EYEHATEGOD - Dopesick (Century Media) - 25/10/2014 @ 21h23
On peut reprocher de nombreuses choses à Phil Anselmo, et les détracteurs des forums métal ne se privent pas de souligner son égocentrisme pathologique, sa démagogie sur scène et la posture de Metalhead bas du front qu'il surjoue en permanence.
Ok ! Sans doute les gars, si vous le dites ! Il n'empêche que, considérant le statut de Pantera, il aurait pu se contenter de former un vague clone du combo qui l'a rendu célèbre pour cachetonner tranquillou' jusqu'à la fin de ses jours. Sauf que, dès le début des 90's, Phil Anselmo n'a eu de cesse de multiplier ses activités pour promouvoir la scène métal de sa ville d'origine ainsi que les groupes de ses potes : création du label Housecore et d'un studio d'enregistrement, organisation de concerts et de festivals à La Nouvelle Orléans... sans parler des nombreux side projects dans lesquels il s'est impliqué : Necrophagia, Viking Crown, Superjoint Ritual, Arson Anthem... et j'en oublie certainement ! Et il ne s'agit pas là des groupes les plus commerciaux qui soient !
Reprocher ce que vous voulez à Anselmo, mais certainement pas de ne pas être un authentique passionné !
Quand Pantera sort Far Beyond Driven en 94, qui devient le premier album de Métal à se classer n°1 des ventes aux USA, notre Philou, au lieu de se la couler douce, décide de former le side-project Down qui, grâce à sa renommée grandissante, mettra en lumière la scène métal de la Nouvelle Orléans.
En 95 sort NOLA, premier album de Down dont le line up comprend, outre Anselmo, Kirk Windstein et Todd Strange de Crowbar, Pepper Keenan de Corrosion Of Conformity et Jimmy Bower d' Eyehategod....Le succès de cet album amènera la presse à s'intéresser de plus près à aux groupes de la scène métal de la Nouvelle Orléans, pratiquant un style particulier, qu'on appellera bien plus tard le Sludge-Métal...
Le Sludge, terme pompeux inventé par des journalistes pour désigner grossièrement ce mélange de Doom Métal et de Punk Hardcore originaire du Sud des US et dont Eyehategod, avec Crowbar, peut légitimement s'attribuer la paternité, bien qu'il rejette en bloc cette appellation.

Eyehategod se forme en 1988 à la Nouvelle Orléans autour de Jimmy Bower et de Joey LaCaze, respectivement guitariste et batteur, rapidement rejoint par Brian Patton (également membre de Soilent Green) à la guitare, Steve Dalle à la basse et Mike Williams au chant.
Dès In the Name Of Suffering en 1992, le style d'EHG est posé : riffs de guitare ultra sombre sous l' influence du Black Sabbath période 70-75 et de ses enfants bâtards du début des 80's (Saint Vitus, Pentagram, The Obsessed...), larsens perçants et son de gratte hypersaturé à la Discharge, rythmique lente et frappe pachydermique, brusque accélération Hardcore, chant hurlée vomissant des lyrics nihilistes et misanthropes... en poussant encore plus loin la formule des Melvins et du Black Flag de My War, EHG accouche ici d' un disque extrême, suffocant et difficile d'accès pour beaucoup...
Suivra Take As You Needed For Pain en 93, plus structuré et mieux produit, incontestablement leur meilleur album, où des influences Southern Rock et Blues percent ici et là sous l'épaisse couche de saturation des guitares.

Quand sort ce troisième disque au nom évocateur de Dopesick, Mike Williams est au plus mal : sans abri, fauché, ravagé par la came et l'alcool. La musique se mettra au diapason des textes de Williams qui reflètent son existence à la dérive. Rien que les titres des morceaux sont une ode à la joie de vivre, jugez plutôt : Methamphetamine, Lack Of Almost Everything, Anxiety Hangover...
Et pourtant, malgré ces caractéristiques peu engageantes, l'écoute de Dopesick a quelque chose de cathartique et de viscéral, qui donne envie d'y revenir sans cesse.
Démarrant par un pavé Doomcore de 5mn22 : My Name Is God (I Hate You) est un parfait résumé de l'album : croisement de la crasse et du sentiment de malaise d' In The Name Of Suffering et des « tubes » plus structurés de Take As You Needed For Pain.
Dogs Holy Life, Dixie Whiskey et Non Conductive Negative Reasoning sont des morceaux directs et très courts, bien plus axé sur le groove que sur l'extrême lenteur. Le jeu de batterie de Joey LaCaze, décédé récemment, y est fabuleux : riche, varié et puissant ! Inspiré par Dale Crover des Melvins, le jeu de LaCaze a fait beaucoup pour l'identité et la singularité du groupe.
Methamphetamine est un titre cauchemardesque, lent et éprouvant puis explosant brutalement, sur lequel Mike Williams exhorte ses démons à le laisser vivre en paix.
Peace Thru War (Thru War And Pain) et Lack Of Almost Everything sont les deux morceaux les plus influencés par le Hardcore : rapides, puissants et colériques !
Les deux titres clôturant l'album (Broken Down But Not Locked Up et Anxiety Hangover) sont sans doute les pièces les plus lourdes et étouffantes de ce disque sans concession, représentatif à 200% du style EHG : Violent et hostile au premier abord, mais non dénué d'un réel feeling qui n'apparaît qu'après plusieurs écoutes...quand la crasse finit par se détacher !

J'ai moi même eu beaucoup de mal à rentrer dans leur univers, surtout à cette époque où le terme de Sludge n'existait même pas et où ce style ne connaissait pas du tout le succès (relatif, certes!) qu'il rencontre actuellement.
Reste la voix très particulière de Mike Williams ! Constituée exclusivement de hurlements douloureux, vomissant et dégobillant son dégoût de l'humanité entière, il ne peut y avoir de demi mesure la concernant : on l'aime ou on la déteste ! Point barre !

Après Confederacy Of Ruined Lives en 2000, EHG a connu une période difficile de 14 ans rythmée par des problèmes de dopes et de thunes à répétition, l'ouragan Katrina qui dévastera leurs maisons et leur local de répèt, les séjours en taule, Jimmy Bower occupé par Down, le décès de Joey LaCaze en Août 2013 ! Beaucoup de raisons qui laissaient planer un sérieux doute quand à la sortie d'un nouvel album studio !
Finalement, l'album éponyme d' EYEHATEGOD sortira en avril 2014 alors que le groupe, visiblement apaisé et débarrassé de certains de ses démons, semble être devenu, au fil des années, un groupe respecté de toute la scène métal.




Rédigé par : DaleNixon | 1996 | Nb de lectures : 1960


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Commentaire
GeneralMono
Membre enregistré
Posté le: 26/10/2014 à 00h22 - (31355)
Le 1er Eyehategod que j'ai acheté. Effectivement à l'époque on ne parlait pas encore de "sludge". Alors en recherche de sensations fortes musicales, j'avais été attiré par une chronique dans Hard'n heavy, où le chroniqueur avait bien du mal à décrire la "chose", mais devait (de vague mémoire) présenter ça comme totalement barré, un album qui portait bien son nom effectivement, mais difficile à apprécier car éprouvant ; ça et puis les t-shirts du groupe qu'Anselmo arborait dans les clips de Pantera (ainsi que ceux de Crowbar).
J'aimais plutôt bien, mais si je ne savais moi non plus pas vraiment quoi en penser (une musique de malade mental, un truc qui met mal à l'aise mais qui te donne quand même envie de rester) et que je ne l'écoutais qu'occasionnellement. Ce n'est que bien plus tard que je me tourna véritablement vers cette "scène" et l'apprécia à sa juste valeur.

Moshimosher
Membre enregistré
Posté le: 26/10/2014 à 14h46 - (31367)
De même que Crowbar, un groupe sur lequel il faudrait que je me penche un peu plus...



Mariolle
Membre enregistré
Posté le: 28/10/2014 à 10h35 - (31374)
Grand classique.
Profitez-en pour écouter Crowbar de Crowbar.

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