PRONG - Rude Awakening (Epic) - 24/10/2015 @ 19h00
1996. "Load" déchaîne les passions un peu partout dans l'hexagone, "Roots" consacre SEPULTURA auprès du grand public comme en attestent les trois Zenith de Paris, Lille et Nancy bourrés ras la gueule lors d'une tournée mémorable, "Aenima" séduit autant qu'il intrigue les fans de TOOL et "The Great Southern Trendkill" enterre la concurrence power-thrash avec un monstre d'efficacité, pas dénué pour autant de mélodies. 1996, c'est également l'année de la sortie du cinquième album de PRONG qui fait suite à un "Cleansing" qui annonçait déjà une coloration indus et une embardée vers le thrash burné de plus en plus prégnante. Jetez donc une esgourde sur "Whose fist is this anyway" et "Snap your fingers, snap your neck", de vrais brûlots qui symbolisent parfaitement la mue stylistique du groupe, de vrais brûlots qui plus de vingt ans après leur conception restent toujours des classiques que le groupe joue encore en tournée avec la même hargne qu'à l'époque.

Sur "Rude Awakening", PRONG évolue à nouveau sous la forme d'un quatuor. Sauf que John Bechdel n'est plus de la partie et que Charlie Clouser, qui traîne ses guêtres dans de petits groupes locaux comme NINE INCH NAILS, MARILYN MANSON ou WHITE ZOMBIE, rejoint temporairement la fine équipe pour prendre en charge les claviers et la programmation. Paul Raven est lui confirmé à la basse aux côtés de l'indéboulonnable duo Victor/Parsons. La formation New-Yorkaise bénéficie encore pour quelques temps de la confiance de son label Epic : les indicateurs sont donc au vert avant la sortie d'un nouveau millésime. Et celui-ci ne s'embarrasse pas de détails tant il annonce clairement la couleur à peine "Controller" lâché dans l'arène. Gros riffs saccadés et dissonants, batterie métronomique et toujours ce chant si singulier de Tommy Victor. Rugueux mais mélodieux, profond en restant léger, le sieur Victor est toujours sur la corde raide mais il ne verse à aucun moment dans le beuglement : des cordes vocales de fer dans un larynx de velours ! Pas de temps mort, "Caprice" dévisse et martèle avec sa rythmique lourde et mécanique, quant à "Rude Awakening" il annonce une baisse de régime idéale pour apprécier ce mid-tempo mélodique qui a tout du hit en puissance. Ce n'est pas une surprise si le groupe a choisi ce titre pour le mettre en avant auprès du public, d'autant que le clip qui l'accompagne est plutôt réussi.

"Unfortunately" et "Face value" jouent tous deux dans la même cour, riffs saccadés, batterie nonchalante en apparence mais redoutable de précision. "Avenue of the finest" ralentit le tempo, enfin juste ce qu'il faut, avant de s'effacer sur un "Slicing" tout bonnement destructeur. Destructeur oui, tous comme ses lyrics, résolument hostiles : It don’t matter, knife in your hand. I’ll cut you down with a knife in my head. I don’t matter, knife in my hand. You can never mend it with a knife in your head. Tommy Victor n'a jamais semblé aussi cynique et désabusé que sur "Rude Awakening" tant celui-ci est un concentré de critiques et ressentiments à l'égard de ses congénères, feignants et nombrilistes, obsédés par l'appât du gain et l'importance de l'apparence. Cela tombe bien, "Mansruin" est une véritable déclaration de guerre, le point culminant du disque en matière d'intensité. Les compteurs sont dans le rouge sur ce boulet de canon thrashisant de toute beauté ! Boum ! "Innocence gone" paraît bien fade après ce glissement de terrain auditif ! Mais qu'importe puisqu'il permet de remettre au premier plan la capacité du groupe à composer des petits bijoux mid-tempos et soignés.Tout l'inverse de ce "Dark signs", profondément indus et dissonant, doté d'une frappe robotique et obstinée, un vrai régal de noirceur et de rage sourde. Il est temps de se quitter, "Proud division" clôt l'album comme "Controller" l'a commencé : riffs velus et vocalises irritées, cognées de bûcheron et basse en fond de cours. La classe. La grande classe.

Mais ce "Rude Awakening" ne serait pas le monstre qu'il est sans le travail d'orfèvre réalisé par Terry Date, qui signe ici une production en tout point remarquable. Un son (encore) plus massif et organique que sur "Cleansing", un son lourd mais précis qui fourmille de détails et rend hommage au travail abattu par le groupe sur cet album. Un mètre-étalon en la matière. Aucune faute de goût donc sur cette galette, si ce n'est cet artwork intriguant qui fleure bon la nostalgie soviétique avec sa photo d'époque en noir et blanc rehaussée de rouge : deux agents du KGB qui bravent le froid des steppes kazakhes pour s'assurer de la livraison d'un missile balistique à Baïkonour ?

Après tout, la mention "A true story" apparaît bien sur la couverture...




Rédigé par : TarGhost | 1996 | Nb de lectures : 2338


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Commentaire
Gargoylian
Membre enregistré
Posté le: 25/10/2015 à 08h03 - (31766)
Très bonne chronique. D'accord en tout point avec toi ! Close The Door mon titre préféré.



Kairos
IP:90.24.93.243
Invité
Posté le: 25/10/2015 à 10h41 - (31767)
J'avais acheté cet album à l'époque et même si musicalement c'est du bon boulot, j'avais été décontenancé par le chant. mon avis n'a toujours pas changé.

RIP Raven
IP:109.213.40.141
Invité
Posté le: 25/10/2015 à 11h17 - (31768)
Pas d'accord avec la prod "organique" de cet album.
Je la trouve au contraire très mécanique et froide, ce qui colle parfaitement avec le côté indus de ce skeud, déjà amorcé sur le précédent, comme précisé dans la chro.

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