CALDWELL - Nemus Exitium (Autoprod.) - 07/02/2015 @ 23h56
Aussi incroyable que ça puisse paraître, il y a 20 ans, la Finlande peinait à exister, écrasée par l'impitoyable et fertile concurrence de ses voisins scandinaves.
Certes la contrée des mille lacs possédait son lot de formations de premier ordre (Stratovarius, Impaled Nazarene, Sentenced, Amorphis...), mais pour s'imposer durablement aux yeux du monde, il lui restait encore une étape déterminante à franchir: accoucher d'une génération possédant sa propre identité, apportant une nouvelle pierre à l'édifice metal. L'impressionnant succès de Something Wild (1997), le premier album de Children of Bodom, a généré ce fameux déclic, favorisant l'émergence de nombreux challengers tels que Catamenia, Eternal Tears of Sorrow, Kalmah, Norther... Mixant influences extrêmes et héritage heavy metal, ces groupes ont tous en commun d'accorder une importance capitale aux claviers. Toutefois certains n'ont pu s'extraire de la masse.
Coup de projecteur sur l'un d'eux: Caldwell.

Dès ses débuts (en 1998), Jere Luokkamäki prend l'habitude de varier les plaisirs. Basé à Seinäjoki, une ville de l'ouest du pays, ce batteur écume les groupes locaux. Pilier de Celesty (power metal), Jere Luokkamäki fait brièvement parti de Mortyfear (ex-Mortifier - thrash/death) avant de privilégier un projet solo: Caldwell. Aidé du vocaliste Aku Rahkonen, il jette les bases d'un dark metal symphonique illustrant une histoire de vampires et de sorcières. L'idée fait son chemin et quelques mois plus tard, grâce au vivier de la scène power metal, Caldwell devient un groupe à part entière. Les guitaristes Jari Lehtola (ex-Celesty) et Teemu Koskela (ex-Blueberryhill), le bassiste Timo Rantanen (Diesense, ex-Dreamfall) et le claviériste Jusu Suominen complètent la formation. En décembre 2002, Celesty sort son premier album: Reign of Elements. Jere Luokkamäki met immédiatement cette expérience à profit, enchainant avec la première Demo de Caldwell, Flames of Pyre, sortie en février 2003. Le sextet fait preuve d'un réel savoir-faire mais peine à se détacher de ses influences. Les premiers concerts leur permettent de murir et peaufiner leur formule. Pour l'anecdote la première Demo de Diesense sort en mars. Les Finlandais semblent avoir de la motivation à revendre.

Line-up de Caldwell:

Jere Luokkamäki - Drums / Aku Rahkonen - Vocals
Teemu Koskela - Guitars / Jari Lehtola - Guitars
Timo Rantanen - Bass / Jusu Suominen - Keyboards


L'année 2004 démarre de façon inhabituelle pour Caldwell, le groupe au complet participant à un petit film indépendant nommé Rites of Blood. Si un cinéphile sait ce qu'il vaut, qu'il n'hésite pas à nous en dire plus en commentaire. Le printemps voit la sortie du 2ème album de Celesty, Legacy of Hate, comprenant de nombreux featurings, dont Richard Andersson (Time Requiem, ex-Adagio, ex-Majestic) et Aku Rahkonen. Caldwell prend la suite et remet le couvert avec sa 2ème Demo, Nemus Exitium, qui sort en juin. A l'exception d'un visuel plutôt quelconque, cet enregistrement avait tout pour séduire un label et les fans d'Eternal Tears of Sorrow. Compositions accrocheuses, maitrise instrumentale, production à la hauteur... c'est vraiment du bel ouvrage. Nemus Exitium nous offre 3 morceaux pour 16 minutes de musique. Commençons la revue d'effectif avec Aku Rahkonen dont les vocaux black privilégient l'efficacité à la diversité. La basse de Timo Rantanen bénéficie d'un espace d'expression (l'entame d'Eternal Dream) optimisé par un mixage d'excellente qualité. La paire de guitaristes se distingue par sa polyvalence. Cavalcades rythmiques, excellents soli au feeling presque rock et arrangements judicieux, notamment les parties acoustiques. Carton plein. Pour qui se donne la peine d'écouter, la qualité de la performance du claviériste Jusu Suominen est indéniable. Sa palette sonore est relativement étendue. Enrobage symphonico-atmosphérique, savoureuses parties de piano... vu de loin son travail semble dans la norme alors que ses subtilités sont nombreuses. Par exemple Among the Skies débute dans la modernité avec de discrètes influences electro avant un break au parfum 70s façon orgue hammond dépoussiéré. Je n'arrive toujours pas à croire que Jusu Suominen n'ait rien proposé d'autre en dehors de Caldwell. Et à tout seigneur tout honneur on termine avec Jere Luokkamäki. A l'écoute de cette Demo, son leadership ne fait aucun doute. Technique, inspiré et évidemment mixé en avant, il exploite parfaitement son kit. Descente virile de toms (Memories of War), parties blastées (Eternal Dream), bonne maitrise de la double et usage intelligent des cymbales... C'est la totale, jambon-oeuf-fromage kwa... Certes Caldwell n'innove en rien, mais un enregistrement d'une telle qualité ne peut pas rester ignoré. Forgez votre propre avis en lançant le player ci-dessous.



Malheureusement les Finlandais n'iront pas plus loin, le line-up s'éparpillant aux 4 vents en 2005.
Pour les curieux découvrez le CV de 5 des 6 membres de Caldwell.
Notez que les 4 albums de Celesty ont été chroniqués sur VS.

Jere Luokkamäki:
1998-2012: Celesty
1999-2000: Mortifier
2000-2001?: Mortyfear
2001-2005: Caldwell

Aku Rahkonen:
2001-2005: Caldwell
2004: Celesty (guest)
2005-2010: Star Insight
?-?: Whitemour

Teemu Koskela:
1997-2002: Blueberryhill
2002-2005: Caldwell
2005-2012: Celesty
2007: Star Insight (session)

Jari Lehtola:
1999: Celesty
2002-2005: Caldwell
2008-2009: Star Insight
2010 à nos jours: The Grand Black

Timo Rantanen:
1996-2002: Dreamfall
2002-2005: Caldwell
2002-2008?: Diesense
2010-2012: Vuohivasara
?-?: Forever One


Rédigé par : forlorn | 2004 | Nb de lectures : 1929


Auteur
Commentaire
Moshimosher
Membre enregistré
Posté le: 08/02/2015 à 11h53 - (31563)
Très intéressant... le seul bémol étant ce chant qui aurait gagné à être moins monotone... mais bon, maintenant, c'est un peu tard... :)

En tout cas, effectivement, dommage que Suominen n'est rien fait d'autre en dehors de ce groupe car les claviers sont bien cools...



Ivan Grozny
Membre enregistré
Posté le: 09/02/2015 à 00h38 - (31565)
C'est incroyable forlorn le nombre de disques confidentiels que tu chroniques depuis quelques temps qui sont à la fois de qualité et trainant une pochette moche (qui se ressemblent pas mal d'ailleurs) : Souldrainer, Defector, Cryptic Reborn...

Pas mal du tout ces quelques titres, et d'accord avec Moshimosher sur le chant monotone, qui crée presque un décalage par rapport à la sophistication de l'instrumentation.

Strat
Membre enregistré
Posté le: 09/02/2015 à 20h43 - (31566)
Encore un groupe qui m'était totalement méconnu, décidément Forlorn est un vrai fossoyeur !

Le chant me fait un peu penser à certains passages dans Deathstar, quand à la prod elle sonne vraiment "moderne".

Même si le tout est bien exécuté je trouve que les trois titres manquent un poil gniak, ce qui est bien dommage, surtout sur seulement trois titres qui sont bon mais manquent du petit quelque chose qui fais que l'on accroche.


forlorn
Membre enregistré
Posté le: 25/02/2015 à 13h01 - (31578)
Les vocaux manquent de variété et de relief, mais sur un 3 titres ça passe.
En regard de la qualité générale, j'ai privilégié l'indulgence.

@ Ivan: Un exemple parmi d'autres illustrant le proverbe
"ne pas se fier aux apparences".

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