- RACKHAM FEST par BIGHENRY - 2227 lectures
Live Report Rackham Fest les 18 et 19 Mai au Korigan à Luynes



A peine une semaine après le concert de PHAZM et de CHAINSAW (dont la très faible affluence nous avait quelque peu inquiété), nous voilà de retour au Korigan (Luynes) à l'occasion de la deuxième édition du Rackham Fest. Organisé par la dynamique et sympathique équipe de Bataillon Thrash, ce petit festival « qui n'en veut » aura eu un double mérite. D'une part, réunir deux des meilleurs groupes français du moment (KRAGENS pour le premier soir, BENIGHTED pour le second) tout en laissant une large place aux formations locales et, d'autre part, proposer un panel, une variété de groupes et de styles permettant aux metalleux de tous bords de se retrouver en ce chaud week-end de Mai autour de quelques bonnes limonades (cette introduction est sponsorisée par le Ministère de la Santé...).
Le premier soir était principalement consacré au Metal traditionnel alors que le second faisait la part belle au metal extrême et, petite surprise, le public nous aura semblé sensiblement plus jeune pour la soirée dite ''Heavy''. Toujours est-il que l'affluence fût globalement correcte...si on la compare par exemple à celle du concert de PHAZM et si on prend en compte le nombre très important de concerts prévus dans la région en cette période. On ne cachera pas tout de même que l'on airait aimé voir un poil plus de monde envahir le Korigan.



C'est avec EXILE, jeune groupe de Metal dit ''mélodique'' (enfin à ce qu'il paraît, perso, ça ne m'a pas paru si mélodique que ça) que débute la soirée. Si les compos manquent encore un peu de maturité et si le chant clair n'était pas toujours d'une précision chirurgicale, ce metal moderne très porté sur les claviers et alternant chant hurlé/chant clair constituera une entrée en matière somme toute sympathique à défaut d'être particulièrement mémorable.
Pour le groupe suivant, à savoir BELLS OF INSANITY, si la musique diffère fortement (on passe à du Thrash groovy en diable), le constat reste globalement le même. Les compos sont loin d'être mauvaises mais ce très jeune groupe manque encore un peu de rigueur dans l'exécution et surtout d'aisance scénique, notamment dans la gestion des temps morts. Une lacune qui sera sans nul doute comblée lorsque ces derniers auront un peu plus bouffé de la scène. A noter une basse fortement mise en valeur et, accessoirement, un bassiste au look particulièrement décalé. On notera deux petites reprises (une de Testament, une de Carcass) et un morceau joué deux fois suite à des problèmes de son au niveau du deuxième micro qui auront empêché (malheureusement sur les deux fois) le public d'entendre le chant légèrement rapé du guitariste.



Arrive ensuite GALDERIA, groupe de Heavy Metal traditionnel et hautement conceptuel. On retrouve ici le chanteur d'ENGRAVED ainsi que le batteur du même groupe (venu semble-t-il filer un coup de main provisoirement) dans une odyssée cosmique et mystique qui se trouve, niveau thématique, à mi-chemin entre GWAR, GAMMA RAY, Raël et Ron Hubbard. Bref, la puissance cosmique de GALDERIA me sera un peu passée au dessus du ciboulot et, d'un point de vue musical, leur heavy à forte connotation germanique m'aura paru un poil trop convenu et prévisible. Même la reprise de GAMMA RAY ne m'aura qu'assez peu convaincu.
Viens ensuite SIGIS et, là, j'avoue ne pas avoir été déçu. Officiant dans un registre Heavy assez couillu avec un chant en Français de qualité qui ravira les amateurs du genre (dont je fais partie) et qui, forcément, agacera ceux qui y sont allergiques, on franchi ici nettement un palier qualitatif aussi bien en terme d'interprétation qu'en terme de compos ou de gestion de la scène. Emmené par un chanteur à la présence et au charisme indéniables, SIGIS nous aura délivré un très bon set qui aura également satisfait assez largement le public qui n'hésita pas à donner parfois de la voix (sur ''Le Dernier des Hommes'' par exemple). On retiendra aussi le très bon ''Combattre, Vaincre, Régner'' qui aura également bien fait bouger le public. Un combo qui laisse entrevoir un certain potentiel et surtout une personnalité propre, chose qui manque quand même un peu trop souvent en matière de Heavy Metal.
C'est ensuite au tour de STYLE TRIP (dont les membres sont déjà manifestement plus âgés) de nous proposer un Heavy Metal, là encore, très germanique avec un chant assez haut perché qui m'aura contraint à rendre les armes et à aller saluer dehors quelques amis philosophes. Même constat que pour GALDERIA en ce qui me concerne. Trop peu d'originalité et, surtout, une scène (celle qui reprend tel quel le heavy-speed à la HELLOWEEN/GAMMA-RAY) qui me sortait déjà par les yeux durant la deuxième moitié des années 90 alors c'est vrai qu'aujourd'hui...Même la cover d'''I WANT OUT'' de nos citrouilles préférées ne sera pas arrivée à me sortir de ma torpeur (contrairement au reste du public qui s'en donnera à coeur joie). Le public a d'ailleurs eu l'air d'apprécier (et tant mieux pour eux) mais, perso, je dois avouer que c'est vraiment plus trop mon trip (rien ne vaut une bonne vanne bien pourrie lorsqu'on ne trouve rien à écrire!).



Avec KRAGENS, on passe clairement deux divisions au dessus et les « NEVERMORE Français » vont nous donner ce soir une bien belle leçon de Metal et de professionnalisme. On ne dira jamais assez tout le bien que l'on pense du combo nicéen, d'autant plus que ces derniers n'ont pas toujours reçu des médias Français l'attention et le soutien qu'ils méritaient. Faisant leur balance juste avant de commencer leur set (puisqu'ils venaient de Nice après leur journée de boulot) et bénéficiant malgré tout d'un son très puissant et très clair, la bande à Renaud confirmera tout le bien que l'on pensait déjà d'elle. KRAGENS est l'un des tout meilleurs groupes Français actuellement sur le marché et son Heavy-Thrash racé et protéiforme n'a strictement rien à envier à celui de bien des combos de renommée internationale (le groupe est d'ailleurs curieusement parfois plus estimé à l'étranger qu'en France). Un set carré, très pro avec une musique quand même assez technique et un chanteur toujours aussi impressionant autant sur les passages agressifs que posés.
Piochant aussi bien dans leur premier album (''Dying In The Desert'', le sublime ''Metal Hunter'' sur lequel le batteur se paye même le luxe de quelques jongleries, ''Carnivore Ritual'', ''The Road Warrior''...) que dans leur deuxième opus ''Seeds Of Pain'', sur lequel Julien de Benighted avait d'ailleurs fait quelques vocaux extrêmes, KRAGENS aura fait ce soir forte et belle impression. Le morceau titre sera même joué deux fois. Une fois au début et une fois après la reprise d'''Electic Eye'' sensé clore le show, et ceci afin de satisfaire le public, peu nombreux mais enthousiaste, qui n'en avait décidément pas assez (la fatigue commencait un peu à se faire sentir la deuxième fois sur ce titre qui n'est quand même pas évident à chanter). C'est d'ailleurs bien là la seule ombre au tableau, le public, qui aura quelque peu déserté le Korigan en cette heure avancée de la soirée (ou de la nuit). Les absents ont toujours torts et ce soir là plutôt deux fois qu'une.



Le deuxième soir débute avec la prestation de SVART CROWN et le moins que l'on puisse dire, c'est que le niveau s'annonce très clairement supérieur à celui de la soirée Heavy. Non pas que les groupes de la première soirée aient démérité mais force est de reconnaître que les premiers groupes de la deuxième soirée maîtrisent mieux leur sujet, sont assez nettement plus âgés et, de ce fait, ont plus d'expérience scénique.
Officiant dans un registre Black/Death (qui tire quand même vachement sur le death), la prestation de SVART CROWN constitua une excellente mise en bouche pour cette soirée et si le groupe ne plaît pas à tout le monde, j'avoue avoir assez bien accroché à leur musique et à leurs compos. Après un léger problème de retour au niveau de la batterie, SVART CROWN se payera même le luxe de reprendre un titre de Slayer « Dead Skin Mask » mais, curieusement, sans l'introduction cultissime que l'on connaît tous. Plus rapide et moins lourde que l'originale, cette sympathique reprise sera malheureusement gâchée par un très mauvais son (la batterie couvrant pour le coup complètement les guitares tant et si bien que l'on aura quasiment pas entendu le solo…).
Après SVART CROWN c'est au tour NINMAH d'envahir la scène du Korigan et, pour le coup, ce groupe que l'on attendait pas spécialement nous aura mis une bonne claque. Une des grosses satisfactions/découvertes du week-end, NINMAH aura mis tout le monde d'accord et se sera mis assez facilement le public dans la poche avec son Thrashcore ultra accrocheur et efficace. Avec une base Thrash assez old school (si l'on met de côté le chant) et grâce à une alternance passages calmes/riffs de mammouth certes un peu facile mais toujours redoutable, NINMAH aura sans nul doute gagné des fans ce soir là. Comprenant dans ses rangs le batteur d'ENGRAVED (au poste de guitariste !) et le chanteur de BLAZING WAR MACHINE, c'est peut-être sur ce groupe que le public aura été le plus massif et le plus réceptif, ne boudant pas son plaisir et headbangang sans retenue aucune. Au vu de leur prestation, NINMAH aurait sans problème mérité une place plus haute sur l'affiche et, pour tout dire, on les aurait facilement vu juste avant CHARNIER.



Vient ensuite IBOGAÏNE dont le fameux weed metal ne nous aura guère plus convaincu qu'en première partie d'EXODUS. Commençant leur set devant une salle bien vide, il faut croire que la musique carré et énergique du combo n'était pas spécialement attendu par le public tant ce dernier a préféré aller s'aérer autour de quelques bières avant la fermeture définitive des portes. Si la musique d'IBOGAÏNE ne manque pas d'intérêt, elle peine tout de même à nous convaincre sur la longueur.
Pour les bretons de NIGHTSHADE (en voilà un nom de groupe original!) notre attention retombe encore d'un cran tant leur Black/Death-core nous aura semblé poussif et laborieux. Officiant sans basse les jeunes membres de NIGHTSHADE ne nous auront guère emballé ce soir que ce soit aussi bien au niveau des compos, que de l'interprétation ou du son des grattes assez crade (rien à voir avec la salle ou l'ingé-son, c'était plus une question d'accordage). Accessoirement, niveau tenue de scène, le T-Shirt ETHS, c'était pas forcément un pur choix.
Avec CHARNIER on change clairement d'ambiance et de niveau et si le groupe a joué ce soir devant un public certes acquis à sa cause (c'est à dire celle du death bourrin et humaniste, ahhh! la démo « Éradication Massive », tout un programme!), la bande à J'Hell'M n'en a pas moins démontré pour le coup qu'elle n'avait aucunement volé sa place sur l'affiche. Mis à part quelques petits soucis de son et de retour, CHARNIER aura délivré un set carré, énergique, ultra efficace et si le combo ne brille pas par une originalité sans limite, il le compense sans peine par une exécution, une sincérité et une implication irréprochables. Valeur montante du death local, CHARNIER multiplie les concerts en ce moment et on peut sans grand risque de se tromper penser que cela payera sous peu.



C'est avec un peu moins de retard que la veille que la tête d'affiche investi les lieux. Suite un malheureux problème de retour au niveau de la batterie, BENIGHTED devra recommencer le premier titre et après ce faux-départ quelque peu déconcertant, un constat s'impose assez rapidement. Si la prestation du groupe suscite sans peine l'enthousiasme du public, force est de constater que le son est assez nettement moins bon, moins puissant et moins clair que celui de KRAGENS la veille. Cela ne nous aura toutefois pas empêché d'apprécier à sa juste valeur le set très intense de nos amis bûcherons. Les titres du dernier album « Identisick » passent bien évidemment super bien sur scène que ce soit le title track, « Nemesis » ou encore le fabuleux « Iscarioth » sur lequel le public aura complètement envahi la scène (ainsi que sur la cover de Napalm) avec un esprit tout ce qu'il y a de plus exemplaire. On ajoute à tout ça un petit « ICP » dédié à l'asso organisatrice Bataillon Thrash, un « Stay Brutal » sur lequel Julien aura rejoint le public pour un petit slam des familles, une fin de concert complètement orgiaque qui voit même Olivier finir le set carrément dans le public et on obtient au final un excellent concert avec une ambiance tip-top presque plus hxc que metal.


Bilan de ce Rackham Fest: un très bon week-end qui nous aura permis de découvrir pas mal de formations locales dans des styles assez variés. Un fest qui s'est déroulé dans un très bon esprit aussi bien au niveau orga qu'au niveau groupes et public. Musicalement, des satisfactions et des déceptions. Les deux têtes d'affiches ont tenu toutes leurs promesses mais la soirée ''Heavy'' fut globalement d'un moins bon niveau que son pendant extrême du fait, d'une part, de la jeunesse de certains groupes et, d'autre part, du manque de personnalité des combos les plus typés Heavy. Bref, un fest qui a confirmé (si besoin était) ce que l'on savait déjà, à savoir que la scène Française est actuellement bien plus développée en matière d'extrême qu'en matière de metal traditionnel.


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