PYAEMIA - Cerebral Cereal (Unique Leader) - 26/09/2015 @ 20h27
En ce début de millénaire le death-metal retrouve des couleurs après un passage à vide, et 2001 a été un cru particulièrement exceptionnel où l’on pouvait entendre « Honour, Valour, Pride » de BOLT THROWER, « Here Among Thorns » de FLESHTIZED, « Engineering the Dead » d’ABORTED, « The book of Lambs » d’INTERNECINE, « Dreams of Death and Dismay » d’ANATA ou encore « From Wisdom to Hate » de GORGUTS et beaucoup d’autres. A l’instar de ses compatriotes de CENTURIAN (avec le monstrueux « Liber Zax Zax ») les néerlandais de PYAEMIA allaient eux aussi frapper un grand coup et marquer les esprits avec ce très court mais ultra-puissant « Cerebral Cereal ».

Le quartet formé en 1995 avait été remarqué trois ans plus tard grâce à l’EP « Cranial Blowout » qui contenait cinq titres que l’on retrouvera ensuite sur le futur album. Après avoir signé chez les américains d’Unique Leader voilà que le combo entre en studio à l’automne 2000 pour y enregistrer quatre nouveaux morceaux en plus de ceux déjà existants et qui ont été remis au goût du jour grâce à une production plus léchée et raffinée. Celle-ci d’ailleurs est d’une précision chirurgicale, avec un son de guitares particulièrement lourd et massif, une batterie très sèche dont le son de grosse caisse met parfaitement en valeur la technique du marteleur et une basse technique présente tout comme le chant qui s’insère à merveille dans l’ensemble. D’ailleurs quand on se penche sur le livret ce qu’on remarque immédiatement (outre la pochette signée Jon Zig) ce sont les remerciements à SUFFOCATION, et si le combo n’a jamais caché son admiration pour la bande à Frank Mullen il lui rend un bel hommage musical.

En effet quand sort cet opus en plein mois d’août 2001 c’est une grosse claque qui attend l’auditeur, car si leur référence new-yorkaise est alors à l’arrêt les flamands reprennent le flambeau avec brio, car le jeu et le son des guitares n’est pas sans rappeler la mythique paire Hobbs/Cerrito, tout comme la virtuosité de son batteur à la fois rapide, technique, groovy et fin (qui pourrait laisser croire que l’on a affaire à Mike Smith) ce qui donne un résultat admirable et d’une densité égale du début à la fin. Les gars ont été en effet assez malins pour ne pas faire durer les hostilités trop longtemps, car dans ce genre musical aussi exigeant que casse-gueule il faut savoir tout doser avec subtilité et c’est ce à quoi ils sont arrivés en moins d’une demi-heure (grâce notamment à quatre titres de moins de 3 minutes).

Il faut dire qu’ils ont des compos imparables et variées (ce qui est encore plus fort car il n’y a aucun solo tout au long du disque) où se mêle le brutal pur et dur avec blast et parties de double ultra-rapides (« Gorging on Mucus and Bile », « Cerebral Cereal », « Cranial Blowout ») et celles où le groove est plus marqué comme par exemple le monstrueux « Blood Spewed on my Face » avec des breaks et cassures qui permettent d'apprécier le niveau technique incroyable de Robbert Vrijenhoek (ex-DISAVOWED) derrière son kit, ce dernier est encore plus impressionnant sur « Malodorous Rancidity» où sa précision chirurgicale fait mouche, et sur « Everlasting Torture » qui montre un groupe au diapason nous sortant des parties plus lentes et écrasantes, une basse étouffante et des variations de dingue pour le dernier sursaut de cet opus (qui ne débande pas un instant) avant qu’il ne se termine. On ne s’ennuie donc pas une seconde sur celui-ci et pour la formation tout était réuni pour une carrière prometteuse mais comme trop souvent des éléments extérieurs et impondérables vont s’en mêler, car quelques temps plus tard c’est son batteur qui aura des problèmes de santé au poignet. Après avoir attendu sa guérison et son retour il faudra se rendre à l’évidence que ce dernier ne pourra plus rejouer, et malgré quelques idées déjà concrètes pour donner un successeur à cette rondelle le combo annoncera officiellement à la fin de l’année 2005 l’arrêt définitif de ses activités.

On peut légitimement ressentir un sentiment de gâchis tant le potentiel semblait énorme, ce qui est certain c’est que cette entité créatrice était un bloc compact et indissociable de ses membres, car par la suite Frank le bassiste et Joel son chanteur/guitariste joueront dans les nettement moins bons ARSEBLEED (qui hormis un album en 2005 n’ont plus fait parler d’eux ensuite), et Anton l’autre gratteux semble lui avoir totalement quitté le monde musical. Ce qui est aussi étonnant c’est de voir que si 2001 a été riche en tueries, nombre de groupes ayant sorti quelque chose cette année-là se sont séparés par la suite et avec perte et fracas, les exemples les plus flagrants étant les surpuissants FLESHTIZED et les hallucinants ANATA. Il ne reste de PYAEMIA que cette tuerie à (re)découvrir, d’une formation qui sera passée comme une comète mais qui près de quinze après la sortie de cet unique album et dix ans après son split reste régulièrement citée par les deatheux de tout poil, bref un signe de qualité et de respect.


Rédigé par : GabinEastwood | 2001 | Nb de lectures : 2145


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Commentaire
Ivan Grozny
Membre enregistré
Posté le: 27/09/2015 à 15h17 - (31747)
Merci pour cette chronique. Très bon disque ce Pyaemia dans mon souvenir, pas écouté depuis longtemps. Mais de quel passage à vide parle-t-on ? J'adore au contraire la fin des années 199- / début des années 200- : Angelcorpse au sommet, les meilleures périodes de Nile, Dying Fetus voire d'Immolation, le meilleur disque d'Amon Amarth (Once Sent from the Golden Hall et sa batterie dantesque), des très bons crus de Krisiun et Vital Remains, le premier brûlot de Devourment, etc. Peut-être en death européen alors, quoique Vader sort Litany en 2000...

RBD
Membre enregistré
Posté le: 28/09/2015 à 13h36 - (31748)
Je pense que l'auteur veut parler de la forte désaffection du public pour le Death vers cette période. Il n'y en avait que pour le Black. Ce reflux n'a pas empêché que de bons disques sortent ici et là pendant ce temps, mais il n'y avait plus grand monde pour les écouter et ce n'est pas un hasard si plusieurs grands fondateurs avaient arrêté vers cette période... avant de revenir quand le Black a été à son tour en berne et que le public s'est réintéressé au Death, surtout brutal.

Quant à Pyaemia, cet hommage est pleinement mérité. C'est dommage que ça n'aie pas suivi car les anciens membres, une fois dépecés, n'ont plus donné grand chose dans leurs différents groupes à mon sens. On notera qu'à la différence de leurs révérés maîtres, ce superbe tribute-band à Suffocation ne faisait pas de solos de guitare. Ce qui ne manque pas tellement c'est bien fait.



Flesh
IP:185.24.184.1
Invité
Posté le: 28/09/2015 à 14h47 - (31749)
Content de voir ce groupe chroniqué. Excellent album de brutal death à l’ancienne. L’aspect « Suffo-like » ne me dérange pas le moindre du monde (surtout que ces derniers étaient en stand-by à l’époque). J’aime le côté frontal-« in your face » qui s’en dégage, l’impression de se prendre un parpaing dans la gueule. Impression renforcée par une production bien compacte, profonde et légèrement étouffée. La durée de cet album est aussi un atout pour moi, à peine une demi-heure, ce qui lui permet d’éviter un sentiment de lassitude.

En plus des grosse tueries que tu a cité ici et dans ta chronique de Fleshtized (j’avais remis aussi une petite couche dans la section commentaire) Pyaemia fait parti de ces groupes de 2ème division (rien de péjoratif là dedans) qui ont sorti du bon voir du très bon en cette année 2001 : INIQUITY « grime », REBAELLIUN « annihilation », DISAVOWED « perceptive deception », BLOOD RED THRONE « monument of death » ou encore SKINLESS « foreshadowing our demise ».

Je rejoins les avis d’Ivan Grozny et RBD sur la « renaissance » du death fin des années 90. Après avoir connu un creux dans les années 95 à 97 (effet de surprise depuis longtemps disparu, lassitude due à trop grand nombre d’albums moyens/médiocres, déferlante black metal), 1998 marque non seulement un retour en force du death mais voit aussi apparaître des groupes qui vont repousser ses limites (Nile, Hate Eternal, Krisiun, Origin, Angel Corpse…). La période 98-2002 verra alors s’enchainer comme des perles les albums cultes et autres tueries qui marqueront toute une génération de deatheux (moi le premier). Cette période a donc un parfum tout particulier, que des excellents souvenirs (nostalgie, nostalgie). Merci à GabinEastwood pour ces chroniques. Enjoy!

cuntgrinder
Membre enregistré
Posté le: 28/09/2015 à 20h28 - (31750)
Ahhh que de souvenirs cette époque de début de millénaire qui correspond au moment où pas encore majeur, j'ai découvert et appris à apprécier le gros brutal death des familles.
Ce coup de vieux aussi !

Ce disque faisait partie de ma playlist avec les Aborted, Nile, Cryptopsy, Vader, Deranged, Depraved, Dying Fetus, Angelcorpse, Devourment, Severe torture ...

Vraiment pour moi la scène était énorme à cette époque et c'était également le cas côté grind (blockheads, napalm, cephalic, , rotten sound au meilleur de leur forme)
Dingue le nombre d'albums que je range au rayon cultissime datant de cette période toute fin des 90s et tout début des 2000s.

Quand je compare à ce qui sort aujourd'hui...





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