De la même façon que je ne mange pas QUE des nouilles (surtout depuis que j'ai une femme!), je n'écoute pas QUE du métal ! Et pour parler très franchement, j'ai pu constater que les gens ne se limitant QU'au métal (ou au Punk, au Hardcore, au Ska... à ce que vous voulez en fait!) étaient souvent des gros cons sans aucune conversation, ni aucun humour, parfois même agressifs, pour peu que vous exprimiez sans complexe vos goûts et vos passions.
Mais bon, comme nous sommes entre gens bien éduqués, intelligents et cultivés (à peu près!), vous ne verrez bien sûr aucune objection à ce que nous parlions un peu de Power POP !
Houlà, le gros mot ! Rangez vos poupées vaudou les mecs ! Détendez vous, ça va bien se passer ! D'autant que la composante Pop n'est qu'une partie de l'identité, bien plus complexe que ça, du groupe dont je veux vous parler maintenant : The Wildhearts !

Déjà, j'ai découvert ce groupe au début des années 90 par le biais des chroniques disques du Hard Rock Mag' de l'époque.
Ensuite, The Wildhearts ont accompagné Suicidal Tendencies sur leur tournée européenne de 94, et ceci à la demande de Mike Muir, pourtant pas réputé facile avec les autres groupes !
Encore plus surprenant, Devin Townsend, avant de lancer Strapping Young Lad, les accompagna à la guitare rythmique sur certaines de leurs tournées.
Pour finir, sachez que Ginger, guitariste, chanteur et leader des Wildhearts, commença sa carrière musicale au sein des Quireboys, groupe de Hard Glam Métal Anglais qui connu une petite notoriété dans les années 80...
De nombreuses passerelles avec le monde du Hard Rock et du Métal, assez significatives quant au fait que The Wildhearts n'est pas un groupe de Power Pop/Punk Rock lambda... et l'écoute de cet album le confirmera.

Après s'être fait virer des Quireboys, Ginger fonde The Wildhearts en 1989. il s'entoure de CJ à la guitare, de Danny Mc Cormack à la basse et de Andrew Stidolph à la batterie.
Après quelques démos et 2 Ep, Earth Vs The Wildhearts sort en 1993. Débutant par les deux gigantesques tubes que sont Greetings From Shitville et TV Tan, l'album rencontre immédiatement un grand succès dans leur Angleterre natale : emballement de la très chauvine presse anglaise, participation à Top Of The Pop... The Wildhearts cartonnent chez eux, mais bizarrement, la sauce ne prendra jamais vraiment dans les autres pays.
La formule magique ? La presse parlait d'un croisement entre les Beatles et Metallica ! Ce qui n'est pas totalement faux, mais allons plus loin... The Wildhearts est un mélange de mélodies et d'harmonies vocales pop et de gros riffs Hard Rock balancés avec la morgue du Punk Rock et/ou la précision du Métal ! Le tout saupoudré de breaks et de transitions quasi prog'(si,si!) totalement surprenant pour le style ! Si ça peut paraître indigeste sur le papier, je vous assure que ça passe comme dans du beurre.
Greetings From Shitville démarre sur un riff thrashisant mutant en gros riff Hard Rock sur le couplet avant l'explosion ultra mélodique du refrain ! Rebelote avant le pont qui amène un palm muting et une rythmique lourde bien métal ! Couplet-refrain (bis), et fin grandiloquente ! Magnifique !
Deuxième titre et deuxième tube ! TV Tan démarre sur un arpège gorgé de chorus amenant un couplet magnifique, les guitares et de superbes chœurs s'emballant sur le refrain. Encore une fois, un break venu d'ailleurs casse la routine du morceau... qui finit pourtant par retomber sur ses pattes à la fin... très fort !
Et hop ! Encore un tube avec Everlone, morceau affichant 6mn30 au compteur. Blindé de riffs et d'idées improbables, Everlone débute bien rock n'roll avant de devenir de plus en plus mélodique. Certains passages évoquent carrément la pop 60's des Kinks... quelques minutes après, on est dans le Black Album de Metallica... dingue !
Vient Shame On Me, morceau tout à la fois Punk n'roll et Stoner Métal !
Fausse power ballads bien barrées (Miles Away Girls, News Of The World), Power Pop crapuleuse (My Baby Is A Headfuck) ou Punk Hardcore craspec' et speedé (Superpunch)..., Earth Vs The Wildhearts réussi l'exploit d'être à la fois un pur album de Rock, efficace, immédiat et accessible, tout en restant varié, surprenant et exigeant dans la composition.
The Wildhearts nous invite à une gigantesque teuf où sont conviés les Beatles, Kinks, Buzzcocks, Metallica, Motorhead, Ramones, Black Sabbath, Helmet, The Descendents, Husker Du, Fugazi, Nirvana... et j'en oublie des centaines d'autres...

Ajoutez à tout ça un certain sens de l'humour typiquement Anglais, des concerts ravageurs, du charisme et une attitude bien Rock n'Roll et vous avez là une formule gagnante...qui malheureusement ne prendra pas, faute d'un line-up stable et du soutien d'un label sérieux, sans parler du goût bien trop prononcé de Ginger et CJ pour les opiacés.

Après les excellents P.H.U.Q (1995) et Fishing For Luckies (1996), la carrière des Wildhearts connaitra des hauts et des bas, tant sur scène que sur disque.
Le groupe n'a, cependant, jamais splitté et est toujours en activité entre deux tournées solo de Ginger et son taf de guitariste chez Michael Monroe (ex-Hanoi Rocks).




Rédigé par : DaleNixon | 1993 | Nb de lectures : 1863