- EYELESS + DAGOBA par RBD - 1812 lectures
Montpellier - 9 mars 2007.



Ça sentait un peu le concert historique ce soir, avec un groupe local qui s'apprête à jouer gros pour la promotion de son nouvel album qui doit le lancer définitivement, et pour lequel il a déjà beaucoup investi. Eyeless s'est en effet rendu auprès de Tue Madsen pour la peine, à l'instar de la tête d'affiche Phocéenne.


Avec un horaire précoce, le public était assez maigre au départ et s'est convenablement étoffé pendant le set du premier groupe. Celui-ci était SECOND BREATH. Les membres de ce quintet se font tous la même tête de tough guy à casquette et n'en sont pas à leur premier groupe. Ils jouent un HC à la Hatebreed ou Strife. C'est-à-dire que des influences Metal sont présentes, par quelques breaks d'autant plus efficaces ou quelques brefs passages mélodiques un peu Metalcore. On reste quand même loin de Unearth au total. Évidemment, la ressemblance avec les compères qui allaient jouer juste après était forte. Mais SB peut soutenir la comparaison car les titres sont bons, le son était excellent et le collectif sans complexe ni prétentions. Un titre a été chanté en duo avec Sylvain de Cheinsow (autre formation Montpelliéraine dans le même créneau). Ça pousse derrière, un HC fort plaisant, à suivre et à soutenir.


EYELESS avait donc drainé une belle assistance et entra sur une intro vibrante voire vrombissante. Je n'ai pas toujours été tendre avec eux, mais il y a eu de grands progrès réalisés dans le bon sens. Toujours HC, le virage Metal s'est pourtant accentué. Les ex-Uncut ne proposent pas exactement le Metalcore actuellement rebattu. Ils ont connu avec leur précédent groupe l'époque du Crossover, tel que le mélange entre Metal et HC était pratiqué par Merauder et Biohazard. Leur écriture s'en ressent fortement, la facette HC rappelle la scène de la côte est des années 90 et pas uniquement Hatebreed. Elle est plus authentique que chez tous ces groupes qui ont mélangé dès le départ Métal et HC sans être passé purement par l'une des deux scènes. Le côté Metal apparaît essentiellement dans la puissance du son et l'usage de la double. Quelques passages rappellent brièvement le voyage en Suède et le goût des intros samplées n'a fait que croître. Il faut également souligner avec insistance le recours nettement plus fréquent aux solis. Je me souviens avoir écrit qu'ils y gagneraient beaucoup et je rejoins cette opinion avec enthousiasme ! Ces parties en lead ne sont pas chiadées, elles font penser à celles des premiers Machine Head et elles sont tout autant efficaces. Le son était conforme à ce qu'on pouvait attendre, à ceci près que les chœurs étaient trop faiblement poussés au départ alors qu'ils étaient importants sur un titre comme "The Game of Fear", repris par le public à l'invitation du chanteur. Ce dernier a gardé cette habitude bizarre de tutoyer le public (influence Dubosc ?), mais a appris à canaliser son abattage. Le groupe semblait jouer mieux carré sur les trois derniers titres qui atteignaient un niveau de précision rejaillissant appréciablement sur l'efficacité. Cette montée en puissance a favorisé un "braveheart" particulièrement chaud et un rappel rapidement concédé avec un seul titre, qui a aussi occasionné un "circle pit" assez énorme. À cause de sa différence, Eyeless a une carte à jouer malgré le déclin du MetalCore actuel.


J'ai toujours eu du mal avec les Marseillais de DAGOBA, avouons-le d'entrée par honnêteté parce que je vais sans doute passer pour un pisse-vinaigre. Après un long intermède et une intro également vrombissante au départ, ils sont arrivés remontés comme des pendules. Ce qui frappe avec la bande à Shawter, c'est d'abord son généreux professionnalisme. Ça joue très bien sous le commandement de la batterie et ça se donne à fond sur scène d'entrée. Jamais un temps mort. Le public retiendra sans doute essentiellement cela et l'animation de la fosse le confirme. Shawter a même été récompensé symboliquement d'un tendre bisou par une fille émergeant du pit. On en oublierait ces affiches promo en ville qui les montraient en chemise blanche sortie du pantalon, cravate partant sur le côté et longs cheveux artistement décoiffés, à faire baver les collégiennes. Les dégaines sur scène étaient plus sérieuses, au moins. Non. En fait, ce qui foire, ce sont les compos. Dagoba est né à l'époque charnière entre le Power Metal déclinant et le Néo triomphant. L'impact de Fear Factory et de Sepultura période "Roots" est évident. Mais on dirait qu'ils n'en ont retenu que les "jumping riffs" et la possibilité de recourir au chant clair. Les mélodies sont prévisibles, ledit chant clair beaucoup trop employé selon des lignes sans inspiration (là où un S-Core fait intelligemment l'impasse). Les plans sont délayés sans surprise autour des riffs syncopés qui reviennent systématiquement, on ne retrouve pas d'audaces créatives quand cela a fait le succès de leurs références. Les fréquentes intros samplées ne sauraient être comptées à ce titre. Elles ont souvent été citées pour souligner le rapprochement avec FF, mais je les trouve plus proches de celles de Slipknot, groupe qui a éclaté après que Dagoba n'apparaisse mais auquel il ressemble souvent par ailleurs, avec son côté Néo Metal brutal. Tout cela suffit donc aisément au bonheur de ceux qui séjournent dans la fosse, mais il n'est probablement pas innocent que la moitié arrière de la salle (derrière l'ingé son pour ceux qui connaissent) se soit vidée lors de leur performance. Ça bourrinne redoutablement mais il est plus que temps de fendre l'armure. MetallicA disait "You like Heavy ? We give you Heavy" mais son succès phénoménal s'est-il fondé là-dessus ?

Video DAGOBA


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