BARR sur la grande scène. J'avoue que ce set m'aura quelque peu déçu. Oui, c'était bien et le groupe a envoyé grave. Mais il a manqué le quelque chose qui aurait pu hisser le concert dans l'exceptionnel. "Il a manqué", ou plutôt "il y a eu trop de petits trucs imprévus". La mise en place des guitares n'était pas parfaite et il y a eu des petits pains tout le long du set. Et les aléas se sont enchaînés (perte d'une anche, perte d'une baguette pendant un morceau, blanc un peu bordéliques entre les titres). Du coup, j'ai trouvé que la bonne ambiance du début du set s'est lentement fragilisée et le groupe a eu du mal à nous faire repartir après la pause tranquille de la reprise de STILLE VOLK (avec les gars du groupe en guest). De même, le final avec Amduscias de TEMPLE OF BAAL en guest était sympathique mais sentait le très improvisé. Et du coup, le set n'a pas été aussi intense qu'espéré. C'était bon, c'est vrai, mais pas intense. J'espère les revoir pour un vrai concert bien à eux dans un avenir proche, juste après la sortie du second album...
Connaissant sur albums, je me demandais bien ce qu'allait donner SKYFORGER en live. Hé bien, la réponse a été rapide : c'était écrasant ! Ecrasant par le volume sonore monté d'un gros cran (mais qui était dans les limites légales en restant toujours inférieur à 105 dB). Ecrasant par le charisme des musiciens et la beauté des titres du groupe de Lettons armés. Il était grand temps qu'un hommage soit rendu aux anciens de la scène balte. Mélodiques mais toujours porteurs de rythmiques lourdes, les rifflemen ont conquis l'assistance à gros coups de métal en fusion. Ce set est un des tout meilleurs auxquels j'ai assistés, par la démonstration musicale et par l'échange d'énergie entre le groupe et son public. Et ils étaient heureux d'être là, les Lettons ! Tellement heureux que tout le monde participe à leur fête qu'ils nous en ont mis plein la face. L'orga m'a signalé que si SKYFORGER n'avait pas insisté et combattu eux-mêmes les difficultés, ils n'auraient pas pu venir ce soir. Et ces vétérans de la scène balte ont bien fait de ramer, car ils nous ont offert un moment monumental. Aux dires de Peter, le groupe a bien l'intention de revenir. Quand vous voulez, les gars !!
Gros challenge pour ELUVEITIE de monter sur les planches après l'intensité de SKYFORGER. Mais après quelques petits réglages sonores nécessaires pour la mise en place de tout leur bazar musical, les Suisses vont nous offrir une prestation de haute volée. C'est décidément une très bonne habitude de leur part !! ELUVEITIE va enchaîner les titres de "Ven" et "Spirit" et même proposer de l'inédit à paraître sur son prochain album en février prochain. S'il y avait encore besoin de se mettre le public français dans la poche, ils nous placeront même une reprise du standard "Tri Martolod" popularisé en son temps par Alan Stivell. Entre le charme des donzelles, le charisme des jumeaux et de Chrigel et la rigueur helvétique dans la mise en place, ELUVEITIE est décidément un groupe énorme qui ne faiblit pas une seconde en live en invitant toute la salle à une grande fête païenne joyeuse.
C'est avec des étoiles plein les yeux et avec les oreilles sifflant encore de bonheur que nous allons regagner nos pénates. Les dix heures de fest seront passées comme une lettre à la Poste, grâce à une orga sans aucune faille et des groupes en or. Il fallait en être et à la lecture des reports les absents pourront seulement se ronger les moignons. Vivement la prochaine édition, même si je vois mal comment cela pourrait encore monter d'un cran en restant humain à mettre en place. Qui vivra verra...
Un grand merci à St'F pour les photos !!