THE LIVING FIELDS - The Miseries Never Cease (Autoprod.) - 01/11/2014 @ 21h08
Dans la catégorie "ne vous fiez pas au format ou à l'étiquette parce que la musique est vachement bien", voici une nouvelle référence du Blog du téléchargement libre. Les habitués du défunt webzine Lords of Winter s'en souviennent peut-être.
Jason Muxlow est un musicien atypique. En effet, en restant délibérément dans l'ombre jusqu'à l'âge de 28 ans, ce natif du Michigan a connu un cheminement inhabituel, loin du cliché de l'adolescent enchainant prématurément demos et concerts. Cet Américain a d'abord assuré ses arrières en devenant développeur web à Chicago. Mais surtout il s'est donné le temps d'acquérir une certaine maitrise instrumentale ainsi que des connaissances techniques en studio. Perfectionniste et ambitieux, il peaufine également son identité musicale.
Dans un contexte post-11 septembre favorable au retour de la brutalité et du death metal en particulier, Jason Muxlow lance à l'automne 2002 son projet
d'epic doom progressif: The Living Fields.
L'année suivante, l'Américain se met en quête du chanteur providentiel, capable d'apporter une dimension supplémentaire à sa musique. Son choix se porte sur Jon Higgs, le leader des caméléons de Monsterworks, groupe néo-zélandais inclassable existant depuis 1996 et récemment relocalisé en Angleterre. [Pour les curieux voir la chronique deThe God Album (2012).] Le courant passe entre les 2 hommes qui se découvrent de nombreux points communs et une même vision du monde. Les premiers morceaux sont rapidement composés mais le duo constate que quelque chose manque. Jason Muxlow intègre des arrangements piano/claviers avant de tenter l'expérience orchestrale. Désireux d'obtenir un résultat à la fois plus intimiste et expressif, il renonce au nombre au profit d'un quartet à cordes qui va devenir une composante essentielle de la musique de The Living Fields. Cette fois le duo est prêt. La Demo The Miseries Never Cease comprenant 4 titres pour 22 minutes de musique sort discrètement à l'été 2004. Les retours seront rares mais globalement très positifs.
Du doom progressif épique américain? Les connaisseurs penseront instantanément à de vieilles gloires comme Cirith Ungol et Manilla Road, ou encore à While Heaven Wept dans un registre plus raffiné, mais... à l'instar des groupes US de l'écurie The End records, The Living Fields possède une sensibilité plus européenne. D'ailleurs on va le voir, au détour de certains passages, les références sont parfois évidentes. Cependant cette variété ne nuit en rien à la cohérence et à la forte personnalité de l'ensemble. Jason Muxlow est un compositeur inspiré qui sait où il va, employant judicieusement les différents ingrédients de sa musique. Les guitares savent s'effacer si nécessaire. Quant au quartet, il est très présent mais pas envahissant. Parler d'osmose instrumentale n'est pas exagéré et les nuances ressortent grâce à une production de très bonne qualité. Avec ce premier effort studio, The Living Fields a réalisé un enregistrement aussi immersif qu'addictif. Le genre qui passe comme une lettre à la poste et qu'on écoute en boucle sans s'en apercevoir.
Pour les parties de guitares, Jason Muxlow n'hésite pas à intégrer à une base clairement doom des influences allant du heavy traditionnel à une approche black/thrash quand le tempo s'emballe. L'usage d'acoustique pour A Leveling Spirit et le lead typiquement My Dying Bride (période The Dreadful Hours) sur The Miseries Never Cease sortent du lot. Au niveau de la basse, l'Américain s'en sort bien. Assez discrète au départ, elle gagne en importance et en volume au fil des morceaux, passant au premier plan sur l'intro d'Empires Fall, dans un registre qui n'est pas sans évoquer Duncan Patterson période Eternity. Quant à la BAR, elle est superbement programmée et suffisamment variée pour que certains n'y voient que du feu. Présents à l'arrière plan, les claviers ressortent sur les passages dépouillés, notamment l'instrumental Dim Prospects. A noter quelques notes de piano sur le morceau-titre.
Les samples ajoutent une patine supplémentaire à cette épopée: orage + chevaux ici, clairière bruissante de vie là, et plus surprenant extraits de discours politiques sur Dim Prospects. L'importance du quartet à cordes dans le processus créatif est flagrant. La démarche de The Living Fields est nettement plus dynamique et variée qu'un MDB, se rapprochant de la scène viking/folk, à l'image du violon vif-argent sur l'entame d'Empires Fall. Pour finir, le travail de Jon Higgs mérite d'être souligné. Oeuvrant principalement dans un registre black criard proche de Dani Filth, il nuance régulièrement (growls, rauque, déclamatoire) et n'hésite pas à doubler ses parties. Son chant clair sur The Miseries Never Cease évoque fortement Bathory. Le Néo-Zélandais arrive aussi à caser ses influences Rob Halford, généralement sur les passages riffus. Posséder une palette aussi large est un sérieux atout.
Sur le papier la combinaison de ces références peut sembler indigeste ou confuse, mais l'ensemble est vraiment cohérent et maitrisé. En conséquence je ne peux que vous recommander de donner une chance à The Living Fields et d'écouter cette Demo qui se trouve en téléchargement libre sur leur site officiel (bas de page).
La suite des évènements? L'intégration de nouveaux membres. Connu pour sa vitesse d'exécution et avoir repoussé les limites de la brutalité en compagnie de Brodequin et d'une tripotée de formations underground, le fameux Chad Walls aka Captain Killdrums les rejoint en 2005. Pour les curieux voir ici. 4 ans plus tard le guitariste Samu Rahn (Cairn) devient le 4ème membre permanent de The Living Fields. Concernant la discographie, un 1er album éponyme autoproduit a vu le jour en 2007, suivi en 2011 par Running Out of Daylight signé chez Candlelight (Emperor, Enslaved, Opeth). Outre les difficultés logistiques dues à l'éparpillement géographique de ses membres, The Living Fields a aussi pâti de leur investissement dans divers side-projects (voir ci-dessous). Le 3ème album pourrait sortir en 2015. Une bonne nouvelle pour les amateurs de metal racé.
Jason Muxlow:
- Cofondateur en 2008 de Earthen Grave (thrash/doom) avec Ron Holzner (The Skull, ex-Novembers Doom, ex-Trouble). Auteur d'un album avant un split à l'amiable en septembre 2014.
- Partage également plusieurs side-projects avec Samu Rahn: Wintering (death metal) et Fields of Burden (viking metal). Le premier album de Wintering est actuellement en cours de réalisation.
Jon Higgs:
- A sorti depuis 2004 pas moins de 8 albums et 2 EPs avec Monsterworks.
Chad Walls:
- A participé à la reformation des vétérans canadiens de Shock (power metal) et enregistré un album en 2013.
- Batteur de session pour de multiples groupes confidentiels et autres tribute-bands.
Samu Rahn:
- A sorti 2 EPs avec son groupe Cairn (folk/dark metal). Ils sont en téléchargement libre dans le Blog: voir ici
- Est aussi impliqué dans Wintering (Demos en téléchargement dans le Blog LA) et Fields of Burden.
Rédigé par : forlorn | 2004 | Nb de lectures : 1640
Mais... c'est diablement intéressant ! Et la voix est vraiment top ! :)
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Jason Muxlow est un musicien atypique. En effet, en restant délibérément dans l'ombre jusqu'à l'âge de 28 ans, ce natif du Michigan a connu un cheminement inhabituel, loin du cliché de l'adolescent enchainant prématurément demos et concerts. Cet Américain a d'abord assuré ses arrières en devenant développeur web à Chicago. Mais surtout il s'est donné le temps d'acquérir une certaine maitrise instrumentale ainsi que des connaissances techniques en studio. Perfectionniste et ambitieux, il peaufine également son identité musicale.
Dans un contexte post-11 septembre favorable au retour de la brutalité et du death metal en particulier, Jason Muxlow lance à l'automne 2002 son projet
d'epic doom progressif: The Living Fields.
L'année suivante, l'Américain se met en quête du chanteur providentiel, capable d'apporter une dimension supplémentaire à sa musique. Son choix se porte sur Jon Higgs, le leader des caméléons de Monsterworks, groupe néo-zélandais inclassable existant depuis 1996 et récemment relocalisé en Angleterre. [Pour les curieux voir la chronique de The God Album (2012).] Le courant passe entre les 2 hommes qui se découvrent de nombreux points communs et une même vision du monde. Les premiers morceaux sont rapidement composés mais le duo constate que quelque chose manque. Jason Muxlow intègre des arrangements piano/claviers avant de tenter l'expérience orchestrale. Désireux d'obtenir un résultat à la fois plus intimiste et expressif, il renonce au nombre au profit d'un quartet à cordes qui va devenir une composante essentielle de la musique de The Living Fields. Cette fois le duo est prêt. La Demo The Miseries Never Cease comprenant 4 titres pour 22 minutes de musique sort discrètement à l'été 2004. Les retours seront rares mais globalement très positifs.
Du doom progressif épique américain? Les connaisseurs penseront instantanément à de vieilles gloires comme Cirith Ungol et Manilla Road, ou encore à While Heaven Wept dans un registre plus raffiné, mais... à l'instar des groupes US de l'écurie The End records, The Living Fields possède une sensibilité plus européenne. D'ailleurs on va le voir, au détour de certains passages, les références sont parfois évidentes. Cependant cette variété ne nuit en rien à la cohérence et à la forte personnalité de l'ensemble. Jason Muxlow est un compositeur inspiré qui sait où il va, employant judicieusement les différents ingrédients de sa musique. Les guitares savent s'effacer si nécessaire. Quant au quartet, il est très présent mais pas envahissant. Parler d'osmose instrumentale n'est pas exagéré et les nuances ressortent grâce à une production de très bonne qualité. Avec ce premier effort studio, The Living Fields a réalisé un enregistrement aussi immersif qu'addictif. Le genre qui passe comme une lettre à la poste et qu'on écoute en boucle sans s'en apercevoir.
Pour les parties de guitares, Jason Muxlow n'hésite pas à intégrer à une base clairement doom des influences allant du heavy traditionnel à une approche black/thrash quand le tempo s'emballe. L'usage d'acoustique pour A Leveling Spirit et le lead typiquement My Dying Bride (période The Dreadful Hours) sur The Miseries Never Cease sortent du lot. Au niveau de la basse, l'Américain s'en sort bien. Assez discrète au départ, elle gagne en importance et en volume au fil des morceaux, passant au premier plan sur l'intro d'Empires Fall, dans un registre qui n'est pas sans évoquer Duncan Patterson période Eternity. Quant à la BAR, elle est superbement programmée et suffisamment variée pour que certains n'y voient que du feu. Présents à l'arrière plan, les claviers ressortent sur les passages dépouillés, notamment l'instrumental Dim Prospects. A noter quelques notes de piano sur le morceau-titre.
Les samples ajoutent une patine supplémentaire à cette épopée: orage + chevaux ici, clairière bruissante de vie là, et plus surprenant extraits de discours politiques sur Dim Prospects. L'importance du quartet à cordes dans le processus créatif est flagrant. La démarche de The Living Fields est nettement plus dynamique et variée qu'un MDB, se rapprochant de la scène viking/folk, à l'image du violon vif-argent sur l'entame d'Empires Fall. Pour finir, le travail de Jon Higgs mérite d'être souligné. Oeuvrant principalement dans un registre black criard proche de Dani Filth, il nuance régulièrement (growls, rauque, déclamatoire) et n'hésite pas à doubler ses parties. Son chant clair sur The Miseries Never Cease évoque fortement Bathory. Le Néo-Zélandais arrive aussi à caser ses influences Rob Halford, généralement sur les passages riffus. Posséder une palette aussi large est un sérieux atout.
Sur le papier la combinaison de ces références peut sembler indigeste ou confuse, mais l'ensemble est vraiment cohérent et maitrisé. En conséquence je ne peux que vous recommander de donner une chance à The Living Fields et d'écouter cette Demo qui se trouve en téléchargement libre sur leur site officiel (bas de page).
La suite des évènements? L'intégration de nouveaux membres. Connu pour sa vitesse d'exécution et avoir repoussé les limites de la brutalité en compagnie de Brodequin et d'une tripotée de formations underground, le fameux Chad Walls aka Captain Killdrums les rejoint en 2005. Pour les curieux voir ici. 4 ans plus tard le guitariste Samu Rahn (Cairn) devient le 4ème membre permanent de The Living Fields. Concernant la discographie, un 1er album éponyme autoproduit a vu le jour en 2007, suivi en 2011 par Running Out of Daylight signé chez Candlelight (Emperor, Enslaved, Opeth). Outre les difficultés logistiques dues à l'éparpillement géographique de ses membres, The Living Fields a aussi pâti de leur investissement dans divers side-projects (voir ci-dessous). Le 3ème album pourrait sortir en 2015. Une bonne nouvelle pour les amateurs de metal racé.
Jason Muxlow:
- Cofondateur en 2008 de Earthen Grave (thrash/doom) avec Ron Holzner (The Skull, ex-Novembers Doom, ex-Trouble). Auteur d'un album avant un split à l'amiable en septembre 2014.
- Partage également plusieurs side-projects avec Samu Rahn: Wintering (death metal) et Fields of Burden (viking metal). Le premier album de Wintering est actuellement en cours de réalisation.
Jon Higgs:
- A sorti depuis 2004 pas moins de 8 albums et 2 EPs avec Monsterworks.
Chad Walls:
- A participé à la reformation des vétérans canadiens de Shock (power metal) et enregistré un album en 2013.
- Batteur de session pour de multiples groupes confidentiels et autres tribute-bands.
Samu Rahn:
- A sorti 2 EPs avec son groupe Cairn (folk/dark metal). Ils sont en téléchargement libre dans le Blog: voir ici
- Est aussi impliqué dans Wintering (Demos en téléchargement dans le Blog LA) et Fields of Burden.
Rédigé par : forlorn | 2004 | Nb de lectures : 1640